Par Pascale Girard
Dans un article précédent, qui narrait la découverte d’Edouard Lee, fils pianiste et compositeur oublié de Sebastian Lee, j’avais présenté une série de poupons Lée que les archives de l’Etat Civil de la ville de Paris ont consigné entre 1837 et 1868, période à laquelle Sebastian Lee vivait à Paris. Chacun de ces nourrissons étant potentiellement sa descendance, il était important de faire un peu de généalogie pour démêler les lignées familiales. C’est un travail de patience et de recherche ou il ne faut pas compter son temps, mais le jeu en vaut la chandelle car, je ne peux pas me taire plus longtemps, j’ai retrouvé un autre fils. Un petit Gustave, Ernest, Maurice Lée, né le 03 mars 1843 alors que la famille était domiciliée au 64, rue de Clichy. C’est toujours une grande émotion pour moi que de lire sur les précieux actes de naissances les noms de Sebastian Lee et Caroline Luther. Il y a une autre énigme que je n’ai pas encore résolu concernant 2 petites filles appelées Caroline. J’ai 2 actes de naissances: une petite Caroline Lee née le 14 janvier 1838 et une autre du même nom née le 05 avril 1842, toutes 2 à Paris des 2 mêmes parents. Celle de 1842 se mariera avec Caesar Böckmann, il n’y a pas de confusion possible car on a son acte de mariage, établi à Paris le 29 juillet 1865. Celle de 1838, en revanche, disparait des radars… J’ai cherché dans les décès sans succès pour l’instant. On a donc pour le moment une fratrie de 4 rejetons Lée authentifiés: d’abord Edouard en 1835, puis une première Caroline en 1838, une seconde Caroline en 1842 (celle qui se mariera) et enfin le petit Gustave en 1843. Qu’est devenu bébé Gustave? Pour le moment, je ne le sais pas non plus. Aujourd’hui je vous présente les familles Lée qui sont ou non liées à nos protagonistes.
Concernant mes 2 Carolines, ça n’est pas la première fois que je tombe sur plusieurs enfants homonymes dans une même famille. Au début on trouve ça très dérangeant et puis rapidement on s’aperçoit que souvent l’un des 2 n’a pas survécu. Dans le cas qui nous occupe, c’est la Caroline de 1838 qui est probablement décédée très jeune — vraisemblablement avant la naissance de sa sœur homonyme. Pourtant, j’ai épluché les archives de tous les décès entre 1838 et 1842 à Paris, sans succès. J’ai même sondé les entrées de tous les cimetières parisiens au cas ou l’acte de décès n’aurait pas été reconstitué après 1860. Si Caroline de 1838 est décédée, c’est donc ailleurs.
Maurice Lée et Héloïse Gillet
On le sait, Sebastian avait au moins 2 frères: Maurice (1815-1895) et Louis (1821-1896). Je savais que Maurice avait épousé une française, Héloïse Gillet, car ils se sont mariés à Paris et qu’à cette occasion, son prénom est orthographié Moritz, à l’Allemande. Je savais également qu’ils avaient eu 3 filles: Clara (née le 05 mai 1856 à Paris, Caroline (née en 1859) et Mina (née en 1861) et puis un fils, débusqué dans ma chasse aux bébés Lee: Adolphe, François, Maurice Lée né le 17 mars 1858 à Paris. A partir de 1859, plus de naissance sur le sol français. Je retrouve la trace des filles Lee dans un recensement en Angleterre alors qu’elles sont à peine adolescentes et déclarées formées à tenir une maison, ce que j’avais trouvé très décevant. Il semble qu’elles n’aient reçu aucune éducation musicale et qu’aucune n’ait fait carrière. Quant au petit Adolphe, je perds sa trace. En 1871, le Census Britannique nous donne une résidence à Parish Church, London alors que les 3 filles sont en pension au All saints, Kensington (un collège catholique).
Pierre-Victor Lée et Marie Tartaret
Ils ont 2 domiciles connus: d’abord au 14 de la rue d’Aval (aujourd’hui orthographié rue Daval) pour la naissance de François, Léon, Victor, puis au 13, rue des Couronnes à la naissance d’Eugène, Louis. Le père fait l’intéressant métier d’ébéniste. Sont-ils des parents ou bien pas du tout?

Euphrasie Lée, mère célibataire
Voici une histoire toujours touchante et tellement vue en généalogie. C’est celle de la jeune Euphrasie Lée, 25 ans, née à Champsous dans la Sarthe et montée à la capitale pour travailler. Elle est domestique et vient déclarer son petit François de père non-dénommé (ce qui est différent de « père inconnu », on en conviendra). Pas de Champsous trouvé dans la Sarthe, mais un hôpital Beaujon au 208, Faubourg St Honoré ou le petit François a vu le jour. Très certainement aucun lien avec notre Cher Sebastian, mais cette jeune Euphrasie me fait penser à la Félicité d’Un Cœur Simple, l’un des 3 contes de Gustave Flaubert, rédigé dans ces années là (ébauché à partir de 1844 et paru en 1857) et à la condition des femmes au XIXème siècle dont ont parlé Maupassant, Balzac et Flaubert. Telles les filles de Maurice et Sebastian qui n’auront reçu pour seule éducation la tenue d’une maison. Pas de musique ni de carrière internationale pour elles. Pourtant à cette époque des femmes musiciennes s’affirment et gagnent les hautes sphères; parmi elles Jenny Lind dont j’ai parlé récemment et quantité de cantatrices, mais aussi les sœurs Clauss: Fanny (violoniste), Jenny (violoniste), Marie (violoniste et pianiste) et Cécile Clauss (violoncelliste), cette dernière sera victime d’un père infanticide en 1861, assassinée par ce dernier alors qu’elle n’avait que 13 ans et un avenir radieux devant elle. Sebastian Lee jouera d’ailleurs au concert-bénéfice pour la famille organisé à la mi-janvier 1862 dans les Salons Pleyel en compagnie du pianiste Théodore Ritter, du violoniste Charles Dancla ainsi que de nombreux chanteurs. [1]
Germain, Chrysanthème et Marie, Flore Lée
Domiciliés au 23, rue des Fossés St Marcel pour la naissance de Louis, puis au 43, rue Vieille du Temple pour la naissance de Marie. M. Germain, Chrysanthème Lée est limonadier de profession.
Henri Lée et Marguerite Cappel
Domiciliés au 8, passage St Nicolas à la Villette (Seine), on ne leur trouve qu’un fils: Emmanuel, Adam Lée.
William Lée et Silvie, Zénobie Perruche
Encore un cas intéressant d’enfant hors mariage, mais cette fois assumé à 2. Le petite Edgard né le 10 novembre 1858 et ne voit son statut devenir « légitime » que 3 ans plus tard le 25 mai 1861, comme indiqué sur l’acte de naissance (note à la main dans la marge de droite, sans doute assez peu lisible sans agrandissement).
Ainsi s’achève notre histoire des filiations Lée à Paris en ce milieu de XIXème siècle. Je vais continuer de chercher des informations sur mes 2 Carolines, filles de Sebastian Lee nées respectivement en 1838 et 1842, ainsi que Gustave, Ernest, Maurice Lée. Je trouve par ailleurs intéressant que de tous les fils Lée, aucun ne porte le nom de Sebastian, ni même en 2ème ou 3ème prénom. Gustave porte le 2ème prénom d’Ernest (peut-être en hommage à sa grand-mère Ernestine Kayser, la mère de Sebastian) et le 3ème prénom de Maurice, sans doute pour le frère chéri de Sebastian. Quant à Adolphe, François, Maurice Lée, le fils de Maurice, il n’a pas rendu la pareille à son frère. Seul manque l’acte de naissance d’Edouard Lée, qui portait peut-être d’autres prénoms. Les recherches continuent donc! En attendant l’arbre généalogique de Sebastian Lee est consultable ici.
Notes
[1]Le Ménestrel du 19 janvier 1862, p. 63, voir aussi « Revue et Gazette musicale de Paris » 1862, p. 22




































