Sebastian Lee contre les violences familiales : Une prière pour la violoncelliste Cécile Clauss, ses sœurs et leur oncle, Claude Huttin

Image: Illustration d’une scène de violence conjugale par George Cruikshank, 1847.

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Par Pascale Girard

Le 19 janvier 1862, le Ménestrel [1] annonce un concert au bénéfice de la famille Clauss. Parmi les musiciens qui y participent, le nom de Sebastian Lee y est cité, aux côtés de son ami Charles Dancla, qui enseignait le violon à 2 des filles Clauss, Fanny et Jenny. Cet événement caritatif à l’intention d’une famille ayant connu « un drame intime », comme nous l’explique pudiquement le journal, cache en réalité une histoire bouleversante. Ce drame terrible va toucher Sebastian Lee en plein cœur à une période pivotale de son existence. Dans ce billet, je me propose de retracer le parcours de la famille Clauss jusqu’au 28 décembre 1861, date du drame, sa couverture médiatique, ainsi que les intrications entre les Clauss et Sebastian Lee.

Mercredi prochain, 22 janvier, soirée musicale donnée dans les salons Pleyel au bénéfice de la famille Clauss, victime d’un drame intime dont les journaux nous ont fait tout récemment l’émouvant récit. MM Théodore Ritter, Charles Dancla, S.Lee, E. Altès, Boulard, M. et Mme Léopold Dancla coopéreront à ce concert de bienfaisance. [1]

Le Ménestrel, 19 janvier 1862 [1]

La famille Clauss débarque à Paris en novembre 1857, d’après le journal du Ménestrel [2] dont l’article ci-dessous, daté du 31 janvier 1858, relate une des toutes premières performances publiques des sœurs Clauss à la capitale.

Nous avons assisté cette semaine, à une soirée musicale qui offrait un double intérêt. Une gracieuse maîtresse de maison, Mme Du F***, avait réuni, rue de la Madeleine, une nombreuse société dans ses brillants salons, et là nous avons applaudi à l’exécution de plusieurs quatuors interprétés par quatre jeunes sœurs, sous la direction de leur père, M. Clauss nous a amené à Paris, il y a 3 mois, cet orchestre en miniature: le premier violon a treize ans, les deuxièmes comptent onze et huit ans, et le violoncelle ne dépasse pas la première cheville de son instrument. Tout cela gazouille à ravir, et nous savons que plusieurs salons se préparent à imiter Madame du F*** Au point de vue de l’art, c’est déjà satisfaisant; comme chose curieuse, c’est tout simplement miraculeux. [2]

Si l’article relate la soirée en toute bienveillance en insistant sur le phénomène exceptionnel de voir jouer des pièces de musique réputées ardues par de si jeunes personnes, il n’en est pas de même partout et l’accueil est parfois moins enthousiaste. L’article de Silke Wenzel, Docteur en musicologie, qui m’a informé en premier lieu de l’affaire grâce à sa recherche bien fouillée, cite une brève tirée du Neue Magazin für Musik en 1857, un an plus tôt, au sujet d’un de ces concerts à Genève;  » Les quatre filles, âgées de 8 à 14 ans, jouent des quatuors de Haydn et aussi des quintettes dans lesquels le père dirige ces ‘enfants prodiges’. Pour nous, qui sommes les ennemis jurés de tout prodige, quelle impression embarrassante de voir et d’entendre les quatre filles chanceler et râler, et finalement la curiosité est la seule chose que nous puissions mentionner […]. La violoncelliste semble avoir le plus de talent des quatre, mais son talent est tout aussi inculte que celui de ses trois collègues et de son père. » [3]

Cet article, s’il a été lu par le père Clauss, a probablement été une pilule amère à avaler car c’est avant tout la reconnaissance qu’il cherche, à n’en pas douter. Sébastien Clauss nait à Haguenau, le 18 janvier 1808, d’un père pêcheur et déjà très âgé au moment de la naissance de son fils.

L’an 1808, le vingt janvier à midi, par devant nous, Maire officier de l’Etat Civil de la ville de Hagueneau, Département du Bas-Rhin, canton et municipalité de Hagueneau, est comparu André Claus, âgé de soixante cinq ans, Pêcheur, domicilié à Hagueneau, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né le dix-huit janvier dix huit cent huit à dix-huit heure du soir, de lui, le déclarant, et de Madeleine Munsch, son épouse, auquel il a déclaré vouloir donner le nom de Sébastien. Les dites présentations et déclarations faites en présence de Valentin Kielz, âgé de 31 ans, manouvrier, et de Frédéric Murth, âgé de 34 ans, cordonnier, domiciliés à Hagueneau, et ont, le déclarant et le maire, signés avec nous le présent acte après qu’il leur en a été fait lecture.

Acte de naissance de Sébastien Claus, Archives d »Alsace [4]

Outre l’évolution du patronyme alsacien que l’on trouvera écrit avec un seul « s » ou 2, selon les papiers administratifs, ce que cet extrait de naissance nous dit, c’est que Sébastien Clauss est d’origine modeste. Je ne lui ai trouvé qu’une grande sœur nommée Barbe, née le 25 Thermidor de l’an XII, donc courant Juillet / Août 1805. Pourtant, vu l’âge d’André Clauss, le père, il semble évident qu’il y ait eu une fratrie bien plus importante. Est-ce un remariage? Avait-il perdu sa première femme et ses autres enfants? Je n’ai rien trouvé en remontant dans le temps dans les registres alsaciens, mais si André a vécu ailleurs, impossible de retrouver sa trace. En tout cas, en 1808, il a 64 ans, un âge canonique pour l’époque! Il décède d’ailleurs seulement 4 ans après la naissance de son fils Sébastien.

L’an XIII de la République, le 26 du mois de Thermidor, à 11h du matin, par devant nous, Adjoint du Maire officier de l’Etat Civil de la ville de Haguenau, canton de Haguenau, Département du Bas-Rhin, est comparu André Claus âgé de soixante-deux ans, pêcheur, domicilié à Haguenau, lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin né le 25 Thermidor an treize à sept heure du soir de lui, déclarant et de Magdeleine Munsch et auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Barbe. La dite déclaration et présentation faites en présence de Charles Burtz, âgé de 31 ans, charpentier, et de George Hübel, âgé de soixante ans, charpentier, tous les 2 domiciliés à Haguenau. Tous les père et témoins [ont] signé avec nous le présent acte de naissance après qu’il leur en ait été fait lecture.

Acte de naissance de Barbe Clauss. Archives d’Alsace [4]

Je me suis demandée ou André Clauss pouvait bien pêcher en Alsace. Peut-être était-ce dans la Moder qui traversait le bourg de Haguenau à cette époque. Contrairement aux marins qui pêchent en mer, il ne devait pas s’absenter de longues semaines pour ramener du poisson, cependant sa présence dans la vie de Sébastien sera quand même de courte durée. Très tôt dans la jeune vie de Sébastien Clauss, les décès s’enchaînent. D’abord son père en 1812, puis sa sœur Barbe décède à l’âge de 15 ans le 2 juin 1820. A la mort de son père, Sébastien n’a que 4 ans et il se retrouve seul avec sa mère à 12 ans, probablement dans une grande précarité financière. Le destin des veuves et des femmes parents isolées de l’époque n’était pas glorieux et ces deuils qui ont frappé la famille ont forcément eu de grosses répercutions dans la vie du jeune Sébastien. Un article édifiant de Jean-Paul Barrière explore le statut du veuvage féminin au XIXème siècle [5]. Il est question de 3 mythes de perception sociale: la « Sainte veuve », la victime à secourir et la veuve légère. Des visions manichéennes qui donnent à penser qu’on est soit sacrificielle, éternellement pleureuse et dominée, ou prostituée après avoir perdu son mari dans la France du XIXème siècle. Peut-être est-ce un peu tout cela à la fois? Il faut bien survivre et élever son enfant et je n’ai retrouvé aucun remariage de Madeleine Munsch sur la commune d’Haguenau après le décès d’André Clauss.

André Claus, né le 13 décembre [1746] Déclaration de décès faite en la maison commune de Haguenau, département du Bas-Rhin, par devant l’officier de l’Etat Civil, a [neuf?] heure du matin, le quatorze du mois de décembre mille huit cent douze. Prénom et nom du décédé: André Claus, âgé de soixante-sept ans, né à Kaltenhouse profession ou qualité de pêcheur, domicilié à Haguenau maison située au N°9, quartier rouge (hôpital civil) le treize du mois courant sept heure du soir. Epoux de Madeleine Munsch.

Acte de décès d’André Claus, Archives d’Alsace. [4]

Il y a un personnage qui a attiré mon attention lors de ma fouille généalogique, c’est Antoine Clauss, un cabaretier qui a 2 jumeaux presque du même âge que Sébastien Clauss. Je me suis demandée si c’était auprès de lui qu’il avait appris la musique. Dans un contexte familial aussi dégradé, qui lui aurait enseigné cet art? Si c’est le cas, lui aussi décède le 1er octobre 1816 quand Sébastien n’a que 8 ans.

L’an mille huit cent six, le 24 Février à neuf heure du matin, devant nous Maire officier de l’Etat Civil de la ville de Haguenau, département du Bas-Rhin, canton et municipalité de Haguenau, est comparu Antoine Clauss, âgé de 44 ans, cabaretier, domicilié à Haguenau, lequel nous a présenté deux enfants de sexe masculin né le 24 Février 1806 à 2h du matin de leur déclarant et de la Dame Barbe Friess son épouse, auxquels il a déclaré vouloir donner les prénoms [?] à l’un de Mathias à l’autre de Joseph. Les dites présentations et déclarations signées en présence de Louis Koessler, âgé de 32 ans, libraire, et Jacques Mercklé, âgé de 55 ans, architecte domicilié à Haguenau et ont lu aux déclarants et témoins signés avec nous le présent acte après qu’il leur en a été fait lecture.

Acte de naissance des jumeaux d’Antoine Clauss daté du 24 février 1806 à Hagueneau. Source: Archives d’Alsace [4]

Antoine Clauss, que j’ai retrouvé à plusieurs reprises dans les archives a peut-être joué un rôle important auprès du jeune Sébastien Clauss. Etait-il son oncle? Il avait plus l’âge d’être son père qu’André Clauss. Il semble que si André et Antoine étaient père et fils (ils ont 20 ans d’écart), cousins ou frères, leurs situations professionnelles étaient très différentes. Antoine est commerçant et fait partie de la petite bourgeoisie. Ses témoins, un libraire et un architecte, montrent également qu’il évolue dans un environnement socio-économique beaucoup plus privilégié qu’André, simple pêcheur à 64 ans et dont les témoins sont un manouvrier et un cordonnier pour la naissance de Sébastien, et 2 charpentiers pour la naissance de sa sœur Barbe. Autre fait intéressant, le cabaretier, au début du XIXème siècle en France, est un établissement autorisé à servir du vin au verre ainsi que des repas. Ces lieux évoluant, « le cabaretier devint au fil du temps le propriétaire d’un cabaret où se réunissaient les poètes, et les gens d’esprit« . [6] En 1789, Haguenau compte 4600 âmes [7], surement un peu plus 20 ans plus tard, mais on parle néanmoins d’une bourgade. Dans un si petit village, 2 Clauss sont forcément liés, mais je dois admettre que je n’ai pas réussi à en établir le lien grâce à un acte d’Etat Civil, ceci ne reste donc qu’une supposition, mais, je l’ai déjà dit et je le répète: en généalogie, je ne crois pas au coïncidences.

Sébastien Clauss prendra pour épouse Elisabeth Huttin. Je n’ai pas retrouvé leur acte de mariage mais les actes de décès de Sébastien, Cécile et Fanny Clauss l’établissent de manière indiscutable. Elisabeth Huttin nait le 2 mars 1813 à Calmoutier et est l’aînée de 2 frères: Georges, né en 1814 et Claude, né en 1815. Deux frères et une sœur n’ayant chacun qu’un an d’écart, sans doute très proches et que, pour 2 d’entre eux, le destin va mener à Paris.

L’an 1813, le 2 mars par devant nous Gabriel Bruleport, Maire et officier de l’Etat Civil de la commune de Calmoutier, canton de Noroy, département de la Haute-Saône, est comparu le Sieur Vincent Huttin, âgé de vingt [neuf] ans, percepteur de la commune de Calmoutier, domicilié […] qui nous a présenté un enfant du sexe féminin, née ce jour à 9h du matin de lui déclarant et de Jeanne Boulangier, son épouse et auquel il a déclaré vouloir lui donner le nom et prénom de Elisabeth Huttin, les dites déclarations et présentation faites en présence d’Antoine Genlit, âgé de 32 ans, et de François Bruleport, âgé de quarante cinq ans, les 2 laboureurs demeurant à Calmoutier et père et témoins signés avec nous le présent acte de naissance après qu’il leur en a été fait lecture.

Extrait de naissance d’Elisabeth Huttin, source: Archives de Calmoutier

Comme on le verra dans les actes de naissance des frères d’Elisabeth Huttin, il semble que le percepteur de Calmoutier ne soit pas très entouré. Pour Elisabeth, ce sont 2 laboureurs, dont l’un porte le même patronyme que le maire, qui sont les témoins. C’est frappant car, pour en lire des quantités importantes, les témoins sur les actes d’Etat Civil sont presque systématiquement des proches des familles. Ici, cela paraît décousu. Pour Georges un cordonnier de Vesoul et l’instituteur de Calmoutier (déjà plus vraisemblable). Un mélange de classes sociales qui ne se fréquentent pas et, en dehors d’Antoine Genlit, une population de témoins hétéroclites en l’espace de 3 ans et 3 naissances.

L’an 1814, le 1er avril par devant nous, Gabriel Bruleport maire et officier d’Etat Civil de la commune de Calmoutier, canton de Noroy, département de la Haute-Saône, est comparu Vincent Huttin âgé de 31 ans, percepteur, demeurant à Calmoutier lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin, né ce présent jour à 9h du matin, de lui, déclarant, et de Jeanne Boulangier, son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner les noms et prénoms de Georges Huttin. Les dites déclarations et présentations faites en présence de Georges Minery, âgé de 21 ans, demeurant à Vesoul, cordonnier et de Vincent Besson, âgé de 37 ans, instituteur, demeurant à Calmoutier et ont, le père et les témoins, signés avec nous le présent acte de naissance après que lecture leur en a été faite.

Acte de naissance de Georges Huttin, Archives de Calmoutier

L’an 1815, le 17 avril par devant nous Gabriel Bruleport adjoint et officier de l’Etat Civil de la commune de Calmoutier, canton de Noroy [?] département de la Haute-Saône, est comparu le Sieur Vincent Huttin, âgé de 34 ans, percepteur demeurant à Calmoutier, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né le présent jour à 6h du matin de lui, déclarant, et de Jeanne Boulangier son épouse, et auquel il a déclaré vouloir lui donner les noms et prénoms de Claude Huttin. Les dites déclarations et présentations faites en présence d’Antoine Genlit, âgé de 34 ans et de […]

Acte de naissance de Claude Huttin, Archives de Calmoutier.

Retournons à présent à Paris car je n’ai pas retrouvé les actes de naissance des filles Clauss, supposément nées à Besançon, d’après les actes de décès de 2 d’entre elles. A force de travail et de concert, les performances s’améliorent et 1861 sera l’année de la consécration pour le quatuor des Clauss.

Dans La Presse Littéraire du 5 Février 1861 [8], le ton est désormais plus élogieux.

Nous entrons dans la saison des concerts. Jeudi 24 [janvier 1860], une foule nombreuse et élégante se pressait dans les salons de MM. Pleyel et Wolff et venaient applaudir le talent, très-réel déjà, de toutes jeunes musiciennes, les quatre sœurs Clauss. Ces charmantes et très intéressantes jeunes artistes, sont l’ainée peut avoir dix-sept ans et la plus jeune douze, se jouent des difficultés les plus ardues et exécutent avec un brio et un sentiment qui font honneur à leur père, l’un de nos meilleurs professeurs, les morceaux les plus brillants et les plus compliqués. L’ainée, Melle Marie Clauss, pianiste habile, chante aussi avec goût et possède une voix qui va à l’âme. Elle a produit beaucoup d’effet dans le grand air de l’Orphée de Glück. Le violon est l’instrument de deux d’entre elles, qui promettent de se montrer les dignes émules des Milanollo et des Ferni. La quatrième joue du violoncelle avec une perfection, une assurance qui ont lieu de surprendre chez une enfant aussi jeune. Le public, ému et ravi d’un bout à l’autre du concert, a prodigué à ces jeunes virtuoses des applaudissements qui ont dû leur paraître bien doux.

A. Holet

Je n’ai pas réussi à savoir ou Sébastien Clauss enseignait et quelle discipline exactement. Il n’était pas professeur au Conservatoire. Peut-être exerçait-il en indépendant? Par ailleurs, rectifions les libertés prises avec la réalité, Cécile Clauss a 17 ans en 1860. Quant à Jenny dont j’ai retrouvé un extrait d’acte de naissance, elle en a 16.

Mention de l’acte de naissance de Jenny Clausz (nouvelle othographe) le 26 octobre 1843, Archives de Besançon.

Fanny, la plus jeune, a 14 ans. Ci-dessous on peut apprécier les dates de naissance réelles des sœurs Clauss dans les registres du Conservatoire de Musique de Paris [9]. Elles y sont citées toutes les 3 pour avoir reçu un prix ou une distinction lors des examens annuels.

Clauss (Cécile), née à Besançon, 3 mars 1842. Violoncelle: 3ème accessit. 1860. Assassinée à Paris, 28 décembre 1861. Clauss (Jenny), née à Besançon, 24 novembre 1843. Violon: 2ème accessit 1862. Clauss (Fanny-Françoise-Charles), née à Besançon, 25 juillet 1846. Violon: 1er accessit 1863. A épousé M. Prins, décédée à Paris en mai 1877.

La première chose que je trouve intéressante à la lecture de cet article, c’est la comparaison avec les sœurs Milanollo, de petits prodiges qui, au moment de la parution de l’article ont le double de leur âge mais qui ont commencé également très jeunes. Theresa, donne ses premiers concerts en Europe à l’âge de 11 ans et est rejoint par sa sœur Maria-Margherita pour former un duo.

Les 2 sœurs Milanollo se produiront ensemble jusqu’au décès de la plus jeune, emportée par la tuberculose à 16 ans, en 1848. Theresa continuera sa carrière en solo et composera quelques œuvres pour le violon. Sa carrière publique se termine lors de son mariage en 1857, soit 3 ans avant la rédaction de l’article de Holtz sur le concert des sœurs Clauss aux salons Pleyel & Wolff. Sœurs qui sont toutes pubères au moment de l’événements. Dans les articles de Silke Wenzel sur les sœurs Clauss [10], y figure une photo qui m’a saisi tant on voit qu’on a déjà affaire à des jeunes femmes et non à des enfants.

Ci-contre, les sœurs Teresa et Maria-Margherita Milanollo, lithographie exécuté par Marie-Alexandre Alophe, célèbre portraitiste de musiciens, en 1841.

Sur la photo ci-contre [11], on découvre les 4 sœurs Clauss entre 1860 et 1861. Nous reconnaissons Cécile Clauss et son violoncelle, puis Marie (pianiste / chanteuse), Jenny (violoniste) et la plus jeune Fanny (violoniste), dans un ordre sur lequel je n’oserais me prononcer. Fanny sera la seule à faire une carrière musicale dans plusieurs quatuors féminins jusqu’à son mariage avec le peintre impressionniste Pierre Pins; mais c’est Edouard Manet qui immortalisera Fanny Clauss 2 fois en faisant tout d’abord son portrait, puis dans sa toile Le Balcon ou elle apparait à droite du peintre sous des traits quasi spectraux. Elle décèdera jeune en 1877, à l’âge de seulement 30 ans.

Portrait de Mademoiselle Fanny Clauss par Edouard Manet, 1868

Du lundi seize avril mille huit cent soixante dix-sept, à trois heure et demi du soir, acte de décès […] de Fanny Charles Claus, âgée de 30 ans, sans profession, née à Besançon (Doubs), décédée ce jourd’hui à huit heure du matin au domicile conjugal, quai Napoléon, N°13; mariée à Ernest Pierre Prins, âgé de 38 ans, employé, fille de feu Sébastien Claus et de Elisabeth Hutin, la veuve, le présent acte dressé par nous Maire du quatorzième arrondissement de Paris, officier de l’Etat Civil, sur les déclarations du mari de la défunte et de Jules Huzouard, âgé de cinquante quatre ans, garçon de bureau, Place Baudoyer, N°2, qui ont signé avec nous après lecture.

Acte de décès de Fanny Clauss. Source: Archives de Paris

Ci-contre, la toile d’Edouard Manet le Balcon (1869). Voilà donc notre Fanny Clauss décédée sans les honneurs. Dans cet acte de décès surréaliste, elle est reléguée au rang d’épouse sans profession, elle qui a été concertiste, compositrice, Première de quatuors et « enfant prodige ». Il ne resterait donc rien de tout cela post mortem? Même son mari, l’artiste peintre, est devenu « simple employé » sous la plume cruelle et ignorante de l’officier de l’Etat Civil. Quelle mascarade! J’ai aussi une pensée pour Elisabeth Huttin, demeurée veuve et qui a déjà enterré 2 de ses filles adultes. Dans son article sur Fanny Clauss, [12] Silke Wenzel appelle à effectuer une recherche de fond sur l’œuvre de Fanny Clauss qui a été complètement ignorée par l’histoire. Je me fais le relais de cet appel, tant il est vrai que nous avons besoin de réhabiliter nombre de musiciens et musiciennes dont le travail et l’héritage musical ont été trop vite perdus à la postérité. C’est la mission même de l’association Sebastian Lee et la raison qui me pousse aujourd’hui à partager cet humble billet avec vous, pour qu’on se souvienne des sœurs Clauss, de leur talent indéniable et de l’œuvre de Fanny Clauss, qui aura seule composé pour le violon.

Mais revenons à notre histoire. En 1860, l’année scolaire se termine et le Conservatoire de Musique de Paris publie les résultats de ses concours. Cécile Clauss obtient un 3ème accessit pour sa performance au violoncelle

Violoncelle: 1er prix, à l’unanimité, M. Hernoud, élève de M. Franchomme; 2ème prix, M. Rabaud, élève du même; 1er accessit, à l’unanimité, M. Loys, élève du même. Pas de second accessit. 3ème accessit, Melle Clauss, élève de M.Chevillard. [13]

En lisant cet article, je peux palper la déception qu’a dû ressentir Cécile Clauss. Pas de 2ème accessit. 3ème accessit, c’est une distinction que personne ne souhaite. Pas de prix. Je me rappelle de la frustration exprimée par Hector Berlioz qui a raté son 1er prix tant convoité à 3 reprises et qui en était à chaque fois fou de rage, persuadé d’être persécuté par Luigi Cherubini, le directeur du Conservatoire, auquel il vouait une haine quasi viscérale. [14] Quand on est pas passé par le Conservatoire, on a peine à imaginer ce qu’un prix représente et le désir que suscite l’obtention de ce prix aux yeux des élèves musiciens. Pour autant, certaines personnes rafleront tous les prix et ne feront jamais carrière dans la musique, quand d’autres n’en obtiendront aucun et deviendront néanmoins des musiciens et musiciennes célébré.e.s longtemps après leur mort. Peu importe la réalité des carrières musicales: un prix est un prix, et obtenir un prix du conservatoire, surtout le sacro-saint ‘Premier Prix’, c’est la consécration, le couronnement suprême. L’œuvre du concours en cette année 1860 est particulièrement intéressante car il s’agit du 1er mouvement du Concerto N°15 de Bernhard Romberg ou est-ce tout simplement le N°5 que l’on retrouve en 1867 et 1886? [15]

Quoi qu’il en soit, je pense que Cécile Clauss a été très déçue, et je n’ose même pas imaginer la réaction de son père, Sébastien Clauss, quand cela lui a été annoncé. Pire encore, il n’y aura jamais de prix dans la fratrie Clauss. Jenny Clauss obtiendra un 1er accessit au violon l’année suivante, ainsi que Fanny l’année d’après. Sébastien Clauss n’était alors plus là pour surement leur dire que ce n’était pas suffisant. On ne retrouve pas trace de Cécile Clauss en 1861, et sa performance pour la 1ère pièce du Concerto en la mineur de [Jacques Michel Hurel de] Lamare ne sera pas récompensée, si toutefois elle a retenté le concours. [15]

Un étrange article met en lumière la réelle curiosité des sœurs Clauss comme des sœurs Milanollo et ce qui suscite tant d’excitation de la part de la presse en général pour ce type de performance. Et, n’en déplaise à Sébastien Clauss, ce n’est pas grâce à lui. [16]

Le concours de violon n’avait pas eu jusqu’ici d’analogue par son ensemble et ses résultats: trois jeunes filles comparaissaient dans la lice où l’on ne voit ordinairement que des hommes, et de ces 3 jeunes filles, l’une âgée de 14 ans, Melle Boulay, a remporté seule un premier prix; l’autre âgée de quinze ans, Melle Castellan, a obtenu le second prix avec l’un des concurrents mâles, M. Weingaertner, qui ne compte pas moins de 18 printemps; tous les 3 sont élèves d[e Delphin] Alard. Déjà au concours de violoncelle une jeune fille du nom de Clauss, et dont les sœurs cultivent le violon, avait mérité un modeste accessit. Que signifie cette invasion féminine dans le royaume des instruments à cordes? Serait-ce que menacées de plus en plus dans celui du piano par la foule toujours grossissante des hommes, les femmes se réfugient sur le terrain que beaucoup de ceux-là délaissent? Il y a des exemples si séduisants! Le nom des Milanollo, celui des Ferni rayonne d’un éclat si vif! Ce qu’il y a de certain, c’est que Melle Boulay s’annonce comme une virtuose capable de disputer le sceptre du violon aux hommes qui ne demanderaient pas mieux que de le lui interdire en vertu d’une espèce de loi salique qui n’existe nulle part. Melle Boulay a déployé dans l’exécution d’un des beaux concertos de Viotti [NDLA cette année là le 22ème concerto, 1er morceau dont vous pouvez écouter l’interprétation par la remarquable et fort jeune Seo-Hyun Kim] [13] une vigueur, une élégance, une justesse, un style, qui l’ont mise hors de pair. On peut être fort bon violoniste et ne pas atteindre à ce niveau, parce que l’étude n’y suffit pas.

Revue & Gazette Musicale N°32 du 5 Août 1860

« Modeste accessit« . Goujat!

Le dernier concert des sœurs Clauss dont j’ai date a lieu le 25 avril 1861 à l’Institut des Jeunes Aveugles de Paris. Il est chroniqué de manière élogieuse par la Revue et Gazette Musicale de Paris. [17]

Le jeudi 25 avril, a eu lieu dans la belle salle des concerts de l’Institution impériale des jeunes aveugles, la cinquième assemblée générale des membres de la Société de placement et de secours en faveur des élèves sortis de cette institution. Dans le concert, qui a suivi le compte rendu, Melle Selles a dit d’une façon très-touchante les adieux de Marie-Stuart, une scène de Léopold Amat et le Bon Curé, jolie chansonnette de Boulanger. Trois sœurs, Melles Cécile, Jenny et Fanny Clauss, deux violonistes et une violoncelliste, ont tour à tour charmé le public par leur talent précoce. Melles Pauline et Clémentine Mental, ont fait aussi le plus grand plaisir, en exécutant un duo pour deux pianos sur Norma, par Thalberg. Enfin, chaque partie de ce concert était close par des chansonnettes comiques que M. Lincelle a dites avec l’esprit, l’entrain, l’humour que tout le monde lui connait.

Concert dans la grande salle de l’Institut National des Jeunes Aveugles. Auteur inconnu.

Après, plus rien jusqu’au jour du 28 décembre 1861. Que c’est-il passé? Serait-ce que les filles voulaient cesser leur collaboration musicale d’avec le père? Le premier article de presse parait le lendemain, d’abord dans Le Siècle, puis dans La Presse littéraire le 31 décembre 1861. Je ne vais pas les republier ici car ce sont des tissus d’âneries dignes des pires articles de Voici. Dans la précipitation et pour faire du sensationnel, le journaliste n’a fait aucune recherche, il revient d’ailleurs sur ses dires quelques jours plus tard pour corriger ses erreurs et ce n’est que le 1er janvier 1862 que nous avons la version complète et définitive de ce qui s’est vraiment passé ce jour là.[18]

Nous revenons sur l’événement tragique de la rue de la Fidélité de nouveaux détails qui rectifient et complètent notre premier récit. La dame Clauss [NDLR Elisabeth Huttin] habitait depuis peu de temps avec ses trois jeunes filles, un petit logement situé au 2ème étage de la maison N°5, rue de la Fidélité; elle y était venue à la suite d’une demande en séparation de corps intentée contre son mari, à raison des sévices graves auxquels l’exposait sans cesse le caractère jaloux et bizarre de celui-ci. le Sieur [Sébastien] Clauss, artiste musicien au théâtre du Vaudeville, se montra fort irrité de cette séparation, et, ne pouvant vaincre les refus persistants de sa femme, avait proféré contre elle et ses filles des menaces de mort. Il y a quelques jours, ayant obtenu du tribunal la permission de voir ses enfants, il avait tiré de sa deux pistolets en disant: Voici 2 bébés qui feront leur jeu quand le moment sera venu! Avant hier, il se présenta de nouveau au domicile de sa femme, qui venait de sortir avec sa plus jeune fille [Fanny], âgée de 14 ans. Les 2 autres, effrayées de la visite de leur père, ne lui ouvrirent point; mais il revint une heure plus tard, et les jeunes filles, croyant cette fois que c’était leur oncle [NDLR Claude Huttin] qui frappait, s’empressèrent d’ouvrir la porte. Presqu’au même instant arriva son beau-frère [NDLR Claude Huttin], qui lui adressa des remontrances sur sa conduite, et lui reprocha les menaces qu’il avait proférées. C’est alors que le Sieur [Sébastien] Clauss, tirant tout à coup de sa poche un couteau-poignard tout ouvert, en frappa son beau-frère de 2 coups au ventre et à l’épaule; puis tournant sa fureur contre ses filles, il frappa la jeune Jenny d’un coup de son arme dans le sein, et la plus âgée [NDLR Cécile, qui n’est pas la plus âgée, c’est Marie qui n’était pas là] de 6 coups au bras droit et dans la région du cœur. Les 2 pauvres victimes tombèrent l’une sur l’autre sans connaissance. Un facteur qui montait l’escalier se précipita dans le logement d’où les cris étaient partis, et, au moment où il allait saisir l’assassin, celui-ci se fit justice en se déchargeant un pistolet dans la poitrine. Le commissaire de police arriva peu après cette scène terrible, accompagné du docteur Maugeis, qui donna ses soins aux victimes. Malheureusement, l’aînée des filles [NDLR Cécile, qui n’est pas l’aînée], âgée de vingt ans [NDLR elle en a seulement 19 au moment des faits], a succombé au bout de quelques instants; mais on espère sauver la plus jeune. Quant à leur oncle [NDLR Claude Huttin], il a été transporté à l’hôpital Beaujon, où son état inspire de graves inquiétudes.

Article paru dans je journal Le Siècle du 1er janvier 1861 [15]

Un fou furieux. Cécile Clauss meurt sur le coup ainsi que Sébastien Clauss de sa propre main. On retrouve leurs actes de décès côte-à-côte aux Archives de Paris.

4472 [Sébastien] Clauss: L’an 1861, le 30 décembre, 3h, acte de décès constaté suivant la loi de Sébastien Clauss, décédé l’avant-veille à quatre heure et demi du soir, rue de la Fidélité N°5, âgé de 54 ans, professeur de musique né à Haguenau (Bas Rhin), demeurant à paris, rue de Belfond N°12, noms des père et mère ignorés [il s’agit d’André Claus et Madeleine Munsch] époux de Elisa Huttin, âgée de 48 ans, sans profession, domiciliée rue de la Fidélité N°5, sur la déclaration faite à nous, officier de l’Etat Civil du 10ème arrondissement de Paris par Joseph-Marie Boulangier, âgé de 28 ans [NDLR peut-être un relatif d’Elisabeth et Claude Huttin car ‘Boulangier’ est le nom de jeune fille de leur mère, Jeanne Boulangier], employé demeurant rue St Denis N°365, et Pierre Laboissière, âgé de 49 ans, meunier, demeurant rue Labat N°32 qui ont signé avec nous après lecture.

4473 [Cécile] Clauss: L’an 1861 le 30 décembre huit heures, acte de décès constaté suivant la loi de Cécile Clauss, décédée l’avant-veille à quatre heure et demi du soir, rue de la Fidélité N°5, et demeurant avec sa mère, âgée de 19 ans, née à Besançon (Doubs), célibataire, fille de Sébastien Clauss, âgé de 54 ans, demeurant rue Belfond N°12, et de Elisa Huttin âgée de 44 ans, sans profession, demeurant rue de la Fidélité N°5, sur la déclaration faite à nous, officier de l’Etat Civil du 10ème arrondissement de Paris, par Joseph Marie Boulangier, employé, demeurant rue St denis N°365 et Pierre Laboissière, meunuisier, demeurant rue Labat N°32 qui ont signé avec nous après lecture.

Claude Huttin décèdera quelques jours plus tard à l’hôpital Beaujon ou il avait été emmené après l’attaque. On retrouve son acte de décès daté du 14 janvier 1862.

Du 1′ janvier 1862 à midi et demi. Acte de décès de Claude Huttin, boulanger âgé de quarante sept ans, marié à Victorine Belliard, fils de [?] domicile des père et mère ignoré des déclarants, le dit défunt né à Calmoutier (Haute-Saône) demeurant à Paris, rue Delaborde N°50 et décédé rue du Faubourg St Honoré N°208 (NDLR adresse de l’hôpital Beaujon] hier à deux heures du soir, constaté par nous, maire du 8ème arrondissement de Paris (Elysée) Officier de l’Etat Civil sur la déclaration de Etienne Barbier, concierge, âgé de 42 ans, et de Nicolas François Bussy, employé, âgé de 60 ans, demeurant tout 2 rue du Faubourg St Honoré, N°208, lesquels ont signé avec nous après lecture.

Claude Huttin, boulanger. Un étrange « aptonyme » si l’on considère le nom de jeune fille de sa mère, Jeanne Boulangier. Ce frère chéri d’Elisabeth, qui avait dû faire son possible pour la sortir de son mariage violent, était marié à Victorine Belliard avec qui il avait eu au moins 2 enfants que j’ai retrouvé: une fille et un garçon. Je ne vais transcrire qu’un seul des 2 actes de naissance retrouvés des enfants de Claude et Victorine car il parle de lui-même de la relation qu’avait Claude avec sa sœur Elisabeth. C’est le frère de cette petite fille, Eugène-Paul Huttin, né le 4 mars 1857 et qui en 1873, à 16 ans, est déjà devenu peintre en bâtiment, demandera le rétablissement de l’acte de naissance de sa sœur après l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris pendant La Commune ou beaucoup d’actes ont été perdus.

Acte de naissance. L’an 1851, le 5 décembre, est née à Paris sur le 5ème arrondissement, Elisa Barbe Huttin, de sexe féminin. Fille de Claude Huttin et de Victorine Belliard, son épouse, demeurant à Paris. Le rétablissement de cet acte de naissance a été demandé par M. Huttin, profession; peintre en bâtiment, rue du Caire N°42, parenté frère de l’enfant. Paris, le 30 janvier 1873.

Au moment du décès de ce bon Claude Huttin, ses enfants ont respectivement 10 et pas encore 4 ans.; et il en coûte une veuve de plus. Je n’ai pas trouvé de remariage de Victorine Belliard sur Paris.

Et ce cher Sebastian Lee, dans tout ça? Lui qui prêtera son talent au concert bénéfice pour ce qu’il reste de la famille Clauss, quel est son lien dans l’affaire? Et bien je pense qu’il était, si ce n’est intime, très familier de la famille Clauss et des filles en particulier. Tout d’abord il est ami avec Charles Dancla, leur professeur de violon. Ils ont joué quantité de fois ensemble. En outre, Sebastian Lee a forcément un attachement tout particulier pour les sœurs Clauss, et surtout Cécile, même si elle n’est pas son élève, parce-qu’il a eu un jeune frère à Hambourg, 30 ans plus tôt, Louis Lee, qui était lui-même considéré enfant prodige. Consacré par la presse dès 1834 (Louis a 12 ans).

Enfant-prodige, Louis Lee de Hambourg, jeune violoncelliste, âgé de douze ans, fait fureur dans sa ville natale. Le petit Vieux-Temps vient de faire les délices de Vienne, et les frères Eichora excitent partout des transports d’enthousiasme. [19]

En outre, Cécile Clauss a seulement 6 ans d’écart avec le fils de Sebastian Lee, Edouard, qui est également violoncelliste. Ils se connaissaient forcément et se fréquentaient même peut-être, dans ce tout petit monde qu’est celui des violoncellistes de carrière dans le Paris du XIXème siècle. En tout cas, ce qui a dû être un vrai coup de poignard pour Sebastian Lee, c’est qu’au moment du drame du 28 décembre 1861, il venait de perdre son fils 5 jours plus tôt. C’est la Revue et Gazette Musicale de décembre 1861 qui l’annonce. [20] Les 2 événements ne sont pas liés, mais perdre un fils à l’âge de 26 ans est déjà une des épreuves les plus difficiles qui soient. On ne connait pas encore les circonstances de ce décès qui n’est probablement pas arrivé à Paris, sinon j’aurais retrouvé l’acte de décès. Cependant, même si Edouard est décédé d’une mort « naturelle » (par exemple d’une tuberculose ou une pneumonie comme cela arrivait souvent à cette époque là), son père a forcément été doublement impacté par le décès prématuré et si rapproché de Cécile Clauss, jeune violoncelliste promise à un bel avenir, de la main de son père, qui, accessoirement portait le même prénom que lui. Quand j’ai réalisé la synchronicité des 2 événements, je me suis dit que le drame des Clauss avait dû être une souffrance supplémentaire au pire moment dans la vie de Sebastian Lee.

Il participe à ce concert au bénéfice des filles Clauss, probablement du plus profond de son cœur et c’est sans doute aussi en pensant à son fils Edouard qu’il jouera ce jour-là.

Ce drame familiale nous rappelle, s’il était besoin, que la violence au sein des familles n’est pas chose nouvelle et que, contrairement au célèbre adage, la musique ne suffit pas toujours à adoucir les mœurs. Rappelons également que selon les chiffres actuels du gouvernement, un enfant meurt sous les coups de ses parents toutes les semaines [21] Mais cette histoire questionne aussi la fascination sociétale pour les enfants prodiges et son corollaire, à savoir ces parents abusifs qui contraignent leur progéniture à des entrainements intensifs pour satisfaire leur propre besoin de reconnaissance ou réaliser des désirs de gloire, réussite sociale ou carrière musicale qu’ils font porter à leurs enfants de gré ou de force. A cet égard, je trouve que Sébastien Clauss est l’antithèse de Sebastian Lee, en ce sens que le premier imposait ses choix par la contrainte et la violence quand le second, pédagogue avisé, développait des potentiels et cultivait des amitiés avec ses élèves, allant jusqu’à leur dédier des opus (N°50 « Réminiscences de l’opéra du Val d’Andorre » son élève et ami Emile Colliau, N°87 « Souvenir de Bellini » à son élève Alfred Rousse ainsi que ses duos 36 à 40 dédiés à ses élèves). Là ou Sébastien Clauss est décrit comme ayant un caractère « bizarre et jaloux » par l’article du Siècle, Georges Kastner parle de « l’extrême modestie » de Sebastian Lee dans son article de la Revue et Gazette Musicale de 1842.[22] Et quid de ces comètes musicales féminines que l’Histoire a déjà oublié? Promettons ici de poursuivre le travail de mémoire et de sauvetage des héritages musicaux en péril, à la mémoire de la famille Clauss, de la famille Huttin, et bien sûr, d’Edouard et Sebastian Lee.

Notes

[1] Le Ménestrel, 19 janvier 1862. Source: Gallica / BnF [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56141877 mars 2024]

[2] Le Ménestrel du 31 janvier 1858; Gallica / BnF [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56167000 mars 2024]

[3] Die Neue Zeitschrift für Musik, 1857, Vol. 2, p. 2. Source: Silke Wenzel dans MUGI, article sur Cécile Clausse. [URL: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000153 mars 2024]

[4] Archives d’Alsace [URL: https://archives.bas-rhin.fr/registres-paroissiaux-et-documents-d-etat-civil/ETAT-CIVIL-C335#ETAT-CIVIL-C335-P2-R204030 mars 2024]

[5] Article « Les veuves dans la ville en France au XIXème siècle: image, rôle et types sociaux » de Jean-Paul Barrière, Open Edition Journal, 2007 [URL: https://journals.openedition.org/abpo/438#:~:text=16O%C3%B9%20se%20trouve%20la,ni%20assister%20au%20service%20fun%C3%A9raire.]

[6] Voir la page Cabaretier de Wikipedia [URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabaretier mars 2024]

[7] voir la page Haguenau de Wikipedia [URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Haguenau]

[8] La Presse Littéraire du 5 février 1860, Gallica BnF [URL:https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5830733j mars 2024]

[9] Dictionnaire des lauréats du conservatoire de musique de Paris, p722 source : Gallica [BnF]

[10] Sœurs Clauss par Silke Wenzel sur MUGI [URL: https://mugi.hfmt-hamburg.de/servlets/solr/select?q=%2Bname_all%3AClauss+%2BobjectType%3Aperson+%2Bcategory%3Amugi_class_00000008%5C%3Astate000+%2Bmugi.article_is_published%3A%221%22&fl=*&sort=name_main_sort+asc&rows=10&version=4.5&mask=content%2Fsearch%2Fnamenssuche.xed Mars 2024]

[11] Photo tirée de l’ouvrage de Pierre Prins (le fils) « Pierre Prins et l’époque impressionniste : sa vie, son œuvre (1838-1913) ». Paris : Floury, 1949, p.25.

[12] Fanny Clauss par Silke Wenzel, MUGI, 2010 [URL: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000154 mars 2024]

[13] Revue et Gazette Musicale du 28 juillet 1860 [URL: https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&lr&pg=PA267#v=snippet&q=Clauss&f=false mars 2024]

[14] Mémoires, Hector Berlioz, Calmann-Levy éditeurs, 1878, à lire sur Gallica, BnF [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36210w]

[15] Le conservatoire de musique et déclamation, recueil de documents administratifs, BnF Gallica [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9752046h mars 2024]

[16] Revue & Gazette Musicale N°32 du 5 Août 1860 [URL: https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&pg=PA275#v=snippet&q=Clauss&f=false mars 2024]

[17] Nouvelles de la revue et Gazette Musicale du 5 mai 1861 [URL: https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=cYOAye8H_SQC&q=Clauss#v=snippet&q=Clauss&f=false mars 2024]

[18] Le Siècle du 1er janvier 1862 p3 [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k727517c/f3.item.zoom mars 2024]

[19] Revue et Gazette musicale de Paris, 1834 p456 [URL https://books.google.fr/books? id=sr5CAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false mars 2024]

[20] Source: Revue et Gazette Musicale, décembre 1861 [URL https://archive.org/details/revueetgazettemu1861pari/page/413/mode/1up?view=theater mars 2024]

[21] Plan de lutte contre les violences faires aux enfants 2024-2027, Ministère du travail, de la santé et des solidarités [URL: https://enfance.gouv.fr/plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-enfants mars 2024]

[22] Revue & Gazette Musicale de Paris N°31 dimanche 18 décembre 1842 [URL https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=A79CAAAAcAAJ&q=L%C3%A9e#v=snippet&q=Lee&f=false mars 2024]

Merci

Banner image (above): Illustration of a scene of domestic violence by George Cruikshank, 1847.

Sebastian Lee against domestic violence: A prayer for cellist Cécile Clauss, her sisters and their uncle, Claude Huttin

4 April 2024 / sebastianleemusic

By Pascale Girard/Translated by Sheri Heldstab

On January 19, 1862, Le Ménestrel [1] announced a concert for the benefit of the Clauss family. Among the musicians who participated, Sebastian Lee is mentioned, along with his friend Charles Dancla, who taught violin to two of the Clauss daughters, Fanny and Jenny. This was a charity event for a family who experienced “an intimate tragedy”, as the newspaper described it — one which hides a horrific story. This terrible drama will touch Sebastian Lee’s heart at a pivotal period in his life. In this post, I intend to retrace the journey of the Clauss family up until December 28, 1861, the date of the tragedy, including the media coverage of the event, as well as the entanglements between the Clauss and Lee families.

Le Ménestrel, 19 January 1862 [1]

[Approximate Translation:  Next Wednesday, January 22, a musical evening will be given in the Pleyel salons for the benefit of the Clauss family, victims of an intimate tragedy, for which the newspapers have recently given us a moving account. Misters Théodore Ritter, Charles Dancla, S.Lee, E. Altès, Boulard, and Mr. and Mrs. Léopold Dancla will participate in this charity concert.]

The Clauss family arrived in Paris in November 1857, according to the journal Le Ménestrel [2] whose article below describes one of the very first public performances of the Clauss sisters in the capital.

Le Ménestrel, 31 January 1858 [2]

[Approximate Translation:  This week we attended a musical performance which had two points of interest. The gracious mistress of the house, Mme Du F***, had brought together, on rue de la Madeleine, numerous people in her brilliant salons1, and there we thoroughly enjoyed the performance of several quartets performed by four young sisters, under the direction of their father, Mr. Clauss, who arrived in Paris three months ago.  This miniature orchestra consisted of: the first violin, who is thirteen years old, the second ones, who are eleven and eight years old, and the cellist who is not taller than the first peg of her instrument. All this is delighting, and we know that several salons are preparing to imitate Madame du F***.  From an artistic point of view, it is already good; as a curiosity2, it is simply miraculous.”]

If the article describes the evening kindly, emphasizing the exceptional act of seeing pieces of difficult music performed by such young people, not everyone in attendance agreed, and the opinion of others is less enthusiastic. The article from Silke Wenzel, Doctor of musicology, who first informed me of the matter thanks to his excellent research, quotes a brief extract from the Neue Magazin für Musik in 1857, a year earlier, about one of these concerts in Geneva:

“The four girls, aged 8 to 14, play Haydn quartets and also quintets in which the father directs these ‘child prodigies’. For us, who are the sworn enemies of every prodigy, what an embarrassing impression to see and hear the four girls staggering and moaning, and finally curiosity2 is the only thing we can mention […]. The cellist seems to have the most talent of the four, but her talent is just as uneducated as that of her three colleagues and her father.” [3]

This article, if it was read by Mr. Clauss, was probably a bitter pill to swallow because he seems to be seeking fame above all else. Sébastien Clauss was born in Haguenau3 on 18 January 1808. His father was a fisherman who was already quite old at the time of the birth of his son.

Record of Birth of Sébastien Claus [4]

[Approximate Translation:  In the year 1808, on January 20 at noon, before us, Mayor and Civil Registrar of the town of Hagueneau, Department of Bas-Rhin, canton and municipality of Hagueneau, appeared André Claus, aged sixty-five years , Fisherman, living in Hagueneau, who presented us with a male child, born on the 18th of January 1808 at six p.m., to him [André Claus], the declarant, and to Madeleine Munsch, his wife, to whom he declared that he wanted to give the name Sébastien. The said presentations and declarations made in the presence of Valentin Kielz, aged 31, laborer, and Frédéric Murth, aged 34, shoemaker, living in Hagueneau, and have, the declarant and the mayor, signed this act with us after it was read to them.]

Aside from the changing Alsatian surname, which we find spelled as “Claus” or “Clauss”, depending on the administrative papers, what this birth certificate tells us is that Sébastien Clauss is of modest origin. I have only been able to find one older sister named Barbe, born on 25 Thermidor of the year XII4 (July or August of 1805). However, given the age of André Clauss, the father, it seems that Sébastien should have older siblings or half-siblings. Did André remarry? Had he lost his first wife and his other children? I could find nothing in the Alsatian registries further back in time, but if André lived elsewhere, I have not been able to find traces of him elsewhere. In any case, in 1808, he was 64 years old, a remarkably old age for the time! He died only 4 years after the birth of his son Sébastien.

Registry of Birth of Barbe Clauss. [4]

[Approximate Translation:  In the year XIII of the Republic, on the 26th of the month of Thermidor, at 11 a.m., in front of us, Deputy Mayor, civil status officer of the town of Haguenau3, canton of Haguenau3, Department of Bas-Rhin, is appeared André Claus aged sixty-two, fisherman, residing in Haguenau, who presented us with a female child born on 25 Thermidor thirteenth year at seven o’clock in the evening of him, declaring and Magdeleine Munsch and to whom he declared wanting give the first name of Barbe. The said declaration and presentation made in the presence of Charles Burtz, aged 31, carpenter, and George Hübel, aged sixty, carpenter, both living in Haguenau. The father and all witnesses signed this birth certificate with us after it was read to them.]

I wondered where André Clauss could fish in Alsace. Maybe it was in la Moder which crossed the town of Haguenau at that time. Unlike sailors who fish at sea, he did not have to be away for long weeks to bring back fish, however his presence in Sébastien’s life was still short-lived. Very early in Sébastien Clauss’s young life, the deaths of family members followed one after the other. First his father in 1812, then his sister Barbe died at the age of 15 on June 2, 1820. When his father died, Sébastien was only 4 years old; then he found himself, at twelve years old, alone with his mother, and probably in dire financial straits. The fate of widows and single parents at the time was generally not a happy one and these losses which struck the family would have had major repercussions in the life of young Sébastien. An elucidating article by Jean-Paul Barrière explores the status of female widowhood in the 19th century. [5] It describes the three stereotypes of the social perception of widows: the “Holy Widow”, the ‘victim to be rescued’, and the ‘loose morals’ widow. These stereotypes cast widows into either “good” or “bad” and suggest that, after losing one’s husband in 19th century France, one is either sacrificial, eternally weeping and dominated, or a prostitute. Maybe it is a bit of all of that at once? One still must survive and raise children, and I have not found any traces of a second marriage for Madeleine Munsch in Haguenau after the death of André Clauss.

Death Certificate for André Claus [4]

[Approximate Translation:  André Claus, born 13 December [1746] Declaration of death made in the common house of Haguenau, department of Bas-Rhin, in front of the civil registrar, at [9?] o’clock in the morning, on 14 December 1812. First and last name of the deceased: André Claus, aged sixty-seven years old, born in Kaltenhouse, profession or quality of fisherman, lived in Haguenau house located at No. 9, red quarter (civil hospital) on the 13th of the current month at seven o’clock in the evening. Husband of Madeleine Munsch.]

There is a person who caught my attention during my genealogical research: Antoine Clauss was an innkeeper who had two twins almost the same age as Sébastien Clauss. I wondered if Antoine Clauss taught André Clauss music. In such diminished family circumstances, who would have taught him without payment? Whatever the case may be, Antoine died on 1 October 1816, when Sébastien was only 8 years old.

Registry of Birth for Antoine Clauss’ twins. [4]

[Approximate Translation:  In the year 1806, on February 24 at nine o’clock in the morning, before us, Mayor of the Civil Registrar of the town of Haguenau, department of Bas-Rhin, canton and municipality of Haguenau, appeared before us Antoine Clauss, aged 44 years old, innkeeper, living in Haguenau, who presented us with two male children born on February 24, 1806 at 2 a.m. of their declarant and of Lady Barbe Friess his wife, to whom he declared that he wanted to give the first names […] Mathias [and] Joseph. The said presentations and declarations signed in the presence of Louis Koessler, aged 32, bookseller, and Jacques Mercklé, aged 55, architect living in Haguenau and read to the declarants and witnesses signed with us the present act after it was read.]

Antoine Clauss, whom I found several times in the archives, may have played an important role with the young Sébastien Clauss. Was he Sébastien’s uncle? He was old enough that he could have been André Clauss’s father. It seems that if André and Antoine were father and son (they are 20 years apart), or cousins, or brothers, their professional situations were very different. Antoine was a merchant and part of the middle class. That his witnesses to his twins’ births were a bookseller and an architect also shows that he lived in a much more privileged socio-economic environment than André, a simple fisherman at 64 years old, whose witnesses for Sébastien’s birth are a laborer and a shoemaker (for his daughter Barbe’s birth, his witnesses were two carpenters).

Another interesting fact, the cabaretier [innkeeper, Antoine’s listed occupation on his twins’ birth certificate], at the beginning of the 19th century in France, was an establishment authorized to serve wine by the glass as well as meals. “…the tavern owner became over time the owner of a cabaret where poets and witty people gathered.”. [6] In 1789, Haguenau had a population of 4,600 souls [7] — probably a little more than that 20 years later — but we are nevertheless talking about a town. In such a small village, two Clausses are almost certainly related, but I must admit that I have not succeeded in finding the link.  While this link remains only a supposition on my part, I have said this before and I’ll say it again — in genealogy, I don’t believe in coincidences.

Sébastien Clauss married Elisabeth Huttin. I have not found their marriage certificate but the death certificates of Sébastien, Cécile, and Fanny Clauss are indisputable proof of their marriage. Elisabeth Huttin was born on March 2, 1813 in Calmoutier and had two younger brothers: Georges, born in 1814, and Claude, born in 1815. Two brothers and a sister, each only one year apart, probably very close to each other, two of whom are destined to go to Paris.

Birth certificate of Elisabeth Huttin, source:  Archives de Calmoutier

[Approximate Translation:  In the year 1813, on March 2, [appeared] before us, Gabriel Bruleport, Mayor and Civil Registrar of the commune of Calmoutier, canton of Noroy, department of Haute-Saône, Mr. Vincent Huttin, aged [29] years old, tax collector of the commune of Calmoutier, domiciled [?] who presented us with a female child, born today at 9 a.m. to him … and Jeanne Boulangier, his wife and to whom he declared wanting to give her the name [surname] and first name of Elisabeth Huttin, the said declarations and presentation made in the presence of Antoine Genlit, aged 32, and François Bruleport, aged forty five years, the two plowmen living in Calmoutier, and father and witnesses signed with us this birth certificate after it [was] read to them.]

As we will see in the birth certificates of Elisabeth Huttin’s brothers, it seems that their father, the tax collector of Calmoutier, was not well situated. For Elisabeth, two plowmen witness her birth, one of whom has the same surname as the mayor, and the other, Antoine Genlit, also a plowman, is also a witness on the birth certificate of Claude Huttin. Is Antoine Genlit the town clerk? This is striking because if one reads significant quantities of civil registries, one will notice that the witnesses on Civil Status documents are almost always relatives of the families. It is unusual for the witnesses to not be related. For Georges, the witnesses to his birth are a shoemaker from Vesoul and the teacher from Calmoutier. The witnesses seem to be a mixture of social classes who do not generally mix, and aside from Antoine Genlit, the witnesses for all three Huttin babies are similar in social class.

Birth certificate of Georges Huttin,  Archives de Calmoutier

[Approximate Translation:  In the year 1814, on April 1st before us, Gabriel Bruleport mayor and civil status officer of the commune of Calmoutier, canton of Noroy, department of Haute-Saône, appeared Vincent Huttin aged 31, tax collector, residing in Calmoutier who presented us with a male child, born this day at 9 a.m., to him … and to Jeanne Boulangier, his wife, and to whom he declared that he wanted to give the first and last names of Georges Huttin. The said declarations and presentations made in the presence of Georges Minery, aged 21, residing in Vesoul, shoemaker and Vincent Besson, aged 37, teacher, residing in Calmoutier and have, the father and the witnesses, signed with us on this birth certificate after it [was] read to them.]

Birth certificate of Claude Huttin,  Archives de Calmoutier

[Approximate Translation:  In the year 1815, on April 17, before us Gabriel Bruleport, deputy and civil status officer of the commune of Calmoutier, canton of Noroy, department of Haute-Saône, appeared Mr. Vincent Huttin, aged 34 years old, tax collector living in Calmoutier, who presented us with a male child born this day at 6 a.m. to him … and to Jeanne Boulangier, his wife, and to whom he declared that he wanted to give him the first and last names of Claude Huttin. The said declarations and presentations made in the presence of Antoine Genlit, aged 34 and …]

I have not found the birth certificates of the Clauss girls, supposedly born in Besançon, according to their death certificates. So let us now return to Paris. With work, their performances improve and 1861 will be the year of accolades for the Clauss quartet.

In La Presse Littéraire of February 5, 1861 [8], the reviews become more positive.

[Approximate Translation:  We are entering concert season. Thursday 24 [January 1860], a large and elegant crowd thronged the salons of [Misters] Pleyel and Wolff and came to applaud the talent, already very real, of the very young musicians, the four Clauss sisters. These charming and very interesting young artists, the eldest perhaps 17 years old and the youngest 12 [years old], play with [effort and energy] and perform with a brilliance and a feeling which honors their father, one of our best teachers, the most brilliant and complicated pieces. The eldest, Miss Marie Clauss, a skilled pianist, also sings with taste and has a voice that [speaks] to the soul. She produced a lot of effect in the grand aria of Glück’s Orphée. [Two of them play] The violin [and show] promise to prove themselves worthy emulators of Milanollo and Ferni. The fourth plays the cello with a perfection and an assurance that is surprising in a child so young. The audience, moved and delighted throughout the concert, lavished applause on these young virtuosos which must have seemed very sweet to them.

A. Holet]

I was unable to find out where Sébastien Clauss taught or what exactly he was teaching. He was not a professor at the Music Conservatory. Perhaps he was self-employed?

Mention of the birth certificate of Jenny Clausz (new spelling) October 26, 1843, Archives de Besançon.

Fanny, the youngest, is 14 years old. Below we find the real dates of birth of three of the Clauss sisters in the registers of the Paris Conservatory of Music [9]. All three of them are listed for having received an award or distinction during their annual exams.

[Approximate Translation: 
Clauss (Cécile), born in Besançon, 3 March 1842. Cello: 3rd accessit5 1860. Murdered in Paris, 28 Dec. 1861.
Clauss (Jenny), born in Besançon, 24 Nov. 1843. Violin: 2nd accessit5 1862.
Clauss (Fanny-Françoise-Charles), born in Besançon, 25 July 1846. Violin: 1st accessit5 1863. Married to Mr. Prins, died in Paris, May 1877.]

The first thing I find interesting when reading this article by A. Holet is the comparison with the Milanollo sisters, child prodigies who, at the time the article was published, were twice the age of the Clauss sisters, but who also started very young. Teresa Milanollo gave her first concerts in Europe at the age of 11 and later was joined by her sister Maria-Margherita to form a duo.

The sisters Teresa and Maria-Margherita Milanollo, lithograph by  Marie-Alexandre Alophe, famous portraitist of musicians, in 1841.

The two Milanollo sisters performed together until the death of the youngest, who died of tuberculosis in 1848 at the age of 16. Teresa continued her solo career and composed several works for the violin. Her public career ended with her marriage in 1857, three years before the writing of A. Holtz’s article on the Clauss sisters’ concert at the Pleyel & Wolff salons — sisters who were all teenagers at the time of the events. In Silke Wenzel’s articles on the Clauss sisters [10], there is a photo that struck me as we see that we are already dealing with young women and not children.

In the photo above [11], we discover the four Clauss sisters between 1860 and 1861. We recognize Cécile Clauss and her cello, then Marie (pianist/singer), Jenny (violinist) and the youngest Fanny (violinist). Fanny would be the only one to have a musical career in several female quartets until her marriage to the impressionist painter Pierre Prins; but it was Edouard Manet who immortalized Fanny Clauss twice, firstly making her portrait, then in his painting “The Balcony” where she appears to the right of the painter with almost ethereal features. She died young in 1877, at the age of only 30.

Portrait of Mademoiselle Fanny Clauss by Edouard Manet, 1868

Death Certificate of Fanny Clauss. Source: Archives de Paris

[Approximate Translation:  From Monday the 16th of April 1877, at half past three in the evening [3:30 pm/15:30hrs], death certificate […] of Fanny Charles Claus, aged 30, without profession, born in Besançon (Doubs), died today at 8 a.m. at the marital home, quai Napoléon, No. 13; married to Ernest Pierre Prins, aged 38, employee, daughter of the late Sébastien Claus and Elisabeth Huttin, the widow, the present act drawn up by us Mayor of the fourteenth arrondissement [district] of Paris, civil status officer, on the declarations of husband of the deceased and of Jules Huzouard, aged fifty-four, office boy, Place Baudoyer, No. 2, who signed with us after reading.]

Opposite, Edouard Manet’s painting “The Balcony” (1869). So here is our Fanny Clauss who died with no significant publicity. In this surrealist act of death, she is relegated to the rank of wife without a profession, she who was a concert performer, composer, quartet first violin, and “child prodigy”. Did none of this have meaning after her death? Even her husband, the painter, became a simple “employee” under the cruel and ignorant pen of the Civil Registrar. What a joke! I also have sympathy for Elisabeth Huttin, who remained a widow and who had already buried two of her adult daughters. In an article about Fanny Clauss, [12] Silke Wenzel calls for in-depth research into the musical compositions of Fanny Clauss, which has been completely ignored by history. I am repeating this request, as we need to recover many works by musicians whose musical heritage was too quickly lost to history. This is the very mission of the Sebastian Lee association and the reason that pushes me today to share this humble post with you:  let us remember the Clauss sisters’ undeniable talent, and the work of Fanny Clauss, who was the only one of the sisters who composed for the violin.

Back to our story… In 1860, the school year ended and the Paris Conservatory of Music published the results of its competitions. Cécile Clauss obtained a third accessit for her cello performance.

[Approximate Translation: 
Cello: 1st prize, unanimously, Mr. Hernoud, student of Mr. Franchomme; 2nd prize, Mr. Rabaud, student of the same; 1st accessit, unanimously, Mr. Loys, student of the same. No second accessit. 3rd accessit, Ms. Clauss, student of Mr. Chevillard.] [13]

Reading this excerpt, I can feel the disappointment that Cécile Clauss must have felt. No second accessit at all. Third accessit is a distinction that no one wants. No award. I remember the frustration expressed by Hector Berlioz who missed his coveted first prize three times and who was enraged each time, convinced that he was being persecuted by Luigi Cherubini, the director of the Conservatory, to whom he had an almost visceral hatred. [14] When one has not been through a conservatory, it is difficult to imagine what an award represents and the desire that obtaining this award creates in the student musicians. However, some people will win all the awards and never make a career in music, while others will not win any awards and will, nevertheless, become celebrated musicians long after their death. The reality of musical careers doesn’t matter: an award is an award, and obtaining a conservatory award, especially the sacrosanct ‘First Prize’, is glorious, the supreme crowning achievement. The competition music in 1860 is particularly interesting because it was printed as the First movement of Concerto No. 15 by Bernhard Romberg — or is it Concerto No. 5, which is also listed in 1867 and 1886? [15]  A list of all of Romberg’s cello concertos ends with Concerto No. 10.

Regardless, I think Cécile Clauss must have been very disappointed, and I can’t even imagine the reaction of her father, Sébastien Clauss, when he was informed of her placement in the competition. Worse still, none of the Clauss siblings ever won an award. Jenny Clauss obtained a first accessit on violin the following year, as did Fanny the year after that. Sébastien Clauss was no longer there to tell them that it was not enough. There is no trace of Cécile Clauss in 1861, and her performance for the first movement of the Concerto in A minor by [Jacques Michel Hurel de] Lamare was not awarded any distinction, assuming she entered the competition in that year. [15]

A strange article highlights the real curiosity of both the Clauss sisters and the Milanollo sisters and what arouses so much excitement from the press in general for this type of performance. And, no offense to Sébastien Clauss, it’s not thanks to him. [16]

Revue et Gazette Musicale de Paris No. 32, 5 August 1860.

[Approximate Translation:  Until this point, the violin competition had been homogenous in terms of competitors, but now we see these results: three young girls appeared in the lists where we usually only see men, and of these three young girls, one Miss Boulay, age 14, won first prize; Miss Castellan, age 15, tied for second prize with one of the male competitors, Mr. Weingaertner, who is 18 years old — all three are students of d[e Delphin] Alard. In the cello competition, a young girl named Clauss, whose sisters perform on the violin, had earned a modest accessit. What does this female invasion into the realm of stringed instruments mean? Could it be that, threatened more and more in [the playing of] of the piano by the ever-growing crowd of men, women take refuge in the field that many of [the men] abandon? There are such attractive examples! The name of Milanollo, [and] that of Ferni shine with such vivid brilliance! What is certain is that Ms. Boulay promises to be a virtuoso capable of competing for the scepter of the violin with men who would ask nothing more than to forbid it under a kind of Salic law which does not exist anywhere. Ms. Boulay deployed in the execution of one of Viotti’s beautiful concertos a vigor, an elegance, an accuracy, a style, which put her beyond peer. You can be a very good violinist and not reach this level, because study is not enough.] [13]

[Author’s note: that year the musical piece was the 22nd concerto, first movement.  You can listen to the interpretation by the remarkable and very young Seo-Hyun Kim on her YouTube channel]

Modest accessit”. The cad!

The last concert of the Clauss sisters that I have found took place on April 25, 1861 at the Institute for Young Blind People in Paris. It was reviewed glowingly by the Revue et Gazette Musicale de Paris. [17]


[Approximate Translation:  On Thursday, April 25, in the beautiful concert hall of the Imperial Institution for Young Blind People, the fifth general assembly of members of the Placement and Relief Society for students [graduating from] this institution took place. In the report following the concert, Miss Selles said, in a very touching way, the farewells of Marie-Stuart, a scene from Léopold Amat and the Bon Curé, a short pretty song by Boulanger. Three sisters, the Misses Cécile, Jenny and Fanny Clauss, two violinists and a cellist [respectively], in turn charmed the public with their precocious talent. The Misses Pauline and Clémentine Mental also gave us the greatest pleasure, performing a duet for two pianos on Norma, by Thalberg. Finally, each part of this concert was closed with [short comic songs] that Mr. Lincelle sang with the wit, enthusiasm and humor that he is known for.]

Concert in the grand hall of the Institut National des Jeunes Aveugles.  (National Institute for young blind people). Artist unknown.

After this concert, I find nothing more about the Clauss sisters until December 28, 1861. What happened? Perhaps the daughters wanted to stop their musical collaboration with their father? The first press article appeared the next day, first in Le Siècle, then in La Presse Littéraire on December 31, 1861. I am not going to republish the articles here because they are rubbish worthy of the worst overly dramatized tabloid articles in Voici. Written in a hurry to create sensationalism, the journalist did no research. He rescinded his statements a few days later to correct his errors and it was not until January 1, 1862, that we had the full and definitive version of what really happened that day. [18]

Article published in the newspaper Le Siècle on 1 January 1861. [15]

[Approximate Translation:  We return to the tragic event on Rue de la Fidélité with new details which correct and complete our first story. Lady Clauss [Elisabeth Huttin] had been living for a short time with her three young daughters, in a small accommodation located on the 2nd floor of house No. 5, rue de la Fidélité; she had come there following a request for legal separation brought against her husband, due to the serious abuse to which his jealous and bizarre behavior constantly exposed her. Mr. [Sébastien] Clauss, a musician at the Vaudeville theater, showed himself to be very irritated by this separation, and, unable to overcome his wife’s persistent refusals, had uttered death threats against her and her daughters. A few days ago, having obtained permission from the court to see his children, he fired two pistols from his hand saying: Here are two babies who will play their part when the time comes!
The day before yesterday, he showed up again at the home of his wife, who had just gone out with her youngest daughter [Fanny], aged 14. The other two, frightened by their father’s visit, did not open the door; but he returned an hour later, and the young girls, believing [that] this time …it was their uncle [Claude Huttin] who was knocking, rushed to open the door. Almost at the same [time,] his brother-in-law [Claude Huttin] arrived, who remonstrated with him about his conduct, and reproached him for the threats he had made. It was then that Mr. [Sébastien] Clauss, suddenly pulling a fully open dagger knife from his pocket, struck his brother-in-law with two blows in the stomach and shoulder; then turning his fury against his daughters, he struck young Jenny in the breast with his knife, and [struck] the oldest [Cécile, who is not the oldest, Marie is the oldest and was not there] six times to the right arm and in the region of the heart. The two poor victims fell on top of each other unconscious.
A postman who was going up the stairs rushed into the apartment from which the screams had come, and, just as he was about to seize the assassin, the latter [Mr. Clauss] took justice by discharging a pistol into his chest.
The police commissioner arrived shortly after this terrible scene, accompanied by Doctor Maugeis, who took care of the victims. Unfortunately, the eldest of the girls [Cécile, who is not the eldest], aged twenty [she was 19 at the time of the events], died after a few moments; but we hope to save the youngest. As for their uncle [Claude Huttin], he was transported to Beaujon hospital, where his condition is causing serious concern.]

A madman.  Cécile Clauss died instantly as did Sébastien Clauss by his own hand. Their death certificates can be found side by side in the Paris Archives.

Death Certificates as found in the Paris Archives for Sébastien Clauss and Cécile Clauss.

4472 [Sébastien] Clauss: [Approximate Translation:  The year 1861, December 30, 3 a.m., death certificate recorded according to the law of Sébastien Clauss, died the day before at half past four in the evening, rue de la Fidélité No. 5, aged 54, professor of music born in Haguenau (Bas Rhin), living in Paris, rue de Belfond N°12, names of father and mother unknown [André Claus and Madeleine Munsch] husband of Elisa Huttin, aged 48, without profession, domiciled rue de la Fidélité N°5, on the declaration made to us, civil status officer of the 10th arrondissement [district] of Paris by Joseph Marie Boulangier, aged 28 [Author’s note: perhaps a relative of Elisabeth and Claude Huttin because ‘Boulangier’ is the maiden name of their mother, Jeanne Boulangier], employee residing on rue St Denis N°365, and Pierre Laboissière, aged 49, miller, residing on rue Labat N°32 who signed with us after reading [this statement].]

4473 [Cécile] Clauss:  [Approximate Translation:  The year 1861, on December 30 at eight [o’clock in the morning] death certificate recorded according to the law of Cécile Clauss, who died the day before at half past four in the evening, rue de la Fidélité No. 5, and living with her mother, aged 19 years old, born in Besançon (Doubs), single, daughter of Sébastien Clauss, aged 54, living on rue Belfond N°12, and of Elisa Huttin aged 44, without profession, living on rue de la Fidélité N°5, on the declaration made to us, civil status officer of the 10th arrondissement [district] of Paris, by Joseph Marie Boulangier, employee, residing on rue St Denis N°365 and Pierre Laboissière, miller, residing on rue Labat N°32 who signed with us after reading [this statement].]

Claude Huttin died a few days later at Beaujon hospital where he was taken after the attack. We find his death certificate dated January 14, 1862.

Death Certificate as found in the Paris Archives for Claude Huttin.

[Approximate Translation:  On 1 January 1862 at noon and a half [12:30pm]. Death certificate of Claude Huttin, baker aged forty-seven years old, married to Victorine Belliard, son of [?] home of the father and mother unknown to the declarants, the said deceased born in Calmoutier (Haute-Saône) living in Paris, rue Delaborde N°50 and died rue du Faubourg St Honoré N°208 [Author’s note:  address of Beaujon hospital] yesterday at two o’clock in the evening, noted by us, mayor of the 8th arrondissement of Paris (Elysée) Civil Registrar on the declaration of Etienne Barbier, concierge, aged 42, and Nicolas François Bussy, employee, aged 60, residing at 2 rue du Faubourg St Honoré, N°208, who signed with us after reading [this statement].]

Claude Huttin, baker. An interesting “aptonym” considering her mother’s maiden name, Jeanne Boulangier6. This beloved brother of Elisabeth, who literally gave his all to get her out of her violent marriage, was married to Victorine Belliard with whom he had at least 2 children that I found: a girl and a boy. I am only going to transcribe one of the two birth certificates found for the children of Claude and Victorine because it speaks for itself about the relationship Claude had with his sister Elisabeth. It was the brother of this little girl, Eugène-Paul Huttin, born March 4, 1857 and who in 1873, at the age of 16, had already become a house painter, asked for the reinstatement of his sister’s birth certificate after the fire at the Paris City Hall during La Commune/the Franco-Prussian war where many documents were lost.

[Approximate Translation:  Birth certificate. In the year 1851, on December 5, Elisa Barbe Huttin was born in Paris in the 5th arrondissement, female. Daughter of Claude Huttin and Victorine Belliard, his wife, residing in Paris.  The reinstatement of this birth certificate was requested by Mr. Huttin, profession; house painter, rue du Caire N°42, [relationship to the child], brother. Paris, January 30, 1873.]

At the time of the death of the Clauss sisters’ brave Uncle Claude Huttin, his children were respectively 10 and not yet 4 years old; and his death created one more widow. I did not find any indication of a second marriage for Victorine Belliard in Paris.

And our dear Sebastian Lee, where does he fit in all this? He, who will lend his talent to the benefit concert for what remains of the Clauss family, what was his link to the affair? Well, I think he was, if not intimate, very familiar with the Clauss family and the girls in particular. First of all, he is friends with Charles Dancla, their violin teacher. Lee and Dancla played together many times. In addition, Sebastian Lee necessarily has a special attachment to the Clauss sisters, especially Cécile, even if she is not his student, because he had a younger brother in Hamburg, 30 years earlier, Louis Lee, who was himself considered a child prodigy and acclaimed by the press in 1834 (Louis was 12 years old at the time).

[Approximate Translation:  Child prodigy, Louis Lee from Hamburg, a young cellist, aged twelve, is all the rage in his hometown. The little Vieux-Temps7 has just been the delight of Vienna, and the Eichora brothers are arousing … enthusiasm everywhere. [19]

In addition, Cécile Clauss is only six years apart from Sebastian Lee’s son, Edouard, who is also a cellist. They obviously knew each other and perhaps even associated with each other, given the very small world of career cellists in 19th century Paris. In any case, what must have been a real blow for Sebastian Lee was that he had just lost his son five days before the day of the tragedy of 28 December 1861. The Revue et Gazette Musicale de Paris announced Edourad’s death in their December 1861 issue. [20] The two events are not linked by circumstance, but losing a 26-year-old son is already one of the most difficult ordeals for a parent to go through. We do not yet know the circumstances of Edouard’s death.  It probably did not happen in Paris, as I have not found his death certificate. However, even if Edouard died of “natural causes” (for example from tuberculosis or pneumonia as often happened at that time), his father was inevitably doubly impacted:  first by the premature death of his son, then by the violent death of Cécile Clauss, a young cellist with a bright future, killed by her father’s hand, her father who, incidentally, had the same first name as our own Sebastian. When I realized the timing of the two events, I thought to myself that the Clauss drama must have been additional suffering at one of the worst times in Sebastian Lee’s life.

Revue et Gazette Musicale de Paris, December 1861.  Announcement of the death of Edouard Lee. [20]

[Approximate Translation:  Mr. Edouard Lee, pianist and composer of acclaim, son of cellist S. Lee, died on the 23rd of this month, at 26 years of age.]

Sebastian Lee participated in this concert for the benefit of the surviving Clauss family, probably from the depths of his heart, and he was undoubtedly also thinking of his son Edouard when he performed that day.

This family drama reminds us, if we needed it, that violence within families is not a new thing and that, contrary to the famous adage, music does not always soothe the savage beast. Let us also remember that according to current government figures, in France, a child dies at the hands of their parents every week8. [21]

But this story also questions the societal fascination with child prodigies and its corollary, namely, these abusive parents who coerce their offspring into intensive training to satisfy, by proxy, their own need for recognition or desires for glory, social success, or a musical career which they pass on to their children willingly or by force. In this regard, I find that Sébastien Clauss is the antithesis of Sebastian Lee, as Sebastian Clauss imposed his choices through constraint and violence while our Sebastian Lee, a wise teacher, developed potential and cultivated friendships with his students, going so far as to dedicate opuses to them (Réminiscences de l’opéra du Val d’Andorre, op. 50, was dedicated to his student and friend Emile Colliau; Souvenir de Bellini, op. 87, was dedicated to his student Alfred Rousse, and his opuses 36 through 40 were dedicated to his students). Where Sébastien Clauss is described as having a “bizarre and jealous” character by the article in Le Siècle, Georges Kastner speaks of the “extreme modesty” of Sebastian Lee in his article in the Revue et Gazette Musicale de Paris of 1842.[22] And what about these female musical stars that history has already forgotten? Let us promise here to continue the work of remembrance and saving musical legacies in danger of being lost to time — in memory of the Clauss family, the Huttin family, and of course, Edouard and Sebastian Lee.

Notes

[1] Le Ménestrel, 19 January 1862, Gallica/BnF as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56141877 accessed March 2024.
[2] Le Ménestrel, 31 January 1858; Gallica/BnF as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56167000 accessed March 2024.
[3] Die Neue Zeitschrift für Musik, 1857, Vol. 2, p. 2. as found here: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000153 accessed March 2024.
[4] Archives d’Alsace, as found here: https://archives.bas-rhin.fr/registres-paroissiaux-et-documents-d-etat-civil/ETAT-CIVIL-C335#ETAT-CIVIL-C335-P2-R204030 accessed March 2024.
[5] Jean-Paul Barrière, “Les veuves dans la ville en France au XIXème siècle: image, rôle et types sociaux”, Open Edition Journal, 2007, as found here:  https://journals.openedition.org/abpo/438#:~:text=16O%C3%B9%20se%20trouve%20la,ni%20assister%20au%20service%20fun%C3%A9raire.  Accessed March 2024.
[6] Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabaretier Accessed March 2024.
[7] Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Haguenau Accessed March 2024.
[8] La Presse Littéraire 5 February 1860, Gallica BnF, as found here:  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5830733j.  Accessed March 2024.
[9] Dictionnaire des lauréats du conservatoire de musique de Paris, p722, Gallica/BnF as found here:  https://gallica.bnf.fr  accessed March 2024.
[10] Clauss Sisters by Silke Wenzel, MUGI, as found here:  https://mugi.hfmt-hamburg.de/servlets/solr/select?q=%2Bname_all%3AClauss+%2BobjectType%3Aperson+%2Bcategory%3Amugi_class_00000008%5C%3Astate000+%2Bmugi.article_is_published%3A%221%22&fl=*&sort=name_main_sort+asc&rows=10&version=4.5&mask=content%2Fsearch%2Fnamenssuche.xed.  Accessed March 2024.
[11] Photo taken from the book by Pierre Prins (the son) “Pierre Prins and the Impressionist era: his life, his work (1838-1913)”. Paris: Floury, 1949, p.25.
[12] Fanny Clauss by Silke Wenzel, MUGI, as found here:  https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000154 Accessed March 2024.
[13] Revue et Gazette Musicale, 28 July 1860, as found here:  https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&lr&pg=PA267#v=snippet&q=Clauss&f=false Accessed March 2024.
[14] Mémoires de Hector Berlioz Comprenant ses boyagies en italie, en allemangne, en Russie et en angleterre, Hector Berlioz, edited and published by Calmann-Levy, 1878, as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36210w Accessed on 6 May 2024.
[15] Le conservatoire de musique et déclamation, collection of administrative documents, BnF Gallica as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9752046h?lang=FR Accessed March 2024.
[16] Revue et Gazette Musicale, No. 32, 5 August 1860, as found here:  https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&pg=PA275#v=snippet&q=Clauss&f=false Accessed March 2024.
[17] News from the Revue et Gazette Musicale, 5 May1861, as found here:  https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=cYOAye8H_SQC&q=Clauss#v=snippet&q=Clauss&f=false Accessed March 2024.
[18] Le Siècle 1 January 1862, p.3, as found here:  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k727517c/f3.item.zoom Accessed March 2024.
[19] Revue et Gazette Musicale, 1834, p.456, as found here:  https://books.google.fr/books? id=sr5CAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false Accessed March 2024.
[20] Revue et Gazette Musicale, December 1861, as found here:  https://archive.org/details/revueetgazettemu1861pari/page/413/mode/1up?view=theater Accessed March 2024.
[21] Plan de lutte contre les violences faires aux enfants 2024-2027, French Ministry of Labor, Health and Solidarity, as found here:  https://enfance.gouv.fr/plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-enfants Accessed March 2024.
[22] Revue et Gazette Musicale No. 31, 18 December 1842, as found here:  https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=A79CAAAAcAAJ&q=L%C3%A9e#v=snippet&q=Lee&f=false Accessed March 2024.

Translator’s Notes:

1.  “Salons” referred to both a group of like-minded people, such as people who appreciated music or philosophy, and also the rooms in which these people gathered. In this case, it is referring to the gathering of people, based on context, although the adjective “brilliant” can refer to both the rooms and the people.
2.  In this sense, “curiosity” is meant as “a novel or rare thing”, similar to exhibits in museums being referred to as “curiosities”.
3.  Haguenau is a region and a community in France near the modern German border.  It was part of the German Empire until 1871.
4.  During the French Revolution, the entire calendar was changed.  It would later be changed back to the Gregorian calendar in use by Western countries today.  For more information, see here:  https://en.wikipedia.org/wiki/Thermidor Accessed 19 April 2024.
5.  An accessit is a distinction awarded in British and other European schools to one who has come nearest to a prize or award, similar to an honorable mention.
6.  Both “Boulanger” and “Boulangier” mean “baker” in French.
7.  “Vieux Temps” translates to “old times”.  Henri Francois Joseph Vieuxtemps (1820 – 1881) was a Belgian violinist and composer of some renown.  This may be a pun on having the skills of an older cellist and also being as good a musician as Mr. Vieuxtemps.
8.  In 2021, in the United States, nearly 34 children per week died from abuse or neglect.  https://www.statista.com/statistics/255206/number-of-child-deaths-per-day-due-to-child-abuse-and-neglect-in-the-us/  Accessed 5 May 2024.

Mina Lee, Amour et Rock’n roll dans l’Angleterre Victorienne de la fin du XIXème siècle

English

Photo: Palais de l’exposition internationale de Londres (1862) par l’architecte Francis Fowke. Muséum d’Histoire Naturelle de Londres.

Dans toutes les familles, il y a des secrets, des non-dits et autres squelettes dans les placards. En général, si ces secrets existent, c’est qu’ils gênent certains membres du clan. L’omerta sera donc de mise jusqu’à ce que le dernier vivant ayant un intérêt à garder le secret caché décède. Parfois il est trop tard pour exhumer toute la vérité et le mort emmène son secret dans sa tombe. D’autres fois, malgré toutes les précautions prises, le secret a laissé des traces. En réalité, les documents qui jalonnent notre histoire personnelle et qui vont, en principe, être conservés quand on quitte ce monde ne sont pas nombreux. Cela se résume pour la majorité des cas à 3 actes : naissance, mariage et décès, comme pour le Jean-François Nicot d’Edith Piaf. Un peu plus si on a été un personnage remarqué, comme Sebastian Lee. En tout cas, malgré l’aspect ténu des sources concernant un individu après sa mort, on est surpris de voir comme on peut reconstituer les grandes trajectoires de vie d’une personne avec ces quelques lignes consignées aux archives de l’Etat Civil — En France en tout cas. Aujourd’hui je dévoile un joli petit secret de famille dont je n’ai pas fini d’explorer le terrier : le cas Mina Lee.

Sur ma lancée, après la généalogie des bébés Lee, je me suis penchée à nouveau sur l’arbre généalogique de Sebastian Lee pendant les vacances de Noël et ai repris mes recherches sur ce front. Tout d’abord j’ai découvert que Salomon Lee, le père de Sebastian était d’origine Britannique. Né à Chilvers Coton, Nuneaton, entre Coventry et Birmingham en Angleterre. On le retrouve professeur d’anglais à Hambourg, domicilié au 52, Dragonerstall, dans le bottin de 1826. Je ne sais pas pourquoi il a migré ni s’il était au moins un peu musicien. J’espère que d’autres indices émergeront plus tard.

Extrait du bottin de la ville de Hambourg, année 1826.
Source: ancestry.com
[Lee, Salomon, Lehrer der Engle. sprache, Dragonerstall N°52 / Lee, Salomon, professeur de langue anglaise, Dragonerstall N°52]

A cette époque, Sebastian a 20 ans et est peut-être déjà en tournée sur les routes de Leipzig, Dresde ou Francfort avec son violoncelle. Le frère cadet, Maurice, a 11 ans et Louis 5 ans. De cette fratrie de 3 enfants connus de nous, il y a sans doute encore des noms manquants, mais les registres allemands me résistent encore et les documents numérisés sur ancestry.com ne représentent pas la totalité des sources (la ville de Hambourg a pourtant délégué au site internet la gestion de la totalité de ses archives d’Etat Civil numérisées). Nous voilà donc contraints de chercher autrement.

En attendant, je poursuis mes pistes secondaires. Dans mon expérience, il est très important de creuser au maximum les profiles, même secondaires, des membres d’un arbre généalogique, car ils sont tous liés entre eux et des modèles se reproduisent ici et là de façon surprenante. Je me suis donc intéressée aux enfants de Maurice Lee et Héloïse Gillet. Pendant longtemps je n’ai rien trouvé sur Héloïse Gillet parce-que j’avais une source qui orthographiait son nom Héloïse Gelin. C’est en découvrant l’acte de mariage de Maurice et Héloïse que j’ai pu confirmer ce que je pensais, à savoir que la dame était française, née dans le 5ème arrondissement de Paris, et connaître ses parents.

Préfecture du département de la Seine

Acte de mariage

5ème arrondissement de Paris – Année 1852

L’an mille huit cent cinquante deux, le trente décembre, en la mairie du cinquième arrondissement de Paris; Acte de mariage de Moritz Lée, né à Hambourg, le six février mille huit cent quinze, fils de Salomon Lée et de Ernestine Kayser. Et de Héloïse, Zélie, Antoinette Gillet, née à Paris, cinquième arrondissement, le onze juin mille huit cent vingt huit, fille de Michel Vital Gillet et de Marie Antoinette Palette, son épouse.

Le membre de la commission, Félix Charoy

Maurice et Héloïse, ont donc eu à ma connaissance 4 enfants; j’ai nommé (par ordre d’apparition) : Clara (née le 05.05.1856 à Paris), Adolphe (né le 17.03.1858 à Paris), Caroline (ca1859?) et Mina (ca1861?).

Acte de naissance

L’an mille huit cent cinquante-six, le 5 mai. Est née à Paris Clara Octavia Eugénie Marie Lée de sexe féminin, fille de Moritz Lée et de Héloïse Zélie Antoinette Gillet, son épouse, mariés au 5ème arrondissement de Paris, le 30 décembre 1852, demeurant à Paris, rue Neuve Bréda, N°21.

Baptême à N.D de Lorette, en date du 12 septembre 1856. mariage des parents reconstitué.

Préfecture du département de la Seine

Acte de naissance

L’an mille huit cent cinquante huit, le dix-sept mars est né à Paris, rue neuve Bréda N°21, Adolphe, François, Maurice Lée, de sexe masculin, fils de Maurice Lée, artiste musicien et de Héloïse Gillet, son épouse.

Le membre de la commission

Le petit Adolphe n’a probablement pas vécu bien vieux car il n’apparait pas au 1er recensement de 1871 qui nous dresse la liste des habitants de la maisonnée de Maurice Lee, domiciliés au 23, Grafton Place, dans le quartier de St Pancras à Londres. Après avoir passé plusieurs années à Paris, Maurice décide de revenir aux sources paternelles après 1861 puisque Mina, sa dernière fille, est déclarée être née à Paris. Il aurait donc passé au moins 9 ans à Paris: depuis son mariage en 1852 jusqu’à la naissance de Mina en 1861. Pourquoi partent-il? A t-il une opportunité d’emploi là-bas? Pour l’instant l’histoire ne le dit pas. En tout cas, il s’installe avec sa famille en Angleterre.

Source: ancestry.com

On y retrouve Maurice Lee, professeur de piano, qui déclare être né à Hambourg et avoir 50 ans (ce qui nous donne une date de naissance en 1821, contrairement à la déclaration faite sur son acte de mariage qui établit une date de naissance au 6 février 1815. Ca lui ferait donc plutôt 56 ans), sa femme Héloïse, est déclarée sans profession à 42 ans, ce qui semble en adéquation avec sa date de naissance au 11 juin 1828. Ayant son acte de naissance parisien, si le recensement a été fait entre le 1er janvier et le 10 juin, ses informations à elle sont correctes. Ensuite viennent les enfants :

Clara 15 ans, née à Paris, son acte de naissance est daté du 5 mai 1856, ses informations au recensement sont correctes également, à part la négligence du fonctionnaire qui a mis des guillemets de répétition sous le statut marital des 3 filles comme si elles étaient aussi « wife » (épouse) ce qui est absurde. Il aurait fallu mettre « daughter » (fille). Il n’y a plus de trace d’Adolphe Lee pour lequel j’ai un acte de naissance parisien daté du 17 mars 1858 (il aurait eu 13 ans). Puis vient Caroline, déclarée avoir 11 ans, ce qui la ferait naitre en 1860 à Paris également, mais je ne la trouve pas. J’ai 2 Caroline nées du couple Sebastian Lee et Caroline Luther à Paris, l’une le 14 janvier 1838 qui disparait, et l’autre le 05 avril 1842 qui se mariera avec Caesar Böckmann à Paris en 1865 et qui assurera, semble-t-il, la seule descendance de notre compositeur sur les 4 enfants de Sebastian Lee retrouvés jusqu’à présent.

La Caroline de Maurine Lee et Héloïse Gillet qui a 11 ans en 1871 reste pour l’instant un mystère. Je l’ai cherché dans tout Paris en 1859 et en 1860 sans succès. Il n’y a qu’un bébé Lee a être né en 1859 à Paris et il s’appelle Henri. Il n’est ni de Sebastian Lee et Caroline Luther, ni de Maurice Lee et Héloïse Gillet. En 1860, encore un seul bébé Lee, un William et vérification faite, il appartient également à une autre famille. La dernière enfant de la fratrie est Minna, elle a 9 ans et je ne trouve aucune trace d’elle non plus. Elle serait née en 1862 également à Paris, pourtant je ne trouve rien…

On note la présence de Mme Gillet, veuve de 70 ans, déclarée « indépendante », qui n’est autre que la mère d’Héloïse (Marie Antoinette Palette). Dans les soutiens intergénérationnels, c’est donc Maurice et Héloïse qui s’occupent de leurs parents. Tout comme auparavant ils ont pris soin de la mère de Sebastian et Maurice, Ernestine Keyser. Elle décède à Paris le 20 avril 1847 à l’âge de 65 ans au domicile de Maurice et Héloïse, 21, rue Neuve Breda (ancienne rue Clauzel) toute proche de la rue des Martyrs ou est domicilié Sebastian, son frère — La période parisienne de Maurice se rallongerait donc d’au-moins 6 années supplémentaires, de 1847 à 1861. L’acte de décès nous confirme qu’Ernestine Keyser était mariée à un M. Lee, professeur (et pas veuve, donc).

Préfecture du département de la Seine

Acte de décès

L’an mille huit cent quarante sept le vingt avril, est décédée à Paris rue Neuve Bréda, 21, deuxième arrondissement, Ernestine Keyser, âgée de 65 ans, née à Hambourg (Allemagne), mariée à Lée, professeur.

le membre de la commission.

10 années se sont écoulées depuis le recensement de 1871 et nous avons la chance de retrouver la famille de Maurice Lee pour le recensement de 1881, toujours en Angleterre. L’adresse a changé mais ils sont toujours à Londres dans le quartier de Chelsea au numéro 69, Tavistock Crescent [1]

Source: UK Census 1881 — ancestry.com

Maurice déclare avoir 58 ans, ce qui le ferait naître cette fois en 1823. Il grapille encore un peu plus d’années à la vie car si la déclaration de son acte de mariage est exacte, alors né en 1815, il aurait non pas 58 mais 66 ans en 1881. Héloïse déclare avoir 48 ans, mais née en 1828, elle en aurait plutôt 53. A présent, Maurice est artiste musicien et non professeur de piano. Sa femme est devenue governess, c’est-à-dire gouvernante. L’ainée, Clara, est également déclarée governess à 24 ans, et son âge est correct (née en 1856). Je m’étonne qu’elle ne soit pas encore mariée et qu’elle vive toujours avec ses parents, mais sa cousine Caroline s’est elle-aussi mariée tard pour l’époque, à 23 ans. Je m’étais dit que le décès de son frère Edouard en 1861 (elle avait 19 ans) avait dû causer un immense chagrin et probablement retarder ses noces. Quant à notre cadette Caroline, déclarée avoir 21 ans (correct pour une naissance en 1860) et la dernière, Mina, 19 ans (correct également pour une naissance en 1861), elles sont elles aussi governess. Elles aident donc maman à la maison. Nous retrouvons également Antoinette, la mère d’Héloïse, toujours bon pied bon œil à l’âge de 80 ans.

Le 69, Tavistock Crescent à Londres aujourd’hui. Source : Google Maps. Merci à Sheri H et Steve A pour leurs recherches et clarifications sur le sujet.

Un troisième recensement en 1891 nous gratifie une dernière fois de quelques traces de la famille de Maurice Lee. Ils ont encore déménagé et sont domiciliés au 29, Lancaster road, dans le très beau quartier de Kensington à Londres.

Source: UK Census 1891 — ancestry.com

Maurice déclare avoir 69 ans, le coquin, (en fait il en a 76 s’il est né en 1815) et est professeur de musique, Héloïse, sa femme, 59 ans (mais plutôt 63 en réalité, car née en 1828). Ils ont 2 visiteurs: Fred Buchsenstein, 26 ans, célibataire, comptable, et James Edouard Perry, 49 ans, officier militaire retraité et veuf. Sont-ils des prétendants pour marier Caroline? Peut-être, car ils semblent correspondre aux critères financiers souhaités par les parents. Je sais que Maurice est Juif, comme Sebastian (c’était indiqué sur son acte de décès). En revanche, ils ont tous les 2 épousé des femmes d’une autre obédience religieuse. La petite Clara, la fille ainée de Maurice a été baptisée à l’église Notre-Dame de Lorette à Paris, donc il ne semble pas y avoir de prérequis religieux.

Ci-contre le 19, Lancaster Road aujourd’hui (Source: Google Map)

Clara, n’apparaît d’ailleurs plus sur ce recensement de 1891 car elle est mariée et habite ailleurs. Elle a épousé un Français, Eugène Soubeyran, employé de banque né à Lyon. On les retrouve 10 ans plus tard, à Londres, au recensement de 1901.

Source: UK Census 1901 — ancestry.com

Le couple semble avoir une vie assez confortable. Clara est déclarée professeur de français, elle enseigne une langue étrangère, comme son grand-père paternel qui était professeur d’anglais à Hambourg, et elle s’occupe de sa mère Héloïse, veuve de 72 ans en 1901 (cette fois, plus de coquetterie, l’âge d’Héloïse est le bon pour une naissance en 1828), comme ses parents l’ont fait pour leurs parents. Eugène Soubeyran est employé de banque et ils ont des locataires dans leur maison cossue du 80, Elgin Crescent dans le joli quartier de Notting Hill (voir photo ci-dessous). On trouve 3 locataires; l’autrichien Julius Pollack, 26 ans, l’anglais Morell Holmes, 23 ans et l’allemand Hans Michels, 24 ans, tout 3 célibataires et employés d’un marchand, sont les paying guests (locataires, donc), de la pension Soubeyran en 1901. On note aussi la présence de Juliette Bonne, 19 ans, la domestique française (née en France et déclarée de nationalité française).

Une chose remarquable en revanche , ils n’ont pas eu d’enfant. On les retrouve en 1911, au 58, Fordwych road, Hampstead, toujours à Londres. Ils ont encore 2 pensionnaires, Theo A. Vogel, un alsacien célibataire de 33 ans se déclarant Responsable d’une usine d’acier; et Theodor C. Bierbaum, 24 ans, employé de banque. Ils ont également une domestique, Ellen Short, célibataire, 21 ans.

Le 80, Elgin Crescent à Notting Hill aujourd’hui

Source: UK Census 1911 — ancestry.com

Au bas du document, une mention nous signale qu’il a été complété de la main même de Clara Soubeyran « on behalf of Eugène Soubeyran. Postal address 58 Fordwych Road. Hampstead N.W » et la maison comptait pas moins de 10 chambres. C’est un véritable hôtel, mais bien vide au moment du recensement!

Le 58 Fordwych road aujourd’hui.

Source: Google map

De retour en 1891 et à notre dernier recensement de la maisonnée de Maurice Lee, on retrouve la cadette Caroline qui a 28 ans et est (encore ?) à l’école pour devenir gouvernante. Si elle avait 21 ans au précédent recensement, elle en aurait plutôt 31 que 28 dix ans plus tard (le même « syndrome du jeunisme » que papa et maman, il semblerait). Son acte de naissance parisien étant toujours manquant, je ne peux que dire qu’elle est forcément née entre novembre 1858 et décembre 1860, après Adolphe et avant Mina, à moins qu’Adolphe soit devenu Caroline, ce qui est quand-même peu probable à cette époque. Est-ce qu’elle se rajeunie parce-qu’elle n’est toujours pas mariée ? 28 ans et célibataire à la fin du XIXème siècle, c’est 3 ans de trop pour être Catherinette. Je m’étonne vraiment que toutes ces filles se marient si tardivement pour l’époque. Je m’en étonne d’autant plus que je sais que les mariages sont arrangés chez les Lee et qu’il n’est pas question de chercher le grand amour. Il est attendu qu’elles épousent un employé de banque. Ce sera le cas de la Caroline de Sebastian Lee et Caroline Luther et le cas de Clara Lee, la fille de Maurice Lee et Héloïse Gillet. Quant à Caroline je ne sais rien d’un mariage potentiel. Le cas de Mina est à part.

Je retrouve Mina en 1893 domiciliée chez des particuliers du quartier de Kensington. Il s’agit d’un couple bourgeois dont le chef de famille se nomme William Lionel Eves, un architecte franc-maçon et sa femme Agnes Button. Ils vivent dans Kensington et ont déclaré chez eux 3 ou 4 personnes d’un grand intérêt pour nous :

  • Mina Lee
  • Ernest Vital Gillet
  • Wilhelmina Henrietta Lee x2

Registre des mariages britanniques, index de 1837 à 1915

Source: ancestry.com

Si c’est bien de notre Mina qu’il s’agit, née en 1861, elle aurait 32 ans en 1893 (un âge également bien avancé pour se marier à l’époque) et pourquoi habite t-elle chez ces gens? Qui est ce Ernest Vital Gillet? Et pourquoi il n’y a pas moins de 2 Wilhemine Henrietta Lee?

Source: registre des mariages Avril/ Mai / Juin 1893, Londres ancestry.com

Je retrouve la famille Eves 2 recensements plus tard en 1911, ils vivent à Uxbridge, Middlesex, dans la grande banlieue Ouest de Londres et plus aucune trace de Mina et Ernest, naturellement.

En généalogie je ne crois pas aux coïncidences, et trouver sur mon chemin un Ernest Vital Gillet m’a allumé tous les warnings. Il s’appelle non seulement Gillet, nom de jeune fille d’Héloïse, la maman de Mina, mais en plus son 2ème prénom est Vital, comme le père d’Héloïse. Ces 2 là sont liés d’une manière ou d’une autre. Je repars donc en France pour dénicher cet Ernest Vital Gillet et… Bingo, bien sûr. Notre homme est né à Paris le 13 septembre 1856 à la mairie des Batignolles. Il est le fils d’Hippolyte Gillet et Louise Guérin. En remontant leur piste, je m’aperçois qu’Hyppolite est le frère d’Héloïse. Ernest est donc le cousin de Mina, de 5 ans son ainé.

Mais ce n’est pas tout, Ernest Vital Gillet est violoncelliste, il a même gagné le 1er prix du Conservatoire de Paris en 1874. 1893 est l’année de la consécration pour lui car il vient de composer La Fille de la mère Michel, une opérette qui cartonne. Un jeune compositeur, violoncelliste, issu d’une famille de musicien — son frère Georges (1854-1920) est hautboïste — tout cela le plaçait potentiellement bien pour demander la main de Mina à Maurice. Cependant, est-ce qu’on épouse son cousin Germain quand on a pas de bien à garder dans une famille? Et pourquoi se marier si tard? Et qui est cette Wilhemina Henrietta Lee avec eux ? Ce serait une sœur de Maurice et Sebastian que je ne connaitrais pas encore ? Une vieille tante? Le mystère s’épaissit…

Source: Archives de Paris

Du samedi 13 septembre 1856, nous, à 3 heure et demi de relevé, acte de naissance de Ernest Vital Louis Gillet, reconnu de sexe masculin né hier à 1h du matin au domicile de ses père et mère, rue St Louis N°36 à Batignolles Monceau, fils de Eugène Hyppolite Gillet, âgé de 31 ans, employé des contributions indirectes et de Louise Guérin, son épouse âgée de 24 ans. le présent a été rédigé sur la déclaration du père qui nous a présenté l’enfant et en présence des Sieurs Henri Fontaine âgé de 57 ans, receveur buraliste, demeurant en cette ville rue St Louis N°25 et François Théophile Varon âgé de 33 ans, commis greffier demeurant en cette ville rue des Batignollaise N°17, lesquels ont ainsi que le père signé avec nous, Jean Begbeder, adjoint au maire de Batignolles Monceau, emplissant par délégation spéciale les fonctions d’officier de l’Etat Civil.

J’ai tourné et retourné toute cette affaire dans ma tête encore et encore pour essayer d’en démêler les fils avant qu’une idée vienne finalement me frapper tout d’un coup: Mina c’est Wilhemina, comment n’y ai-je pas pensé avant ?! En cherchant Wilhelmina Henrietta Lee à Paris en 1861, je la retrouve !!!

Source: Archives de Paris

Du mardi 27 Août mille huit cent soixante et un, une heure de relevée. Acte de naissance de Wilhemine Henriette Louise, laquelle nous a été présentée et que nous avons reconnue être du sexe féminin, née à Paris hier à une heure du matin chez ses père et mère, rue neuve Bossuet N°16, fille de Maurice Lée, artiste musicien âgé de 42 ans et de Héloïse Charlotte Zélie Gillet, son épouse sans profession âgée de 32 ans, mariés à Paris en la cinquième mairie le trente décembre mille huit cent cinquante deux. Le présent acte dressé sur la déclaration du père et en présence de MM. Dieudonné Noël, bijoutier, âgé de cinquante ans, demeurant à Paris rue du Faubourg St Denis N°22, et Charles Benjamin Draugère, marchand de vin, âgé de 33 ans demeurant à Paris rue des Martyrs N°27, témoins qui ont signé avec le père et avec nous Philipe Rome Ernest Foucher, adjoint au maire du neuvième arrondissement après lecture faite.

Elle est bien née le 26 août 1861 à Paris. Maurice et Héloïse sont domiciliés au 16, rue neuve Bossuet (une rue aujourd’hui située dans le 10ème arrondissement de Paris).

Alors comment je sais que le cousin Ernest est musicien? Et bien pas grâce à ma culture générale — notre homme a pourtant déjà une page Wikipedia que je découvre et vais pouvoir compléter. En réalité, il a déjà épousé quelqu’un 13 ans plus tôt, à Paris, en 1880. Il s’agit de Charlotte Fox, fille d’un père commissaire en marchandises. Un mariage sous le régime de la séparation des biens, comme il est intéressant de le noter. Dans l’acte de mariage, on peut lire qu’Ernest Gillet est artiste musicien et vit chez ses parents au 23, rue Albony (juste à côté de la tour Eiffel qui n’existe pas encore). Il a déjà une situation, d’après l’auteur de la page Wikipedia, il était violoncelliste à l’opéra de Paris. Un poste qu’il aurait occupé de 1875 à 1882, Sebastian Lee est déjà rentré à Hambourg (en 1868), ils n’ont jamais travaillé ensemble mais se connaissaient forcément puisqu’il était son neveu, le fils du frère — Hyppolite Gillet — de la femme — Héloïse Gillet — de son frère — Maurice Lee — Vous me suivez toujours? En outre, son père Hyppolite est employé au Ministère de l’Intérieur. Papa Fox, qui n’était peut-être pas forcément très impressionné à l’idée d’un gendre artiste a dû être rassuré par la carrière du père qui pouvait assurer un plan B à son rejeton. C’est donc peut-être sur la promesse d’une possible carrière de fonctionnaire en cas de fiasco professionnel que Napoléon Fox a consenti à ce que sa fille épouse Ernest Gillet. En tout cas il n’a pas été la chercher bien loin, les 2 tourtereaux sont voisins. L’un au numéro 23 et l’autre au 24 de la rue Albony.

Source: Archives de Paris

L’an mille huit cent quatre vingt, le vingt avril, midi, en la mairie du dixième arrondissement de Paris et par nous, Charles Louis Lourdel, adjoint au maire, officier de l’Etat Civil, a été célébré publiquement le mariage de Ernest Vital Louis Gillet, artiste musicien, né à Batignolles, arrondissement de Saint Denis, Seine, le douze septembre mille huit cent cinquante six, demeurant à Paris rue Albony, 23 avec ses père et mère, fils majeur de Eugène Hippolyte Gillet, employé au ministère de l’intérieur et des cultes, et de Louise Guérin, son épouse, présents et consentants, d’une part, et de Marie Charlotte Fox, sans profession, née à Paris, ancien cinquième arrondissement le 10 juin mille huit cent cinquante six, demeurant rue Albony, 24 avec père et mère, fille majeure de Napoléon Charles Fox, commissaire en marchandises et de Constance Lucie Hubert, son épouse, présents et consentants d’autre part […] il a été fait un contrat de mariage devant Maître Deslandes, notaire à Paris, le treize avril […] Ferdinand Mérigot, peintre, âgé de 58 ans, à Boulogne, Seine, rue St Cloud, 23, Gustave Deloye, sculpteur, âgé de trente six ans au 233, Faubourg Saint Honoré, 3ème Louis Guérin, capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’Honneur, âgé de 56 ans, rue Turenne 124, 4ème Georges Gillet, artiste musicien, âgé de 25 ans, 61, boulevard Magenta, qui ont signé avec nous, les époux et pères et mères.

On note la présence de 3 artistes parmi les témoins, dont le frère du marié, Georges. On peut lire également dans la marge qu’un divorce a été prononcé par le tribunal d’Abbeville le 10 avril 1893, soit 13 ans plus tard, chose rarissime au XIXème siècle. Nous voici donc revenus en 1893, année de la réussite pour le compositeur, et date à laquelle a été enregistré un acte de mariage entre Ernest Vital Gillet et Mina Lee à Kensington, Londres. Mina serait donc la 2ème femme d’Ernest. A ce moment-là de l’histoire, il a déjà eu un fils avec son ex-femme Charlotte Fox — je l’apprends sur la page Wikipedia — qui sera également musicien, Fernand Gillet (1882-1980), hautboïste, comme son oncle Georges. Le petit a donc 11 ans au moment du divorce de ses parents. Tout ça ne me dit pas pourquoi Ernest épouse Mina en 2ème noce du vivant de Maurice Lee qui ne décède qu’en juin 1895, d’après mes informations. Ils se connaissent depuis toujours, sont-ils amoureux depuis des années? C’est probable parce-que Mina ne s’est pas mariée et qu’Ernest, en 1893, est une Rockstar et peut épouser qui il veut. C’est donc bien d’un mariage d’amour qu’il s’agit, un vrai! La 1ère union entre Ernest et Charlotte Fox a t-elle périclité à cause de cet amour secret et impossible?

Je ne savais pas trop quoi penser de cette histoire de mariage entre cousins germains. Est-ce que ce lien familial constituait la difficulté principale, une difficulté supplémentaire ou pas de difficulté du tout? Au cours de l’Histoire, et particulièrement chez les têtes couronnées, c’était monnaie courante pour garder un patrimoine au sein d’une même famille de se marier entre-soi. Néanmoins, après recherches, il s’avère que, comme je le soupçonnais, le mariage entre cousins germains, bien qu’autorisé en France au XIXème siècle, était mal vu. C’est le site Guichet du Savoir qui m’éclaire sur la question en expliquant qu’ « il existe un mythe, popularisé tout le long du XIXe siècle, de la tare héréditaire ou congénitale, et de l’influence néfaste d’une consanguinité importante. Pourtant, bien avant cela, la consanguinité était largement pratiquée. » [2] Nous voilà prévenus. Pour Ernest et Mina, ça commence à ressembler à du Shakespeare. Rockstar ou pas, Ernest n’était sans doute pas le prétendant idéal aux yeux des parents Lee comme des parents Gillet. Son succès a t-il aidé à les convaincre? Maurice devait bien avoir de l’affection pour ce neveu compositeur et violoncelliste, comme son propre frère Sebastian. Cela aura t-il suffit à le convaincre ou a t-on affaire à un mariage secret? Sans voir l’acte officiel, c’est difficile à dire. Une simple entrée dans le registre des mariages ne nous permet pas de savoir si les parents ont assisté à la noce. Ceci étant, ils sont domiciliés chez l’architecte William Lionel Eves et sa femme Agnès Button à Kensington (même quartier que les parents de Mina), ce qui jette une ambiguïté sur l’affaire. S’ils voulaient vivre cachés, ils se seraient un peu plus éloigné; mais s’ils n’avaient pas encore leur « chez-eux » pourquoi habiter chez quelqu’un d’autre? La famille Lee possède une pension, ils ont plein de chambres à louer, c’est le recensement de 1891 qui nous le dit. Est-on dans un scenario ou un des parents accepte ce mariage et l’autre pas? Cela expliquerait la petite distance. Ou bien souhaitaient-ils tout simplement faire leur vie ailleurs? Pourquoi Mina ne rentre t-elle pas en France avec Ernest? Lui-aussi fuirait-il son ancienne vie avec Charlotte Fox?

Une photo d’Ernest Gillet avec son violoncelle trouvé sur le site d’IMSLP [3]. Le cachet « Conservatoire » encore visible laisse supposer que cette photo daterait de l’année où il a gagné son 1er prix de violoncelle, soit 1874. Il aurait 18 ans.

Couverture de l’œuvre d’Ernest Gillet Italia Lamento pour Piano, copyright 1908 ed. G. Ricordi & Company (Paris), imprimé en Italy.  Ernest aurait eu 56 ans en 1908, bien que nous ne soyons pas certains que la photo ait été prise l’année du dépôt légal.

On le retrouve le 9 avril 1903, soit 10 ans plus tard presque jour pour jour, pour ses 3ème noces avec Anne Parentani, cantatrice Bruxelloise.

Source: Archives de Paris

L’an mille neuf cent trois, le neuf avril à onze heure du matin, acte de mariage de Ernest Vital Louis Gillet, né à Batignolles Monceau (Seine), le douze septembre mille huit cent cinquante six, compositeur de musique domicilié à Paris rue Mozart, 121 fils majeur d’Eugène Hyppolite Gillet, époux décédés, petit-fils d’aïeux décédés, veuf de Mina Lé Vilma, la mère du futur décédé en cet arrondissement, ainsi qu’il résulte après vérification de l’acte inscrit sur le registre que nous nous sommes fait représenté d’une part, et de Marie Anne Parentani, née à Bruxelles (Belgique), le dix-sept mars mille huit cent soixante et onze, artiste lyrique, domiciliée à Paris, rue Mozart 121, fille majeure de Eugène Parentani, mouleur domicilié à Bruxelles consentant aux termes d’un acte reçu le dix sept janvier dernier, par Maître Bauvens, notaire de la même résidence et de Marie Elisabeth Cloetens, son épouse décédée d’autre part. Dressé par nous, Emile Drady adjoint au maire, officier de l’Etat Civil du seizième arrondissement de Paris qui avons procédé publiquement en la mairie à la célébration du mariage dans la forme suivante après avoir donné lecture aux partis 1° de leurs actes de naissance, des actes de décès des pères, mères et précédente femme du futur, ceux des pères et mères mentionnant le [?] des aïeuls […] en la présence de Emile Alphonse Biardot, 42 ans, éditeur de musique officier d’académie, domicilié à Paris place de la Madeleine 22, Alphonse Blondel âgé de cinquante deux ans, rentier, Chevalier de la Légion d’Honneur, domicilié à Paris, rue des Martyrs 57, Daniel Riche, âgé de trente sept ans, auteur dramatique, Chevalier de la Légion d’Honneur officier de l’instruction publique, domicilié à Paris rue Servandoni 12, Aimé Gustave Paul Fourré âgé de quarante trois ans, professeur officier d’académie domicilié à Bologne (Seine) quai de Boulogne 61, témoins qui ont signé avec nous et les époux après lecture.

Il y a une chose qui m’a saisi sur cet acte de mariage, c’est la phrase « veuf de Mina Lé Vilma »

Qui est cette personne ? Ma Wihlemine Henriette Lee, bien sûr ; orthographiée n’importe comment par un fonctionnaire peu consciencieux ou encore dissimulée sous une identité ambiguë dans la transcription d’acte de décès produite par l’Angleterre, si c’est bien là-bas qu’elle est décédée? Pourtant c’est bien elle, il n’y a plus aucun doute mais que le fil est ténu! Elle est déjà décédée, mais quand ? Je ne le sais pas. Je pense qu’Ernest est rentré en France après le décès de Mina/Vilma/Wihlemina Lee. Ses parents sont à présent décédés et il est domicilié au 121, rue Mozart au moment de son 3ème mariage. On apprend par l’acte de mariage qu’Ernest Gillet et Anne Parentani vivaient déjà ensemble à la même adresse. Mina était donc déjà sortie de la vie d’Ernest depuis un certain temps. Est-ce qu’ils sont restés ensemble jusqu’au décès de Mina ou bien est-ce qu’Ernest a regagné la France seul? Je perds leur trace…

Mina a donc épousé son cousin germain, très certainement par amour. Les frères Lee, qui n’ont visiblement donné aucune éducation musicale à leurs filles, ont fait en sorte qu’elles aient une formation de ménagère et qu’elles soient placées en mariage auprès d’employés de banque. Des ambitions de petits bourgeois souhaitant assurer une sécurité à défaut d’un avenir à leurs filles. Mina a sans doute provoqué un scandale en épousant son cousin à 32 ans. Il ne semble pas avoir eu d’enfants de cette union, en tout cas je n’en ai encore trouvé aucune trace. Il me reste donc l’énigme du décès de Mina Lee entre 1893, date de son mariage et 1901, date du remariage d’Ernest Gillet, déclaré veuf. Je n’ai pas non plus d’explication pour ces doubles de Wiehlmine Henrietta Lee. Pourquoi apparait-elle en Mina Lee parfois et en Wiehlmina Henrietta Lee d’autres fois, et parfois même en double dans son propre acte de mariage? Même son acte de décès semble brouiller les pistes. Quelle affaire!!!

Notes

1. L’adresse Tavistock Crescent a été déchiffrée grâce au concours de Steve A qui a également retrouvé l’adresse actuelle en effectuant des recherches sur un plan de Londres ca1880. Un grand merci à lui pour cette contribution précieuse. Il ajoute également que le Borough of Chelsea de l’époque est à présent le Royal Borough of Kensington and Chelsea.

2. Site internet Guichet du savoir [URL https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/14095#:~:text=Mais%20le%20mariage%20civil%20entre,la%20consanguinit%C3%A9%20%C3%A9tait%20largement%20pratiqu%C3%A9e.] 16.01.2023

3. Site d’IMSLP [URL https://imslp.org/wiki/Category:Gillet,_Ernest ] 16.01.2023

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Mina Lee, Love and Rock’n’Roll in Victorian England at the End of the 19th century

20 January 2024 / sebastianleemusic

This article has been translated by Sheri Heldstab. We would like to thank her for the outstanding work she provided to ensure our English speaking friends could enjoy the reading of this post in their native language.

Banner photo: London International Exhibition Palace (1862) designed by architect Francis Fowke. Image from the Natural History Museum in London.

In almost every family, there are secrets—things no one will talk about, skeletons in the closets. Typically, where these secrets exist, it is because they are distressing to at least one member of the family. The Code of Silence is typically maintained until the death of the last person who needed to keep the secret hidden. Sometimes it is too late to learn the whole truth and the secret is taken to the grave. Other times, despite all the precautions taken, the secret has left remnants behind. The documents which mark our personal history—and which will, in theory, be preserved when we leave this world—are not numerous. In the majority of cases, these documents reflect three occasions: birth, marriage and death, as is the case with Edith Piaf’s Jean-François Nicot.[1] There may be more documentation if the person was well known to their peers and the public, like Sebastian Lee. In any case, despite the limited number of documents remaining after the death of individual, it is surprising how well we can reconstruct the major life trajectories of a person with these few lines recorded in the archival documents—in France anyway. Today, I will shine some light on a little family secret, which I haven’t yet finished exploring: the case of Mina Lee.

Over the Christmas holidays, while I was looking into the genealogy of Sebastian Lee’s offspring, I took another look at his family tree and continued my research on this front. First of all, I discovered that Salomon Lee, Sebastian’s father, was of British origin. Salomon was born in Chilvers Coton, Nuneaton, England (between Coventry and Birmingham). He later became an English teacher in Hamburg, living at 52 Dragonerstall, according to the Hamburg Directory of 1826. I do not know why he emigrated or if he was even the least bit musical. I hope more clues emerge later.

[Extract from the Hamburg city directory, 1826.]

Lee, Salomon, Lehrer der engl. Sprache, Dragonerstall N°52

[Lee, Salomon, teacher of spoken English, Dragonerstall No. 52]  [2]

At that time, Sebastian was 20 years old and may have already been touring the roads of Leipzig, Dresden or Frankfurt with his cello. His younger brother, Maurice, was 11 years old and his youngest brother, Louis, was 5 years old. At this time, we only know of those three children—there may still be missing names—but the German registries still evade me and the digitized documents available online do not represent all of the sources (the city of Hamburg has nevertheless delegated the management of all of its digitized Civil Status archives to ancestry.com). I must take my search elsewhere if I am to find more information about Salomon Lee.

In the meantime, I’m pursuing secondary lines of research. In my experience, it is very important to dig as deeply as possible into the documentation—even secondary documentation—of the family’s lineage. Since everyone is related to each other, I can see patterns intermittently repeating in a surprising way. Consequently, I became interested in the children of Maurice Lee and Héloïse Gillet (Lee). For a long time, I couldn’t find anything about Héloïse Gillet because one source had her name incorrectly spelled as “Héloïse Gelin”, so I was looking for the wrong name. It was only when I discovered the marriage certificate of Maurice and Héloïse that I was able to confirm what I had suspected, namely that she was French, having been born in the 5th arrondissement [administrative district] of Paris, and to discover her parentage.

Préfecture du département de la Seine [Prefecture of the department of the Seine]
Acte de Marriage [Marriage Certificate]
5th arrondissement de Paris – Année 1852 [5th arrondissement of Paris — Year 1852]

L’an mille huit cent cinquante deux, le trente décembre, en la mairie du cinquième arrondissement de Paris; Acte de mariage de Moritz Lée, né à Hambourg, le six février mille huit cent quinze, fils de Salomon Lée et de Ernestine Kayser. Et de Héloïse, Zélie, Antoinette Gillet, née à Paris, cinquième arrondissement, le onze juin mille huit cent vingt huit, fille de Michel Vital Gillet et de Marie Antoinette Palette, son épouse.

Le membre de la commission Félix Charoy.

[Approximate Translation:  In the year one thousand eight hundred and fifty-two, on December 30, at the town hall of the fifth arrondissement of Paris; Marriage certificate of Moritz Lée, born in Hamburg, February 6, one thousand eight hundred and fifteen, son of Salomon Lée and Ernestine Kayser. And Héloïse Zélie Antoinette Gillet, born in Paris, fifth arrondissement, on June eleven one thousand eight hundred and twenty-eight, daughter of Michel Vital Gillet and Marie Antoinette Palette, his wife.

The member of the commission, Félix Charoy]

Maurice and Héloïse had, to my knowledge, four children:  Clara (born 5 May 1856 in Paris), Adolphe (born 17 March 1858 in Paris), Caroline (born circa 1859) and Mina (born circa 1861).

Acte de naissance [Birth certificate]

L’an mille huit cent cinquante-six, le 5 mai. Est née à Paris Clara Octavia Eugénie Marie Lée de sexe féminin, fille de Moritz Lée et de Héloïse Zélie Antoinette Gillet, son épouse, mariés au 5ème arrondissement de Paris, le 30 décembre 1852, demeurant à Paris, rue Neuve Bréda, N°21.

Baptême à N.D de Lorette, en date du 12 septembre 1856. mariage des parents reconstitué.

[Approximate Translation: In the year one thousand eight hundred and fifty-six, May 5. Clara Octavia Eugénie Marie Lée was born in Paris, female, daughter of Moritz Lée and Héloïse Zélie Antoinette Gillet, his wife, married in the 5th arrondissement of Paris, on December 30, 1852, residing in Paris, rue Neuve Bréda, No. 21 .

Baptism in Notre Dame de Lorette, dated September 12, 1856. marriage of parents rerecorded.]

Préfecture du département de la Seine [Prefecture of the department of the Seine]

Acte de naissance [Birth Certificate]

L’an mille huit cent cinquante huit, le dix-sept mars est né à Paris, rue neuve Bréda N°21, Adolphe François Maurice Lée, de sexe masculin, fils de Maurice Lée, artiste musicien et de Héloïse Gillet, son épouse.

Le membre de la commission

[Approximate translation:

In the year one thousand eight hundred and fifty-eight, on March seventeen, is born in Paris, [in] Number 21, Rue Neuve Bréda, Adolphe François Maurice Lée, male, son of Maurice Lée, musical artist and Héloïse Gillet, his wife.

The member of the commission]

Little Adolphe probably did not live very long as he does not appear in the first British census of 1871, which lists the inhabitants of the household of Maurice Lee, living at 23 Grafton Place, in the district of St Pancras in London. Since Mina, Maurice’s youngest daughter, was listed in the census as having been born in Paris, Maurice must have decided, sometime after 1861, to return to his father’s roots in England. He would therefore have spent at least 9 years in Paris: from his marriage in 1852 until the birth of Mina in 1861. Why did they leave? Did he have a job opportunity in England? Currently, the historical documents are keeping their secrets. Whatever the reason, he returned to England and settled his family there.

[3]

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In the parish of St. Pancras, we find Maurice Lee, piano teacher, recorded in the census to have been born in Hamburg and to be 50 years old (which gives us a birth year of 1821, as opposed to the date of birth given on his marriage certificate of 6 February 1815, which would make him closer to 56 years old at the time of the census). Meanwhile, his wife Héloïse, was listed only as his wife, with no profession, at 42 years old—an age in keeping with her date of birth on 11 June 1828. Referring to her Parisian birth certificate, if the census was taken between January 1 and June 10, her age is correct on the census.

Clara is listed as 15 years old, having been born in Paris. Her birth certificate is dated May 5, 1856, so her census information is also correct (apart from the negligence of the official who put ditto marks under the marital status of the 3 girls as if they were also “M[arried],” which is absurd. He should have listed them as “daughter”).

There is no longer any trace of Adolphe Lee for whom I have a Parisian birth certificate dated March 17, 1858 (he would have been 13 years old). Next comes Caroline, declared to be 11 years old, which would give her a birth year of 1860, and as she’s older than Minna, she was most likely born in Paris as well, but I cannot find any trace of her birth in any of the searches I have undertaken.

I have found two Carolines born to Sebastian Lee and Caroline Luther Lee in Paris. The first one was born on January 14, 1838, then disappears from the historical records. The second one was born on April 5, 1842, and later married Caesar Böckmann in Paris in 1865. Of Sebastian Lee’s four children, Caroline Böckmann née Lee was the only one who had children—we have her to thank for ensuring the existence of the only living descendants of our composer found so far.

The Caroline listed as the daughter of Maurice Lee and Héloïse Gillet Lee, age 11 in the census of 1871, remains a mystery for the moment. I looked for her in the Paris archives of 1859 and 1860, without success. There was only one baby Lee born in 1859 in Paris: his name was Henri, and he was apparently neither Sebastian’s nor Maurice’s son. In 1860, there was also only one baby Lee, named William, but I was able to verify that he also was neither Sebastian’s nor Maurice’s son.

The last child of the siblings listed in the census is Minna. She is 9 years old. I can find no trace of her birth either. She would have been born in 1862, in Paris according to the census, yet I have found nothing about her in the Parisian archives…

Of interest is the presence of Mrs. Gillet, a 70-year-old widow, declared “independent”, who is none other than the mother of Héloïse Lee (Marie Antoinette Palette). As she does not have a husband, her sons would be responsible for supporting her, consequently Maurice and Héloïse end up taking care of her mother, just as they took care of Sebastian and Maurice’s mother, Ernestine Keyser. Ernestine died in Paris on April 20, 1847, at the age of 65. She died at Maurice and Héloïse’s home at 21, rue Neuve Breda (formerly rue Clauzel), very close to rue des Martyrs where her brother Sebastian lived. Thus, we know that Maurice was living in Paris from at least 1847 to at least 1861.

Ernestine’s death certificate confirms that she was married to a Mr. Lee, who was a professor. Interestingly, she is described on her death certificate as married, not widowed, which begs the question of why she was living with her son and not her husband. There could be many reasons, but thus far we have no answers.

Préfecture du département de la Seine [Prefecture of the department of the Seine]

Acte de décès [Death Certificate]

L’an mille huit cent quarante sept le vingt avril, est décédée à Paris rue Neuve Bréda, 21, deuxième arrondissement, Ernestine Keyser, âgée de soixante-cinq ans, née à Hambourg (Allemagne), mariée à Lée, professeur.

le membre de la commission.

[Approximate Translation:
In the year one thousand eight hundred and forty-seven, on April 20, died in Paris rue Neuve Bréda No.21, second arrondissement, Ernestine Keyser, aged sixty-five years, born in Hamburg (Germany), married to Lée, a professor [or teacher].

the member of the commission.]

Ten years have passed since the 1871 census, and we are lucky to find Maurice Lee’s family in England in the 1881 British census. The address has changed but they are still in London in the Chelsea district at No. 69 Tavistock Crescent.[5*, 6*]

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Maurice is listed as 58 years old, which, in 1881, would make him born in 1823. He seems to have not aged much, because if the birth date given on his marriage certificate (1815) is correct, then he would not have been 58, but rather 66 years old in 1881. Héloïse is listed as 48 years old, but having been born in 1828, she would have been closer to 53.

At the time of the census, Maurice is listed as a musical artist rather than a piano teacher. His wife is listed as a governess. Their eldest child, Clara, is also listed as a governess at age 24, and her age is correct (born in 1856). I am surprised that Clara is not yet married and still lives with her parents, but her cousin Caroline also married late for the time, at 23 years old. I thought that perhaps the death of cousin Caroline’s brother Edouard in 1861 (she was 19 years old) must have caused immense grief and possibly delayed her wedding. As for Maurice’s daughter Caroline, she listed as 21 years old (correct for a birth year of 1860) and finally, Mina, listed as 19 years old (correct for a birth year of 1861). They are also listed as governesses and probably also help mom at home. We also find Antoinette, Héloïse’s mother, still living the good life at the age of 80.

Tavistock Crescent N°69 in current London. Source : Google Maps. Thanks to Sheri H and Steve A for their researches to clarify the topic.

A third census taken in 1891 gives us our last traces of Maurice Lee’s family. They have moved again and live at 29, Lancaster Road, in the beautiful Kensington district of London (see photo below).

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Number 19, Lancaster Road, today. [9, 9*]

Maurice is listed as 69 years old, though in fact he is 76 if he was born in 1815, and is a music teacher. Héloïse, his wife, is listed as 59 years old, but with a birth year of 1828, she would have been 63. They have two people listed as “visitors”: Fred Buchsenstein, an unmarried 26-year-old, accountant, and James Edouard Perry, a 49-year-old retired military officer and widower. Are they suitors for Caroline? Perhaps, because they seem in keeping with the financial criteria desired by her parents. I know that Maurice is Jewish, like Sebastian (it was indicated on his death certificate). On the other hand, they both married women of another religious persuasion. Maurice’s eldest daughter, Clara, was baptized at the Notre-Dame de Lorette church in Paris, so it appears as if Clara’s parents were not overly concerned about religious affiliation.

Clara doesn’t appear in 1891 census as part of the Lee household because she married a Frenchman, Eugène Soubeyran, a bank employee born in Lyon. In the 1901 census, we find them living in London.

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The couple seems to have led a fairly comfortable life. Clara is listed as a French school teacher. She taught a foreign language — just like her paternal grandfather who was an English teacher in Hamburg — and, just like her parents did for their parents, she was also taking care of her mother Héloïse, listed as a 72-year-old widow in 1901 (this time, Héloïse’s age is correct for a birth year of 1828). Eugène Soubeyran is a bank employee and they have tenants in their upscale house at Number 80, Elgin Crescent, in the pretty district of Notting Hill (see photo below). There are three tenants: the 26-year-old Austrian Julius Pollack, the 23-year-old Englishman Morell Holmes, and the 24-year-old German Hans Michels. All three men are unmarried and merchants’ clerks.  They are the “paying guests” (tenants) of Soubeyran in 1901. In addition, we also have the 19-year-old French servant, Juliette Bonne (born in France and listed as a French “subject” [citizen]).

80 Elgin Crescent in Notting Hill, today [9, 9*]

One remarkable thing, however, is that they did not have children. In the 1911 census, they were found to be still in London, at No. 58 Fordwych road, Hampstead. They still have two tenants (different from the 1901 census): Theo A. Vogel, a 33-year-old unmarried Alsatian listed as a manager of a steel factory, and a German-born 24-year-old bank clerk by the name of Theodor C. Bierbaum. They also have a 21-year-old unmarried servant, Ellen Short.

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At the bottom of the document, a note informs us that the census form was completed by Clara Soubeyran “on behalf of Eugène Soubeyran. Postal address 58 Fordwych Road. Hampstead N.W.” and the house had ten rooms. Assuming there is a parlor, a kitchen, and a dining room, that still leaves seven rooms to be used or rented out, with only four rooms accounted for by the inhabitants at the time of the census. It could have been a boarding house, but it would have been very empty!

58 Fordwych road, today.[9, 9*]

If we return to 1891 and our last census of Maurice Lee’s household, we find Maurice’s daughter Caroline listed as 28 years old and a “school governess”.[14] If she was 21 in the previous census, she would be 31 rather than 28 ten years later. As her Parisian birth certificate is still missing, I can only say that she had to have been born between November 1858 and December 1860, after Adolphe and before Mina, unless Adolphe became Caroline, which is highly unlikely for the era. Is she getting younger because she’s still not married? If she was 28 (or even 31) years old and still single at the end of the 19th century, she was well and truly “on the shelf”. I’m really surprised that all these girls married so late in life. I’m surprised all the more, since I know that marriages are arranged in the Lee family and that there is no question of looking for true love. They are expected to marry from within the merchant class, such as bank clerks. This is the fate of Sebastian and Caroline Luther Lee’s daughter, Caroline, and also the fate of Maurice and Héloïse Gillet Lee’s daughter, Clara Lee. Mina’s case is special.

I found Mina living with individuals in the Kensington district in 1893. They are a middle-class couple whose head of household is named William Lionel Eves, an architect and his wife Agnes Button. They live in Kensington and list three people of great interest to us:

  • Mina Lee
  • Ernest Vital Gillet
  • Wilhelmina/Wilhelmine Henrietta Lee

British Marriage Register, index from 1837 to 1915[15]

If this is indeed our Mina, born in 1861, she would have been 32 years old in 1893 (also a very late age for marriage at the time) and why is she living with these people? Who is this Ernest Vital Gillet? And why are there no less than two Wilhemina/e Henrietta Lees?

London Marriage Registry April/May/June 1893 [16]

[Translation of final two lines: “Edith Agnes (Button), Spouse of William Lionel Eves, architect”]

I found the Eves family two censuses later in 1911—they live in Uxbridge, Middlesex, in the large western suburbs of London—and, of course, no further trace of Mina and Ernest.

With genealogical research, I do not believe in coincidences, so encountering the name “Ernest Vital Gillet” during my searches made me pause. Not only is his last name Gillet, the same as Mina’s mother’s maiden name, but his middle name is Vital, which was Héloïse’s father’s first name. Mina and Ernest are most likely related in some way. Back I go to France to find this “Ernest Vital Gillet” and… Bingo! He was born in Paris on September 13, 1856 according to the arrondissement of Batignolles’ records, the son of Hippolyte Gillet and Louise Guérin. As I follow their trail, I realize that Hyppolite is Héloïse’s brother. Ernest is Mina’s first cousin, five years her senior.

Birth Certificate for Ernest Vital Louis Gillet, 12 September 1856.[17]

[Approximate translation:  Year 1856, Arrondissement Batignolles, Name (surname) Gillet, First/middle names Ernest Vital Louis, Date of birth 12 September 1856]

[17]

Du samedi 13 septembre 1856, nous, à 3 heure et demi de relevé, acte de naissance de Ernest Vital Louis Gillet, reconnu de sexe masculin né hier à 1h du matin au domicile de ses père et mère, rue St Louis N°36 à Batignolles Monceau, fils de Eugène Hyppolite Gillet, âgé de 31 ans, employé des contributions indirectes et de Louise Guérin, son épouse âgée de 24 ans. le présent a été rédigé sur la déclaration du père qui nous a présenté l’enfant et en présence des Sieurs Henri Fontaine âgé de 57 ans, receveur buraliste, demeurant en cette ville rue St Louis N°25 et François Théophile Varon âgé de 33 ans, commis greffier demeurant en cette ville rue des Batignollaise N°17, lesquels ont ainsi que le père signé avec nous, Jean Begbeder, adjoint au maire de Batignolles Monceau, emplissant par délégation spéciale les fonctions d’officier de l’Etat Civil.

[Approximate Translation: 

Town Hall of Batignolles Monceau

On Saturday September 13, 1856, we, at 3:30 pm recorded the birth certificate of Ernest Vital Louis Gillet, recognized as male, born yesterday at 1:00 am at the home of his father and mother, rue St Louis No. 36 in Batignolles Monceau, son of Eugène Hyppolite Gillet, aged 31, employee of indirect contributions [self-employed], and of Louise Guérin, his wife aged 24. [This document] was written [based] on the declaration of the father who presented the child to us … in the presence of Mr. Henri Fontaine aged 57, tobacconist, residing in this city rue St Louis No. 25 and François Théophile Varon aged 33, clerk registrar residing in this city rue des Batignollaise No.17, who, as well as the father, signed with us, Jean Begbeder, deputy mayor of Batignolles Monceau, fulfilling by special delegation the functions of civil status officer.]

But that’s not all, Ernest Vital Gillet is a cellist—he even won first prize at the Paris Conservatory in 1874. Ernest became known to the public in 1893, when he composed La Fille de la Mère Michel [The daughter of Michael’s Mother], a hit operetta. A young composer, a cellist, from a musical family (his brother Georges (1854-1920) was an oboist), all of this may have placed him in a good position to ask for Mina’s hand in marriage. However, why would someone marry their first cousin if they are not trying to maintain a familial legacy? And who is this Wilhemina Henrietta Lee with them? Could this be a sister of Maurice and Sebastian that I don’t know about yet? An old aunt? A niece? The mystery deepens…

I thought about this for a while, trying to untangle the threads, before an idea suddenly hit me: Mina is Wilhemina! How could I have not realized that before?! While looking for Wilhelmina Henrietta Lee in Paris in 1861, I found her!!!

[18]

Du mardi 27 Août mille huit cent soixante et un, une heure de relevée. Acte de naissance de Wilhemine Henriette Louise, laquelle nous a été présentée et que nous avons reconnue être du sexe féminin, née à Paris hier à une heure du matin chez ses père et mère, rue neuve Bossuet N°16, fille de Maurice Lée, artiste musicien âgé de 42 ans et de Héloïse Charlotte Zélie Gillet, son épouse sans profession âgée de 32 ans, mariés à Paris en la cinquième mairie le trente décembre mille huit cent cinquante deux. Le présent acte dressé sur la déclaration du père et en présence de MM. Dieudonné Noël, bijoutier, âgé de cinquante ans, demeurant à Paris rue du Faubourg St Denis N°22, et Charles Benjamin Draugère, marchand de vin, âgé de 33 ans demeurant à Paris rue des Martyrs N°27, témoins qui ont signé avec le père et avec nous Philipe Rome Ernest Foucher, adjoint au maire du neuvième arrondissement après lecture faite.

[Approximate Translation: From Tuesday, August 27, one thousand eight hundred and sixty-one, date of recording. Birth certificate of Wilhemine Henriette Louise, who was presented to us and whom we recognized as female, born in Paris yesterday at one o’clock in the morning at her father and mother’s house, rue neuf Bossuet N°16, daughter of Maurice Lée, musical artist aged 42 and Héloïse Charlotte Zélie Gillet, his unemployed wife aged 32, married in Paris in the fifth town hall on December 30, one thousand eight hundred and fifty-two. This act drawn up on the declaration of the father and in the presence of MM. Dieudonné Noël, jeweler, aged fifty, residing in Paris rue du Faubourg St Denis N°22, and Charles Benjamin Draugère, wine merchant, aged 33 residing in Paris rue des Martyrs N°27, witnesses who signed with the father and with me, Philipe Rome Ernest Foucher, deputy mayor of the ninth arrondissement after reading.]

She was born in Paris on August 26, 1861. Maurice and Héloïse were living at 16, rue neuf Bossuet (in what is now the tenth arrondissement of Paris).

So how do I know that Cousin Ernest is a musician? Well, not thanks to my innate knowledge—he already has a Wikipedia page that I hope to be able to flesh out. [19] Cousin Ernest had already married someone else in Paris in 1880. Her name was Charlotte Fox and her father was a goods commissioner [a government employee who ensures that goods for sale meet various legal criteria]. It is interesting to note that the marriage fell under the regime of separation of property. In the marriage certificate, we can read that Ernest Gillet is a musical artist and lives with his parents at 23, rue Albony (right next to the Eiffel Tower, which did not yet exist). He already has a job as a cellist at the Paris Opera from 1875 to 1882.[19] Sebastian Lee had already returned to Hamburg (in 1868), so while they never worked together, they obviously knew each other since Ernest was Sebastian’s nephew-in-law, his brother’s (Maurice’s) wife’s (Héloïse’s) brother’s (Hyppolite’s) son.  Are you still with me? In addition, the musical world was much smaller then, and it would have been quite surprising if the two had no knowledge of each other on a professional level.

Ernest’s father, Hippolyte, is employed at the Ministry of the Interior. Daddy Fox, who may not have been very impressed by the idea of entrusting his daughter’s financial well-being to a musician, may have been reassured by Hippolyte’s career, as it might have been able to provide a plan B for Ernest’s income. It may have been the possibility of a career as a civil servant (in the event of a musical professional fiasco) that Napoleon Fox consented to his daughter marrying Ernest Gillet. In any case, Ernest didn’t have to go far to find her—the two lovebirds lived next door to each other, one at number 23 and the other at number 24 Albony Street.

[20]

L’an mille huit cent quatre vingt, le vingt avril, midi, en la mairie du dixième arrondissement de Paris et par nous, Charles Louis Lourdel, adjoint au maire, officier de l’Etat Civil, a été célébré publiquement le mariage de Ernest Vital Louis Gillet, artiste musicien, né à Batignolles, arrondissement de Saint Denis, Seine, le douze septembre mille huit cent cinquante six, demeurant à Paris rue Albony, 23 avec ses père et mère, fils majeur de Eugène Hippolyte Gillet, employé au ministère de l’intérieur et des cultes, et de Louise Guérin, son épouse, présents et consentants, d’une part, et de Marie Charlotte Fox, sans profession, née à Paris, ancien cinquième arrondissement le 10 juin mille huit cent cinquante six, demeurant rue Albony, 24 avec père et mère, fille majeure de Napoléon Charles Fox, commissaire en marchandises et de Constance Lucie Hubert, son épouse, présents et consentants d’autre part […] il a été fait un contrat de mariage devant Maître Deslandes, notaire à Paris, le treize avril […] Ferdinand Mérigot, peintre, âgé de 58 ans, à Boulogne, Seine, rue St Cloud, 23, Gustave Deloye, sculpteur, âgé de trente six ans au 233, Faubourg Saint Honoré, 3ème Louis Guérin, capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’Honneur, âgé de 56 ans, rue Turenne 124, 4ème Georges Gillet, artiste musicien, âgé de 25 ans, 61, boulevard Magenta, qui ont signé avec nous, les époux et pères et mères.

[Approximate translation: In the year one thousand eight hundred and eighty, April 20, noon, in the town hall of the tenth arrondissement of Paris and by us, Charles Louis Lourdel, deputy mayor, civil status officer, the marriage was publicly celebrated of Ernest Vital Louis Gillet, musical artist, born in Batignolles, arrondissement of Saint Denis, Seine, on September twelve, one thousand eight hundred and fifty six, residing in Paris rue Albony, 23 with his father and mother, adult son of Eugène Hippolyte Gillet, employee at the ministry of the interior and of worship, and of Louise Guérin, his wife, present and consenting, on the one hand, and of Marie Charlotte Fox, without profession [unemployed], born in Paris, former fifth arrondissement on June 10, one thousand eight hundred and fifty six, residing rue Albony, 24 with her father and mother, adult daughter of Napoléon Charles Fox, merchandise commissioner and Constance Lucie Hubert, his wife, present and consenting on the other hand […] a marriage contract was made before Maître Deslandes , notary in Paris, on April 13 […] Ferdinand Mérigot, painter, aged 58, in Boulogne, Seine, rue St Cloud, 23, Gustave Deloye, sculptor, aged thirty-six at 233, Faubourg Saint Honoré, 3rd Louis Guérin, retired captain, knight of the Legion of Honor, aged 56, rue Turenne 124, 4th Georges Gillet, musical artist, aged 25, 61, boulevard Magenta, who signed with us, the spouses and fathers and mothers.]

The presence of three artists, including the groom’s brother, Georges, among the witnesses is noteworthy. The notes in the margin show that a divorce was pronounced by the Abbeville court on April 10, 1893 (13 years later), which was extremely rare in the 19th century.

So here we are back in 1893, a successful year for Ernest, and the date on which a marriage certificate was recorded between Ernest Vital Gillet and Mina Lee in Kensington, London. Mina would therefore be Ernest’s second wife. At this point, he had already had a son, Fernand Gillet (1882-1980), with his ex-wife Charlotte Fox. Ferdinand would also become a musician—an oboist, like his Uncle Georges. Ferdinand would have been 11 years old at the time of his parents’ divorce. None of this tells me why Ernest took Mina as his second wife, while her father still lived (Maurice Lee did not die until June 1895). They had known each other for a very long time—had they been in love for years? This is likely because Mina did not marry at all and Ernest, in 1893, is a famous composer (akin to being a rockstar today) and can marry whomever he wants. It probably really is a marriage of love, a real one! Did the first marriage between Ernest and Charlotte Fox collapse because of this secret and impossible love?

I don’t really know what to think about this marriage between the first cousins. Was the nearness of the relation between the two the main obstacle, an additional obstacle, or no obstacle at all to them marrying prior to Ernest’s marriage to his first wife? Throughout history, and particularly among crowned heads of state and the very wealthy, it was commonplace to keep wealth within the same family by marrying amongst their own family tree. However, after research, it turns out that, as I suspected, marriage between first cousins, although legal in France in the 19th century, was frowned upon.

According to Guichet du Savoir, “there is a myth, popularized throughout the 19th century, of hereditary or congenital defect, and of the harmful influence of in-line breeding. However, long before that, in-line breeding was widely practiced.”[21] We have been warned.

For Ernest and Mina, it’s starting to sound like a Shakespeare play. Rockstar or not, Ernest was probably not the ideal suitor in the eyes of either his parents, her parents, or possibly both sets of parents. Did the success of the marriage help to convince them? Maurice must have had affection for this composer- and cellist-nephew, like his own composer- and cellist-brother, Sebastian. Would that have been enough to convince him of the merits of the match or are we dealing with a secret marriage? Without seeing the official document, it’s difficult to say. A simple entry in the marriage register does not allow us to know whether the parents attended the wedding.

That being said, in 1893, they are living with the architect William Lionel Eves and his wife Agnès Button in Kensington (the same neighborhood as Mina’s parents), which creates confusion about the matter. If they had married in secret and didn’t want anyone to know, wouldn’t they have moved a little further away? Or perhaps they didn’t yet have their own home, but if that is true, why rent rooms from people who they are not related to? The Lee family rents out rooms in their own home, and they seem to have plenty of space according to the 1891 census. Perhaps one parent accepts the marriage and the other does not? This would explain the separation of living spaces, whilst remaining in the same general neighborhood. Or did they simply want their own space separate from Mina’s parents? Why doesn’t Mina return to France with Ernest? Is he trying to run away from the social stigma of his divorce from Charlotte Fox by staying in England?

A photo of Ernest Gillet with his cello. The “Conservatoire” stamp still visible suggests that this photo dates from the year he won his first cello prize, i.e. 1874. If true, he would have been 18 years old in this picture.[22]

Front Cover of Ernest Gillet’s Italia Lamento pour Piano, copyright 1908 by G. Ricordi & Company (Paris), printed in Italy.  Ernest would have been 56 in 1908, though we are not certain that the photo was taken in the same year as the copyright.

We find Ernest again in the historical records on April 9, 1903, 10 years, almost to the day after his marriage to Mina, marrying for a third time—this time to Anne Parentani, a singer from Brussels.

[23]

L’an mille neuf cent trois, le neuf avril à onze heure du matin, acte de mariage de Ernest Vital Louis Gillet, né à Batignolles Monceau (Seine), le douze septembre mille huit cent cinquante six, compositeur de musique domicilié à Paris rue Mozart, 121 fils majeur d’Eugène Hyppolite Gillet, époux décédés, petit-fils d’aïeux décédés, veuf de Mina Lé Vilma, la mère du futur décédé en cet arrondissement, ainsi qu’il résulte après vérification de l’acte inscrit sur le registre que nous nous sommes fait représenté d’une part, et de Marie Anne Parentani, née à Bruxelles (Belgique), le dix-sept mars mille huit cent soixante et onze, artiste lyrique, domiciliée à Paris, rue Mozart 121, fille majeure de Eugène Parentani, mouleur domicilié à Bruxelles consentant aux termes d’un acte reçu le dix sept janvier dernier, par Maître Bauvens, notaire de la même résidence et de Marie Elisabeth Cloetens, son épouse décédée d’autre part. Dressé par nous, Emile Drady adjoint au maire, officier de l’Etat Civil du seizième arrondissement de Paris qui avons procédé publiquement en la mairie à la célébration du mariage dans la forme suivante après avoir donné lecture aux partis 1° de leurs actes de naissance, des actes de décès des pères, mères et précédente femme du futur, ceux des pères et mères mentionnant le [?] des aïeuls […] en la présence de Emile Alphonse Biardot, 42 ans, éditeur de musique officier d’académie, domicilié à Paris place de la Madeleine 22, Alphonse Blondel âgé de cinquante deux ans, rentier, Chevalier de la Légion d’Honneur, domicilié à Paris, rue des Martyrs 57, Daniel Riche, âgé de trente sept ans, auteur dramatique, Chevalier de la Légion d’Honneur officier de l’instruction publique, domicilié à Paris rue Servandoni 12, Aimé Gustave Paul Fourré âgé de quarante trois ans, professeur officier d’académie domicilié à Bologne (Seine) quai de Boulogne 61, témoins qui ont signé avec nous et les époux après lecture.

[Approximate translation: In the year nineteen hundred and three, April ninth at eleven o’clock in the morning, marriage certificate of Ernest Vital Louis Gillet, born in Batignolles Monceau (Seine), September twelve one thousand eight hundred and fifty-six, music composer living in Paris rue Mozart, 121 adult son of Eugène Hyppolite Gillet, deceased spouse, grandson of deceased grandparents, widower of Mina Lé Vilma, the mother of the future [husband] died in this district, as [has been verified] on the one hand, and of Marie Anne Parentani, born in Brussels (Belgium), on March seventeen  one thousand eight hundred and seventy-one, [singer], domiciled in Paris, rue Mozart 121, adult daughter in her majority of Eugène Parentani, molder [someone who creates molds for sculptures and foundary parts] living in Brussels consenting to the terms of a deed received on January 17 by Maître Bauvens, notary of the same residence and of Marie Elisabeth Cloetens, his deceased wife on the other hand. Drawn up by us, Emile Drady deputy mayor, civil registrar of the sixteenth arrondissement of Paris who publicly proceeded in the town hall to celebrate the marriage in the following form after having read to the parties first their birth certificates, death certificates of the fathers, mothers and previous wife of the future [husband], those of the fathers and mothers mentioning the [?] of the ancestors […] in the presence of Emile Alphonse Biardot, 42 years old, music publisher, academy officer, living in Paris place de la Madeleine 22, Alphonse Blondel aged fifty-two, annuitant, Knight of the Legion of Honor, living in Paris, rue des Martyrs 57, Daniel Riche, aged thirty-seven, playwright, Knight of the Legion of Honor officer of public education, living in Paris rue Servandoni 12, Aimé Gustave Paul Fourré aged forty three years, professor academy officer living in Bologna (Seine) quai de Boulogne 61, witnesses who signed with us and the spouses after reading.]

There is one thing that struck me about this marriage certificate is the phrase “widower of Mina Lé Vilma

Who is Mina Lé Vilma? My Wilhelmine Henriette Lee, of course; spelled haphazardly by an unconscientious official or even hidden under an ambiguous identity in the transcription of the death certificate produced by England, if it is indeed there that she died. I have no doubt that it is my Mina, but the historical record is thin on details! She has already died, but when or where, I don’t know. I want to believe that Ernest returned to France after the death of Mina. At the time of his third marriage, his parents are deceased and he is living at 121, rue Mozart. The marriage certificate indicates that Ernest Gillet and Anne Parentani have both been living at the same address. Mina had already been out of Ernest’s life for some time. Did Ernest and Mina stay together until Mina died? Or did Ernest return to France alone? The historical record has slipped through my fingers during this period, and I can’t find the trail…

Mina definitely married her first cousin, Ernest, and almost certainly for love. The Lee brothers, who obviously gave their daughters no musical education, ensured that they were trained as housewives and married off to bank clerks—the ambitions of middle-class parents who wish to ensure a secure future for their daughters after their deaths. Mina undoubtedly caused a scandal by marrying her cousin at 32, if not publicly then within the family. There do not seem to be any children from this union, or at least, I have not yet found any trace of offspring. I am left with the enigma of Mina Lee’s death, which must have occurred in the eight years between 1893, the date of her marriage, and 1901, the date of the remarriage of Ernest Gillet, declared a widower. I also have no explanation for the multiple names of Wilhemine/Wilhemina/Mina/Vilma Henrietta/Harrietta Lee. Why does she appear as Mina Lee in some of the records and as Wilhelmina Henrietta Lee in others, and sometimes even as a duplicate in her own marriage certificate? Even her death certificate, or lack thereof, creates more confusion. What a story!!!

Notes

1. As per the description in this video:  https://www.youtube.com/watch?v=rVuKLxx-ETY, accessed online 21 January 2024.
2. Hamburg city directory, 1826, found on ancestry.com, accessed online January, 2024.
3. Source: ancestry.com, British Census 1871, accessed online January, 2024.
4. Ibid.
5. Source:  ancestry.com, British Census 1881, accessed online January, 2024.
6. Ibid.
5*, 6*:  Steve A. of England researched the name of the street listed on ancestry.com as “[Savinstor?] Crescent” using his knowledge of the streets in London, the London A to Z (modern map), and historical maps of London available through the British Library system.  We appreciate his research into the name of the street (Tavistock Crescent).
7. Source:  ancestry.com, British Census 1891, accessed online January, 2024.
8. Ibid.
9. Source: Google Maps, accessed online January 2024.
9*. Note that the buildings that exist today at the same address may not be the same building as existed at the time of the respective censuses.  Between the late Victorian demolition of the London warrens/slums and the London Blitz (resulting in the Second Great Fire of London in 1940), many of the older houses in the area(s) described were demolished and rebuilt.
10. Source:  ancestry.com, British Census 1901, accessed online January, 2024.
11. Ibid.
12. Source:  ancestry.com, British Census 1911, accessed online January, 2024.
13. Ibid.
14. Translator’s note:  the designation of “school governess” is to indicate that she taught at a school, quite possibly one of the many charitable schools that opened during the clearing of the warrens.  A designation of simply “governess” indicates teaching at a private residence.
15. Source:  ancestry.com, England & Wales, Civil Registration Marriage Index, 1837 – 1915, accessed online January, 2024.
16. Source:  ancestry.com, London Marriage Registry April/May/June 1893, accessed online January, 2024.
17. https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php, accessed online 29 Jan 2024.
18. ibid, accessed online 15 Feb 2024.
19. https://en.wikipedia.org/wiki/Ernest_Gillet, accessed online 15 February 2024.
20. https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php, accessed online 15 Feb 2024.
21. https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/14095#:~:text=Mais%20le%20mariage%20civil%20entre,la%20consanguinit%C3%A9%20%C3%A9tait%20largement%20pratiqu%C3%A9e, accessed online 18 Feb 2024.
22. https://imslp.org/wiki/File:Ernest_Gillet.jpg, accessed online 18 Feb 2024.
23.  https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjQtMDEtMjAiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6Mjk0MTM3O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=450.566650390625%2C75&uielem_islocked=0&uielem_zoom=56&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F, page 17 of online image, entry 300 of original scan, accessed online 18 Feb 2024.

La grande bagarre linguistique

Ci-dessus, tableau de Charles Meynier « Entrée de Napoléon à Berlin. 27 octobre 1806 », 1810.

Par Pascale Girard

Il y a quelques temps, un internaute m’a envoyé une question qui, je le sais d’expérience, en taraude plus d’un. Il prononçait « Sebastian Lee » à l’anglaise et s’est fait reprendre par son professeur de violoncelle qui lui a dit que Lee, en allemand, ça se prononce Lée. Effectivement, le « e » en allemand se prononce « é ». Je souhaite aujourd’hui publier la réponse que j’ai fait à ce visiteur pour tenter de jeter un peu de lumière sur une question qui est au centre d’un débat ouvert.

Si Sebastian Lee était bien allemand, son patronyme, en revanche, est britannique. Les recherches généalogiques entreprises par notre association ne nous permettent pas encore de dire avec certitude d’où venait sa famille.

Source: Geneanet

Sur les partitions originales du XIXème siècle que nous avons pu récupérer, il est intéressant de constater la présence ou nom d’un accent sur le premier « e » de son nom de famille, écrit parfois « Lée » ou parfois « Lee ». L’accent aigu n’existant pas en allemand, il est probable que cette orthographe sous-entende une francisation pour les besoins de son intégration. On notera toutefois que jamais le prénom de Sebastian n’a été dépossédé de son « a » et écrit à la française « Sébastien » (même si l’accent aigu sur le premier « e » est presque systématiquement rajouté par les éditeurs). Il était peut-être plus attaché à garder son prénom original que son patronyme auquel il semble avoir renoncé à imposer une prononciation spécifique aux français qui l’ont accueilli pendant 30 ans.

Si vous souhaitez faire plaisir à votre professeur et prononcer le nom de Sebastian Lee à l’allemande, il faudra également convertir les 2 « s » de Sebastian en « z », ce qui est peu naturel en français.

En général, les noms propres sont altérés et adaptés aux langues natives (comme Friedrich Nitzsche dont le « e » final n’est pas prononcé en français alors qu’il l’est en allemand). Ces déformations sont acceptées. Parfois même quand un nom propre est trop difficile à prononcer, on en transforme même l’orthographe (c’est le cas des noms de villes comme Warsaw qui devient Varsovie ou même Hamburg qui devient Hambourg).

Je dirais que c’est un sujet ouvert ou il n’y a pas de position strictement correcte. Si l’on est puriste, alors on prononcera « Zébaztianne  » à l’Allemande, mais « Sébastianne Li » est tout à fait acceptable de mon point de vue. Il reste cohérent phonétiquement, basé, certes sur l’anglais, mais le patronyme Lee étant anglosaxon et notre bonne langue française étant très imprégnée d’anglicismes en tous genres, tout cela n’est pas choquant. Il y a plusieurs années déjà que le double « e » sans accent aigu est prononcé « i » en français quand les mots sont d’origine anglosaxonne (Green, Week-end, feeling, etc.)

L’Académie Française a publié une liste des néologismes anglais consultables ici et dans laquelle il est inclus un intéressant témoignage daté de 1855 et rédigé par Jean-Pons Guillaume qui, remonté comme un coucou, rédige un pamphlet en vers contre les anglicismes. Un bijou! Académicien du XIXème siècle, il s’efforce de défendre notre langue tout en se louant de la concorde qui grandit entre la France et l’Angleterre. La question était donc déjà d’actualité du vivant de notre compositeur.

Pour conclure, remettons-nous en à ce bon Laurent-Joseph Morin de Clagny, professeur de déclamation lyrique au Conservatoire de musique de Paris à la même époque (de 1827 à 1829 puis de 1835 à 1865) et qui a publié, entre autres choses, un très sérieux traité de prononciation qui explique avec moult détails comment prononcer le « é »

Quel que soit votre choix de prononciation, notre cher Sebastian Lee, grand voyageur de son époque, ne s’en formaliserait pas, j’en suis sûre. Seule la musique est un langage universel, et jouer ses œuvres est la meilleure façon de lui rendre hommage.

Le fils retrouvé

English

Par Pascale Girard

Quand on fait de la recherche, on oscille souvent entre impatience, déconvenue, espoir, déception et ceci à répétition tant il est vrai que les avancées nécessitent un brassage de sources souvent considérable. Cependant, il y a quelques jours, j’ai reçu une belle récompense après une longue traversée du désert. Je farfouillais sur le site d’IMSLP à la recherche de nouveaux opus de Sebastian Lee. Le site est un wiki collaboratif et il est donc régulièrement mis à jour par des internautes comme moi qui y ajoutent de nouvelles sources. Des partitions réapparaissent et sont numérisées, puis répertoriées en ligne. Je fais donc mon petit travail de veille, et me vient l’idée de regarder également l’évolution de la page de Louis Lee (1822-1896), jeune frère de Sebastian. Louis était également violoncelliste et compositeur. Bien que résident à Hambourg, il était connu en France. La Gazette Musicale de Paris lui consacre plusieurs chroniques sur plusieurs années: on fait l’éloge de ses performance d’enfant prodige [1] ainsi que d’un quintet qu’il aurait composé et dont je n’ai pas encore retrouvé la trace.

Je me retrouve donc sur la page de Louis Lee et là, apparaît une nouvelle phrase surlignée dans la section des opus du musicien. Il aurait écrit une symphonie car elle est mentionné dans un livre que Google a eu la bonté de numériser et qui est consultable gratuitement [2]. Je retrouve page 16 la référence en question et découvre avec enthousiasme que le livre mentionne plusieurs Lee, dont ce cher Sebastian. S’en suit Louis dont j’évoquais la carrière précédemment et enfin, juste sous son nom, on découvre un Edouard Lee ainsi que la ligne suivante:

Lee Eduard, Sohn des Sebastian Lee, pianist aus Hamburg, starb schon den 23 . Dec. 1861, 26 jahre. Ce qui peut être traduit comme suit: Lee, Edouard, pianiste de Hambourg, déjà décédé le 23 décembre 1861 à l’âge de 26 ans. [2] Il est difficile de décrire avec des mots la joie d’une telle découverte pour quelqu’un qui passe des heures, des jours et maintenant même des années à brasser des sources à la recherche d’informations sur la vie et l’œuvre de Sebastian Lee. J’avais déjà retrouvé la fille de Sebastian Lee et Catarina Lee née Luther grâce à une mention dans l’acte de décès de Sebastian Lee car Caroline et son mari vivaient dans le même immeuble que Sebastian et sa femme Catarina lorsqu’il fût décidé de rentrer à Hambourg en 1870, juste avant les événements de la Commune et surtout de la guerre Franco-Prussienne. Voilà maintenant que je découvre un fils! Et musicien en plus! Oscar Paul, l’auteur de l’ouvrage ou figurent les informations, le qualifie de « pianiste » mais il était également violoncelliste car j’ai une partition de 1856 d’Edouard Lee qui a fait au moins une partie de sa carrière en France. S’il est né en 1835, Sebastian et Catarina étaient alors à Londres (ils s’installent à Paris en 1837). Je pense qu’Edouard avait reçu une éducation musicale qui incluait le violoncelle puisque sa partition, publiée en français chez S.Richault, est une sérénade pour chant, piano et violoncelle dont il a tout écrit, sans l’aide de papa.

A contrario, Maurice Lee (1821-1895), autre frère de Sebastian, qui était un pianiste et compositeur également très actif (la BNF a presque tout son catalogue) n’a jamais composé quoi que ce soit pour violoncelle, comme par exemple sa Gavotte Louis XV (opus 54) dont Sebastian écrira la partie de violoncelle. Si Edouard Lee a composé sa sérénade avec violoncelle, ce n’est pas un hasard. Certes, un compositeur peut techniquement écrire pour n’importe quel instrument sans en jouer, mais il ne s’agit pas là d’une symphonie. Edouard Lee a choisi le piano et le violoncelle pour composer ce rare opus parce-qu’il maîtrisait ces instruments.

De sa courte vie, Edouard Lee a réalisé, outre cette œuvre non-numérotée, 2 arrangements répertoriés au catalogue de la BNF

Par ailleurs, lancée sur la piste de la progéniture de Sebastian et Catarina Lee, j’ai retrouvé quantité de bébés Lee à Paris dans le fond des archives reconstituées de Paris. Ces archives ayant été perdues lors des grands incendies de La Commune, les actes ont été patiemment reconstitués sur une base déclarative et la présentation d’actes d’état civils à une commission qui a œuvré 30 ans pour reconstituer quelques uns des 8 millions d’actes perdus lors de l’incendie de l’Hôtel de ville le 24 mai 1871

Pas de trace de mon Edouard Lée, qui n’est peut-être pas né à Paris ou dont l’acte de naissance est perdu à jamais, mais il y a plusieurs foyers familiaux et la petite Clara Octavie, Eugénie, Marie Lée née le 5 mai 1856 fait peut-être partie des rejetons Lee qui nous intéressent (elle est née dans le 9ème arrondissement). Notre Sebastian a vécu principalement dans le 9ème arrondissement, tour à tour au 73, rue des Martyrs puis au 8, rue Jean-Baptiste Say à 350m de son précédent logement, dans le même arrondissement, mais à des dates antérieures, vérifiables à ce jour.

L’adresse de Sebastian Lee au 73, rue des Martyrs à Paris de 1861 à 1864 selon le registre publié de l’Association des artistes musiciens dont il était sociétaire. [3] Le numéro 73 se cache derrière le volet droit de la fenêtre du 1er étage à gauche (j’ai mis du temps à le trouver 😉 et aujourd’hui, un bâtiment, qui n’a pas l’air d’époque, héberge un sauna au rez-de-chaussée. Tout cela juste à côté de l’actuelle salle de spectacle le Divan du Monde.

Le 8, rue Jean-Baptiste Say à Paris, l’adresse des Sebastian Lee jusqu’en 1868 [3]

Les recherches continuent, et pas moyen pour le moment de mettre la main sur l’acte de décès d’Edouard Lée, que je supposais mort à Paris.

Source: Revue et Gazette Musicale, décembre 1861 [4]

Des pistes s’ouvrent vers Londres et Hambourg. Affaire à suivre…

Pascale Marin

Références

[1] Gazette et Revue musicale de Paris, 1834 p456 – https://books.google.fr/books?id=sr5CAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

[2] Handlexicon der Tonkunst, Volume 2 par Oscar Paul, 1873

[3] Registre IReMUS Institut de Recherches en Musicologie http://iremus.huma-num.fr/aam Association des Artistes Musiciens, Liste des sociétaires (1844-1876).

[4] Source: Revue et Gazette Musicale, décembre 1861 https://archive.org/details/revueetgazettemu1861pari/page/413/mode/1up?view=theater

The rediscovered son

19 November 2023

Written by Pascale Girard. Thank you to Sheri Heldstab and friends who kindly translated this article.

When I am doing research, I often bounce back and forth between impatience, dismay, hope and disappointment, and this occurs repeatedly because the progression of a research project demands the scouring of a considerable number of documents. A couple of days ago, after a long dry spell, my hard work paid off!

I was rummaging on the IMSLP website in search of new opuses from Sebastian Lee. IMSLP is a collaborative Wiki and is updated by contributors like me who upload new material. Scores may be uploaded from sources previously unknown and are then digitalised, classified, and posted online. While I was perusing IMSLP, I realized that I should also check for changes in content for Louis Lee (1822-1896), the younger brother of Sebastian. Louis was also a cellist and a composer, and while he resided in Hamburg, Germany, he was also famous in France. The Gazette Musicale de Paris, an important weekly musical magazine during the 19th century, wrote several pieces about him over a period of years: they praised his performance as a child prodigy and also praised a quintet that he composed (which I still haven’t found any trace of).

[*** “Child prodigy, Louis Lee of Hamburg, a young cellist, aged 12, is all the rage of his native city.”  … (The Vieux-Temps and the Brothers Eichorn were popular musicians of the same time period)] [1]

As I’m looking through Louis Lee’s content on IMSLP, I discover a new hyperlink in the section, seeking to gather the opuses of the musician. According to a book that Google was kind enough to digitalise and make available online, Louis Lee had composed a symphony. [2] I found the pertinent reference on page 16 and happily discovered that the book lists several people with the surname Lee, including our dear Sebastian, followed by Louis, whose career I have previously mentioned, and finally, just after Louis, there is an Edouard Lee with the following information after his name:

[“Lee, Eduard, Sohn des Sebastian Lee, pianist aus Hamburg, starb schon den 23. Dec. 1861, 26 jahre alt.” English translation: “Lee, Edouard, Son of Sebastian Lee, pianist from Hamburg, died on 23 December 1861, aged 26 years old.] [2]

There are no words which adequately convey the joy of such a discovery for someone who spends hours, days, and now years shuffling through sources in search of information about the life and work of Sebastian Lee. Thanks to a mention in his death certificate, I had already found Sebastian Lee and Catarina Lee nèe Luther’s daughter, Caroline, because Caroline and her husband were living in the same building as Sebastian and his wife when they decided to move back to Hamburg in 1870, just before the Franco-Prussian war (1870-1871).

Now I have discovered another son! And a musician on top of it! Oscar Paul, the author of the book where I found the information about Edouard Lee, describes Edouard as a “pianist” but I know he was also a cellist, as I have a score published in 1856 from Edouard Lee who spent at least part of his career in France. If he had been born in 1835, Sebastian and Catarina would have been in London at that time (they settled in Paris in 1837). I think Edouard received a musical education which included cello as well as piano, since his score, published in French by S.Richault, is a Serenade for vocals, piano, and cello in which Edouard wrote every part without help from dear old Dad!

Sebastian’s brotherMaurice Lee (1821-1895), who was a pianist and a prolific composer (the French National Library [BNF] has a lot of his work) never composed anything for cello. In Maurice’s Gavotte Louis XV (opus 54), Sebastian was credited with writing the cello part. If Edouard composed his Serenade with a cello part, it is not by chance. Admittedly, a composer can technically write for any instrument without necessarily being able to play the instrument, but this was not a symphony. I believe Edouard Lee chose piano and cello in composing this rare opus because he mastered both these instruments.

During his short life, Edouard Lee wrote two other works listed in the BNF catalogue in addition to that shown above.

Now that I was looking for the offspring of Sebastian and Catarina, I found quite a few Lee children in the reconstructed Paris civil archives. These archives were lost during the big fires of La Commune, and have now been patiently put back together by a commission that worked for 30 years reconstructing some of the 8 million certificates lost during the Paris Town hall fire on 24 May 1871.

Unfortunately, there was no trace of my Edouard Lee, who may not have been born in Paris or whose birth certificate may be lost forever, but there are several Lee households and young Clara Octavia Eugenie Marie Lee, born on the 5th of May 1856, could well be one of the younger Lees we are interested in (she was born in the 9th district of Paris). Sebastian Lee lived mostly in the 9th district, first on 73 rue des Martyrs and then on 8 rue Jean Baptiste Say, approximately one-quarter mile away from his previous apartment, in the same district, on previous dates that I have verified.

Sebastian Lee’s lodgings from 1861 to 1864 at 73 rue des Martyrs in Paris, according to the Register from the Organisation of Associate Artists Musicians of which he was a member. [3]  The number 73 is hidden behind the right window shutter of the first window on the left on the first floor. Currently, the building hosts a sauna on the ground floor, and is next door to the Divan du Monde Performance Hall.
Sebastian Lee’s address until 1868 – 8 rue Jean-Baptiste Say in Paris. [3]

The research continues, but at the moment, I have no way to get a hold of Edouard Lee’s death certificate, assuming he died in Paris.

[*** M. Edouard Lee, pianist and accomplished composer, son of cellist Sebastian Lee, died on the 23rd of this month, in his twenty-sixth year.] [4]

My current research is now leading me towards London and Hamburg. To be continued…

Pascale Marin

Références

[1] Gazette et Revue musicale de Paris, 1834 p456 – https://books.google.fr/books?id=sr5CAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

[2] Handlexicon der Tonkunst, Volume 2 par Oscar Paul, 1873

[3] Registre IReMUS Institut de Recherches en Musicologie http://iremus.huma-num.fr/aam Association des Artistes Musiciens, Liste des sociétaires (1844-1876).

[4] Source: Revue et Gazette Musicale, décembre 1861 https://archive.org/details/revueetgazettemu1861pari/page/413/mode/1up?view=theater