Image de haut de page: La Consolation, huile sur toile de Lucien Hector Jonas (1880-1947), date inconnue.
C’est ce matin, le panier au bras et à peine descendue de ma bicyclette pour faire mon marché que la nouvelle me parvient. Nous venons de perdre Jean-Pierre Berrié, directeur de l’école de musique de Castelsarrasin et Membre d’Honneur de l’association Sebastian Lee. Toutes les lèvres murmurent son nom sur la petite place, tous les cœurs se serrent, tous les yeux se mouillent, la ville est orpheline d’un éminent membre de sa communauté et entre dans un profond deuil alors qu’on lui a arraché si subitement son bon Maitre de musique. Chef d’orchestre, professeur, administrateur, Jean-Pierre Berrié a mis un point d’honneur à gérer l’école de musique de la ville de Castelsarrasin avec la plus grande bienveillance. Animé par une passion sans borne pour la musique et son apprentissage, il n’a eu de cesse de la promouvoir et d’encourager sa pratique à tous âges.
Alors que je prenais des cours de violoncelle dans son école, j’ai eu l’occasion de le côtoyer d’abord lors de mon inscription. Je l’avais trouvé bien avenant et très approchable; très différent de ce que la fonction de directeur et son prestige induisent parfois chez les personnes peu sûres d’elles. Chez Jean-Pierre, aucune arrogance, au contraire, la certitude d’être à sa place et de se donner à fond pour une cause à laquelle on croit: la musique. De cette rencontre sympathique mais superficielle, il y eu pourtant une suite. Alors que je traversais des difficultés personnelles desquelles je n’arrivais pas à me sortir, ma pratique musicale à la maison s’est trouvée compromise, à mon grand désarroi. Jean-Pierre a accepté de me prêter une salle, quand il s’en trouvait une disponible, pour que je puisse m’entrainer à l’instrument. Pendant 3 ans, j’y venais presque tous les jours et y restais 2h ou 3h. L’école de musique était devenue ma maison de cœur. J’y rencontrais des gens affables avec qui nous partagions la même passion. La routine était toujours la même: avant de m’y mettre, je faisais un petit arrêt dans le bureau de Jean-Pierre et Maryse, à l’époque, pour un coucou. C’était l’occasion d’une petite conversation agréable, presque tout le temps autour de la musique. Quelqu’un passait et se joignait à nous. Tout cela était très charmant, bienveillant et créait une sorte de havre de paix dans ce joli bâtiment qu’est l’école de musique de Castelsarrasin.
Souvent, il passait alors que je répétais dans ma salle et me faisait un gentil commentaire : « Ah, j’ai l’impression que ça commence à venir ces triolets » ou bien « il va falloir que tu rejoignes l’orchestre bientôt, tu as tellement progressé! » Toujours un mot encourageant, toujours une phrase, un geste, un sourire qui vous réchauffe le cœur et vous motive à faire toujours mieux, à poursuivre ses efforts. La musique n’est hélas pas quelque chose d’inné. En tout cas, pas la pratique d’un instrument. Cela demande du temps, beaucoup de temps, de la patience et des efforts répétés. Au violoncelle comme sur tous les instruments, on peut se faire mal, s’abimer momentanément un poignet, un doigt, une épaule ou que sais-je encore. Je n’ai pas échappé à cette règle et ai eu mon lot de bobos plus ou moins handicapants et Jean-Pierre, qui suivait absolument tout ce qui se passait dans son école avec beaucoup d’attention et d’intérêt, m’a un jour recommandé sa chiropractrice en me disant que je pouvais venir de sa part. Ca m’avait beaucoup touché. J’avais déjà un bon maitre dédié, Mathieu, avec qui j’étudiais le violoncelle, et qui veillait à mon confort physique et à ma santé pendant la pratique, mais Jean-Pierre, de par sa bonne nature, entière et généreuse, n’hésitait jamais à donner un conseil, de sa personne et de son temps, qu’il ne comptait jamais, au bénéfice de ses ouailles.
Premier arrivé et dernier parti, j’ai souvenir de conversations après la répétition du Combo de Guillaume, prof de sax, MAO et d’harmonie. C’était le lundi soir et cela finissait aux alentours de 20h-20h30 si ma mémoire est bonne. Assez tard pour la plupart des gens. Une fois qu’il avait terminé de s’occuper de ses fonctions de directeur, il nous rejoignait parfois avec sa flûte et improvisait une partie sur un morceau de Claude Nougaro ou de Serge Gainsbourg. Je le revois des étincelles dans les yeux à terminer sa journée en pouvant enfin jouer de sa flûte. Il était touchant d’authenticité et une vraie source d’inspiration pour tout un chacun. Souvent, après la répétition du groupe, il se joignait aux quelques personnes qui aidaient à remettre la salle en place. Il fallait ranger chaises et pupitres pour que l’espace soit fonctionnel le lendemain pour un autre type d’activité. La soirée se terminait par une petite conversation sur le pas de la porte de l’école, alors qu’il tournait la clé dans la porte et qu’il semblait difficile de tous se quitter tant le moment partagé avait été agréable tous ensemble.
Ambassadeur infatigable, de mon court passage dans sa vie, je l’ai vu monter et démonter des scènes, vider et remplir son Berlingo pour transporter du matériel de l’école à l’Espace Descazeaux pour un concert. Etre Chef d’orchestre, flûtiste, manager, présentateur, gestionnaire, professeur, et tant d’autres choses. Quand j’ai commencé à m’intéresser au catalogue perdu de Sebastian Lee et à exhumer de vieilles partitions oubliées, je les montrais fièrement à Jean-Pierre qui souvent me renseignait sur la signification d’un vieux signe solfégique désuet, ou que je ne connaissais pas. Quand l’association a été montée, il m’a accompagné pour rencontrer le service Culturel de la ville et présenter le projet. Il a été soutien de la première heure, alors que tout restait à faire. Il était question d’organiser des concerts avec l’école de musique, ce qui aurait été merveilleux si ma vie n’avait pas été aussi chaotique à ce moment là. Il était prêt à me soutenir et à m’accompagner aussi loin que je souhaitais aller avec mon projet d’association Sebastian Lee. Il a donc été l’un des premiers membres d’honneur de l’association et cet implication m’a beaucoup ému, le sachant déjà très occupé. Le jour de la réunion avec le service culturel de la ville, Jean-Pierre avait cassé ses lunettes de vue. Agacé, il avait poussé un juron: « vin de dieus! » avec une voix un peu caverneuse. C’est la seule fois ou je l’ai vu un tant soit peu perdre son « cool ». D’humeur égale, c’était une personnalité joviale, franche et dynamique.
Alors que l’association comptait ses premières republications d’opus perdus, Jean-Pierre m’a un jour montré de vieilles partitions conservées dans les archives de l’école de musique. Il s’agissait d’une marche militaire, ce qui m’avait étonné. Jean-Pierre m’avait expliqué que toute l’histoire de l’école de musique de Castelsarrasin était intimement liée à la base militaire de la ville. En effet, c’est la fanfare militaire qui a fait naître l’école de musique. A l’époque, pour des raisons que je n’ai pas bien compris, s’est créé une rivalité quasi pathologique entre les vents et les cordes. De cette dichotomie sont nées 2 entités, l’association de la Lyre (qui représente les cordes) et… je ne me souviens plus de l’autre, qui représentait les cuivres. C’était une de ses rares fiertés que de les avoir réconcilié. Aujourd’hui, le conflit cordes contre cuivres n’existe plus et tous sont réunis dans la même passion de jouer de la musique ensemble.
Tant de jolis moments, tant de belles contributions et une vie qui s’arrête sans crier gare. Je pense à la famille de Jean-Pierre, sa femme et ses enfants et à la grande communauté des musiciens, amateurs comme professionnels, qui partagent cette peine, ce lourd chagrin, si soudain et si douloureux. Les yeux chargés de larmes, j’entends le son de ta flûte qui s’éloigne. Bon voyage, mon très cher Jean-Pierre, repose en paix mais saches que nous conservons ici ce supplément d’âme que tu nous a laissé en héritage. Longue vie à ta passion et à ta mémoire, car tu continues d’exister à travers chaque élève que tu as touché de ta gentillesse et de ta patience.
Jean-Pierre Berrié officiant en tant que Chef d’orchestre au milieu des élèves de l’école de musique de Castelsarrasin.
Compte tenu de l’importance de l’impact du travail et de la personnalité de Jean-Pierre Berrié sur un très grand nombre de personnes durant ses longues années d’office à l’école de musique de Castelsarrasin, j’aimerai proposer un hommage durable à sa mémoire et qui représenterait l’empreinte que sa vie a laissé dans cette communauté. Je souhaite demander qu’on renomme la rue du Collège rue Jean-Pierre Berrié. C’est la rue de l’école de musique et de cette façon, il restera toujours un peu avec nous physiquement. Si des personnes veulent se joindre à ma demande auprès du Conseil Municipal, contactez-moi via la page de contact du site ou la messagerie Facebook. Merci d’avance pour lui.
Image d’en-tête: « Jeune homme travaillant » (dit aussi « jeune homme écrivant ») par Jean-Louis-Ernest Meissonnier (1815-1891), ca 1852, collection musée du Louvre
Par Pascale Girard
C’est à la bibliothèque universitaire de Leipzig que j’ai mis la main sur un courrier qui nous éclaire toujours un peu plus sur la vie et l’œuvre de ce cher Sebastian Lee. La lettre est rédigée par le violoncelliste Friedrich Grützmacher (1832-1903), dont on peut admirer le portrait d’un auteur inconnu ci-dessous du côté gauche, grâce à la collection de la BnF. Le courrier s’adresse à Julius Klengel (1859-1933), dont le portrait un peu plus bas, ci-dessous et du côté droit le représente avec son violoncelle en 1903 sous l’objectif de Georges Brokesch. Nous sommes le 17 décembre 1885, et il se prépare une surprise dans le dos de notre compositeur Hambourgeois.
Comme dans mon dernier article, je tiens à remercier chaleureusement Regina Vonrüden qui a transcrit et traduit ce courrier rédigé en allemand du XIXème siècle — je le répète à chaque fois, c’est un exercice difficile — ainsi que ma complice Sheri Heldstab qui m’est d’une grande aide dans la réalisation de toutes les traductions nécessaires; du matériel de recherches jusqu’aux billets de ce blog. Voici donc le document original:
Verehrter Herr und Freund!
Herr Sebastian Lee, der verdienstvolle Violoncellist und Komponist in Hamburg, feiert am 24. Dezember: d(iesen) J(ahres) seinen achzigsten Geburtstag. Die Violocellisten der hiesigen Kapelle werden ihm zu dieser Gelegenheit ein von allen unterzeichnetes – Glückwunsch-Schreiben zusenden, und erlaube, ich mir die Anfrage an Sie zu richten, ob Sie nicht einen gleichen Schritt bei den Kollegen unseres Instrumentes im Gewandhausorchester freundlichst anregen möchten? Versichern kann ich Sie, daß dem alten Herrn (bei seinen mir bekannten liebenswürdigen Charakter) dadurch eine sehr große Freude bereitet werden würde.
Bittend, in wenigen Worten mir gefälligst mittheilen zu wollen, ob Sie glauben, Theilnahme für diesen Vorschlag dort zu finden, sowie Sie und Ihre liebe Frau Gemahlin herzlich grüßend, verbleibe ich Ihr freundschaftlichst und verehrungsvollst ergebener
Grützmacher.
Dresden. d: 17 Dezember. 1885.
Cher Monsieur et ami!
Mr Sebastian Lee, le distingué violoncelliste et compositeur de Hambourg, fête son 80ème anniversaire le 24 décembre cette année. A cette occasion, les violoncellistes de l’orchestre local vont lui envoyer une lettre de félicitations signée par tous, et j’aimerais prendre la liberté de vous demander si vous ne prendriez pas la même initiative avec les collègues de notre instrument à l’orchestre du Gewandhaus? Je peux vous assurer que cela ferait au vieux gentleman (avec son célèbre caractère aimable) un grand plaisir.
Je vous demanderais bien aimablement de me faire savoir en quelques mots si vous croyez que cette proposition trouverait un écho favorable là-bas, et d’étendre mes chaleureuses salutations à vous et votre chère épouse. Grützmacher. Dresde, le 17 décembre 1885.
Friedrich Grützmacher (1832-1903) apprend le violoncelle avec son père avant de devenir l’élève de Karl Drechsler (1800-1873), lui-même élève de Friedrich Dotzauer (1783-1860). Dotzauer comme Grützenmacher intégreront l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Dotzauer y fera carrière en tant que violoncelle soliste de 1805 à 1850 et Grützmacher prendra sa suite de 1850 à 1860 avant d’être nommé violoncelle principal à l’orchestre de la Cour de Dresde et de prendre la tête de la société musicale de la ville. Il deviendra professeur au conservatoire de Dresde et donnera des concerts dans toute l’Europe. Les liens que l’on peut trouver avec la trajectoire musicale de Sebastian Lee sont ténus: Friedrich Dotzauer se perfectionnera avec Bernhard Romberg tout comme Johann Nikolaus Prell (1773-1849), le maître de Sebastian Lee. Romberg est également professeur au conservatoire de Paris, mais de 1801 à 1803, à une époque ou notre cher Sebastian n’est pas encore né. Au-delà d’être tous violoncellistes et Allemands, ce qui constitue déjà 2 particularités les unissant de facto dans une communauté spécifique, je pensais que Sebastian Lee était aussi passé par Leipzig et Dresde lors de son périple en Allemagne entre 1825 et 1833. Son itinéraire et ses étapes ne sont pas encore bien établis à cet époque, mais compte tenu de ce courrier, je pensais qu’il avait peut-être également fait partie de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Mauvaise pioche. Après avoir échangé avec le fonds des archives du Gewandhaus de Leipzig, mon contact est formel: Sebastian Lee n’est jamais passé par le Gewandhaus; ni dans l’orchestre, ni à titre d’invité pour un récital spécifique à Leipzig, d’après ses sources. Le seul Lee qu’on a pu y retrouver, c’est le frangin Louis dont la performance dans cette salle date précisément du jeudi 30 janvier 1834.
Louis Lee (1819-1896), est le cadet de la fratrie Lee. Il aurait eu 2 ans de différence avec le plus jeune frère, Maurice (1821-1895), et 14 ans avec son aîné, Sebastian. Quelques mentions dans des brèves, quelques entrées dans la Biographie des musiciens, tome 2, de François-Joseph Fétis en particulier (voir l’entrée ci-dessous) attestent bien de son existence dans le complément édité en 1880.
Lee (Louis) — Cet artiste a fait exécuter en 1860, à Hambourg, dans un concert, une cantate intitulée Jeanne d’Arc.
C’est un peu court.
Donc pas de concert de Sebastian Lee à Leipzig. Ca m’étonne. Leipzig à cette époque était une plaque tournante de la scène musicale allemande et je pense à cette tournée européenne aux côtés de l’extraordinaire Joseph Gusikow et m’étonne sincèrement qu’on ne trouve pas de trace de concert de Sebastian Lee à Leipzig parce que je suis presque sûre qu’ils y sont passés (voir le billet: « 1837: Sebastian Lee et Joseph Gusikow, 2 étoiles musicales à Paris« ).
Un mot tout de même sur le Gewandhaus (la « halle au draps » en Allemand), qui est un bâtiment érigé en 1781 à l’origine pour les drapiers. La salle est reconstruite en 1884, soit juste un an avant la lettre de Friedrisch Grützmacher à Julius Klengel, sans doute pour y effectuer les modernisations nécessaires.
Le premier Gewandhaus de Leipzig tel que construit en 1781 avec une pièce de musique de Felix Mendelssohn (1809-1847), par Ecole Allemande (XIXème siècle), aquarelle, collection privée, Wikipedia
Le deuxième Gewandhaus situé sur Grassistraße, inauguré en 1884 selon les plans de Martin Gropius dans un style Néoclassique leipzig-lexikon.de
Le bâtiment est détruit par deux bombardements alliés entre 1943 et 1944. Le troisième édifice sur l’Augustusplatz de Leipzig est inauguré le 8 octobre 1981, pour le bicentenaire de la fondation du Gewandhaus.
Le Gewanhaus actuel qui ne sera achevé qu’en 1981 selon les architectes Rudolf Skoda, Eberhard Göschel, Volker Sieg et Winfried Sziegoleit. Le bâtiment contient 2 salles, comme auparavant, une grande salle de 1900 places et une petite pour la musique de chambre baptisée salle Mendelssohn (qui en a été le chef de 1835 à 1848) pouvant accueillir jusqu’à 497 personnes.
Donc rien de plus à Leipzig concernant Sebastian Lee. Ca ne me satisfait pas, je recontacte les archives à Leipzig et leur demande de refaire la recherche avec le nom de Joseph Gusikow, et là, BINGO!
L’archiviste trouve 4 dates de concerts:
Le 14 décembre 1835
Le 28 décembre 1835
Le 2 janvier 1836
Le 7 janvier 1836
On sait qu’ils seront à Paris pour 2 concerts le mardi 27 décembre 1836 et le mardi 17 janvier 1837 (voir le billet: « 1837: Sebastian Lee et Joseph Gusikow, 2 étoiles musicales à Paris« ). Je trouve tout de même cette tournée intéressante car en 1835, Sebastian Lee et son épouse Caroline ont leur premier enfant, Edouard. Ce n’est pas le meilleur moment pour battre la campagne et pourtant, c’est à ce moment là que ça se passe.
Autre subtilité qui m’avait mis en échec dès le départ, ils ne se produiront pas au Gewandhaus de Leipzig mais à l’Hôtel de Pologne, un complexe hôtelier agrégé au fil des années par l’aubergiste Christian August Pusch qui le baptise ainsi pour commémorer le fait que le roi polonais Stanislas I Leszczyński y vivait en 1706. En 1835-36, lors du passage de nos 2 étoiles, il s’agit encore de 3 immeubles regroupés en un avant qu’un incendie ne réduise les bâtiments en cendres en 1846. Il sera néanmoins reconstruit et demeure toujours en lieu et place de l’ancien après avoir subi maintes transformations architecturales à travers les époques.
L’hôtel de Pologne en 1848 par Carl Weidinger
L’ancien Hôtel de Pologne situé dans la Hainstrasse à Leipzig est un bâtiment de la vieille ville et était à l’époque le plus grand hôtel de Leipzig avec 130 chambres. Source: https://www.leipzig-days.de/hotel-de-pologne/
C’est donc établit, il y a zéro connexion entre Sebastian Lee et le Gewandhaus de Leipzig, à part son frère Louis qui y a joué une fois le jeudi 30 janvier 1834. Seuls les concerts de Sebastian Lee avec Joseph Gusikow attestent qu’il ait frotté l’archet dans cette bonne ville, mais pas au Gewandhaus, à l’Hôtel de Pologne. Du reste, la tournée avec Joseph Gusikow bien qu’extraordinaire et incroyablement sensationnelle à l’époque, se déroule dans de petites salles sans superbe mais avec panache: au théâtre du 19bis de la rue Chantereine à Paris (aujourd’hui démoli), dans les salons Pleyel ou Sebastian Lee donnera quantité de concerts par la suite, notamment avec son ami, le violoniste Charles Dancla et à l’Hôtel de Pologne de Leipzig. Ce que cela nous dit c’est qu’à cette époque de sa vie, Sebastian Lee, bien qu’étoile en devenir, est un outsider comme ce brave et talentueux Joseph Gusikow. Et pourtant, 50 ans plus tard, il est célébré par la crème de la crème des musiciens, en la personne en particulier de Friedrich Grützmacher à Leipzig. Pourquoi?
Je me suis demandée si notre violoncelliste compositeur n’était pas tout simplement une rockstar dans son pays natal. Il a été premier violoncelle au grand théâtre de Hambourg, avant de devenir premier violoncelle du grand opéra de Paris, ce qui est un peu la consécration. Il se paiera le luxe de poursuivre quelques activités d’enseignement au Collège Stanislas et également à titre gratuit pour des enfants défavorisés. Nous l’avons établi dans un précédent billet, le premier violoncelle gagnait environ 2000 à 2500 frs par mois à l’opéra de Paris au cours du XIXème siècle; salaire très convenable et très au-dessus de ce qui se pratiquait dans n’importe quel autre théâtre parisien (voir: « Du rififi à l’opéra de Paris« ). Mais au-delà du confort matériel, c’est bien de fierté qu’il est question. En réalité, ce que ce courrier nous apprend, c’est que Sebastian Lee, à la fin de sa vie, a été canonisé « Trésor National » dans son pays natal par ses pairs. Il est celui qui a réussi, celui qui a porté la gloire Germanique, celui qui a contribué à faire reconnaitre l’école Allemande à l’international. C’est une vraie célébrité et c’est ce que ce courrier nous confirme.
Les violoncellistes d’exception qui prennent l’initiative d’une carte de félicitations pour l’anniversaire du « vieux gentleman » pour reprendre les mots de Friedrisch Grützmacher, ne le connaissent peut-être même pas personnellement mais seulement de réputation.
Prenons Friedrich Grützmacher, qui est un pédagogue sans doute assez hors pair. Il a une spécialité qui n’est pas banale: il a produit un nombre impressionnant de premiers violoncelles parmi ses élèves. Un en particulier a retenu mon attention: Hugo Becker (1863-1941), il fut premier violoncelle à l’opéra de Frankfort et s’est également permis d’éditer plusieurs opus de Sebastian Lee, ce que j’avais jugé être la pire des goujateries, quand je l’avais découvert.
Hugo Becker posant avec son violoncelle, Gessford, date incertaine.
Il avait carrément mis sa photo comme exemple pour montrer la position du bras et de l’archet à la place du dessin représentant Sebastian Lee dans la version originale. Quel toupet! Ceci étant, vous vous ferez votre propre idée dans le diaporama ci-dessous, mais je trouve qu’il a la tête des mauvais jours et qu’on est à 2 doigts de « Vol au-dessus d’un nid de coucous »… Alors il s’était quand-même un peu déchiré sur la superposition des 2 daguerréotypes pour l’époque, je lui concède cela, mais pas plus!
« Violloncello Technics by Sebastian Lee revised and edited by Hugo Becker », Schott, ca 1882. Le dessin de Sebastian Lee montrant la position de l’archet fait partie de l’édition originale de son opus 31 en 1844, la photo (franchement dérangeante; les yeux regardent vers le haut, quand-même) de Hugo Becker montrant la position du bras et de l’archet est de son propre fait, dans sa réédition de l’opus du Maestro.
Dans la même veine, Ernest Gillet (neveu par alliance temporaire de Sebastian Lee, voir l’article Mina Lee: Amour et Rock’n Roll dans l’Angleterre du XIXème siècle) avait eu la même audace. Ce dernier a carrément « complété » des transcriptions du compositeur.
Ernest Gillet avec son violoncelle. Le cachet “Conservatoire” encore visible laisse supposer que cette photo daterait de l’année où il a gagné son 1er prix de violoncelle, soit 1874. Il aurait 18 ans. Source: IMSLP
Les Perles du Jour, collections de transcriptions complétées par Ernest Gillet, de Sebastian Lee, édition de 1888 chez Choudens Père & Fils, BNF.
On note qu’il a attendu le décès de Sebastian Lee pour s’approprier son travail. Bon, bon! J’arrête d’être mauvaise langue, parce-qu’en réalité, aussi mufles puissent-ils me paraitre avec leurs rééditions d’œuvres qui ne nécessitaient aucune intervention de leur part, je pense néanmoins qu’on est dans le cas d’un hommage plus qu’autre chose.
Pour l’heure, c’est tout ce que nous savons et pouvons tirer de ce courrier. Pendant ce temps, en cette année 1885, Sebastian Lee compose une « Fantasie sur l’opéra La Juive de Fromental Halevy pour le violoncelle avec accompagnent de piano ». Une pièce jouée pour la première fois au grand opéra de Parisle 23 février 1835 dans la salle le Peletier ou notre étoile montante passera 25 ans. Pour l’heure, Sebastian Lee tourne en Europe aux côtés de Joseph Gusikow. Cette année là, c’est son futur grand ami Louis Norblin qui occupe la place de premier violoncelle à l’opéra de Paris et il faudra attendre encore 5 ans avant que la légende ne naisse officiellement entre les murs du grand opéra de Paris.
Man Writing a Letter
1885: A Tribute to Sebastian Lee from his Peers in a Newly Discovered Letter
Banner image (above): « Young man working » (also known as « young man writing ») by Jean-Louis-Ernest Meissonnier (1815-1891), circa 1852, Louvre Museum collection
Written by Pascale Girard and translated by Sheri Heldstab
It was at the Leipzig University Library that I came across a letter that sheds even more light on the life and work of dear Sebastian Lee. The letter was written by the cellist Friedrich Grützmacher (1832-1903), whose portrait, taken by an unknown photographer, may be found below on the left side thanks to the collection of the BnF. The letter is addressed toJulius Klengel (1859-1933), whose portrait below on the right side represents him with his cello in 1903 through the lens of Georges Brokesch. It is December 17, 1885, and a surprise is being prepared for our Hamburg composer.
As in my last article, I would like to warmly thank Regina Vonrüden who transcribed and translated this letter written in 19th century German—I have said this before, transcription of old documents is a difficult undertaking—as well as my accomplice Sheri Heldstab who is of great help in carrying out all the necessary translations; from the research material to the posts on this blog. Here is the original document:
Verehrter Herr und Freund!
Herr Sebastian Lee, der verdienstvolle Violoncellist und Komponist in Hamburg, feiert am 24. Dezember: d(iesen) J(ahres) seinen achzigsten Geburtstag. Die Violocellisten der hiesigen Kapelle werden ihm zu dieser Gelegenheit ein von allen unterzeichnetes – Glückwunsch-Schreiben zusenden, und erlaube, ich mir die Anfrage an Sie zu richten, ob Sie nicht einen gleichen Schritt bei den Kollegen unseres Instrumentes im Gewandhausorchester freundlichst anregen möchten? Versichern kann ich Sie, daß dem alten Herrn (bei seinen mir bekannten liebenswürdigen Charakter) dadurch eine sehr große Freude bereitet werden würde.
Bittend, in wenigen Worten mir gefälligst mittheilen zu wollen, ob Sie glauben, Theilnahme für diesen Vorschlag dort zu finden, sowie Sie und Ihre liebe Frau Gemahlin herzlich grüßend, verbleibe ich Ihr freundschaftlichst und verehrungsvollst ergebener
Grützmacher.
Dresden. d: 17 Dezember. 1885.
[Translation:
Dear Sir and friend!
Mr. Sebastian Lee, the distinguished violoncellist and composer in Hamburg, is celebrating his eightieth birthday on 24 December of this year. On this occasion, the cellists of the local orchestra will send him a letter of congratulations signed by all of them, and I would like to take the liberty of asking you whether you would not take the same step with the colleagues of our instrument [cellists] in the Gewandhaus Orchestra? I can assure you that this would give the old gentleman (with his well-known amiable character) a great deal of pleasure.
I would ask you to kindly let me know in a few words whether you believe that this proposal would find favor there, and to extend my warmest greetings to you and your dear wife.
Grützmacher.
Dresden. 17 December 1885.]
Friedrich Grützmacher (1832-1903) began learning the cello with his father before becoming a student of Karl Drechsler (1800-1873), himself a student of Friedrich Dotzauer (1783-1860). Dotzauer and Grützenmacher will join the orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Dotzauer had a career as a solo cellist from 1805 to 1850, and Grützmacher followed him from 1850 to 1860 before being appointed principal cellist at the Dresden Court Orchestra and becoming head of the city’s musical society. He became a professor at the Dresden Conservatory and gave concerts throughout Europe.
The links that can be found between these two cellists and Sebastian Lee’s musical career are tenuous: Friedrich Dotzauer perfected his studies with Bernhard Romberg, as did Johann Nikolaus Prell (1773-1849), Sebastian Lee’s instructor. Romberg was also a professor at the Paris Conservatory, but from 1801 to 1803, at a time when our dear Sebastian was not yet born. Aside from both being cellists and Germans, which already constitutes two similarities uniting them in a niche community, I thought that Sebastian Lee had also passed through Leipzig and Dresden during his journey in Germany between 1825 and 1833. His itinerary and stages are not yet well established at this time, but given this letter, I thought that he had perhaps also been part of the orchestra of the Leipzig Gewandhaus. Not so. After having exchanged emails with the archives of the Leipzig Gewandhaus, my assumption was proven false. Sebastian Lee never passed through the Gewandhaus; neither in the orchestra, nor as a guest for a specific performance in Leipzig. The only Lee we can find there is his brother Louis, who performed exactly once in this hall on Thursday, January 30, 1834.
Louis Lee (1819-1896) was the middle of the three Lee brothers. He was two years older than his nearest sibling in age, Maurice (1821-1895), and 13 years younger than his eldest brother, Sebastian. A few brief mentions in the press, a few entries in the Biographie des musiciens, volume 2, by François-Joseph Fétis in particular (see the entry below) attest to his existence in the supplement published in 1880.
Lee (Louis) — In 1860, in Hamburg, this artist performed, in a concert, a cantata entitled Jeanne d’Arc.
It’s a bit short.
So there is no evidence of Sebastian Lee performing in Leipzig, at least not at the Gewandhaus. I am honestly surprised. Leipzig at that time was a hub of the German music scene and I think of his European tour alongside the extraordinary Joseph Gusikow (also spelled “Josef Gusikov”, 2 September 1806 – 21 October 1837) and I’m genuinely surprised that we can’t find any trace of Sebastian Lee performing in Leipzig because I’m pretty sure they passed through there (see the post: « 1837: Sebastian Lee et Joseph Gusikow, 2 étoiles musicales à Paris« ).
A word about the Gewandhaus (the “clothing hall” in German), which was originally built in 1781 for the clothing merchants. The hall was rebuilt in 1884, just one year before Friedrich Grützmacher’s letter to Julius Klengel, possibly to upgrade the building to include modern (at the time) conveniences such as electricity.
XZL151530 The Leipzig Gewandhaus with a piece of music by Felix Mendelssohn (1809-47) (w/c on paper) by German School, (19th century) watercolour on paper Private Collection German, out of copyright
The first Gewandhaus in Leipzig as built in 1781 with a piece of music by Felix Mendelssohn (1809-1847), Felix Mendelssohn (1809-1847), in the style of the German School (19th century), watercolor, private collection, Wikipedia.
The second Gewandhaus on Grassistraße, opened in 1884 according to plans by Martin Gropius in a Neoclassical style as found on the leipzig-lexikon.de page.
The building was destroyed by two Allied bombings in 1943 and 1944. The third building, on Augustusplatz, was inaugurated on October 8, 1981, for the bicentennial celebration of the founding of the Gewandhaus.
The current Gewandhaus, designed by the architects Rudolf Skoda, Eberhard Göschel, Volker Sieg and Winfried Sziegoleit, was not completed until 1981. It has two halls, as before: a large hall with 1,900 seats and a small one for chamber music. The smaller of the two halls is called the Mendelssohn Hall (who was the Gewandhaus’s conductor from 1835 to 1848) and can accommodate up to 497 people.
There was nothing more to find in Leipzig concerning Sebastian Lee. This does not satisfy me, so I contacted the archives in Leipzig again and asked them to do the search again with the name of Joseph Gusikow, and… BINGO!
The archivist found four concert dates:
14 December 1835,
28 December 1835,
2 January 1836, and,
7 January 1836
We know that they were in Paris for two concerts on Tuesday December 27, 1836 and Tuesday January 17, 1837 (see the post: « 1837: Sebastian Lee et Joseph Gusikow, 2 étoiles musicales à Paris« ). I still find this tour interesting because in 1835, Sebastian Lee and his wife Caroline had their first child, Edouard. It was not the best time to be away from his family, and yet, it is at this time that Lee is touring.
Another subtlety that had bothered me from the start is that they did not be perform at the Gewandhaus in Leipzig but at the Hôtel de Pologne, a hotel composed of a complex of buildings aggregated over the years by innkeeper Christian August Pusch, who named it to commemorate the fact that the Polish king Stanislas I Leszczyński lived there in 1706. In 1835 – 1836, when our two stars passed through the area, it was still three buildings grouped into one before a fire reduced the buildings to ashes in 1846. It will nevertheless be rebuilt and still remains in place of the old one after having undergone many architectural transformations over the ages.
The Hotel de Pologne in 1848, by Carl Weidinger.
The building formerly housing the Hotel de Pologne on Hainstrasse in Leipzig was, at the time of Lee’s travels, the largest hotel in Leipzig with 130 rooms. Source: https://www.leipzig-days.de/hotel-de-pologne/
We have now established that there is no connection between Sebastian Lee and the Gewandhaus in Leipzig, apart from his brother Louis who played there for only one performance. Only Sebastian Lee’s concerts with Joseph Gusikow attest that he bowed his cello strings in this lovely city, but at the Hôtel de Pologne, not at the Gewandhaus. Moreover, the tour with Joseph Gusikow, although extraordinary and incredibly sensational at the time, took place in small venues without splendor but with panache: at the theatre at 19 bis rue Chantereine in Paris (now demolished), in the Pleyel salons where Sebastian Lee would give many concerts thereafter, notably with his friend, the violinist Charles Dancla and at the Hotel de Pologne in Leipzig. What this tells us me is that at this time in his life, Sebastian Lee, a possible star in the making, is an outsider like the brave and talented Joseph Gusikow. And yet, 50 years later, he is celebrated by the crème de la crème of musicians, in particular Friedrich Grützmacher in Leipzig. Why?
I wondered if our cellist-composer was not simply a rock star in his native country. He was principal cellist at the Grand Théâtre de Hambourg, before becoming the principal cellist of the Grand Opéra de Paris, which was a bit of a step up. He allowed himself the luxury of continuing some of his teaching activities at the Collège Stanislas, and also taught privately and, in the case of underprivileged children, free of charge. As we established in a previous post, the principal cellist earned around 2000 to 2500 francs per month at the Paris Opera during the 19th century; a very reasonable salary and well above what was practiced in any other Parisian theater (see: « Du rififi à l’opéra de Paris« ). But beyond material comfort, it is a large amount of pride that is at stake. In reality, what this letter tells us is that Sebastian Lee, at the end of his life, was canonized as a « National Treasure » in his native country by his peers. He is the one who succeeded, the one who brought the Germans glory, the one who contributed to making the German school recognized internationally. He became a true celebrity and this letter confirms it.
The exceptional cellists who took the initiative to send a congratulatory card for the birthday of the « old gentleman », to use Friedrich Grützmacher’s words, may have not even known him personally, but only by reputation.
Let us take Friedrich Grützmacher, who is undoubtedly a rather outstanding pedagogue. He has a specialty that is not trivial: he produced an impressive number of principal cellists among his students. One in particular caught my attention: Hugo Becker (1863-1941), he was principal cellist at the Frankfurt Opera and also republished several works by Sebastian Lee, which I thought was in extraordinarily bad taste when I discovered that he had done so.
Hugo Becker posing with his cello, photo by Gessford studio, date uncertain.
He actually used a photo of himself as an example to show the position of the bow arm and the bow instead of the drawing representing Sebastian Lee in the original version. What cheek! That being said, you can decide for yourself from the images below, but I think he has a bad day and is just shy of « One Flew Over the Cuckoo’s Nest »… I grant him that the double-exposure necessary to create the superimposition of the two positions was not perfected at the time, but nothing further!
“Violloncello Techniques by Sebastian Lee revised and edited by Hugo Becker”, Schott, circa 1882.
Sebastian Lee’s drawing showing the position of the bow arm is part of the original edition of his Opus 31 in 1844. In Becker’s reprint of the Maestro’s Opus, in place of Lee’s drawing is Becker’s (frankly disturbing and slightly demonic) photo showing the position of the left arm and bow arm.In the same vein, Ernest Gillet (temporary nephew by marriage of Sebastian Lee, see the article Mina Lee: Amour et Rock’n Roll dans l’Angleterre du XIXème siècle) had the same audacity. Ernest went so far as to claim he “completed” compositions by Lee.
Ernest Gillet with his cello. The “Conservatoire” stamp still visible suggests that this photo dates from the year he won his first cello prize in 1874. He would have been 18 years old. Source: IMSLP
Les Perles du Jour [The Pearls of the Day], a collection of transcriptions “completed” by Ernest Gillet, composed by Sebastian Lee – 1888 edition by Choudens Père & Fils, BnF.
I noticed that Ernest waited for Sebastian Lee’s death to appropriate his work. Okay, okay! I’ll stop being mean, because in reality, as boorish as they may seem to me with their reissues of works that required no significant effort on their part, I nevertheless think that these republications are more of a tribute than anything else.
For now, this is all we know and can gather from this letter dated 1885. Meanwhile, in this same year at the age of 79 or 80, Sebastian Lee composes the « Fantasie sur l’opéra La Juive by Fromental Halevy for the cello with piano accompaniment ». The opera “La Juive” premiered at the Grand Opera of Paris on February 23, 1835, in the Salle le Peletier where our rising star would spend 25 years. At the time of the premier of the opera “La Juive”, Sebastian Lee was touring Europe alongside Joseph Gusikow. That year, it was his future good friend Louis Norblin who occupied the chair of the principal cellist at the Paris Opera and it would be another five years before the legendary Sebastian Lee would officially be accepted into the halls of the Grand Opera of Paris.