Mina Lee, Amour et Rock’n roll dans l’Angleterre Victorienne de la fin du XIXème siècle

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Photo: Palais de l’exposition internationale de Londres (1862) par l’architecte Francis Fowke. Muséum d’Histoire Naturelle de Londres.

Dans toutes les familles, il y a des secrets, des non-dits et autres squelettes dans les placards. En général, si ces secrets existent, c’est qu’ils gênent certains membres du clan. L’omerta sera donc de mise jusqu’à ce que le dernier vivant ayant un intérêt à garder le secret caché décède. Parfois il est trop tard pour exhumer toute la vérité et le mort emmène son secret dans sa tombe. D’autres fois, malgré toutes les précautions prises, le secret a laissé des traces. En réalité, les documents qui jalonnent notre histoire personnelle et qui vont, en principe, être conservés quand on quitte ce monde ne sont pas nombreux. Cela se résume pour la majorité des cas à 3 actes : naissance, mariage et décès, comme pour le Jean-François Nicot d’Edith Piaf. Un peu plus si on a été un personnage remarqué, comme Sebastian Lee. En tout cas, malgré l’aspect ténu des sources concernant un individu après sa mort, on est surpris de voir comme on peut reconstituer les grandes trajectoires de vie d’une personne avec ces quelques lignes consignées aux archives de l’Etat Civil — En France en tout cas. Aujourd’hui je dévoile un joli petit secret de famille dont je n’ai pas fini d’explorer le terrier : le cas Mina Lee.

Sur ma lancée, après la généalogie des bébés Lee, je me suis penchée à nouveau sur l’arbre généalogique de Sebastian Lee pendant les vacances de Noël et ai repris mes recherches sur ce front. Tout d’abord j’ai découvert que Salomon Lee, le père de Sebastian était d’origine Britannique. Né à Chilvers Coton, Nuneaton, entre Coventry et Birmingham en Angleterre. On le retrouve professeur d’anglais à Hambourg, domicilié au 52, Dragonerstall, dans le bottin de 1826. Je ne sais pas pourquoi il a migré ni s’il était au moins un peu musicien. J’espère que d’autres indices émergeront plus tard.

Extrait du bottin de la ville de Hambourg, année 1826.
Source: ancestry.com
[Lee, Salomon, Lehrer der Engle. sprache, Dragonerstall N°52 / Lee, Salomon, professeur de langue anglaise, Dragonerstall N°52]

A cette époque, Sebastian a 20 ans et est peut-être déjà en tournée sur les routes de Leipzig, Dresde ou Francfort avec son violoncelle. Le frère cadet, Maurice, a 11 ans et Louis 5 ans. De cette fratrie de 3 enfants connus de nous, il y a sans doute encore des noms manquants, mais les registres allemands me résistent encore et les documents numérisés sur ancestry.com ne représentent pas la totalité des sources (la ville de Hambourg a pourtant délégué au site internet la gestion de la totalité de ses archives d’Etat Civil numérisées). Nous voilà donc contraints de chercher autrement.

En attendant, je poursuis mes pistes secondaires. Dans mon expérience, il est très important de creuser au maximum les profiles, même secondaires, des membres d’un arbre généalogique, car ils sont tous liés entre eux et des modèles se reproduisent ici et là de façon surprenante. Je me suis donc intéressée aux enfants de Maurice Lee et Héloïse Gillet. Pendant longtemps je n’ai rien trouvé sur Héloïse Gillet parce-que j’avais une source qui orthographiait son nom Héloïse Gelin. C’est en découvrant l’acte de mariage de Maurice et Héloïse que j’ai pu confirmer ce que je pensais, à savoir que la dame était française, née dans le 5ème arrondissement de Paris, et connaître ses parents.

Préfecture du département de la Seine

Acte de mariage

5ème arrondissement de Paris – Année 1852

L’an mille huit cent cinquante deux, le trente décembre, en la mairie du cinquième arrondissement de Paris; Acte de mariage de Moritz Lée, né à Hambourg, le six février mille huit cent quinze, fils de Salomon Lée et de Ernestine Kayser. Et de Héloïse, Zélie, Antoinette Gillet, née à Paris, cinquième arrondissement, le onze juin mille huit cent vingt huit, fille de Michel Vital Gillet et de Marie Antoinette Palette, son épouse.

Le membre de la commission, Félix Charoy

Maurice et Héloïse, ont donc eu à ma connaissance 4 enfants; j’ai nommé (par ordre d’apparition) : Clara (née le 05.05.1856 à Paris), Adolphe (né le 17.03.1858 à Paris), Caroline (ca1859?) et Mina (ca1861?).

Acte de naissance

L’an mille huit cent cinquante-six, le 5 mai. Est née à Paris Clara Octavia Eugénie Marie Lée de sexe féminin, fille de Moritz Lée et de Héloïse Zélie Antoinette Gillet, son épouse, mariés au 5ème arrondissement de Paris, le 30 décembre 1852, demeurant à Paris, rue Neuve Bréda, N°21.

Baptême à N.D de Lorette, en date du 12 septembre 1856. mariage des parents reconstitué.

Préfecture du département de la Seine

Acte de naissance

L’an mille huit cent cinquante huit, le dix-sept mars est né à Paris, rue neuve Bréda N°21, Adolphe, François, Maurice Lée, de sexe masculin, fils de Maurice Lée, artiste musicien et de Héloïse Gillet, son épouse.

Le membre de la commission

Le petit Adolphe n’a probablement pas vécu bien vieux car il n’apparait pas au 1er recensement de 1871 qui nous dresse la liste des habitants de la maisonnée de Maurice Lee, domiciliés au 23, Grafton Place, dans le quartier de St Pancras à Londres. Après avoir passé plusieurs années à Paris, Maurice décide de revenir aux sources paternelles après 1861 puisque Mina, sa dernière fille, est déclarée être née à Paris. Il aurait donc passé au moins 9 ans à Paris: depuis son mariage en 1852 jusqu’à la naissance de Mina en 1861. Pourquoi partent-il? A t-il une opportunité d’emploi là-bas? Pour l’instant l’histoire ne le dit pas. En tout cas, il s’installe avec sa famille en Angleterre.

Source: ancestry.com

On y retrouve Maurice Lee, professeur de piano, qui déclare être né à Hambourg et avoir 50 ans (ce qui nous donne une date de naissance en 1821, contrairement à la déclaration faite sur son acte de mariage qui établit une date de naissance au 6 février 1815. Ca lui ferait donc plutôt 56 ans), sa femme Héloïse, est déclarée sans profession à 42 ans, ce qui semble en adéquation avec sa date de naissance au 11 juin 1828. Ayant son acte de naissance parisien, si le recensement a été fait entre le 1er janvier et le 10 juin, ses informations à elle sont correctes. Ensuite viennent les enfants :

Clara 15 ans, née à Paris, son acte de naissance est daté du 5 mai 1856, ses informations au recensement sont correctes également, à part la négligence du fonctionnaire qui a mis des guillemets de répétition sous le statut marital des 3 filles comme si elles étaient aussi « wife » (épouse) ce qui est absurde. Il aurait fallu mettre « daughter » (fille). Il n’y a plus de trace d’Adolphe Lee pour lequel j’ai un acte de naissance parisien daté du 17 mars 1858 (il aurait eu 13 ans). Puis vient Caroline, déclarée avoir 11 ans, ce qui la ferait naitre en 1860 à Paris également, mais je ne la trouve pas. J’ai 2 Caroline nées du couple Sebastian Lee et Caroline Luther à Paris, l’une le 14 janvier 1838 qui disparait, et l’autre le 05 avril 1842 qui se mariera avec Caesar Böckmann à Paris en 1865 et qui assurera, semble-t-il, la seule descendance de notre compositeur sur les 4 enfants de Sebastian Lee retrouvés jusqu’à présent.

La Caroline de Maurine Lee et Héloïse Gillet qui a 11 ans en 1871 reste pour l’instant un mystère. Je l’ai cherché dans tout Paris en 1859 et en 1860 sans succès. Il n’y a qu’un bébé Lee a être né en 1859 à Paris et il s’appelle Henri. Il n’est ni de Sebastian Lee et Caroline Luther, ni de Maurice Lee et Héloïse Gillet. En 1860, encore un seul bébé Lee, un William et vérification faite, il appartient également à une autre famille. La dernière enfant de la fratrie est Minna, elle a 9 ans et je ne trouve aucune trace d’elle non plus. Elle serait née en 1862 également à Paris, pourtant je ne trouve rien…

On note la présence de Mme Gillet, veuve de 70 ans, déclarée « indépendante », qui n’est autre que la mère d’Héloïse (Marie Antoinette Palette). Dans les soutiens intergénérationnels, c’est donc Maurice et Héloïse qui s’occupent de leurs parents. Tout comme auparavant ils ont pris soin de la mère de Sebastian et Maurice, Ernestine Keyser. Elle décède à Paris le 20 avril 1847 à l’âge de 65 ans au domicile de Maurice et Héloïse, 21, rue Neuve Breda (ancienne rue Clauzel) toute proche de la rue des Martyrs ou est domicilié Sebastian, son frère — La période parisienne de Maurice se rallongerait donc d’au-moins 6 années supplémentaires, de 1847 à 1861. L’acte de décès nous confirme qu’Ernestine Keyser était mariée à un M. Lee, professeur (et pas veuve, donc).

Préfecture du département de la Seine

Acte de décès

L’an mille huit cent quarante sept le vingt avril, est décédée à Paris rue Neuve Bréda, 21, deuxième arrondissement, Ernestine Keyser, âgée de 65 ans, née à Hambourg (Allemagne), mariée à Lée, professeur.

le membre de la commission.

10 années se sont écoulées depuis le recensement de 1871 et nous avons la chance de retrouver la famille de Maurice Lee pour le recensement de 1881, toujours en Angleterre. L’adresse a changé mais ils sont toujours à Londres dans le quartier de Chelsea au numéro 69, Tavistock Crescent [1]

Source: UK Census 1881 — ancestry.com

Maurice déclare avoir 58 ans, ce qui le ferait naître cette fois en 1823. Il grapille encore un peu plus d’années à la vie car si la déclaration de son acte de mariage est exacte, alors né en 1815, il aurait non pas 58 mais 66 ans en 1881. Héloïse déclare avoir 48 ans, mais née en 1828, elle en aurait plutôt 53. A présent, Maurice est artiste musicien et non professeur de piano. Sa femme est devenue governess, c’est-à-dire gouvernante. L’ainée, Clara, est également déclarée governess à 24 ans, et son âge est correct (née en 1856). Je m’étonne qu’elle ne soit pas encore mariée et qu’elle vive toujours avec ses parents, mais sa cousine Caroline s’est elle-aussi mariée tard pour l’époque, à 23 ans. Je m’étais dit que le décès de son frère Edouard en 1861 (elle avait 19 ans) avait dû causer un immense chagrin et probablement retarder ses noces. Quant à notre cadette Caroline, déclarée avoir 21 ans (correct pour une naissance en 1860) et la dernière, Mina, 19 ans (correct également pour une naissance en 1861), elles sont elles aussi governess. Elles aident donc maman à la maison. Nous retrouvons également Antoinette, la mère d’Héloïse, toujours bon pied bon œil à l’âge de 80 ans.

Le 69, Tavistock Crescent à Londres aujourd’hui. Source : Google Maps. Merci à Sheri H et Steve A pour leurs recherches et clarifications sur le sujet.

Un troisième recensement en 1891 nous gratifie une dernière fois de quelques traces de la famille de Maurice Lee. Ils ont encore déménagé et sont domiciliés au 29, Lancaster road, dans le très beau quartier de Kensington à Londres.

Source: UK Census 1891 — ancestry.com

Maurice déclare avoir 69 ans, le coquin, (en fait il en a 76 s’il est né en 1815) et est professeur de musique, Héloïse, sa femme, 59 ans (mais plutôt 63 en réalité, car née en 1828). Ils ont 2 visiteurs: Fred Buchsenstein, 26 ans, célibataire, comptable, et James Edouard Perry, 49 ans, officier militaire retraité et veuf. Sont-ils des prétendants pour marier Caroline? Peut-être, car ils semblent correspondre aux critères financiers souhaités par les parents. Je sais que Maurice est Juif, comme Sebastian (c’était indiqué sur son acte de décès). En revanche, ils ont tous les 2 épousé des femmes d’une autre obédience religieuse. La petite Clara, la fille ainée de Maurice a été baptisée à l’église Notre-Dame de Lorette à Paris, donc il ne semble pas y avoir de prérequis religieux.

Ci-contre le 19, Lancaster Road aujourd’hui (Source: Google Map)

Clara, n’apparaît d’ailleurs plus sur ce recensement de 1891 car elle est mariée et habite ailleurs. Elle a épousé un Français, Eugène Soubeyran, employé de banque né à Lyon. On les retrouve 10 ans plus tard, à Londres, au recensement de 1901.

Source: UK Census 1901 — ancestry.com

Le couple semble avoir une vie assez confortable. Clara est déclarée professeur de français, elle enseigne une langue étrangère, comme son grand-père paternel qui était professeur d’anglais à Hambourg, et elle s’occupe de sa mère Héloïse, veuve de 72 ans en 1901 (cette fois, plus de coquetterie, l’âge d’Héloïse est le bon pour une naissance en 1828), comme ses parents l’ont fait pour leurs parents. Eugène Soubeyran est employé de banque et ils ont des locataires dans leur maison cossue du 80, Elgin Crescent dans le joli quartier de Notting Hill (voir photo ci-dessous). On trouve 3 locataires; l’autrichien Julius Pollack, 26 ans, l’anglais Morell Holmes, 23 ans et l’allemand Hans Michels, 24 ans, tout 3 célibataires et employés d’un marchand, sont les paying guests (locataires, donc), de la pension Soubeyran en 1901. On note aussi la présence de Juliette Bonne, 19 ans, la domestique française (née en France et déclarée de nationalité française).

Une chose remarquable en revanche , ils n’ont pas eu d’enfant. On les retrouve en 1911, au 58, Fordwych road, Hampstead, toujours à Londres. Ils ont encore 2 pensionnaires, Theo A. Vogel, un alsacien célibataire de 33 ans se déclarant Responsable d’une usine d’acier; et Theodor C. Bierbaum, 24 ans, employé de banque. Ils ont également une domestique, Ellen Short, célibataire, 21 ans.

Le 80, Elgin Crescent à Notting Hill aujourd’hui

Source: UK Census 1911 — ancestry.com

Au bas du document, une mention nous signale qu’il a été complété de la main même de Clara Soubeyran « on behalf of Eugène Soubeyran. Postal address 58 Fordwych Road. Hampstead N.W » et la maison comptait pas moins de 10 chambres. C’est un véritable hôtel, mais bien vide au moment du recensement!

Le 58 Fordwych road aujourd’hui.

Source: Google map

De retour en 1891 et à notre dernier recensement de la maisonnée de Maurice Lee, on retrouve la cadette Caroline qui a 28 ans et est (encore ?) à l’école pour devenir gouvernante. Si elle avait 21 ans au précédent recensement, elle en aurait plutôt 31 que 28 dix ans plus tard (le même « syndrome du jeunisme » que papa et maman, il semblerait). Son acte de naissance parisien étant toujours manquant, je ne peux que dire qu’elle est forcément née entre novembre 1858 et décembre 1860, après Adolphe et avant Mina, à moins qu’Adolphe soit devenu Caroline, ce qui est quand-même peu probable à cette époque. Est-ce qu’elle se rajeunie parce-qu’elle n’est toujours pas mariée ? 28 ans et célibataire à la fin du XIXème siècle, c’est 3 ans de trop pour être Catherinette. Je m’étonne vraiment que toutes ces filles se marient si tardivement pour l’époque. Je m’en étonne d’autant plus que je sais que les mariages sont arrangés chez les Lee et qu’il n’est pas question de chercher le grand amour. Il est attendu qu’elles épousent un employé de banque. Ce sera le cas de la Caroline de Sebastian Lee et Caroline Luther et le cas de Clara Lee, la fille de Maurice Lee et Héloïse Gillet. Quant à Caroline je ne sais rien d’un mariage potentiel. Le cas de Mina est à part.

Je retrouve Mina en 1893 domiciliée chez des particuliers du quartier de Kensington. Il s’agit d’un couple bourgeois dont le chef de famille se nomme William Lionel Eves, un architecte franc-maçon et sa femme Agnes Button. Ils vivent dans Kensington et ont déclaré chez eux 3 ou 4 personnes d’un grand intérêt pour nous :

  • Mina Lee
  • Ernest Vital Gillet
  • Wilhelmina Henrietta Lee x2

Registre des mariages britanniques, index de 1837 à 1915

Source: ancestry.com

Si c’est bien de notre Mina qu’il s’agit, née en 1861, elle aurait 32 ans en 1893 (un âge également bien avancé pour se marier à l’époque) et pourquoi habite t-elle chez ces gens? Qui est ce Ernest Vital Gillet? Et pourquoi il n’y a pas moins de 2 Wilhemine Henrietta Lee?

Source: registre des mariages Avril/ Mai / Juin 1893, Londres ancestry.com

Je retrouve la famille Eves 2 recensements plus tard en 1911, ils vivent à Uxbridge, Middlesex, dans la grande banlieue Ouest de Londres et plus aucune trace de Mina et Ernest, naturellement.

En généalogie je ne crois pas aux coïncidences, et trouver sur mon chemin un Ernest Vital Gillet m’a allumé tous les warnings. Il s’appelle non seulement Gillet, nom de jeune fille d’Héloïse, la maman de Mina, mais en plus son 2ème prénom est Vital, comme le père d’Héloïse. Ces 2 là sont liés d’une manière ou d’une autre. Je repars donc en France pour dénicher cet Ernest Vital Gillet et… Bingo, bien sûr. Notre homme est né à Paris le 13 septembre 1856 à la mairie des Batignolles. Il est le fils d’Hippolyte Gillet et Louise Guérin. En remontant leur piste, je m’aperçois qu’Hyppolite est le frère d’Héloïse. Ernest est donc le cousin de Mina, de 5 ans son ainé.

Mais ce n’est pas tout, Ernest Vital Gillet est violoncelliste, il a même gagné le 1er prix du Conservatoire de Paris en 1874. 1893 est l’année de la consécration pour lui car il vient de composer La Fille de la mère Michel, une opérette qui cartonne. Un jeune compositeur, violoncelliste, issu d’une famille de musicien — son frère Georges (1854-1920) est hautboïste — tout cela le plaçait potentiellement bien pour demander la main de Mina à Maurice. Cependant, est-ce qu’on épouse son cousin Germain quand on a pas de bien à garder dans une famille? Et pourquoi se marier si tard? Et qui est cette Wilhemina Henrietta Lee avec eux ? Ce serait une sœur de Maurice et Sebastian que je ne connaitrais pas encore ? Une vieille tante? Le mystère s’épaissit…

Source: Archives de Paris

Du samedi 13 septembre 1856, nous, à 3 heure et demi de relevé, acte de naissance de Ernest Vital Louis Gillet, reconnu de sexe masculin né hier à 1h du matin au domicile de ses père et mère, rue St Louis N°36 à Batignolles Monceau, fils de Eugène Hyppolite Gillet, âgé de 31 ans, employé des contributions indirectes et de Louise Guérin, son épouse âgée de 24 ans. le présent a été rédigé sur la déclaration du père qui nous a présenté l’enfant et en présence des Sieurs Henri Fontaine âgé de 57 ans, receveur buraliste, demeurant en cette ville rue St Louis N°25 et François Théophile Varon âgé de 33 ans, commis greffier demeurant en cette ville rue des Batignollaise N°17, lesquels ont ainsi que le père signé avec nous, Jean Begbeder, adjoint au maire de Batignolles Monceau, emplissant par délégation spéciale les fonctions d’officier de l’Etat Civil.

J’ai tourné et retourné toute cette affaire dans ma tête encore et encore pour essayer d’en démêler les fils avant qu’une idée vienne finalement me frapper tout d’un coup: Mina c’est Wilhemina, comment n’y ai-je pas pensé avant ?! En cherchant Wilhelmina Henrietta Lee à Paris en 1861, je la retrouve !!!

Source: Archives de Paris

Du mardi 27 Août mille huit cent soixante et un, une heure de relevée. Acte de naissance de Wilhemine Henriette Louise, laquelle nous a été présentée et que nous avons reconnue être du sexe féminin, née à Paris hier à une heure du matin chez ses père et mère, rue neuve Bossuet N°16, fille de Maurice Lée, artiste musicien âgé de 42 ans et de Héloïse Charlotte Zélie Gillet, son épouse sans profession âgée de 32 ans, mariés à Paris en la cinquième mairie le trente décembre mille huit cent cinquante deux. Le présent acte dressé sur la déclaration du père et en présence de MM. Dieudonné Noël, bijoutier, âgé de cinquante ans, demeurant à Paris rue du Faubourg St Denis N°22, et Charles Benjamin Draugère, marchand de vin, âgé de 33 ans demeurant à Paris rue des Martyrs N°27, témoins qui ont signé avec le père et avec nous Philipe Rome Ernest Foucher, adjoint au maire du neuvième arrondissement après lecture faite.

Elle est bien née le 26 août 1861 à Paris. Maurice et Héloïse sont domiciliés au 16, rue neuve Bossuet (une rue aujourd’hui située dans le 10ème arrondissement de Paris).

Alors comment je sais que le cousin Ernest est musicien? Et bien pas grâce à ma culture générale — notre homme a pourtant déjà une page Wikipedia que je découvre et vais pouvoir compléter. En réalité, il a déjà épousé quelqu’un 13 ans plus tôt, à Paris, en 1880. Il s’agit de Charlotte Fox, fille d’un père commissaire en marchandises. Un mariage sous le régime de la séparation des biens, comme il est intéressant de le noter. Dans l’acte de mariage, on peut lire qu’Ernest Gillet est artiste musicien et vit chez ses parents au 23, rue Albony (juste à côté de la tour Eiffel qui n’existe pas encore). Il a déjà une situation, d’après l’auteur de la page Wikipedia, il était violoncelliste à l’opéra de Paris. Un poste qu’il aurait occupé de 1875 à 1882, Sebastian Lee est déjà rentré à Hambourg (en 1868), ils n’ont jamais travaillé ensemble mais se connaissaient forcément puisqu’il était son neveu, le fils du frère — Hyppolite Gillet — de la femme — Héloïse Gillet — de son frère — Maurice Lee — Vous me suivez toujours? En outre, son père Hyppolite est employé au Ministère de l’Intérieur. Papa Fox, qui n’était peut-être pas forcément très impressionné à l’idée d’un gendre artiste a dû être rassuré par la carrière du père qui pouvait assurer un plan B à son rejeton. C’est donc peut-être sur la promesse d’une possible carrière de fonctionnaire en cas de fiasco professionnel que Napoléon Fox a consenti à ce que sa fille épouse Ernest Gillet. En tout cas il n’a pas été la chercher bien loin, les 2 tourtereaux sont voisins. L’un au numéro 23 et l’autre au 24 de la rue Albony.

Source: Archives de Paris

L’an mille huit cent quatre vingt, le vingt avril, midi, en la mairie du dixième arrondissement de Paris et par nous, Charles Louis Lourdel, adjoint au maire, officier de l’Etat Civil, a été célébré publiquement le mariage de Ernest Vital Louis Gillet, artiste musicien, né à Batignolles, arrondissement de Saint Denis, Seine, le douze septembre mille huit cent cinquante six, demeurant à Paris rue Albony, 23 avec ses père et mère, fils majeur de Eugène Hippolyte Gillet, employé au ministère de l’intérieur et des cultes, et de Louise Guérin, son épouse, présents et consentants, d’une part, et de Marie Charlotte Fox, sans profession, née à Paris, ancien cinquième arrondissement le 10 juin mille huit cent cinquante six, demeurant rue Albony, 24 avec père et mère, fille majeure de Napoléon Charles Fox, commissaire en marchandises et de Constance Lucie Hubert, son épouse, présents et consentants d’autre part […] il a été fait un contrat de mariage devant Maître Deslandes, notaire à Paris, le treize avril […] Ferdinand Mérigot, peintre, âgé de 58 ans, à Boulogne, Seine, rue St Cloud, 23, Gustave Deloye, sculpteur, âgé de trente six ans au 233, Faubourg Saint Honoré, 3ème Louis Guérin, capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’Honneur, âgé de 56 ans, rue Turenne 124, 4ème Georges Gillet, artiste musicien, âgé de 25 ans, 61, boulevard Magenta, qui ont signé avec nous, les époux et pères et mères.

On note la présence de 3 artistes parmi les témoins, dont le frère du marié, Georges. On peut lire également dans la marge qu’un divorce a été prononcé par le tribunal d’Abbeville le 10 avril 1893, soit 13 ans plus tard, chose rarissime au XIXème siècle. Nous voici donc revenus en 1893, année de la réussite pour le compositeur, et date à laquelle a été enregistré un acte de mariage entre Ernest Vital Gillet et Mina Lee à Kensington, Londres. Mina serait donc la 2ème femme d’Ernest. A ce moment-là de l’histoire, il a déjà eu un fils avec son ex-femme Charlotte Fox — je l’apprends sur la page Wikipedia — qui sera également musicien, Fernand Gillet (1882-1980), hautboïste, comme son oncle Georges. Le petit a donc 11 ans au moment du divorce de ses parents. Tout ça ne me dit pas pourquoi Ernest épouse Mina en 2ème noce du vivant de Maurice Lee qui ne décède qu’en juin 1895, d’après mes informations. Ils se connaissent depuis toujours, sont-ils amoureux depuis des années? C’est probable parce-que Mina ne s’est pas mariée et qu’Ernest, en 1893, est une Rockstar et peut épouser qui il veut. C’est donc bien d’un mariage d’amour qu’il s’agit, un vrai! La 1ère union entre Ernest et Charlotte Fox a t-elle périclité à cause de cet amour secret et impossible?

Je ne savais pas trop quoi penser de cette histoire de mariage entre cousins germains. Est-ce que ce lien familial constituait la difficulté principale, une difficulté supplémentaire ou pas de difficulté du tout? Au cours de l’Histoire, et particulièrement chez les têtes couronnées, c’était monnaie courante pour garder un patrimoine au sein d’une même famille de se marier entre-soi. Néanmoins, après recherches, il s’avère que, comme je le soupçonnais, le mariage entre cousins germains, bien qu’autorisé en France au XIXème siècle, était mal vu. C’est le site Guichet du Savoir qui m’éclaire sur la question en expliquant qu’ « il existe un mythe, popularisé tout le long du XIXe siècle, de la tare héréditaire ou congénitale, et de l’influence néfaste d’une consanguinité importante. Pourtant, bien avant cela, la consanguinité était largement pratiquée. » [2] Nous voilà prévenus. Pour Ernest et Mina, ça commence à ressembler à du Shakespeare. Rockstar ou pas, Ernest n’était sans doute pas le prétendant idéal aux yeux des parents Lee comme des parents Gillet. Son succès a t-il aidé à les convaincre? Maurice devait bien avoir de l’affection pour ce neveu compositeur et violoncelliste, comme son propre frère Sebastian. Cela aura t-il suffit à le convaincre ou a t-on affaire à un mariage secret? Sans voir l’acte officiel, c’est difficile à dire. Une simple entrée dans le registre des mariages ne nous permet pas de savoir si les parents ont assisté à la noce. Ceci étant, ils sont domiciliés chez l’architecte William Lionel Eves et sa femme Agnès Button à Kensington (même quartier que les parents de Mina), ce qui jette une ambiguïté sur l’affaire. S’ils voulaient vivre cachés, ils se seraient un peu plus éloigné; mais s’ils n’avaient pas encore leur « chez-eux » pourquoi habiter chez quelqu’un d’autre? La famille Lee possède une pension, ils ont plein de chambres à louer, c’est le recensement de 1891 qui nous le dit. Est-on dans un scenario ou un des parents accepte ce mariage et l’autre pas? Cela expliquerait la petite distance. Ou bien souhaitaient-ils tout simplement faire leur vie ailleurs? Pourquoi Mina ne rentre t-elle pas en France avec Ernest? Lui-aussi fuirait-il son ancienne vie avec Charlotte Fox?

Une photo d’Ernest Gillet avec son violoncelle trouvé sur le site d’IMSLP [3]. Le cachet « Conservatoire » encore visible laisse supposer que cette photo daterait de l’année où il a gagné son 1er prix de violoncelle, soit 1874. Il aurait 18 ans.

Couverture de l’œuvre d’Ernest Gillet Italia Lamento pour Piano, copyright 1908 ed. G. Ricordi & Company (Paris), imprimé en Italy.  Ernest aurait eu 56 ans en 1908, bien que nous ne soyons pas certains que la photo ait été prise l’année du dépôt légal.

On le retrouve le 9 avril 1903, soit 10 ans plus tard presque jour pour jour, pour ses 3ème noces avec Anne Parentani, cantatrice Bruxelloise.

Source: Archives de Paris

L’an mille neuf cent trois, le neuf avril à onze heure du matin, acte de mariage de Ernest Vital Louis Gillet, né à Batignolles Monceau (Seine), le douze septembre mille huit cent cinquante six, compositeur de musique domicilié à Paris rue Mozart, 121 fils majeur d’Eugène Hyppolite Gillet, époux décédés, petit-fils d’aïeux décédés, veuf de Mina Lé Vilma, la mère du futur décédé en cet arrondissement, ainsi qu’il résulte après vérification de l’acte inscrit sur le registre que nous nous sommes fait représenté d’une part, et de Marie Anne Parentani, née à Bruxelles (Belgique), le dix-sept mars mille huit cent soixante et onze, artiste lyrique, domiciliée à Paris, rue Mozart 121, fille majeure de Eugène Parentani, mouleur domicilié à Bruxelles consentant aux termes d’un acte reçu le dix sept janvier dernier, par Maître Bauvens, notaire de la même résidence et de Marie Elisabeth Cloetens, son épouse décédée d’autre part. Dressé par nous, Emile Drady adjoint au maire, officier de l’Etat Civil du seizième arrondissement de Paris qui avons procédé publiquement en la mairie à la célébration du mariage dans la forme suivante après avoir donné lecture aux partis 1° de leurs actes de naissance, des actes de décès des pères, mères et précédente femme du futur, ceux des pères et mères mentionnant le [?] des aïeuls […] en la présence de Emile Alphonse Biardot, 42 ans, éditeur de musique officier d’académie, domicilié à Paris place de la Madeleine 22, Alphonse Blondel âgé de cinquante deux ans, rentier, Chevalier de la Légion d’Honneur, domicilié à Paris, rue des Martyrs 57, Daniel Riche, âgé de trente sept ans, auteur dramatique, Chevalier de la Légion d’Honneur officier de l’instruction publique, domicilié à Paris rue Servandoni 12, Aimé Gustave Paul Fourré âgé de quarante trois ans, professeur officier d’académie domicilié à Bologne (Seine) quai de Boulogne 61, témoins qui ont signé avec nous et les époux après lecture.

Il y a une chose qui m’a saisi sur cet acte de mariage, c’est la phrase « veuf de Mina Lé Vilma »

Qui est cette personne ? Ma Wihlemine Henriette Lee, bien sûr ; orthographiée n’importe comment par un fonctionnaire peu consciencieux ou encore dissimulée sous une identité ambiguë dans la transcription d’acte de décès produite par l’Angleterre, si c’est bien là-bas qu’elle est décédée? Pourtant c’est bien elle, il n’y a plus aucun doute mais que le fil est ténu! Elle est déjà décédée, mais quand ? Je ne le sais pas. Je pense qu’Ernest est rentré en France après le décès de Mina/Vilma/Wihlemina Lee. Ses parents sont à présent décédés et il est domicilié au 121, rue Mozart au moment de son 3ème mariage. On apprend par l’acte de mariage qu’Ernest Gillet et Anne Parentani vivaient déjà ensemble à la même adresse. Mina était donc déjà sortie de la vie d’Ernest depuis un certain temps. Est-ce qu’ils sont restés ensemble jusqu’au décès de Mina ou bien est-ce qu’Ernest a regagné la France seul? Je perds leur trace…

Mina a donc épousé son cousin germain, très certainement par amour. Les frères Lee, qui n’ont visiblement donné aucune éducation musicale à leurs filles, ont fait en sorte qu’elles aient une formation de ménagère et qu’elles soient placées en mariage auprès d’employés de banque. Des ambitions de petits bourgeois souhaitant assurer une sécurité à défaut d’un avenir à leurs filles. Mina a sans doute provoqué un scandale en épousant son cousin à 32 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants de cette union, en tout cas je n’en ai encore trouvé aucune trace. Il me reste donc l’énigme du décès de Mina Lee entre 1893, date de son mariage et 1901, date du remariage d’Ernest Gillet, déclaré veuf. Je n’ai pas non plus d’explication pour ces doubles de Wiehlmine Henrietta Lee. Pourquoi apparait-elle en Mina Lee parfois et en Wiehlmina Henrietta Lee d’autres fois, et parfois même en double dans son propre acte de mariage? Même son acte de décès semble brouiller les pistes. Quelle affaire!!!

Notes

1. L’adresse Tavistock Crescent a été déchiffrée grâce au concours de Steve A qui a également retrouvé l’adresse actuelle en effectuant des recherches sur un plan de Londres ca1880. Un grand merci à lui pour cette contribution précieuse. Il ajoute également que le Borough of Chelsea de l’époque est à présent le Royal Borough of Kensington and Chelsea.

2. Site internet Guichet du savoir [URL https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/14095#:~:text=Mais%20le%20mariage%20civil%20entre,la%20consanguinit%C3%A9%20%C3%A9tait%20largement%20pratiqu%C3%A9e.] 16.01.2023

3. Site d’IMSLP [URL https://imslp.org/wiki/Category:Gillet,_Ernest ] 16.01.2023

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Mina Lee, Love and Rock’n’Roll in Victorian England at the End of the 19th century

20 January 2024 / sebastianleemusic

This article has been translated by Sheri Heldstab. We would like to thank her for the outstanding work she provided to ensure our English speaking friends could enjoy the reading of this post in their native language.

Banner photo: London International Exhibition Palace (1862) designed by architect Francis Fowke. Image from the Natural History Museum in London.

In almost every family, there are secrets—things no one will talk about, skeletons in the closets. Typically, where these secrets exist, it is because they are distressing to at least one member of the family. The Code of Silence is typically maintained until the death of the last person who needed to keep the secret hidden. Sometimes it is too late to learn the whole truth and the secret is taken to the grave. Other times, despite all the precautions taken, the secret has left remnants behind. The documents which mark our personal history—and which will, in theory, be preserved when we leave this world—are not numerous. In the majority of cases, these documents reflect three occasions: birth, marriage and death, as is the case with Edith Piaf’s Jean-François Nicot.[1] There may be more documentation if the person was well known to their peers and the public, like Sebastian Lee. In any case, despite the limited number of documents remaining after the death of individual, it is surprising how well we can reconstruct the major life trajectories of a person with these few lines recorded in the archival documents—in France anyway. Today, I will shine some light on a little family secret, which I haven’t yet finished exploring: the case of Mina Lee.

Over the Christmas holidays, while I was looking into the genealogy of Sebastian Lee’s offspring, I took another look at his family tree and continued my research on this front. First of all, I discovered that Salomon Lee, Sebastian’s father, was of British origin. Salomon was born in Chilvers Coton, Nuneaton, England (between Coventry and Birmingham). He later became an English teacher in Hamburg, living at 52 Dragonerstall, according to the Hamburg Directory of 1826. I do not know why he emigrated or if he was even the least bit musical. I hope more clues emerge later.

[Extract from the Hamburg city directory, 1826.]

Lee, Salomon, Lehrer der engl. Sprache, Dragonerstall N°52

[Lee, Salomon, teacher of spoken English, Dragonerstall No. 52]  [2]

At that time, Sebastian was 20 years old and may have already been touring the roads of Leipzig, Dresden or Frankfurt with his cello. His younger brother, Maurice, was 11 years old and his youngest brother, Louis, was 5 years old. At this time, we only know of those three children—there may still be missing names—but the German registries still evade me and the digitized documents available online do not represent all of the sources (the city of Hamburg has nevertheless delegated the management of all of its digitized Civil Status archives to ancestry.com). I must take my search elsewhere if I am to find more information about Salomon Lee.

In the meantime, I’m pursuing secondary lines of research. In my experience, it is very important to dig as deeply as possible into the documentation—even secondary documentation—of the family’s lineage. Since everyone is related to each other, I can see patterns intermittently repeating in a surprising way. Consequently, I became interested in the children of Maurice Lee and Héloïse Gillet (Lee). For a long time, I couldn’t find anything about Héloïse Gillet because one source had her name incorrectly spelled as “Héloïse Gelin”, so I was looking for the wrong name. It was only when I discovered the marriage certificate of Maurice and Héloïse that I was able to confirm what I had suspected, namely that she was French, having been born in the 5th arrondissement [administrative district] of Paris, and to discover her parentage.

Préfecture du département de la Seine [Prefecture of the department of the Seine]
Acte de Marriage [Marriage Certificate]
5th arrondissement de Paris – Année 1852 [5th arrondissement of Paris — Year 1852]

L’an mille huit cent cinquante deux, le trente décembre, en la mairie du cinquième arrondissement de Paris; Acte de mariage de Moritz Lée, né à Hambourg, le six février mille huit cent quinze, fils de Salomon Lée et de Ernestine Kayser. Et de Héloïse, Zélie, Antoinette Gillet, née à Paris, cinquième arrondissement, le onze juin mille huit cent vingt huit, fille de Michel Vital Gillet et de Marie Antoinette Palette, son épouse.

Le membre de la commission Félix Charoy.

[Approximate Translation:  In the year one thousand eight hundred and fifty-two, on December 30, at the town hall of the fifth arrondissement of Paris; Marriage certificate of Moritz Lée, born in Hamburg, February 6, one thousand eight hundred and fifteen, son of Salomon Lée and Ernestine Kayser. And Héloïse Zélie Antoinette Gillet, born in Paris, fifth arrondissement, on June eleven one thousand eight hundred and twenty-eight, daughter of Michel Vital Gillet and Marie Antoinette Palette, his wife.

The member of the commission, Félix Charoy]

Maurice and Héloïse had, to my knowledge, four children:  Clara (born 5 May 1856 in Paris), Adolphe (born 17 March 1858 in Paris), Caroline (born circa 1859) and Mina (born circa 1861).

Acte de naissance [Birth certificate]

L’an mille huit cent cinquante-six, le 5 mai. Est née à Paris Clara Octavia Eugénie Marie Lée de sexe féminin, fille de Moritz Lée et de Héloïse Zélie Antoinette Gillet, son épouse, mariés au 5ème arrondissement de Paris, le 30 décembre 1852, demeurant à Paris, rue Neuve Bréda, N°21.

Baptême à N.D de Lorette, en date du 12 septembre 1856. mariage des parents reconstitué.

[Approximate Translation: In the year one thousand eight hundred and fifty-six, May 5. Clara Octavia Eugénie Marie Lée was born in Paris, female, daughter of Moritz Lée and Héloïse Zélie Antoinette Gillet, his wife, married in the 5th arrondissement of Paris, on December 30, 1852, residing in Paris, rue Neuve Bréda, No. 21 .

Baptism in Notre Dame de Lorette, dated September 12, 1856. marriage of parents rerecorded.]

Préfecture du département de la Seine [Prefecture of the department of the Seine]

Acte de naissance [Birth Certificate]

L’an mille huit cent cinquante huit, le dix-sept mars est né à Paris, rue neuve Bréda N°21, Adolphe François Maurice Lée, de sexe masculin, fils de Maurice Lée, artiste musicien et de Héloïse Gillet, son épouse.

Le membre de la commission

[Approximate translation:

In the year one thousand eight hundred and fifty-eight, on March seventeen, is born in Paris, [in] Number 21, Rue Neuve Bréda, Adolphe François Maurice Lée, male, son of Maurice Lée, musical artist and Héloïse Gillet, his wife.

The member of the commission]

Little Adolphe probably did not live very long as he does not appear in the first British census of 1871, which lists the inhabitants of the household of Maurice Lee, living at 23 Grafton Place, in the district of St Pancras in London. Since Mina, Maurice’s youngest daughter, was listed in the census as having been born in Paris, Maurice must have decided, sometime after 1861, to return to his father’s roots in England. He would therefore have spent at least 9 years in Paris: from his marriage in 1852 until the birth of Mina in 1861. Why did they leave? Did he have a job opportunity in England? Currently, the historical documents are keeping their secrets. Whatever the reason, he returned to England and settled his family there.

[3]

[4]

In the parish of St. Pancras, we find Maurice Lee, piano teacher, recorded in the census to have been born in Hamburg and to be 50 years old (which gives us a birth year of 1821, as opposed to the date of birth given on his marriage certificate of 6 February 1815, which would make him closer to 56 years old at the time of the census). Meanwhile, his wife Héloïse, was listed only as his wife, with no profession, at 42 years old—an age in keeping with her date of birth on 11 June 1828. Referring to her Parisian birth certificate, if the census was taken between January 1 and June 10, her age is correct on the census.

Clara is listed as 15 years old, having been born in Paris. Her birth certificate is dated May 5, 1856, so her census information is also correct (apart from the negligence of the official who put ditto marks under the marital status of the 3 girls as if they were also “M[arried],” which is absurd. He should have listed them as “daughter”).

There is no longer any trace of Adolphe Lee for whom I have a Parisian birth certificate dated March 17, 1858 (he would have been 13 years old). Next comes Caroline, declared to be 11 years old, which would give her a birth year of 1860, and as she’s older than Minna, she was most likely born in Paris as well, but I cannot find any trace of her birth in any of the searches I have undertaken.

I have found two Carolines born to Sebastian Lee and Caroline Luther Lee in Paris. The first one was born on January 14, 1838, then disappears from the historical records. The second one was born on April 5, 1842, and later married Caesar Böckmann in Paris in 1865. Of Sebastian Lee’s four children, Caroline Böckmann née Lee was the only one who had children—we have her to thank for ensuring the existence of the only living descendants of our composer found so far.

The Caroline listed as the daughter of Maurice Lee and Héloïse Gillet Lee, age 11 in the census of 1871, remains a mystery for the moment. I looked for her in the Paris archives of 1859 and 1860, without success. There was only one baby Lee born in 1859 in Paris: his name was Henri, and he was apparently neither Sebastian’s nor Maurice’s son. In 1860, there was also only one baby Lee, named William, but I was able to verify that he also was neither Sebastian’s nor Maurice’s son.

The last child of the siblings listed in the census is Minna. She is 9 years old. I can find no trace of her birth either. She would have been born in 1862, in Paris according to the census, yet I have found nothing about her in the Parisian archives…

Of interest is the presence of Mrs. Gillet, a 70-year-old widow, declared “independent”, who is none other than the mother of Héloïse Lee (Marie Antoinette Palette). As she does not have a husband, her sons would be responsible for supporting her, consequently Maurice and Héloïse end up taking care of her mother, just as they took care of Sebastian and Maurice’s mother, Ernestine Keyser. Ernestine died in Paris on April 20, 1847, at the age of 65. She died at Maurice and Héloïse’s home at 21, rue Neuve Breda (formerly rue Clauzel), very close to rue des Martyrs where her brother Sebastian lived. Thus, we know that Maurice was living in Paris from at least 1847 to at least 1861.

Ernestine’s death certificate confirms that she was married to a Mr. Lee, who was a professor. Interestingly, she is described on her death certificate as married, not widowed, which begs the question of why she was living with her son and not her husband. There could be many reasons, but thus far we have no answers.

Préfecture du département de la Seine [Prefecture of the department of the Seine]

Acte de décès [Death Certificate]

L’an mille huit cent quarante sept le vingt avril, est décédée à Paris rue Neuve Bréda, 21, deuxième arrondissement, Ernestine Keyser, âgée de soixante-cinq ans, née à Hambourg (Allemagne), mariée à Lée, professeur.

le membre de la commission.

[Approximate Translation:
In the year one thousand eight hundred and forty-seven, on April 20, died in Paris rue Neuve Bréda No.21, second arrondissement, Ernestine Keyser, aged sixty-five years, born in Hamburg (Germany), married to Lée, a professor [or teacher].

the member of the commission.]

Ten years have passed since the 1871 census, and we are lucky to find Maurice Lee’s family in England in the 1881 British census. The address has changed but they are still in London in the Chelsea district at No. 69 Tavistock Crescent.[5*, 6*]

[5]

[6]

Maurice is listed as 58 years old, which, in 1881, would make him born in 1823. He seems to have not aged much, because if the birth date given on his marriage certificate (1815) is correct, then he would not have been 58, but rather 66 years old in 1881. Héloïse is listed as 48 years old, but having been born in 1828, she would have been closer to 53.

At the time of the census, Maurice is listed as a musical artist rather than a piano teacher. His wife is listed as a governess. Their eldest child, Clara, is also listed as a governess at age 24, and her age is correct (born in 1856). I am surprised that Clara is not yet married and still lives with her parents, but her cousin Caroline also married late for the time, at 23 years old. I thought that perhaps the death of cousin Caroline’s brother Edouard in 1861 (she was 19 years old) must have caused immense grief and possibly delayed her wedding. As for Maurice’s daughter Caroline, she listed as 21 years old (correct for a birth year of 1860) and finally, Mina, listed as 19 years old (correct for a birth year of 1861). They are also listed as governesses and probably also help mom at home. We also find Antoinette, Héloïse’s mother, still living the good life at the age of 80.

Tavistock Crescent N°69 in current London. Source : Google Maps. Thanks to Sheri H and Steve A for their researches to clarify the topic.

A third census taken in 1891 gives us our last traces of Maurice Lee’s family. They have moved again and live at 29, Lancaster Road, in the beautiful Kensington district of London (see photo below).

[7]

[8]

Number 19, Lancaster Road, today. [9, 9*]

Maurice is listed as 69 years old, though in fact he is 76 if he was born in 1815, and is a music teacher. Héloïse, his wife, is listed as 59 years old, but with a birth year of 1828, she would have been 63. They have two people listed as “visitors”: Fred Buchsenstein, an unmarried 26-year-old, accountant, and James Edouard Perry, a 49-year-old retired military officer and widower. Are they suitors for Caroline? Perhaps, because they seem in keeping with the financial criteria desired by her parents. I know that Maurice is Jewish, like Sebastian (it was indicated on his death certificate). On the other hand, they both married women of another religious persuasion. Maurice’s eldest daughter, Clara, was baptized at the Notre-Dame de Lorette church in Paris, so it appears as if Clara’s parents were not overly concerned about religious affiliation.

Clara doesn’t appear in 1891 census as part of the Lee household because she married a Frenchman, Eugène Soubeyran, a bank employee born in Lyon. In the 1901 census, we find them living in London.

[10]

[11]

The couple seems to have led a fairly comfortable life. Clara is listed as a French school teacher. She taught a foreign language — just like her paternal grandfather who was an English teacher in Hamburg — and, just like her parents did for their parents, she was also taking care of her mother Héloïse, listed as a 72-year-old widow in 1901 (this time, Héloïse’s age is correct for a birth year of 1828). Eugène Soubeyran is a bank employee and they have tenants in their upscale house at Number 80, Elgin Crescent, in the pretty district of Notting Hill (see photo below). There are three tenants: the 26-year-old Austrian Julius Pollack, the 23-year-old Englishman Morell Holmes, and the 24-year-old German Hans Michels. All three men are unmarried and merchants’ clerks.  They are the “paying guests” (tenants) of Soubeyran in 1901. In addition, we also have the 19-year-old French servant, Juliette Bonne (born in France and listed as a French “subject” [citizen]).

80 Elgin Crescent in Notting Hill, today [9, 9*]

One remarkable thing, however, is that they did not have children. In the 1911 census, they were found to be still in London, at No. 58 Fordwych road, Hampstead. They still have two tenants (different from the 1901 census): Theo A. Vogel, a 33-year-old unmarried Alsatian listed as a manager of a steel factory, and a German-born 24-year-old bank clerk by the name of Theodor C. Bierbaum. They also have a 21-year-old unmarried servant, Ellen Short.

[12]

[13]

[12]

At the bottom of the document, a note informs us that the census form was completed by Clara Soubeyran “on behalf of Eugène Soubeyran. Postal address 58 Fordwych Road. Hampstead N.W.” and the house had ten rooms. Assuming there is a parlor, a kitchen, and a dining room, that still leaves seven rooms to be used or rented out, with only four rooms accounted for by the inhabitants at the time of the census. It could have been a boarding house, but it would have been very empty!

58 Fordwych road, today.[9, 9*]

If we return to 1891 and our last census of Maurice Lee’s household, we find Maurice’s daughter Caroline listed as 28 years old and a “school governess”.[14] If she was 21 in the previous census, she would be 31 rather than 28 ten years later. As her Parisian birth certificate is still missing, I can only say that she had to have been born between November 1858 and December 1860, after Adolphe and before Mina, unless Adolphe became Caroline, which is highly unlikely for the era. Is she getting younger because she’s still not married? If she was 28 (or even 31) years old and still single at the end of the 19th century, she was well and truly “on the shelf”. I’m really surprised that all these girls married so late in life. I’m surprised all the more, since I know that marriages are arranged in the Lee family and that there is no question of looking for true love. They are expected to marry from within the merchant class, such as bank clerks. This is the fate of Sebastian and Caroline Luther Lee’s daughter, Caroline, and also the fate of Maurice and Héloïse Gillet Lee’s daughter, Clara Lee. Mina’s case is special.

I found Mina living with individuals in the Kensington district in 1893. They are a middle-class couple whose head of household is named William Lionel Eves, an architect and his wife Agnes Button. They live in Kensington and list three people of great interest to us:

  • Mina Lee
  • Ernest Vital Gillet
  • Wilhelmina/Wilhelmine Henrietta Lee

British Marriage Register, index from 1837 to 1915[15]

If this is indeed our Mina, born in 1861, she would have been 32 years old in 1893 (also a very late age for marriage at the time) and why is she living with these people? Who is this Ernest Vital Gillet? And why are there no less than two Wilhemina/e Henrietta Lees?

London Marriage Registry April/May/June 1893 [16]

[Translation of final two lines: “Edith Agnes (Button), Spouse of William Lionel Eves, architect”]

I found the Eves family two censuses later in 1911—they live in Uxbridge, Middlesex, in the large western suburbs of London—and, of course, no further trace of Mina and Ernest.

With genealogical research, I do not believe in coincidences, so encountering the name “Ernest Vital Gillet” during my searches made me pause. Not only is his last name Gillet, the same as Mina’s mother’s maiden name, but his middle name is Vital, which was Héloïse’s father’s first name. Mina and Ernest are most likely related in some way. Back I go to France to find this “Ernest Vital Gillet” and… Bingo! He was born in Paris on September 13, 1856 according to the arrondissement of Batignolles’ records, the son of Hippolyte Gillet and Louise Guérin. As I follow their trail, I realize that Hyppolite is Héloïse’s brother. Ernest is Mina’s first cousin, five years her senior.

Birth Certificate for Ernest Vital Louis Gillet, 12 September 1856.[17]

[Approximate translation:  Year 1856, Arrondissement Batignolles, Name (surname) Gillet, First/middle names Ernest Vital Louis, Date of birth 12 September 1856]

[17]

Du samedi 13 septembre 1856, nous, à 3 heure et demi de relevé, acte de naissance de Ernest Vital Louis Gillet, reconnu de sexe masculin né hier à 1h du matin au domicile de ses père et mère, rue St Louis N°36 à Batignolles Monceau, fils de Eugène Hyppolite Gillet, âgé de 31 ans, employé des contributions indirectes et de Louise Guérin, son épouse âgée de 24 ans. le présent a été rédigé sur la déclaration du père qui nous a présenté l’enfant et en présence des Sieurs Henri Fontaine âgé de 57 ans, receveur buraliste, demeurant en cette ville rue St Louis N°25 et François Théophile Varon âgé de 33 ans, commis greffier demeurant en cette ville rue des Batignollaise N°17, lesquels ont ainsi que le père signé avec nous, Jean Begbeder, adjoint au maire de Batignolles Monceau, emplissant par délégation spéciale les fonctions d’officier de l’Etat Civil.

[Approximate Translation: 

Town Hall of Batignolles Monceau

On Saturday September 13, 1856, we, at 3:30 pm recorded the birth certificate of Ernest Vital Louis Gillet, recognized as male, born yesterday at 1:00 am at the home of his father and mother, rue St Louis No. 36 in Batignolles Monceau, son of Eugène Hyppolite Gillet, aged 31, employee of indirect contributions [self-employed], and of Louise Guérin, his wife aged 24. [This document] was written [based] on the declaration of the father who presented the child to us … in the presence of Mr. Henri Fontaine aged 57, tobacconist, residing in this city rue St Louis No. 25 and François Théophile Varon aged 33, clerk registrar residing in this city rue des Batignollaise No.17, who, as well as the father, signed with us, Jean Begbeder, deputy mayor of Batignolles Monceau, fulfilling by special delegation the functions of civil status officer.]

But that’s not all, Ernest Vital Gillet is a cellist—he even won first prize at the Paris Conservatory in 1874. Ernest became known to the public in 1893, when he composed La Fille de la Mère Michel [The daughter of Michael’s Mother], a hit operetta. A young composer, a cellist, from a musical family (his brother Georges (1854-1920) was an oboist), all of this may have placed him in a good position to ask for Mina’s hand in marriage. However, why would someone marry their first cousin if they are not trying to maintain a familial legacy? And who is this Wilhemina Henrietta Lee with them? Could this be a sister of Maurice and Sebastian that I don’t know about yet? An old aunt? A niece? The mystery deepens…

I thought about this for a while, trying to untangle the threads, before an idea suddenly hit me: Mina is Wilhemina! How could I have not realized that before?! While looking for Wilhelmina Henrietta Lee in Paris in 1861, I found her!!!

[18]

Du mardi 27 Août mille huit cent soixante et un, une heure de relevée. Acte de naissance de Wilhemine Henriette Louise, laquelle nous a été présentée et que nous avons reconnue être du sexe féminin, née à Paris hier à une heure du matin chez ses père et mère, rue neuve Bossuet N°16, fille de Maurice Lée, artiste musicien âgé de 42 ans et de Héloïse Charlotte Zélie Gillet, son épouse sans profession âgée de 32 ans, mariés à Paris en la cinquième mairie le trente décembre mille huit cent cinquante deux. Le présent acte dressé sur la déclaration du père et en présence de MM. Dieudonné Noël, bijoutier, âgé de cinquante ans, demeurant à Paris rue du Faubourg St Denis N°22, et Charles Benjamin Draugère, marchand de vin, âgé de 33 ans demeurant à Paris rue des Martyrs N°27, témoins qui ont signé avec le père et avec nous Philipe Rome Ernest Foucher, adjoint au maire du neuvième arrondissement après lecture faite.

[Approximate Translation: From Tuesday, August 27, one thousand eight hundred and sixty-one, date of recording. Birth certificate of Wilhemine Henriette Louise, who was presented to us and whom we recognized as female, born in Paris yesterday at one o’clock in the morning at her father and mother’s house, rue neuf Bossuet N°16, daughter of Maurice Lée, musical artist aged 42 and Héloïse Charlotte Zélie Gillet, his unemployed wife aged 32, married in Paris in the fifth town hall on December 30, one thousand eight hundred and fifty-two. This act drawn up on the declaration of the father and in the presence of MM. Dieudonné Noël, jeweler, aged fifty, residing in Paris rue du Faubourg St Denis N°22, and Charles Benjamin Draugère, wine merchant, aged 33 residing in Paris rue des Martyrs N°27, witnesses who signed with the father and with me, Philipe Rome Ernest Foucher, deputy mayor of the ninth arrondissement after reading.]

She was born in Paris on August 26, 1861. Maurice and Héloïse were living at 16, rue neuf Bossuet (in what is now the tenth arrondissement of Paris).

So how do I know that Cousin Ernest is a musician? Well, not thanks to my innate knowledge—he already has a Wikipedia page that I hope to be able to flesh out. [19] Cousin Ernest had already married someone else in Paris in 1880. Her name was Charlotte Fox and her father was a goods commissioner [a government employee who ensures that goods for sale meet various legal criteria]. It is interesting to note that the marriage fell under the regime of separation of property. In the marriage certificate, we can read that Ernest Gillet is a musical artist and lives with his parents at 23, rue Albony (right next to the Eiffel Tower, which did not yet exist). He already has a job as a cellist at the Paris Opera from 1875 to 1882.[19] Sebastian Lee had already returned to Hamburg (in 1868), so while they never worked together, they obviously knew each other since Ernest was Sebastian’s nephew-in-law, his brother’s (Maurice’s) wife’s (Héloïse’s) brother’s (Hyppolite’s) son.  Are you still with me? In addition, the musical world was much smaller then, and it would have been quite surprising if the two had no knowledge of each other on a professional level.

Ernest’s father, Hippolyte, is employed at the Ministry of the Interior. Daddy Fox, who may not have been very impressed by the idea of entrusting his daughter’s financial well-being to a musician, may have been reassured by Hippolyte’s career, as it might have been able to provide a plan B for Ernest’s income. It may have been the possibility of a career as a civil servant (in the event of a musical professional fiasco) that Napoleon Fox consented to his daughter marrying Ernest Gillet. In any case, Ernest didn’t have to go far to find her—the two lovebirds lived next door to each other, one at number 23 and the other at number 24 Albony Street.

[20]

L’an mille huit cent quatre vingt, le vingt avril, midi, en la mairie du dixième arrondissement de Paris et par nous, Charles Louis Lourdel, adjoint au maire, officier de l’Etat Civil, a été célébré publiquement le mariage de Ernest Vital Louis Gillet, artiste musicien, né à Batignolles, arrondissement de Saint Denis, Seine, le douze septembre mille huit cent cinquante six, demeurant à Paris rue Albony, 23 avec ses père et mère, fils majeur de Eugène Hippolyte Gillet, employé au ministère de l’intérieur et des cultes, et de Louise Guérin, son épouse, présents et consentants, d’une part, et de Marie Charlotte Fox, sans profession, née à Paris, ancien cinquième arrondissement le 10 juin mille huit cent cinquante six, demeurant rue Albony, 24 avec père et mère, fille majeure de Napoléon Charles Fox, commissaire en marchandises et de Constance Lucie Hubert, son épouse, présents et consentants d’autre part […] il a été fait un contrat de mariage devant Maître Deslandes, notaire à Paris, le treize avril […] Ferdinand Mérigot, peintre, âgé de 58 ans, à Boulogne, Seine, rue St Cloud, 23, Gustave Deloye, sculpteur, âgé de trente six ans au 233, Faubourg Saint Honoré, 3ème Louis Guérin, capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’Honneur, âgé de 56 ans, rue Turenne 124, 4ème Georges Gillet, artiste musicien, âgé de 25 ans, 61, boulevard Magenta, qui ont signé avec nous, les époux et pères et mères.

[Approximate translation: In the year one thousand eight hundred and eighty, April 20, noon, in the town hall of the tenth arrondissement of Paris and by us, Charles Louis Lourdel, deputy mayor, civil status officer, the marriage was publicly celebrated of Ernest Vital Louis Gillet, musical artist, born in Batignolles, arrondissement of Saint Denis, Seine, on September twelve, one thousand eight hundred and fifty six, residing in Paris rue Albony, 23 with his father and mother, adult son of Eugène Hippolyte Gillet, employee at the ministry of the interior and of worship, and of Louise Guérin, his wife, present and consenting, on the one hand, and of Marie Charlotte Fox, without profession [unemployed], born in Paris, former fifth arrondissement on June 10, one thousand eight hundred and fifty six, residing rue Albony, 24 with her father and mother, adult daughter of Napoléon Charles Fox, merchandise commissioner and Constance Lucie Hubert, his wife, present and consenting on the other hand […] a marriage contract was made before Maître Deslandes , notary in Paris, on April 13 […] Ferdinand Mérigot, painter, aged 58, in Boulogne, Seine, rue St Cloud, 23, Gustave Deloye, sculptor, aged thirty-six at 233, Faubourg Saint Honoré, 3rd Louis Guérin, retired captain, knight of the Legion of Honor, aged 56, rue Turenne 124, 4th Georges Gillet, musical artist, aged 25, 61, boulevard Magenta, who signed with us, the spouses and fathers and mothers.]

The presence of three artists, including the groom’s brother, Georges, among the witnesses is noteworthy. The notes in the margin show that a divorce was pronounced by the Abbeville court on April 10, 1893 (13 years later), which was extremely rare in the 19th century.

So here we are back in 1893, a successful year for Ernest, and the date on which a marriage certificate was recorded between Ernest Vital Gillet and Mina Lee in Kensington, London. Mina would therefore be Ernest’s second wife. At this point, he had already had a son, Fernand Gillet (1882-1980), with his ex-wife Charlotte Fox. Ferdinand would also become a musician—an oboist, like his Uncle Georges. Ferdinand would have been 11 years old at the time of his parents’ divorce. None of this tells me why Ernest took Mina as his second wife, while her father still lived (Maurice Lee did not die until June 1895). They had known each other for a very long time—had they been in love for years? This is likely because Mina did not marry at all and Ernest, in 1893, is a famous composer (akin to being a rockstar today) and can marry whomever he wants. It probably really is a marriage of love, a real one! Did the first marriage between Ernest and Charlotte Fox collapse because of this secret and impossible love?

I don’t really know what to think about this marriage between the first cousins. Was the nearness of the relation between the two the main obstacle, an additional obstacle, or no obstacle at all to them marrying prior to Ernest’s marriage to his first wife? Throughout history, and particularly among crowned heads of state and the very wealthy, it was commonplace to keep wealth within the same family by marrying amongst their own family tree. However, after research, it turns out that, as I suspected, marriage between first cousins, although legal in France in the 19th century, was frowned upon.

According to Guichet du Savoir, “there is a myth, popularized throughout the 19th century, of hereditary or congenital defect, and of the harmful influence of in-line breeding. However, long before that, in-line breeding was widely practiced.”[21] We have been warned.

For Ernest and Mina, it’s starting to sound like a Shakespeare play. Rockstar or not, Ernest was probably not the ideal suitor in the eyes of either his parents, her parents, or possibly both sets of parents. Did the success of the marriage help to convince them? Maurice must have had affection for this composer- and cellist-nephew, like his own composer- and cellist-brother, Sebastian. Would that have been enough to convince him of the merits of the match or are we dealing with a secret marriage? Without seeing the official document, it’s difficult to say. A simple entry in the marriage register does not allow us to know whether the parents attended the wedding.

That being said, in 1893, they are living with the architect William Lionel Eves and his wife Agnès Button in Kensington (the same neighborhood as Mina’s parents), which creates confusion about the matter. If they had married in secret and didn’t want anyone to know, wouldn’t they have moved a little further away? Or perhaps they didn’t yet have their own home, but if that is true, why rent rooms from people who they are not related to? The Lee family rents out rooms in their own home, and they seem to have plenty of space according to the 1891 census. Perhaps one parent accepts the marriage and the other does not? This would explain the separation of living spaces, whilst remaining in the same general neighborhood. Or did they simply want their own space separate from Mina’s parents? Why doesn’t Mina return to France with Ernest? Is he trying to run away from the social stigma of his divorce from Charlotte Fox by staying in England?

A photo of Ernest Gillet with his cello. The “Conservatoire” stamp still visible suggests that this photo dates from the year he won his first cello prize, i.e. 1874. If true, he would have been 18 years old in this picture.[22]

Front Cover of Ernest Gillet’s Italia Lamento pour Piano, copyright 1908 by G. Ricordi & Company (Paris), printed in Italy.  Ernest would have been 56 in 1908, though we are not certain that the photo was taken in the same year as the copyright.

We find Ernest again in the historical records on April 9, 1903, 10 years, almost to the day after his marriage to Mina, marrying for a third time—this time to Anne Parentani, a singer from Brussels.

[23]

L’an mille neuf cent trois, le neuf avril à onze heure du matin, acte de mariage de Ernest Vital Louis Gillet, né à Batignolles Monceau (Seine), le douze septembre mille huit cent cinquante six, compositeur de musique domicilié à Paris rue Mozart, 121 fils majeur d’Eugène Hyppolite Gillet, époux décédés, petit-fils d’aïeux décédés, veuf de Mina Lé Vilma, la mère du futur décédé en cet arrondissement, ainsi qu’il résulte après vérification de l’acte inscrit sur le registre que nous nous sommes fait représenté d’une part, et de Marie Anne Parentani, née à Bruxelles (Belgique), le dix-sept mars mille huit cent soixante et onze, artiste lyrique, domiciliée à Paris, rue Mozart 121, fille majeure de Eugène Parentani, mouleur domicilié à Bruxelles consentant aux termes d’un acte reçu le dix sept janvier dernier, par Maître Bauvens, notaire de la même résidence et de Marie Elisabeth Cloetens, son épouse décédée d’autre part. Dressé par nous, Emile Drady adjoint au maire, officier de l’Etat Civil du seizième arrondissement de Paris qui avons procédé publiquement en la mairie à la célébration du mariage dans la forme suivante après avoir donné lecture aux partis 1° de leurs actes de naissance, des actes de décès des pères, mères et précédente femme du futur, ceux des pères et mères mentionnant le [?] des aïeuls […] en la présence de Emile Alphonse Biardot, 42 ans, éditeur de musique officier d’académie, domicilié à Paris place de la Madeleine 22, Alphonse Blondel âgé de cinquante deux ans, rentier, Chevalier de la Légion d’Honneur, domicilié à Paris, rue des Martyrs 57, Daniel Riche, âgé de trente sept ans, auteur dramatique, Chevalier de la Légion d’Honneur officier de l’instruction publique, domicilié à Paris rue Servandoni 12, Aimé Gustave Paul Fourré âgé de quarante trois ans, professeur officier d’académie domicilié à Bologne (Seine) quai de Boulogne 61, témoins qui ont signé avec nous et les époux après lecture.

[Approximate translation: In the year nineteen hundred and three, April ninth at eleven o’clock in the morning, marriage certificate of Ernest Vital Louis Gillet, born in Batignolles Monceau (Seine), September twelve one thousand eight hundred and fifty-six, music composer living in Paris rue Mozart, 121 adult son of Eugène Hyppolite Gillet, deceased spouse, grandson of deceased grandparents, widower of Mina Lé Vilma, the mother of the future [husband] died in this district, as [has been verified] on the one hand, and of Marie Anne Parentani, born in Brussels (Belgium), on March seventeen  one thousand eight hundred and seventy-one, [singer], domiciled in Paris, rue Mozart 121, adult daughter in her majority of Eugène Parentani, molder [someone who creates molds for sculptures and foundary parts] living in Brussels consenting to the terms of a deed received on January 17 by Maître Bauvens, notary of the same residence and of Marie Elisabeth Cloetens, his deceased wife on the other hand. Drawn up by us, Emile Drady deputy mayor, civil registrar of the sixteenth arrondissement of Paris who publicly proceeded in the town hall to celebrate the marriage in the following form after having read to the parties first their birth certificates, death certificates of the fathers, mothers and previous wife of the future [husband], those of the fathers and mothers mentioning the [?] of the ancestors […] in the presence of Emile Alphonse Biardot, 42 years old, music publisher, academy officer, living in Paris place de la Madeleine 22, Alphonse Blondel aged fifty-two, annuitant, Knight of the Legion of Honor, living in Paris, rue des Martyrs 57, Daniel Riche, aged thirty-seven, playwright, Knight of the Legion of Honor officer of public education, living in Paris rue Servandoni 12, Aimé Gustave Paul Fourré aged forty three years, professor academy officer living in Bologna (Seine) quai de Boulogne 61, witnesses who signed with us and the spouses after reading.]

There is one thing that struck me about this marriage certificate is the phrase “widower of Mina Lé Vilma

Who is Mina Lé Vilma? My Wilhelmine Henriette Lee, of course; spelled haphazardly by an unconscientious official or even hidden under an ambiguous identity in the transcription of the death certificate produced by England, if it is indeed there that she died. I have no doubt that it is my Mina, but the historical record is thin on details! She has already died, but when or where, I don’t know. I want to believe that Ernest returned to France after the death of Mina. At the time of his third marriage, his parents are deceased and he is living at 121, rue Mozart. The marriage certificate indicates that Ernest Gillet and Anne Parentani have both been living at the same address. Mina had already been out of Ernest’s life for some time. Did Ernest and Mina stay together until Mina died? Or did Ernest return to France alone? The historical record has slipped through my fingers during this period, and I can’t find the trail…

Mina definitely married her first cousin, Ernest, and almost certainly for love. The Lee brothers, who obviously gave their daughters no musical education, ensured that they were trained as housewives and married off to bank clerks—the ambitions of middle-class parents who wish to ensure a secure future for their daughters after their deaths. Mina undoubtedly caused a scandal by marrying her cousin at 32, if not publicly then within the family. There do not seem to be any children from this union, or at least, I have not yet found any trace of offspring. I am left with the enigma of Mina Lee’s death, which must have occurred in the eight years between 1893, the date of her marriage, and 1901, the date of the remarriage of Ernest Gillet, declared a widower. I also have no explanation for the multiple names of Wilhemine/Wilhemina/Mina/Vilma Henrietta/Harrietta Lee. Why does she appear as Mina Lee in some of the records and as Wilhelmina Henrietta Lee in others, and sometimes even as a duplicate in her own marriage certificate? Even her death certificate, or lack thereof, creates more confusion. What a story!!!

Notes

1. As per the description in this video:  https://www.youtube.com/watch?v=rVuKLxx-ETY, accessed online 21 January 2024.
2. Hamburg city directory, 1826, found on ancestry.com, accessed online January, 2024.
3. Source: ancestry.com, British Census 1871, accessed online January, 2024.
4. Ibid.
5. Source:  ancestry.com, British Census 1881, accessed online January, 2024.
6. Ibid.
5*, 6*:  Steve A. of England researched the name of the street listed on ancestry.com as “[Savinstor?] Crescent” using his knowledge of the streets in London, the London A to Z (modern map), and historical maps of London available through the British Library system.  We appreciate his research into the name of the street (Tavistock Crescent).
7. Source:  ancestry.com, British Census 1891, accessed online January, 2024.
8. Ibid.
9. Source: Google Maps, accessed online January 2024.
9*. Note that the buildings that exist today at the same address may not be the same building as existed at the time of the respective censuses.  Between the late Victorian demolition of the London warrens/slums and the London Blitz (resulting in the Second Great Fire of London in 1940), many of the older houses in the area(s) described were demolished and rebuilt.
10. Source:  ancestry.com, British Census 1901, accessed online January, 2024.
11. Ibid.
12. Source:  ancestry.com, British Census 1911, accessed online January, 2024.
13. Ibid.
14. Translator’s note:  the designation of “school governess” is to indicate that she taught at a school, quite possibly one of the many charitable schools that opened during the clearing of the warrens.  A designation of simply “governess” indicates teaching at a private residence.
15. Source:  ancestry.com, England & Wales, Civil Registration Marriage Index, 1837 – 1915, accessed online January, 2024.
16. Source:  ancestry.com, London Marriage Registry April/May/June 1893, accessed online January, 2024.
17. https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php, accessed online 29 Jan 2024.
18. ibid, accessed online 15 Feb 2024.
19. https://en.wikipedia.org/wiki/Ernest_Gillet, accessed online 15 February 2024.
20. https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php, accessed online 15 Feb 2024.
21. https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/14095#:~:text=Mais%20le%20mariage%20civil%20entre,la%20consanguinit%C3%A9%20%C3%A9tait%20largement%20pratiqu%C3%A9e, accessed online 18 Feb 2024.
22. https://imslp.org/wiki/File:Ernest_Gillet.jpg, accessed online 18 Feb 2024.
23.  https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjQtMDEtMjAiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6Mjk0MTM3O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=450.566650390625%2C75&uielem_islocked=0&uielem_zoom=56&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F, page 17 of online image, entry 300 of original scan, accessed online 18 Feb 2024.

Toute la lumière sur les bébés Lée

Par Pascale Girard

Dans un article précédent, qui narrait la découverte d’Edouard Lee, fils pianiste et compositeur oublié de Sebastian Lee, j’avais présenté une série de poupons Lée que les archives de l’Etat Civil de la ville de Paris ont consigné entre 1837 et 1868, période à laquelle Sebastian Lee vivait à Paris. Chacun de ces nourrissons étant potentiellement sa descendance, il était important de faire un peu de généalogie pour démêler les lignées familiales. C’est un travail de patience et de recherche ou il ne faut pas compter son temps, mais le jeu en vaut la chandelle car, je ne peux pas me taire plus longtemps, j’ai retrouvé un autre fils. Un petit Gustave, Ernest, Maurice Lée, né le 03 mars 1843 alors que la famille était domiciliée au 64, rue de Clichy. C’est toujours une grande émotion pour moi que de lire sur les précieux actes de naissances les noms de Sebastian Lee et Caroline Luther. Il y a une autre énigme que je n’ai pas encore résolu concernant 2 petites filles appelées Caroline. J’ai 2 actes de naissances: une petite Caroline Lee née le 14 janvier 1838 et une autre du même nom née le 05 avril 1842, toutes 2 à Paris des 2 mêmes parents. Celle de 1842 se mariera avec Caesar Böckmann, il n’y a pas de confusion possible car on a son acte de mariage, établi à Paris le 29 juillet 1865. Celle de 1838, en revanche, disparait des radars… J’ai cherché dans les décès sans succès pour l’instant. On a donc pour le moment une fratrie de 4 rejetons Lée authentifiés: d’abord Edouard en 1835, puis une première Caroline en 1838, une seconde Caroline en 1842 (celle qui se mariera) et enfin le petit Gustave en 1843. Qu’est devenu bébé Gustave? Pour le moment, je ne le sais pas non plus. Aujourd’hui je vous présente les familles Lée qui sont ou non liées à nos protagonistes.

Concernant mes 2 Carolines, ça n’est pas la première fois que je tombe sur plusieurs enfants homonymes dans une même famille. Au début on trouve ça très dérangeant et puis rapidement on s’aperçoit que souvent l’un des 2 n’a pas survécu. Dans le cas qui nous occupe, c’est la Caroline de 1838 qui est probablement décédée très jeune — vraisemblablement avant la naissance de sa sœur homonyme. Pourtant, j’ai épluché les archives de tous les décès entre 1838 et 1842 à Paris, sans succès. J’ai même sondé les entrées de tous les cimetières parisiens au cas ou l’acte de décès n’aurait pas été reconstitué après 1860. Si Caroline de 1838 est décédée, c’est donc ailleurs.

Maurice Lée et Héloïse Gillet

On le sait, Sebastian avait au moins 2 frères: Maurice (1815-1895) et Louis (1821-1896). Je savais que Maurice avait épousé une française, Héloïse Gillet, car ils se sont mariés à Paris et qu’à cette occasion, son prénom est orthographié Moritz, à l’Allemande. Je savais également qu’ils avaient eu 3 filles: Clara (née le 05 mai 1856 à Paris, Caroline (née en 1859) et Mina (née en 1861) et puis un fils, débusqué dans ma chasse aux bébés Lee: Adolphe, François, Maurice Lée né le 17 mars 1858 à Paris. A partir de 1859, plus de naissance sur le sol français. Je retrouve la trace des filles Lee dans un recensement en Angleterre alors qu’elles sont à peine adolescentes et déclarées formées à tenir une maison, ce que j’avais trouvé très décevant. Il semble qu’elles n’aient reçu aucune éducation musicale et qu’aucune n’ait fait carrière. Quant au petit Adolphe, je perds sa trace. En 1871, le Census Britannique nous donne une résidence à Parish Church, London alors que les 3 filles sont en pension au All saints, Kensington (un collège catholique).

Pierre-Victor Lée et Marie Tartaret

Ils ont 2 domiciles connus: d’abord au 14 de la rue d’Aval (aujourd’hui orthographié rue Daval) pour la naissance de François, Léon, Victor, puis au 13, rue des Couronnes à la naissance d’Eugène, Louis. Le père fait l’intéressant métier d’ébéniste. Sont-ils des parents ou bien pas du tout?

Euphrasie Lée, mère célibataire

Voici une histoire toujours touchante et tellement vue en généalogie. C’est celle de la jeune Euphrasie Lée, 25 ans, née à Champsous dans la Sarthe et montée à la capitale pour travailler. Elle est domestique et vient déclarer son petit François de père non-dénommé (ce qui est différent de « père inconnu », on en conviendra). Pas de Champsous trouvé dans la Sarthe, mais un hôpital Beaujon au 208, Faubourg St Honoré ou le petit François a vu le jour. Très certainement aucun lien avec notre Cher Sebastian, mais cette jeune Euphrasie me fait penser à la Félicité d’Un Cœur Simple, l’un des 3 contes de Gustave Flaubert, rédigé dans ces années là (ébauché à partir de 1844 et paru en 1857) et à la condition des femmes au XIXème siècle dont ont parlé Maupassant, Balzac et Flaubert. Telles les filles de Maurice et Sebastian qui n’auront reçu pour seule éducation la tenue d’une maison. Pas de musique ni de carrière internationale pour elles. Pourtant à cette époque des femmes musiciennes s’affirment et gagnent les hautes sphères; parmi elles Jenny Lind dont j’ai parlé récemment et quantité de cantatrices, mais aussi les sœurs Clauss: Fanny (violoniste), Jenny (violoniste), Marie (violoniste et pianiste) et Cécile Clauss (violoncelliste), cette dernière sera victime d’un père infanticide en 1861, assassinée par ce dernier alors qu’elle n’avait que 13 ans et un avenir radieux devant elle. Sebastian Lee jouera d’ailleurs au concert-bénéfice pour la famille organisé à la mi-janvier 1862 dans les Salons Pleyel en compagnie du pianiste Théodore Ritter, du violoniste Charles Dancla ainsi que de nombreux chanteurs. [1]

Germain, Chrysanthème et Marie, Flore Lée

Domiciliés au 23, rue des Fossés St Marcel pour la naissance de Louis, puis au 43, rue Vieille du Temple pour la naissance de Marie. M. Germain, Chrysanthème Lée est limonadier de profession.

Henri Lée et Marguerite Cappel

Domiciliés au 8, passage St Nicolas à la Villette (Seine), on ne leur trouve qu’un fils: Emmanuel, Adam Lée.

William Lée et Silvie, Zénobie Perruche

Encore un cas intéressant d’enfant hors mariage, mais cette fois assumé à 2. Le petite Edgard né le 10 novembre 1858 et ne voit son statut devenir « légitime » que 3 ans plus tard le 25 mai 1861, comme indiqué sur l’acte de naissance (note à la main dans la marge de droite, sans doute assez peu lisible sans agrandissement).

Ainsi s’achève notre histoire des filiations Lée à Paris en ce milieu de XIXème siècle. Je vais continuer de chercher des informations sur mes 2 Carolines, filles de Sebastian Lee nées respectivement en 1838 et 1842, ainsi que Gustave, Ernest, Maurice Lée. Je trouve par ailleurs intéressant que de tous les fils Lée, aucun ne porte le nom de Sebastian, ni même en 2ème ou 3ème prénom. Gustave porte le 2ème prénom d’Ernest (peut-être en hommage à sa grand-mère Ernestine Kayser, la mère de Sebastian) et le 3ème prénom de Maurice, sans doute pour le frère chéri de Sebastian. Quant à Adolphe, François, Maurice Lée, le fils de Maurice, il n’a pas rendu la pareille à son frère. Seul manque l’acte de naissance d’Edouard Lée, qui portait peut-être d’autres prénoms. Les recherches continuent donc! En attendant l’arbre généalogique de Sebastian Lee est consultable ici.

Notes

[1]Le Ménestrel du 19 janvier 1862, p. 63, voir aussi « Revue et Gazette musicale de Paris » 1862, p. 22