Image: Illustration d’une scène de violence conjugale par George Cruikshank, 1847.
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Par Pascale Girard
Le 19 janvier 1862, le Ménestrel [1] annonce un concert au bénéfice de la famille Clauss. Parmi les musiciens qui y participent, le nom de Sebastian Lee y est cité, aux côtés de son ami Charles Dancla, qui enseignait le violon à 2 des filles Clauss, Fanny et Jenny. Cet événement caritatif à l’intention d’une famille ayant connu « un drame intime », comme nous l’explique pudiquement le journal, cache en réalité une histoire bouleversante. Ce drame terrible va toucher Sebastian Lee en plein cœur à une période pivotale de son existence. Dans ce billet, je me propose de retracer le parcours de la famille Clauss jusqu’au 28 décembre 1861, date du drame, sa couverture médiatique, ainsi que les intrications entre les Clauss et Sebastian Lee.

Mercredi prochain, 22 janvier, soirée musicale donnée dans les salons Pleyel au bénéfice de la famille Clauss, victime d’un drame intime dont les journaux nous ont fait tout récemment l’émouvant récit. MM Théodore Ritter, Charles Dancla, S.Lee, E. Altès, Boulard, M. et Mme Léopold Dancla coopéreront à ce concert de bienfaisance. [1]
Le Ménestrel, 19 janvier 1862 [1]
La famille Clauss débarque à Paris en novembre 1857, d’après le journal du Ménestrel [2] dont l’article ci-dessous, daté du 31 janvier 1858, relate une des toutes premières performances publiques des sœurs Clauss à la capitale.

Nous avons assisté cette semaine, à une soirée musicale qui offrait un double intérêt. Une gracieuse maîtresse de maison, Mme Du F***, avait réuni, rue de la Madeleine, une nombreuse société dans ses brillants salons, et là nous avons applaudi à l’exécution de plusieurs quatuors interprétés par quatre jeunes sœurs, sous la direction de leur père, M. Clauss nous a amené à Paris, il y a 3 mois, cet orchestre en miniature: le premier violon a treize ans, les deuxièmes comptent onze et huit ans, et le violoncelle ne dépasse pas la première cheville de son instrument. Tout cela gazouille à ravir, et nous savons que plusieurs salons se préparent à imiter Madame du F*** Au point de vue de l’art, c’est déjà satisfaisant; comme chose curieuse, c’est tout simplement miraculeux. [2]
Si l’article relate la soirée en toute bienveillance en insistant sur le phénomène exceptionnel de voir jouer des pièces de musique réputées ardues par de si jeunes personnes, il n’en est pas de même partout et l’accueil est parfois moins enthousiaste. L’article de Silke Wenzel, Docteur en musicologie, qui m’a informé en premier lieu de l’affaire grâce à sa recherche bien fouillée, cite une brève tirée du Neue Magazin für Musik en 1857, un an plus tôt, au sujet d’un de ces concerts à Genève; » Les quatre filles, âgées de 8 à 14 ans, jouent des quatuors de Haydn et aussi des quintettes dans lesquels le père dirige ces ‘enfants prodiges’. Pour nous, qui sommes les ennemis jurés de tout prodige, quelle impression embarrassante de voir et d’entendre les quatre filles chanceler et râler, et finalement la curiosité est la seule chose que nous puissions mentionner […]. La violoncelliste semble avoir le plus de talent des quatre, mais son talent est tout aussi inculte que celui de ses trois collègues et de son père. » [3]
Cet article, s’il a été lu par le père Clauss, a probablement été une pilule amère à avaler car c’est avant tout la reconnaissance qu’il cherche, à n’en pas douter. Sébastien Clauss nait à Haguenau, le 18 janvier 1808, d’un père pêcheur et déjà très âgé au moment de la naissance de son fils.

L’an 1808, le vingt janvier à midi, par devant nous, Maire officier de l’Etat Civil de la ville de Hagueneau, Département du Bas-Rhin, canton et municipalité de Hagueneau, est comparu André Claus, âgé de soixante cinq ans, Pêcheur, domicilié à Hagueneau, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né le dix-huit janvier dix huit cent huit à dix-huit heure du soir, de lui, le déclarant, et de Madeleine Munsch, son épouse, auquel il a déclaré vouloir donner le nom de Sébastien. Les dites présentations et déclarations faites en présence de Valentin Kielz, âgé de 31 ans, manouvrier, et de Frédéric Murth, âgé de 34 ans, cordonnier, domiciliés à Hagueneau, et ont, le déclarant et le maire, signés avec nous le présent acte après qu’il leur en a été fait lecture.
Acte de naissance de Sébastien Claus, Archives d »Alsace [4]
Outre l’évolution du patronyme alsacien que l’on trouvera écrit avec un seul « s » ou 2, selon les papiers administratifs, ce que cet extrait de naissance nous dit, c’est que Sébastien Clauss est d’origine modeste. Je ne lui ai trouvé qu’une grande sœur nommée Barbe, née le 25 Thermidor de l’an XII, donc courant Juillet / Août 1805. Pourtant, vu l’âge d’André Clauss, le père, il semble évident qu’il y ait eu une fratrie bien plus importante. Est-ce un remariage? Avait-il perdu sa première femme et ses autres enfants? Je n’ai rien trouvé en remontant dans le temps dans les registres alsaciens, mais si André a vécu ailleurs, impossible de retrouver sa trace. En tout cas, en 1808, il a 64 ans, un âge canonique pour l’époque! Il décède d’ailleurs seulement 4 ans après la naissance de son fils Sébastien.

L’an XIII de la République, le 26 du mois de Thermidor, à 11h du matin, par devant nous, Adjoint du Maire officier de l’Etat Civil de la ville de Haguenau, canton de Haguenau, Département du Bas-Rhin, est comparu André Claus âgé de soixante-deux ans, pêcheur, domicilié à Haguenau, lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin né le 25 Thermidor an treize à sept heure du soir de lui, déclarant et de Magdeleine Munsch et auquel il a déclaré vouloir donner le prénom de Barbe. La dite déclaration et présentation faites en présence de Charles Burtz, âgé de 31 ans, charpentier, et de George Hübel, âgé de soixante ans, charpentier, tous les 2 domiciliés à Haguenau. Tous les père et témoins [ont] signé avec nous le présent acte de naissance après qu’il leur en ait été fait lecture.
Acte de naissance de Barbe Clauss. Archives d’Alsace [4]
Je me suis demandée ou André Clauss pouvait bien pêcher en Alsace. Peut-être était-ce dans la Moder qui traversait le bourg de Haguenau à cette époque. Contrairement aux marins qui pêchent en mer, il ne devait pas s’absenter de longues semaines pour ramener du poisson, cependant sa présence dans la vie de Sébastien sera quand même de courte durée. Très tôt dans la jeune vie de Sébastien Clauss, les décès s’enchaînent. D’abord son père en 1812, puis sa sœur Barbe décède à l’âge de 15 ans le 2 juin 1820. A la mort de son père, Sébastien n’a que 4 ans et il se retrouve seul avec sa mère à 12 ans, probablement dans une grande précarité financière. Le destin des veuves et des femmes parents isolées de l’époque n’était pas glorieux et ces deuils qui ont frappé la famille ont forcément eu de grosses répercutions dans la vie du jeune Sébastien. Un article édifiant de Jean-Paul Barrière explore le statut du veuvage féminin au XIXème siècle [5]. Il est question de 3 mythes de perception sociale: la « Sainte veuve », la victime à secourir et la veuve légère. Des visions manichéennes qui donnent à penser qu’on est soit sacrificielle, éternellement pleureuse et dominée, ou prostituée après avoir perdu son mari dans la France du XIXème siècle. Peut-être est-ce un peu tout cela à la fois? Il faut bien survivre et élever son enfant et je n’ai retrouvé aucun remariage de Madeleine Munsch sur la commune d’Haguenau après le décès d’André Clauss.

André Claus, né le 13 décembre [1746] Déclaration de décès faite en la maison commune de Haguenau, département du Bas-Rhin, par devant l’officier de l’Etat Civil, a [neuf?] heure du matin, le quatorze du mois de décembre mille huit cent douze. Prénom et nom du décédé: André Claus, âgé de soixante-sept ans, né à Kaltenhouse profession ou qualité de pêcheur, domicilié à Haguenau maison située au N°9, quartier rouge (hôpital civil) le treize du mois courant sept heure du soir. Epoux de Madeleine Munsch.
Acte de décès d’André Claus, Archives d’Alsace. [4]
Il y a un personnage qui a attiré mon attention lors de ma fouille généalogique, c’est Antoine Clauss, un cabaretier qui a 2 jumeaux presque du même âge que Sébastien Clauss. Je me suis demandée si c’était auprès de lui qu’il avait appris la musique. Dans un contexte familial aussi dégradé, qui lui aurait enseigné cet art? Si c’est le cas, lui aussi décède le 1er octobre 1816 quand Sébastien n’a que 8 ans.

L’an mille huit cent six, le 24 Février à neuf heure du matin, devant nous Maire officier de l’Etat Civil de la ville de Haguenau, département du Bas-Rhin, canton et municipalité de Haguenau, est comparu Antoine Clauss, âgé de 44 ans, cabaretier, domicilié à Haguenau, lequel nous a présenté deux enfants de sexe masculin né le 24 Février 1806 à 2h du matin de leur déclarant et de la Dame Barbe Friess son épouse, auxquels il a déclaré vouloir donner les prénoms [?] à l’un de Mathias à l’autre de Joseph. Les dites présentations et déclarations signées en présence de Louis Koessler, âgé de 32 ans, libraire, et Jacques Mercklé, âgé de 55 ans, architecte domicilié à Haguenau et ont lu aux déclarants et témoins signés avec nous le présent acte après qu’il leur en a été fait lecture.
Acte de naissance des jumeaux d’Antoine Clauss daté du 24 février 1806 à Hagueneau. Source: Archives d’Alsace [4]
Antoine Clauss, que j’ai retrouvé à plusieurs reprises dans les archives a peut-être joué un rôle important auprès du jeune Sébastien Clauss. Etait-il son oncle? Il avait plus l’âge d’être son père qu’André Clauss. Il semble que si André et Antoine étaient père et fils (ils ont 20 ans d’écart), cousins ou frères, leurs situations professionnelles étaient très différentes. Antoine est commerçant et fait partie de la petite bourgeoisie. Ses témoins, un libraire et un architecte, montrent également qu’il évolue dans un environnement socio-économique beaucoup plus privilégié qu’André, simple pêcheur à 64 ans et dont les témoins sont un manouvrier et un cordonnier pour la naissance de Sébastien, et 2 charpentiers pour la naissance de sa sœur Barbe. Autre fait intéressant, le cabaretier, au début du XIXème siècle en France, est un établissement autorisé à servir du vin au verre ainsi que des repas. Ces lieux évoluant, « le cabaretier devint au fil du temps le propriétaire d’un cabaret où se réunissaient les poètes, et les gens d’esprit« . [6] En 1789, Haguenau compte 4600 âmes [7], surement un peu plus 20 ans plus tard, mais on parle néanmoins d’une bourgade. Dans un si petit village, 2 Clauss sont forcément liés, mais je dois admettre que je n’ai pas réussi à en établir le lien grâce à un acte d’Etat Civil, ceci ne reste donc qu’une supposition, mais, je l’ai déjà dit et je le répète: en généalogie, je ne crois pas au coïncidences.
Sébastien Clauss prendra pour épouse Elisabeth Huttin. Je n’ai pas retrouvé leur acte de mariage mais les actes de décès de Sébastien, Cécile et Fanny Clauss l’établissent de manière indiscutable. Elisabeth Huttin nait le 2 mars 1813 à Calmoutier et est l’aînée de 2 frères: Georges, né en 1814 et Claude, né en 1815. Deux frères et une sœur n’ayant chacun qu’un an d’écart, sans doute très proches et que, pour 2 d’entre eux, le destin va mener à Paris.

L’an 1813, le 2 mars par devant nous Gabriel Bruleport, Maire et officier de l’Etat Civil de la commune de Calmoutier, canton de Noroy, département de la Haute-Saône, est comparu le Sieur Vincent Huttin, âgé de vingt [neuf] ans, percepteur de la commune de Calmoutier, domicilié […] qui nous a présenté un enfant du sexe féminin, née ce jour à 9h du matin de lui déclarant et de Jeanne Boulangier, son épouse et auquel il a déclaré vouloir lui donner le nom et prénom de Elisabeth Huttin, les dites déclarations et présentation faites en présence d’Antoine Genlit, âgé de 32 ans, et de François Bruleport, âgé de quarante cinq ans, les 2 laboureurs demeurant à Calmoutier et père et témoins signés avec nous le présent acte de naissance après qu’il leur en a été fait lecture.
Extrait de naissance d’Elisabeth Huttin, source: Archives de Calmoutier
Comme on le verra dans les actes de naissance des frères d’Elisabeth Huttin, il semble que le percepteur de Calmoutier ne soit pas très entouré. Pour Elisabeth, ce sont 2 laboureurs, dont l’un porte le même patronyme que le maire, qui sont les témoins. C’est frappant car, pour en lire des quantités importantes, les témoins sur les actes d’Etat Civil sont presque systématiquement des proches des familles. Ici, cela paraît décousu. Pour Georges un cordonnier de Vesoul et l’instituteur de Calmoutier (déjà plus vraisemblable). Un mélange de classes sociales qui ne se fréquentent pas et, en dehors d’Antoine Genlit, une population de témoins hétéroclites en l’espace de 3 ans et 3 naissances.

L’an 1814, le 1er avril par devant nous, Gabriel Bruleport maire et officier d’Etat Civil de la commune de Calmoutier, canton de Noroy, département de la Haute-Saône, est comparu Vincent Huttin âgé de 31 ans, percepteur, demeurant à Calmoutier lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin, né ce présent jour à 9h du matin, de lui, déclarant, et de Jeanne Boulangier, son épouse, et auquel il a déclaré vouloir donner les noms et prénoms de Georges Huttin. Les dites déclarations et présentations faites en présence de Georges Minery, âgé de 21 ans, demeurant à Vesoul, cordonnier et de Vincent Besson, âgé de 37 ans, instituteur, demeurant à Calmoutier et ont, le père et les témoins, signés avec nous le présent acte de naissance après que lecture leur en a été faite.
Acte de naissance de Georges Huttin, Archives de Calmoutier

L’an 1815, le 17 avril par devant nous Gabriel Bruleport adjoint et officier de l’Etat Civil de la commune de Calmoutier, canton de Noroy [?] département de la Haute-Saône, est comparu le Sieur Vincent Huttin, âgé de 34 ans, percepteur demeurant à Calmoutier, lequel nous a présenté un enfant de sexe masculin né le présent jour à 6h du matin de lui, déclarant, et de Jeanne Boulangier son épouse, et auquel il a déclaré vouloir lui donner les noms et prénoms de Claude Huttin. Les dites déclarations et présentations faites en présence d’Antoine Genlit, âgé de 34 ans et de […]
Acte de naissance de Claude Huttin, Archives de Calmoutier.
Retournons à présent à Paris car je n’ai pas retrouvé les actes de naissance des filles Clauss, supposément nées à Besançon, d’après les actes de décès de 2 d’entre elles. A force de travail et de concert, les performances s’améliorent et 1861 sera l’année de la consécration pour le quatuor des Clauss.
Dans La Presse Littéraire du 5 Février 1861 [8], le ton est désormais plus élogieux.

Nous entrons dans la saison des concerts. Jeudi 24 [janvier 1860], une foule nombreuse et élégante se pressait dans les salons de MM. Pleyel et Wolff et venaient applaudir le talent, très-réel déjà, de toutes jeunes musiciennes, les quatre sœurs Clauss. Ces charmantes et très intéressantes jeunes artistes, sont l’ainée peut avoir dix-sept ans et la plus jeune douze, se jouent des difficultés les plus ardues et exécutent avec un brio et un sentiment qui font honneur à leur père, l’un de nos meilleurs professeurs, les morceaux les plus brillants et les plus compliqués. L’ainée, Melle Marie Clauss, pianiste habile, chante aussi avec goût et possède une voix qui va à l’âme. Elle a produit beaucoup d’effet dans le grand air de l’Orphée de Glück. Le violon est l’instrument de deux d’entre elles, qui promettent de se montrer les dignes émules des Milanollo et des Ferni. La quatrième joue du violoncelle avec une perfection, une assurance qui ont lieu de surprendre chez une enfant aussi jeune. Le public, ému et ravi d’un bout à l’autre du concert, a prodigué à ces jeunes virtuoses des applaudissements qui ont dû leur paraître bien doux.
A. Holet
Je n’ai pas réussi à savoir ou Sébastien Clauss enseignait et quelle discipline exactement. Il n’était pas professeur au Conservatoire. Peut-être exerçait-il en indépendant? Par ailleurs, rectifions les libertés prises avec la réalité, Cécile Clauss a 17 ans en 1860. Quant à Jenny dont j’ai retrouvé un extrait d’acte de naissance, elle en a 16.

Mention de l’acte de naissance de Jenny Clausz (nouvelle othographe) le 26 octobre 1843, Archives de Besançon.
Fanny, la plus jeune, a 14 ans. Ci-dessous on peut apprécier les dates de naissance réelles des sœurs Clauss dans les registres du Conservatoire de Musique de Paris [9]. Elles y sont citées toutes les 3 pour avoir reçu un prix ou une distinction lors des examens annuels.

Clauss (Cécile), née à Besançon, 3 mars 1842. Violoncelle: 3ème accessit. 1860. Assassinée à Paris, 28 décembre 1861. Clauss (Jenny), née à Besançon, 24 novembre 1843. Violon: 2ème accessit 1862. Clauss (Fanny-Françoise-Charles), née à Besançon, 25 juillet 1846. Violon: 1er accessit 1863. A épousé M. Prins, décédée à Paris en mai 1877.
La première chose que je trouve intéressante à la lecture de cet article, c’est la comparaison avec les sœurs Milanollo, de petits prodiges qui, au moment de la parution de l’article ont le double de leur âge mais qui ont commencé également très jeunes. Theresa, donne ses premiers concerts en Europe à l’âge de 11 ans et est rejoint par sa sœur Maria-Margherita pour former un duo.

Les 2 sœurs Milanollo se produiront ensemble jusqu’au décès de la plus jeune, emportée par la tuberculose à 16 ans, en 1848. Theresa continuera sa carrière en solo et composera quelques œuvres pour le violon. Sa carrière publique se termine lors de son mariage en 1857, soit 3 ans avant la rédaction de l’article de Holtz sur le concert des sœurs Clauss aux salons Pleyel & Wolff. Sœurs qui sont toutes pubères au moment de l’événements. Dans les articles de Silke Wenzel sur les sœurs Clauss [10], y figure une photo qui m’a saisi tant on voit qu’on a déjà affaire à des jeunes femmes et non à des enfants.
Ci-contre, les sœurs Teresa et Maria-Margherita Milanollo, lithographie exécuté par Marie-Alexandre Alophe, célèbre portraitiste de musiciens, en 1841.

Sur la photo ci-contre [11], on découvre les 4 sœurs Clauss entre 1860 et 1861. Nous reconnaissons Cécile Clauss et son violoncelle, puis Marie (pianiste / chanteuse), Jenny (violoniste) et la plus jeune Fanny (violoniste), dans un ordre sur lequel je n’oserais me prononcer. Fanny sera la seule à faire une carrière musicale dans plusieurs quatuors féminins jusqu’à son mariage avec le peintre impressionniste Pierre Pins; mais c’est Edouard Manet qui immortalisera Fanny Clauss 2 fois en faisant tout d’abord son portrait, puis dans sa toile Le Balcon ou elle apparait à droite du peintre sous des traits quasi spectraux. Elle décèdera jeune en 1877, à l’âge de seulement 30 ans.


Du lundi seize avril mille huit cent soixante dix-sept, à trois heure et demi du soir, acte de décès […] de Fanny Charles Claus, âgée de 30 ans, sans profession, née à Besançon (Doubs), décédée ce jourd’hui à huit heure du matin au domicile conjugal, quai Napoléon, N°13; mariée à Ernest Pierre Prins, âgé de 38 ans, employé, fille de feu Sébastien Claus et de Elisabeth Hutin, la veuve, le présent acte dressé par nous Maire du quatorzième arrondissement de Paris, officier de l’Etat Civil, sur les déclarations du mari de la défunte et de Jules Huzouard, âgé de cinquante quatre ans, garçon de bureau, Place Baudoyer, N°2, qui ont signé avec nous après lecture.
Acte de décès de Fanny Clauss. Source: Archives de Paris

Ci-contre, la toile d’Edouard Manet le Balcon (1869). Voilà donc notre Fanny Clauss décédée sans les honneurs. Dans cet acte de décès surréaliste, elle est reléguée au rang d’épouse sans profession, elle qui a été concertiste, compositrice, Première de quatuors et « enfant prodige ». Il ne resterait donc rien de tout cela post mortem? Même son mari, l’artiste peintre, est devenu « simple employé » sous la plume cruelle et ignorante de l’officier de l’Etat Civil. Quelle mascarade! J’ai aussi une pensée pour Elisabeth Huttin, demeurée veuve et qui a déjà enterré 2 de ses filles adultes. Dans son article sur Fanny Clauss, [12] Silke Wenzel appelle à effectuer une recherche de fond sur l’œuvre de Fanny Clauss qui a été complètement ignorée par l’histoire. Je me fais le relais de cet appel, tant il est vrai que nous avons besoin de réhabiliter nombre de musiciens et musiciennes dont le travail et l’héritage musical ont été trop vite perdus à la postérité. C’est la mission même de l’association Sebastian Lee et la raison qui me pousse aujourd’hui à partager cet humble billet avec vous, pour qu’on se souvienne des sœurs Clauss, de leur talent indéniable et de l’œuvre de Fanny Clauss, qui aura seule composé pour le violon.
Mais revenons à notre histoire. En 1860, l’année scolaire se termine et le Conservatoire de Musique de Paris publie les résultats de ses concours. Cécile Clauss obtient un 3ème accessit pour sa performance au violoncelle

Violoncelle: 1er prix, à l’unanimité, M. Hernoud, élève de M. Franchomme; 2ème prix, M. Rabaud, élève du même; 1er accessit, à l’unanimité, M. Loys, élève du même. Pas de second accessit. 3ème accessit, Melle Clauss, élève de M.Chevillard. [13]
En lisant cet article, je peux palper la déception qu’a dû ressentir Cécile Clauss. Pas de 2ème accessit. 3ème accessit, c’est une distinction que personne ne souhaite. Pas de prix. Je me rappelle de la frustration exprimée par Hector Berlioz qui a raté son 1er prix tant convoité à 3 reprises et qui en était à chaque fois fou de rage, persuadé d’être persécuté par Luigi Cherubini, le directeur du Conservatoire, auquel il vouait une haine quasi viscérale. [14] Quand on est pas passé par le Conservatoire, on a peine à imaginer ce qu’un prix représente et le désir que suscite l’obtention de ce prix aux yeux des élèves musiciens. Pour autant, certaines personnes rafleront tous les prix et ne feront jamais carrière dans la musique, quand d’autres n’en obtiendront aucun et deviendront néanmoins des musiciens et musiciennes célébré.e.s longtemps après leur mort. Peu importe la réalité des carrières musicales: un prix est un prix, et obtenir un prix du conservatoire, surtout le sacro-saint ‘Premier Prix’, c’est la consécration, le couronnement suprême. L’œuvre du concours en cette année 1860 est particulièrement intéressante car il s’agit du 1er mouvement du Concerto N°15 de Bernhard Romberg ou est-ce tout simplement le N°5 que l’on retrouve en 1867 et 1886? [15]

Quoi qu’il en soit, je pense que Cécile Clauss a été très déçue, et je n’ose même pas imaginer la réaction de son père, Sébastien Clauss, quand cela lui a été annoncé. Pire encore, il n’y aura jamais de prix dans la fratrie Clauss. Jenny Clauss obtiendra un 1er accessit au violon l’année suivante, ainsi que Fanny l’année d’après. Sébastien Clauss n’était alors plus là pour surement leur dire que ce n’était pas suffisant. On ne retrouve pas trace de Cécile Clauss en 1861, et sa performance pour la 1ère pièce du Concerto en la mineur de [Jacques Michel Hurel de] Lamare ne sera pas récompensée, si toutefois elle a retenté le concours. [15]

Un étrange article met en lumière la réelle curiosité des sœurs Clauss comme des sœurs Milanollo et ce qui suscite tant d’excitation de la part de la presse en général pour ce type de performance. Et, n’en déplaise à Sébastien Clauss, ce n’est pas grâce à lui. [16]

Le concours de violon n’avait pas eu jusqu’ici d’analogue par son ensemble et ses résultats: trois jeunes filles comparaissaient dans la lice où l’on ne voit ordinairement que des hommes, et de ces 3 jeunes filles, l’une âgée de 14 ans, Melle Boulay, a remporté seule un premier prix; l’autre âgée de quinze ans, Melle Castellan, a obtenu le second prix avec l’un des concurrents mâles, M. Weingaertner, qui ne compte pas moins de 18 printemps; tous les 3 sont élèves d[e Delphin] Alard. Déjà au concours de violoncelle une jeune fille du nom de Clauss, et dont les sœurs cultivent le violon, avait mérité un modeste accessit. Que signifie cette invasion féminine dans le royaume des instruments à cordes? Serait-ce que menacées de plus en plus dans celui du piano par la foule toujours grossissante des hommes, les femmes se réfugient sur le terrain que beaucoup de ceux-là délaissent? Il y a des exemples si séduisants! Le nom des Milanollo, celui des Ferni rayonne d’un éclat si vif! Ce qu’il y a de certain, c’est que Melle Boulay s’annonce comme une virtuose capable de disputer le sceptre du violon aux hommes qui ne demanderaient pas mieux que de le lui interdire en vertu d’une espèce de loi salique qui n’existe nulle part. Melle Boulay a déployé dans l’exécution d’un des beaux concertos de Viotti [NDLA cette année là le 22ème concerto, 1er morceau dont vous pouvez écouter l’interprétation par la remarquable et fort jeune Seo-Hyun Kim] [13] une vigueur, une élégance, une justesse, un style, qui l’ont mise hors de pair. On peut être fort bon violoniste et ne pas atteindre à ce niveau, parce que l’étude n’y suffit pas.
Revue & Gazette Musicale N°32 du 5 Août 1860
« Modeste accessit« . Goujat!
Le dernier concert des sœurs Clauss dont j’ai date a lieu le 25 avril 1861 à l’Institut des Jeunes Aveugles de Paris. Il est chroniqué de manière élogieuse par la Revue et Gazette Musicale de Paris. [17]

Le jeudi 25 avril, a eu lieu dans la belle salle des concerts de l’Institution impériale des jeunes aveugles, la cinquième assemblée générale des membres de la Société de placement et de secours en faveur des élèves sortis de cette institution. Dans le concert, qui a suivi le compte rendu, Melle Selles a dit d’une façon très-touchante les adieux de Marie-Stuart, une scène de Léopold Amat et le Bon Curé, jolie chansonnette de Boulanger. Trois sœurs, Melles Cécile, Jenny et Fanny Clauss, deux violonistes et une violoncelliste, ont tour à tour charmé le public par leur talent précoce. Melles Pauline et Clémentine Mental, ont fait aussi le plus grand plaisir, en exécutant un duo pour deux pianos sur Norma, par Thalberg. Enfin, chaque partie de ce concert était close par des chansonnettes comiques que M. Lincelle a dites avec l’esprit, l’entrain, l’humour que tout le monde lui connait.

Concert dans la grande salle de l’Institut National des Jeunes Aveugles. Auteur inconnu.
Après, plus rien jusqu’au jour du 28 décembre 1861. Que c’est-il passé? Serait-ce que les filles voulaient cesser leur collaboration musicale d’avec le père? Le premier article de presse parait le lendemain, d’abord dans Le Siècle, puis dans La Presse littéraire le 31 décembre 1861. Je ne vais pas les republier ici car ce sont des tissus d’âneries dignes des pires articles de Voici. Dans la précipitation et pour faire du sensationnel, le journaliste n’a fait aucune recherche, il revient d’ailleurs sur ses dires quelques jours plus tard pour corriger ses erreurs et ce n’est que le 1er janvier 1862 que nous avons la version complète et définitive de ce qui s’est vraiment passé ce jour là.[18]

Nous revenons sur l’événement tragique de la rue de la Fidélité de nouveaux détails qui rectifient et complètent notre premier récit. La dame Clauss [NDLR Elisabeth Huttin] habitait depuis peu de temps avec ses trois jeunes filles, un petit logement situé au 2ème étage de la maison N°5, rue de la Fidélité; elle y était venue à la suite d’une demande en séparation de corps intentée contre son mari, à raison des sévices graves auxquels l’exposait sans cesse le caractère jaloux et bizarre de celui-ci. le Sieur [Sébastien] Clauss, artiste musicien au théâtre du Vaudeville, se montra fort irrité de cette séparation, et, ne pouvant vaincre les refus persistants de sa femme, avait proféré contre elle et ses filles des menaces de mort. Il y a quelques jours, ayant obtenu du tribunal la permission de voir ses enfants, il avait tiré de sa deux pistolets en disant: Voici 2 bébés qui feront leur jeu quand le moment sera venu! Avant hier, il se présenta de nouveau au domicile de sa femme, qui venait de sortir avec sa plus jeune fille [Fanny], âgée de 14 ans. Les 2 autres, effrayées de la visite de leur père, ne lui ouvrirent point; mais il revint une heure plus tard, et les jeunes filles, croyant cette fois que c’était leur oncle [NDLR Claude Huttin] qui frappait, s’empressèrent d’ouvrir la porte. Presqu’au même instant arriva son beau-frère [NDLR Claude Huttin], qui lui adressa des remontrances sur sa conduite, et lui reprocha les menaces qu’il avait proférées. C’est alors que le Sieur [Sébastien] Clauss, tirant tout à coup de sa poche un couteau-poignard tout ouvert, en frappa son beau-frère de 2 coups au ventre et à l’épaule; puis tournant sa fureur contre ses filles, il frappa la jeune Jenny d’un coup de son arme dans le sein, et la plus âgée [NDLR Cécile, qui n’est pas la plus âgée, c’est Marie qui n’était pas là] de 6 coups au bras droit et dans la région du cœur. Les 2 pauvres victimes tombèrent l’une sur l’autre sans connaissance. Un facteur qui montait l’escalier se précipita dans le logement d’où les cris étaient partis, et, au moment où il allait saisir l’assassin, celui-ci se fit justice en se déchargeant un pistolet dans la poitrine. Le commissaire de police arriva peu après cette scène terrible, accompagné du docteur Maugeis, qui donna ses soins aux victimes. Malheureusement, l’aînée des filles [NDLR Cécile, qui n’est pas l’aînée], âgée de vingt ans [NDLR elle en a seulement 19 au moment des faits], a succombé au bout de quelques instants; mais on espère sauver la plus jeune. Quant à leur oncle [NDLR Claude Huttin], il a été transporté à l’hôpital Beaujon, où son état inspire de graves inquiétudes.
Article paru dans je journal Le Siècle du 1er janvier 1861 [15]
Un fou furieux. Cécile Clauss meurt sur le coup ainsi que Sébastien Clauss de sa propre main. On retrouve leurs actes de décès côte-à-côte aux Archives de Paris.

4472 [Sébastien] Clauss: L’an 1861, le 30 décembre, 3h, acte de décès constaté suivant la loi de Sébastien Clauss, décédé l’avant-veille à quatre heure et demi du soir, rue de la Fidélité N°5, âgé de 54 ans, professeur de musique né à Haguenau (Bas Rhin), demeurant à paris, rue de Belfond N°12, noms des père et mère ignorés [il s’agit d’André Claus et Madeleine Munsch] époux de Elisa Huttin, âgée de 48 ans, sans profession, domiciliée rue de la Fidélité N°5, sur la déclaration faite à nous, officier de l’Etat Civil du 10ème arrondissement de Paris par Joseph-Marie Boulangier, âgé de 28 ans [NDLR peut-être un relatif d’Elisabeth et Claude Huttin car ‘Boulangier’ est le nom de jeune fille de leur mère, Jeanne Boulangier], employé demeurant rue St Denis N°365, et Pierre Laboissière, âgé de 49 ans, meunier, demeurant rue Labat N°32 qui ont signé avec nous après lecture.
4473 [Cécile] Clauss: L’an 1861 le 30 décembre huit heures, acte de décès constaté suivant la loi de Cécile Clauss, décédée l’avant-veille à quatre heure et demi du soir, rue de la Fidélité N°5, et demeurant avec sa mère, âgée de 19 ans, née à Besançon (Doubs), célibataire, fille de Sébastien Clauss, âgé de 54 ans, demeurant rue Belfond N°12, et de Elisa Huttin âgée de 44 ans, sans profession, demeurant rue de la Fidélité N°5, sur la déclaration faite à nous, officier de l’Etat Civil du 10ème arrondissement de Paris, par Joseph Marie Boulangier, employé, demeurant rue St denis N°365 et Pierre Laboissière, meunuisier, demeurant rue Labat N°32 qui ont signé avec nous après lecture.
Claude Huttin décèdera quelques jours plus tard à l’hôpital Beaujon ou il avait été emmené après l’attaque. On retrouve son acte de décès daté du 14 janvier 1862.

Du 1′ janvier 1862 à midi et demi. Acte de décès de Claude Huttin, boulanger âgé de quarante sept ans, marié à Victorine Belliard, fils de [?] domicile des père et mère ignoré des déclarants, le dit défunt né à Calmoutier (Haute-Saône) demeurant à Paris, rue Delaborde N°50 et décédé rue du Faubourg St Honoré N°208 (NDLR adresse de l’hôpital Beaujon] hier à deux heures du soir, constaté par nous, maire du 8ème arrondissement de Paris (Elysée) Officier de l’Etat Civil sur la déclaration de Etienne Barbier, concierge, âgé de 42 ans, et de Nicolas François Bussy, employé, âgé de 60 ans, demeurant tout 2 rue du Faubourg St Honoré, N°208, lesquels ont signé avec nous après lecture.
Claude Huttin, boulanger. Un étrange « aptonyme » si l’on considère le nom de jeune fille de sa mère, Jeanne Boulangier. Ce frère chéri d’Elisabeth, qui avait dû faire son possible pour la sortir de son mariage violent, était marié à Victorine Belliard avec qui il avait eu au moins 2 enfants que j’ai retrouvé: une fille et un garçon. Je ne vais transcrire qu’un seul des 2 actes de naissance retrouvés des enfants de Claude et Victorine car il parle de lui-même de la relation qu’avait Claude avec sa sœur Elisabeth. C’est le frère de cette petite fille, Eugène-Paul Huttin, né le 4 mars 1857 et qui en 1873, à 16 ans, est déjà devenu peintre en bâtiment, demandera le rétablissement de l’acte de naissance de sa sœur après l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris pendant La Commune ou beaucoup d’actes ont été perdus.
Acte de naissance. L’an 1851, le 5 décembre, est née à Paris sur le 5ème arrondissement, Elisa Barbe Huttin, de sexe féminin. Fille de Claude Huttin et de Victorine Belliard, son épouse, demeurant à Paris. Le rétablissement de cet acte de naissance a été demandé par M. Huttin, profession; peintre en bâtiment, rue du Caire N°42, parenté frère de l’enfant. Paris, le 30 janvier 1873.
Au moment du décès de ce bon Claude Huttin, ses enfants ont respectivement 10 et pas encore 4 ans.; et il en coûte une veuve de plus. Je n’ai pas trouvé de remariage de Victorine Belliard sur Paris.
Et ce cher Sebastian Lee, dans tout ça? Lui qui prêtera son talent au concert bénéfice pour ce qu’il reste de la famille Clauss, quel est son lien dans l’affaire? Et bien je pense qu’il était, si ce n’est intime, très familier de la famille Clauss et des filles en particulier. Tout d’abord il est ami avec Charles Dancla, leur professeur de violon. Ils ont joué quantité de fois ensemble. En outre, Sebastian Lee a forcément un attachement tout particulier pour les sœurs Clauss, et surtout Cécile, même si elle n’est pas son élève, parce-qu’il a eu un jeune frère à Hambourg, 30 ans plus tôt, Louis Lee, qui était lui-même considéré enfant prodige. Consacré par la presse dès 1834 (Louis a 12 ans).

Enfant-prodige, Louis Lee de Hambourg, jeune violoncelliste, âgé de douze ans, fait fureur dans sa ville natale. Le petit Vieux-Temps vient de faire les délices de Vienne, et les frères Eichora excitent partout des transports d’enthousiasme. [19]
En outre, Cécile Clauss a seulement 6 ans d’écart avec le fils de Sebastian Lee, Edouard, qui est également violoncelliste. Ils se connaissaient forcément et se fréquentaient même peut-être, dans ce tout petit monde qu’est celui des violoncellistes de carrière dans le Paris du XIXème siècle. En tout cas, ce qui a dû être un vrai coup de poignard pour Sebastian Lee, c’est qu’au moment du drame du 28 décembre 1861, il venait de perdre son fils 5 jours plus tôt. C’est la Revue et Gazette Musicale de décembre 1861 qui l’annonce. [20] Les 2 événements ne sont pas liés, mais perdre un fils à l’âge de 26 ans est déjà une des épreuves les plus difficiles qui soient. On ne connait pas encore les circonstances de ce décès qui n’est probablement pas arrivé à Paris, sinon j’aurais retrouvé l’acte de décès. Cependant, même si Edouard est décédé d’une mort « naturelle » (par exemple d’une tuberculose ou une pneumonie comme cela arrivait souvent à cette époque là), son père a forcément été doublement impacté par le décès prématuré et si rapproché de Cécile Clauss, jeune violoncelliste promise à un bel avenir, de la main de son père, qui, accessoirement portait le même prénom que lui. Quand j’ai réalisé la synchronicité des 2 événements, je me suis dit que le drame des Clauss avait dû être une souffrance supplémentaire au pire moment dans la vie de Sebastian Lee.

Il participe à ce concert au bénéfice des filles Clauss, probablement du plus profond de son cœur et c’est sans doute aussi en pensant à son fils Edouard qu’il jouera ce jour-là.
Ce drame familiale nous rappelle, s’il était besoin, que la violence au sein des familles n’est pas chose nouvelle et que, contrairement au célèbre adage, la musique ne suffit pas toujours à adoucir les mœurs. Rappelons également que selon les chiffres actuels du gouvernement, un enfant meurt sous les coups de ses parents toutes les semaines [21] Mais cette histoire questionne aussi la fascination sociétale pour les enfants prodiges et son corollaire, à savoir ces parents abusifs qui contraignent leur progéniture à des entrainements intensifs pour satisfaire leur propre besoin de reconnaissance ou réaliser des désirs de gloire, réussite sociale ou carrière musicale qu’ils font porter à leurs enfants de gré ou de force. A cet égard, je trouve que Sébastien Clauss est l’antithèse de Sebastian Lee, en ce sens que le premier imposait ses choix par la contrainte et la violence quand le second, pédagogue avisé, développait des potentiels et cultivait des amitiés avec ses élèves, allant jusqu’à leur dédier des opus (N°50 « Réminiscences de l’opéra du Val d’Andorre » son élève et ami Emile Colliau, N°87 « Souvenir de Bellini » à son élève Alfred Rousse ainsi que ses duos 36 à 40 dédiés à ses élèves). Là ou Sébastien Clauss est décrit comme ayant un caractère « bizarre et jaloux » par l’article du Siècle, Georges Kastner parle de « l’extrême modestie » de Sebastian Lee dans son article de la Revue et Gazette Musicale de 1842.[22] Et quid de ces comètes musicales féminines que l’Histoire a déjà oublié? Promettons ici de poursuivre le travail de mémoire et de sauvetage des héritages musicaux en péril, à la mémoire de la famille Clauss, de la famille Huttin, et bien sûr, d’Edouard et Sebastian Lee.
Notes
[1] Le Ménestrel, 19 janvier 1862. Source: Gallica / BnF [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56141877 mars 2024]
[2] Le Ménestrel du 31 janvier 1858; Gallica / BnF [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56167000 mars 2024]
[3] Die Neue Zeitschrift für Musik, 1857, Vol. 2, p. 2. Source: Silke Wenzel dans MUGI, article sur Cécile Clausse. [URL: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000153 mars 2024]
[4] Archives d’Alsace [URL: https://archives.bas-rhin.fr/registres-paroissiaux-et-documents-d-etat-civil/ETAT-CIVIL-C335#ETAT-CIVIL-C335-P2-R204030 mars 2024]
[5] Article « Les veuves dans la ville en France au XIXème siècle: image, rôle et types sociaux » de Jean-Paul Barrière, Open Edition Journal, 2007 [URL: https://journals.openedition.org/abpo/438#:~:text=16O%C3%B9%20se%20trouve%20la,ni%20assister%20au%20service%20fun%C3%A9raire.]
[6] Voir la page Cabaretier de Wikipedia [URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabaretier mars 2024]
[7] voir la page Haguenau de Wikipedia [URL: https://fr.wikipedia.org/wiki/Haguenau]
[8] La Presse Littéraire du 5 février 1860, Gallica BnF [URL:https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5830733j mars 2024]
[9] Dictionnaire des lauréats du conservatoire de musique de Paris, p722 source : Gallica [BnF]
[10] Sœurs Clauss par Silke Wenzel sur MUGI [URL: https://mugi.hfmt-hamburg.de/servlets/solr/select?q=%2Bname_all%3AClauss+%2BobjectType%3Aperson+%2Bcategory%3Amugi_class_00000008%5C%3Astate000+%2Bmugi.article_is_published%3A%221%22&fl=*&sort=name_main_sort+asc&rows=10&version=4.5&mask=content%2Fsearch%2Fnamenssuche.xed Mars 2024]
[11] Photo tirée de l’ouvrage de Pierre Prins (le fils) « Pierre Prins et l’époque impressionniste : sa vie, son œuvre (1838-1913) ». Paris : Floury, 1949, p.25.
[12] Fanny Clauss par Silke Wenzel, MUGI, 2010 [URL: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000154 mars 2024]
[13] Revue et Gazette Musicale du 28 juillet 1860 [URL: https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&lr&pg=PA267#v=snippet&q=Clauss&f=false mars 2024]
[14] Mémoires, Hector Berlioz, Calmann-Levy éditeurs, 1878, à lire sur Gallica, BnF [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36210w]
[15] Le conservatoire de musique et déclamation, recueil de documents administratifs, BnF Gallica [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9752046h mars 2024]
[16] Revue & Gazette Musicale N°32 du 5 Août 1860 [URL: https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&pg=PA275#v=snippet&q=Clauss&f=false mars 2024]
[17] Nouvelles de la revue et Gazette Musicale du 5 mai 1861 [URL: https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=cYOAye8H_SQC&q=Clauss#v=snippet&q=Clauss&f=false mars 2024]
[18] Le Siècle du 1er janvier 1862 p3 [URL: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k727517c/f3.item.zoom mars 2024]
[19] Revue et Gazette musicale de Paris, 1834 p456 [URL https://books.google.fr/books? id=sr5CAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false mars 2024]
[20] Source: Revue et Gazette Musicale, décembre 1861 [URL https://archive.org/details/revueetgazettemu1861pari/page/413/mode/1up?view=theater mars 2024]
[21] Plan de lutte contre les violences faires aux enfants 2024-2027, Ministère du travail, de la santé et des solidarités [URL: https://enfance.gouv.fr/plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-enfants mars 2024]
[22] Revue & Gazette Musicale de Paris N°31 dimanche 18 décembre 1842 [URL https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=A79CAAAAcAAJ&q=L%C3%A9e#v=snippet&q=Lee&f=false mars 2024]
Merci

Banner image (above): Illustration of a scene of domestic violence by George Cruikshank, 1847.
Sebastian Lee against domestic violence: A prayer for cellist Cécile Clauss, her sisters and their uncle, Claude Huttin
4 April 2024 / sebastianleemusic
By Pascale Girard/Translated by Sheri Heldstab
On January 19, 1862, Le Ménestrel [1] announced a concert for the benefit of the Clauss family. Among the musicians who participated, Sebastian Lee is mentioned, along with his friend Charles Dancla, who taught violin to two of the Clauss daughters, Fanny and Jenny. This was a charity event for a family who experienced “an intimate tragedy”, as the newspaper described it — one which hides a horrific story. This terrible drama will touch Sebastian Lee’s heart at a pivotal period in his life. In this post, I intend to retrace the journey of the Clauss family up until December 28, 1861, the date of the tragedy, including the media coverage of the event, as well as the entanglements between the Clauss and Lee families.

Le Ménestrel, 19 January 1862 [1]
[Approximate Translation: Next Wednesday, January 22, a musical evening will be given in the Pleyel salons for the benefit of the Clauss family, victims of an intimate tragedy, for which the newspapers have recently given us a moving account. Misters Théodore Ritter, Charles Dancla, S.Lee, E. Altès, Boulard, and Mr. and Mrs. Léopold Dancla will participate in this charity concert.]
The Clauss family arrived in Paris in November 1857, according to the journal Le Ménestrel [2] whose article below describes one of the very first public performances of the Clauss sisters in the capital.

Le Ménestrel, 31 January 1858 [2]
[Approximate Translation: This week we attended a musical performance which had two points of interest. The gracious mistress of the house, Mme Du F***, had brought together, on rue de la Madeleine, numerous people in her brilliant salons1, and there we thoroughly enjoyed the performance of several quartets performed by four young sisters, under the direction of their father, Mr. Clauss, who arrived in Paris three months ago. This miniature orchestra consisted of: the first violin, who is thirteen years old, the second ones, who are eleven and eight years old, and the cellist who is not taller than the first peg of her instrument. All this is delighting, and we know that several salons are preparing to imitate Madame du F***. From an artistic point of view, it is already good; as a curiosity2, it is simply miraculous.”]
If the article describes the evening kindly, emphasizing the exceptional act of seeing pieces of difficult music performed by such young people, not everyone in attendance agreed, and the opinion of others is less enthusiastic. The article from Silke Wenzel, Doctor of musicology, who first informed me of the matter thanks to his excellent research, quotes a brief extract from the Neue Magazin für Musik in 1857, a year earlier, about one of these concerts in Geneva:
“The four girls, aged 8 to 14, play Haydn quartets and also quintets in which the father directs these ‘child prodigies’. For us, who are the sworn enemies of every prodigy, what an embarrassing impression to see and hear the four girls staggering and moaning, and finally curiosity2 is the only thing we can mention […]. The cellist seems to have the most talent of the four, but her talent is just as uneducated as that of her three colleagues and her father.” [3]
This article, if it was read by Mr. Clauss, was probably a bitter pill to swallow because he seems to be seeking fame above all else. Sébastien Clauss was born in Haguenau3 on 18 January 1808. His father was a fisherman who was already quite old at the time of the birth of his son.

Record of Birth of Sébastien Claus [4]
[Approximate Translation: In the year 1808, on January 20 at noon, before us, Mayor and Civil Registrar of the town of Hagueneau, Department of Bas-Rhin, canton and municipality of Hagueneau, appeared André Claus, aged sixty-five years , Fisherman, living in Hagueneau, who presented us with a male child, born on the 18th of January 1808 at six p.m., to him [André Claus], the declarant, and to Madeleine Munsch, his wife, to whom he declared that he wanted to give the name Sébastien. The said presentations and declarations made in the presence of Valentin Kielz, aged 31, laborer, and Frédéric Murth, aged 34, shoemaker, living in Hagueneau, and have, the declarant and the mayor, signed this act with us after it was read to them.]
Aside from the changing Alsatian surname, which we find spelled as “Claus” or “Clauss”, depending on the administrative papers, what this birth certificate tells us is that Sébastien Clauss is of modest origin. I have only been able to find one older sister named Barbe, born on 25 Thermidor of the year XII4 (July or August of 1805). However, given the age of André Clauss, the father, it seems that Sébastien should have older siblings or half-siblings. Did André remarry? Had he lost his first wife and his other children? I could find nothing in the Alsatian registries further back in time, but if André lived elsewhere, I have not been able to find traces of him elsewhere. In any case, in 1808, he was 64 years old, a remarkably old age for the time! He died only 4 years after the birth of his son Sébastien.

Registry of Birth of Barbe Clauss. [4]
[Approximate Translation: In the year XIII of the Republic, on the 26th of the month of Thermidor, at 11 a.m., in front of us, Deputy Mayor, civil status officer of the town of Haguenau3, canton of Haguenau3, Department of Bas-Rhin, is appeared André Claus aged sixty-two, fisherman, residing in Haguenau, who presented us with a female child born on 25 Thermidor thirteenth year at seven o’clock in the evening of him, declaring and Magdeleine Munsch and to whom he declared wanting give the first name of Barbe. The said declaration and presentation made in the presence of Charles Burtz, aged 31, carpenter, and George Hübel, aged sixty, carpenter, both living in Haguenau. The father and all witnesses signed this birth certificate with us after it was read to them.]
I wondered where André Clauss could fish in Alsace. Maybe it was in la Moder which crossed the town of Haguenau at that time. Unlike sailors who fish at sea, he did not have to be away for long weeks to bring back fish, however his presence in Sébastien’s life was still short-lived. Very early in Sébastien Clauss’s young life, the deaths of family members followed one after the other. First his father in 1812, then his sister Barbe died at the age of 15 on June 2, 1820. When his father died, Sébastien was only 4 years old; then he found himself, at twelve years old, alone with his mother, and probably in dire financial straits. The fate of widows and single parents at the time was generally not a happy one and these losses which struck the family would have had major repercussions in the life of young Sébastien. An elucidating article by Jean-Paul Barrière explores the status of female widowhood in the 19th century. [5] It describes the three stereotypes of the social perception of widows: the “Holy Widow”, the ‘victim to be rescued’, and the ‘loose morals’ widow. These stereotypes cast widows into either “good” or “bad” and suggest that, after losing one’s husband in 19th century France, one is either sacrificial, eternally weeping and dominated, or a prostitute. Maybe it is a bit of all of that at once? One still must survive and raise children, and I have not found any traces of a second marriage for Madeleine Munsch in Haguenau after the death of André Clauss.

Death Certificate for André Claus [4]
[Approximate Translation: André Claus, born 13 December [1746] Declaration of death made in the common house of Haguenau, department of Bas-Rhin, in front of the civil registrar, at [9?] o’clock in the morning, on 14 December 1812. First and last name of the deceased: André Claus, aged sixty-seven years old, born in Kaltenhouse, profession or quality of fisherman, lived in Haguenau house located at No. 9, red quarter (civil hospital) on the 13th of the current month at seven o’clock in the evening. Husband of Madeleine Munsch.]
There is a person who caught my attention during my genealogical research: Antoine Clauss was an innkeeper who had two twins almost the same age as Sébastien Clauss. I wondered if Antoine Clauss taught André Clauss music. In such diminished family circumstances, who would have taught him without payment? Whatever the case may be, Antoine died on 1 October 1816, when Sébastien was only 8 years old.

Registry of Birth for Antoine Clauss’ twins. [4]
[Approximate Translation: In the year 1806, on February 24 at nine o’clock in the morning, before us, Mayor of the Civil Registrar of the town of Haguenau, department of Bas-Rhin, canton and municipality of Haguenau, appeared before us Antoine Clauss, aged 44 years old, innkeeper, living in Haguenau, who presented us with two male children born on February 24, 1806 at 2 a.m. of their declarant and of Lady Barbe Friess his wife, to whom he declared that he wanted to give the first names […] Mathias [and] Joseph. The said presentations and declarations signed in the presence of Louis Koessler, aged 32, bookseller, and Jacques Mercklé, aged 55, architect living in Haguenau and read to the declarants and witnesses signed with us the present act after it was read.]
Antoine Clauss, whom I found several times in the archives, may have played an important role with the young Sébastien Clauss. Was he Sébastien’s uncle? He was old enough that he could have been André Clauss’s father. It seems that if André and Antoine were father and son (they are 20 years apart), or cousins, or brothers, their professional situations were very different. Antoine was a merchant and part of the middle class. That his witnesses to his twins’ births were a bookseller and an architect also shows that he lived in a much more privileged socio-economic environment than André, a simple fisherman at 64 years old, whose witnesses for Sébastien’s birth are a laborer and a shoemaker (for his daughter Barbe’s birth, his witnesses were two carpenters).
Another interesting fact, the cabaretier [innkeeper, Antoine’s listed occupation on his twins’ birth certificate], at the beginning of the 19th century in France, was an establishment authorized to serve wine by the glass as well as meals. “…the tavern owner became over time the owner of a cabaret where poets and witty people gathered.”. [6] In 1789, Haguenau had a population of 4,600 souls [7] — probably a little more than that 20 years later — but we are nevertheless talking about a town. In such a small village, two Clausses are almost certainly related, but I must admit that I have not succeeded in finding the link. While this link remains only a supposition on my part, I have said this before and I’ll say it again — in genealogy, I don’t believe in coincidences.
Sébastien Clauss married Elisabeth Huttin. I have not found their marriage certificate but the death certificates of Sébastien, Cécile, and Fanny Clauss are indisputable proof of their marriage. Elisabeth Huttin was born on March 2, 1813 in Calmoutier and had two younger brothers: Georges, born in 1814, and Claude, born in 1815. Two brothers and a sister, each only one year apart, probably very close to each other, two of whom are destined to go to Paris.

Birth certificate of Elisabeth Huttin, source: Archives de Calmoutier
[Approximate Translation: In the year 1813, on March 2, [appeared] before us, Gabriel Bruleport, Mayor and Civil Registrar of the commune of Calmoutier, canton of Noroy, department of Haute-Saône, Mr. Vincent Huttin, aged [29] years old, tax collector of the commune of Calmoutier, domiciled [?] who presented us with a female child, born today at 9 a.m. to him … and Jeanne Boulangier, his wife and to whom he declared wanting to give her the name [surname] and first name of Elisabeth Huttin, the said declarations and presentation made in the presence of Antoine Genlit, aged 32, and François Bruleport, aged forty five years, the two plowmen living in Calmoutier, and father and witnesses signed with us this birth certificate after it [was] read to them.]
As we will see in the birth certificates of Elisabeth Huttin’s brothers, it seems that their father, the tax collector of Calmoutier, was not well situated. For Elisabeth, two plowmen witness her birth, one of whom has the same surname as the mayor, and the other, Antoine Genlit, also a plowman, is also a witness on the birth certificate of Claude Huttin. Is Antoine Genlit the town clerk? This is striking because if one reads significant quantities of civil registries, one will notice that the witnesses on Civil Status documents are almost always relatives of the families. It is unusual for the witnesses to not be related. For Georges, the witnesses to his birth are a shoemaker from Vesoul and the teacher from Calmoutier. The witnesses seem to be a mixture of social classes who do not generally mix, and aside from Antoine Genlit, the witnesses for all three Huttin babies are similar in social class.

Birth certificate of Georges Huttin, Archives de Calmoutier
[Approximate Translation: In the year 1814, on April 1st before us, Gabriel Bruleport mayor and civil status officer of the commune of Calmoutier, canton of Noroy, department of Haute-Saône, appeared Vincent Huttin aged 31, tax collector, residing in Calmoutier who presented us with a male child, born this day at 9 a.m., to him … and to Jeanne Boulangier, his wife, and to whom he declared that he wanted to give the first and last names of Georges Huttin. The said declarations and presentations made in the presence of Georges Minery, aged 21, residing in Vesoul, shoemaker and Vincent Besson, aged 37, teacher, residing in Calmoutier and have, the father and the witnesses, signed with us on this birth certificate after it [was] read to them.]

Birth certificate of Claude Huttin, Archives de Calmoutier
[Approximate Translation: In the year 1815, on April 17, before us Gabriel Bruleport, deputy and civil status officer of the commune of Calmoutier, canton of Noroy, department of Haute-Saône, appeared Mr. Vincent Huttin, aged 34 years old, tax collector living in Calmoutier, who presented us with a male child born this day at 6 a.m. to him … and to Jeanne Boulangier, his wife, and to whom he declared that he wanted to give him the first and last names of Claude Huttin. The said declarations and presentations made in the presence of Antoine Genlit, aged 34 and …]
I have not found the birth certificates of the Clauss girls, supposedly born in Besançon, according to their death certificates. So let us now return to Paris. With work, their performances improve and 1861 will be the year of accolades for the Clauss quartet.
In La Presse Littéraire of February 5, 1861 [8], the reviews become more positive.

[Approximate Translation: We are entering concert season. Thursday 24 [January 1860], a large and elegant crowd thronged the salons of [Misters] Pleyel and Wolff and came to applaud the talent, already very real, of the very young musicians, the four Clauss sisters. These charming and very interesting young artists, the eldest perhaps 17 years old and the youngest 12 [years old], play with [effort and energy] and perform with a brilliance and a feeling which honors their father, one of our best teachers, the most brilliant and complicated pieces. The eldest, Miss Marie Clauss, a skilled pianist, also sings with taste and has a voice that [speaks] to the soul. She produced a lot of effect in the grand aria of Glück’s Orphée. [Two of them play] The violin [and show] promise to prove themselves worthy emulators of Milanollo and Ferni. The fourth plays the cello with a perfection and an assurance that is surprising in a child so young. The audience, moved and delighted throughout the concert, lavished applause on these young virtuosos which must have seemed very sweet to them.
A. Holet]
I was unable to find out where Sébastien Clauss taught or what exactly he was teaching. He was not a professor at the Music Conservatory. Perhaps he was self-employed?

Mention of the birth certificate of Jenny Clausz (new spelling) October 26, 1843, Archives de Besançon.
Fanny, the youngest, is 14 years old. Below we find the real dates of birth of three of the Clauss sisters in the registers of the Paris Conservatory of Music [9]. All three of them are listed for having received an award or distinction during their annual exams.

[Approximate Translation:
Clauss (Cécile), born in Besançon, 3 March 1842. Cello: 3rd accessit5 1860. Murdered in Paris, 28 Dec. 1861.
Clauss (Jenny), born in Besançon, 24 Nov. 1843. Violin: 2nd accessit5 1862.
Clauss (Fanny-Françoise-Charles), born in Besançon, 25 July 1846. Violin: 1st accessit5 1863. Married to Mr. Prins, died in Paris, May 1877.]
The first thing I find interesting when reading this article by A. Holet is the comparison with the Milanollo sisters, child prodigies who, at the time the article was published, were twice the age of the Clauss sisters, but who also started very young. Teresa Milanollo gave her first concerts in Europe at the age of 11 and later was joined by her sister Maria-Margherita to form a duo.

The sisters Teresa and Maria-Margherita Milanollo, lithograph by Marie-Alexandre Alophe, famous portraitist of musicians, in 1841.
The two Milanollo sisters performed together until the death of the youngest, who died of tuberculosis in 1848 at the age of 16. Teresa continued her solo career and composed several works for the violin. Her public career ended with her marriage in 1857, three years before the writing of A. Holtz’s article on the Clauss sisters’ concert at the Pleyel & Wolff salons — sisters who were all teenagers at the time of the events. In Silke Wenzel’s articles on the Clauss sisters [10], there is a photo that struck me as we see that we are already dealing with young women and not children.

In the photo above [11], we discover the four Clauss sisters between 1860 and 1861. We recognize Cécile Clauss and her cello, then Marie (pianist/singer), Jenny (violinist) and the youngest Fanny (violinist). Fanny would be the only one to have a musical career in several female quartets until her marriage to the impressionist painter Pierre Prins; but it was Edouard Manet who immortalized Fanny Clauss twice, firstly making her portrait, then in his painting “The Balcony” where she appears to the right of the painter with almost ethereal features. She died young in 1877, at the age of only 30.


Death Certificate of Fanny Clauss. Source: Archives de Paris
[Approximate Translation: From Monday the 16th of April 1877, at half past three in the evening [3:30 pm/15:30hrs], death certificate […] of Fanny Charles Claus, aged 30, without profession, born in Besançon (Doubs), died today at 8 a.m. at the marital home, quai Napoléon, No. 13; married to Ernest Pierre Prins, aged 38, employee, daughter of the late Sébastien Claus and Elisabeth Huttin, the widow, the present act drawn up by us Mayor of the fourteenth arrondissement [district] of Paris, civil status officer, on the declarations of husband of the deceased and of Jules Huzouard, aged fifty-four, office boy, Place Baudoyer, No. 2, who signed with us after reading.]

Opposite, Edouard Manet’s painting “The Balcony” (1869). So here is our Fanny Clauss who died with no significant publicity. In this surrealist act of death, she is relegated to the rank of wife without a profession, she who was a concert performer, composer, quartet first violin, and “child prodigy”. Did none of this have meaning after her death? Even her husband, the painter, became a simple “employee” under the cruel and ignorant pen of the Civil Registrar. What a joke! I also have sympathy for Elisabeth Huttin, who remained a widow and who had already buried two of her adult daughters. In an article about Fanny Clauss, [12] Silke Wenzel calls for in-depth research into the musical compositions of Fanny Clauss, which has been completely ignored by history. I am repeating this request, as we need to recover many works by musicians whose musical heritage was too quickly lost to history. This is the very mission of the Sebastian Lee association and the reason that pushes me today to share this humble post with you: let us remember the Clauss sisters’ undeniable talent, and the work of Fanny Clauss, who was the only one of the sisters who composed for the violin.
Back to our story… In 1860, the school year ended and the Paris Conservatory of Music published the results of its competitions. Cécile Clauss obtained a third accessit for her cello performance.

[Approximate Translation:
Cello: 1st prize, unanimously, Mr. Hernoud, student of Mr. Franchomme; 2nd prize, Mr. Rabaud, student of the same; 1st accessit, unanimously, Mr. Loys, student of the same. No second accessit. 3rd accessit, Ms. Clauss, student of Mr. Chevillard.] [13]
Reading this excerpt, I can feel the disappointment that Cécile Clauss must have felt. No second accessit at all. Third accessit is a distinction that no one wants. No award. I remember the frustration expressed by Hector Berlioz who missed his coveted first prize three times and who was enraged each time, convinced that he was being persecuted by Luigi Cherubini, the director of the Conservatory, to whom he had an almost visceral hatred. [14] When one has not been through a conservatory, it is difficult to imagine what an award represents and the desire that obtaining this award creates in the student musicians. However, some people will win all the awards and never make a career in music, while others will not win any awards and will, nevertheless, become celebrated musicians long after their death. The reality of musical careers doesn’t matter: an award is an award, and obtaining a conservatory award, especially the sacrosanct ‘First Prize’, is glorious, the supreme crowning achievement. The competition music in 1860 is particularly interesting because it was printed as the First movement of Concerto No. 15 by Bernhard Romberg — or is it Concerto No. 5, which is also listed in 1867 and 1886? [15] A list of all of Romberg’s cello concertos ends with Concerto No. 10.

Regardless, I think Cécile Clauss must have been very disappointed, and I can’t even imagine the reaction of her father, Sébastien Clauss, when he was informed of her placement in the competition. Worse still, none of the Clauss siblings ever won an award. Jenny Clauss obtained a first accessit on violin the following year, as did Fanny the year after that. Sébastien Clauss was no longer there to tell them that it was not enough. There is no trace of Cécile Clauss in 1861, and her performance for the first movement of the Concerto in A minor by [Jacques Michel Hurel de] Lamare was not awarded any distinction, assuming she entered the competition in that year. [15]

A strange article highlights the real curiosity of both the Clauss sisters and the Milanollo sisters and what arouses so much excitement from the press in general for this type of performance. And, no offense to Sébastien Clauss, it’s not thanks to him. [16]

Revue et Gazette Musicale de Paris No. 32, 5 August 1860.
[Approximate Translation: Until this point, the violin competition had been homogenous in terms of competitors, but now we see these results: three young girls appeared in the lists where we usually only see men, and of these three young girls, one Miss Boulay, age 14, won first prize; Miss Castellan, age 15, tied for second prize with one of the male competitors, Mr. Weingaertner, who is 18 years old — all three are students of d[e Delphin] Alard. In the cello competition, a young girl named Clauss, whose sisters perform on the violin, had earned a modest accessit. What does this female invasion into the realm of stringed instruments mean? Could it be that, threatened more and more in [the playing of] of the piano by the ever-growing crowd of men, women take refuge in the field that many of [the men] abandon? There are such attractive examples! The name of Milanollo, [and] that of Ferni shine with such vivid brilliance! What is certain is that Ms. Boulay promises to be a virtuoso capable of competing for the scepter of the violin with men who would ask nothing more than to forbid it under a kind of Salic law which does not exist anywhere. Ms. Boulay deployed in the execution of one of Viotti’s beautiful concertos a vigor, an elegance, an accuracy, a style, which put her beyond peer. You can be a very good violinist and not reach this level, because study is not enough.] [13]
[Author’s note: that year the musical piece was the 22nd concerto, first movement. You can listen to the interpretation by the remarkable and very young Seo-Hyun Kim on her YouTube channel]
“Modest accessit”. The cad!
The last concert of the Clauss sisters that I have found took place on April 25, 1861 at the Institute for Young Blind People in Paris. It was reviewed glowingly by the Revue et Gazette Musicale de Paris. [17]

[Approximate Translation: On Thursday, April 25, in the beautiful concert hall of the Imperial Institution for Young Blind People, the fifth general assembly of members of the Placement and Relief Society for students [graduating from] this institution took place. In the report following the concert, Miss Selles said, in a very touching way, the farewells of Marie-Stuart, a scene from Léopold Amat and the Bon Curé, a short pretty song by Boulanger. Three sisters, the Misses Cécile, Jenny and Fanny Clauss, two violinists and a cellist [respectively], in turn charmed the public with their precocious talent. The Misses Pauline and Clémentine Mental also gave us the greatest pleasure, performing a duet for two pianos on Norma, by Thalberg. Finally, each part of this concert was closed with [short comic songs] that Mr. Lincelle sang with the wit, enthusiasm and humor that he is known for.]

Concert in the grand hall of the Institut National des Jeunes Aveugles. (National Institute for young blind people). Artist unknown.
After this concert, I find nothing more about the Clauss sisters until December 28, 1861. What happened? Perhaps the daughters wanted to stop their musical collaboration with their father? The first press article appeared the next day, first in Le Siècle, then in La Presse Littéraire on December 31, 1861. I am not going to republish the articles here because they are rubbish worthy of the worst overly dramatized tabloid articles in Voici. Written in a hurry to create sensationalism, the journalist did no research. He rescinded his statements a few days later to correct his errors and it was not until January 1, 1862, that we had the full and definitive version of what really happened that day. [18]

Article published in the newspaper Le Siècle on 1 January 1861. [15]
[Approximate Translation: We return to the tragic event on Rue de la Fidélité with new details which correct and complete our first story. Lady Clauss [Elisabeth Huttin] had been living for a short time with her three young daughters, in a small accommodation located on the 2nd floor of house No. 5, rue de la Fidélité; she had come there following a request for legal separation brought against her husband, due to the serious abuse to which his jealous and bizarre behavior constantly exposed her. Mr. [Sébastien] Clauss, a musician at the Vaudeville theater, showed himself to be very irritated by this separation, and, unable to overcome his wife’s persistent refusals, had uttered death threats against her and her daughters. A few days ago, having obtained permission from the court to see his children, he fired two pistols from his hand saying: Here are two babies who will play their part when the time comes!
The day before yesterday, he showed up again at the home of his wife, who had just gone out with her youngest daughter [Fanny], aged 14. The other two, frightened by their father’s visit, did not open the door; but he returned an hour later, and the young girls, believing [that] this time …it was their uncle [Claude Huttin] who was knocking, rushed to open the door. Almost at the same [time,] his brother-in-law [Claude Huttin] arrived, who remonstrated with him about his conduct, and reproached him for the threats he had made. It was then that Mr. [Sébastien] Clauss, suddenly pulling a fully open dagger knife from his pocket, struck his brother-in-law with two blows in the stomach and shoulder; then turning his fury against his daughters, he struck young Jenny in the breast with his knife, and [struck] the oldest [Cécile, who is not the oldest, Marie is the oldest and was not there] six times to the right arm and in the region of the heart. The two poor victims fell on top of each other unconscious.
A postman who was going up the stairs rushed into the apartment from which the screams had come, and, just as he was about to seize the assassin, the latter [Mr. Clauss] took justice by discharging a pistol into his chest.
The police commissioner arrived shortly after this terrible scene, accompanied by Doctor Maugeis, who took care of the victims. Unfortunately, the eldest of the girls [Cécile, who is not the eldest], aged twenty [she was 19 at the time of the events], died after a few moments; but we hope to save the youngest. As for their uncle [Claude Huttin], he was transported to Beaujon hospital, where his condition is causing serious concern.]
A madman. Cécile Clauss died instantly as did Sébastien Clauss by his own hand. Their death certificates can be found side by side in the Paris Archives.

Death Certificates as found in the Paris Archives for Sébastien Clauss and Cécile Clauss.
4472 [Sébastien] Clauss: [Approximate Translation: The year 1861, December 30, 3 a.m., death certificate recorded according to the law of Sébastien Clauss, died the day before at half past four in the evening, rue de la Fidélité No. 5, aged 54, professor of music born in Haguenau (Bas Rhin), living in Paris, rue de Belfond N°12, names of father and mother unknown [André Claus and Madeleine Munsch] husband of Elisa Huttin, aged 48, without profession, domiciled rue de la Fidélité N°5, on the declaration made to us, civil status officer of the 10th arrondissement [district] of Paris by Joseph Marie Boulangier, aged 28 [Author’s note: perhaps a relative of Elisabeth and Claude Huttin because ‘Boulangier’ is the maiden name of their mother, Jeanne Boulangier], employee residing on rue St Denis N°365, and Pierre Laboissière, aged 49, miller, residing on rue Labat N°32 who signed with us after reading [this statement].]
4473 [Cécile] Clauss: [Approximate Translation: The year 1861, on December 30 at eight [o’clock in the morning] death certificate recorded according to the law of Cécile Clauss, who died the day before at half past four in the evening, rue de la Fidélité No. 5, and living with her mother, aged 19 years old, born in Besançon (Doubs), single, daughter of Sébastien Clauss, aged 54, living on rue Belfond N°12, and of Elisa Huttin aged 44, without profession, living on rue de la Fidélité N°5, on the declaration made to us, civil status officer of the 10th arrondissement [district] of Paris, by Joseph Marie Boulangier, employee, residing on rue St Denis N°365 and Pierre Laboissière, miller, residing on rue Labat N°32 who signed with us after reading [this statement].]
Claude Huttin died a few days later at Beaujon hospital where he was taken after the attack. We find his death certificate dated January 14, 1862.

Death Certificate as found in the Paris Archives for Claude Huttin.
[Approximate Translation: On 1 January 1862 at noon and a half [12:30pm]. Death certificate of Claude Huttin, baker aged forty-seven years old, married to Victorine Belliard, son of [?] home of the father and mother unknown to the declarants, the said deceased born in Calmoutier (Haute-Saône) living in Paris, rue Delaborde N°50 and died rue du Faubourg St Honoré N°208 [Author’s note: address of Beaujon hospital] yesterday at two o’clock in the evening, noted by us, mayor of the 8th arrondissement of Paris (Elysée) Civil Registrar on the declaration of Etienne Barbier, concierge, aged 42, and Nicolas François Bussy, employee, aged 60, residing at 2 rue du Faubourg St Honoré, N°208, who signed with us after reading [this statement].]
Claude Huttin, baker. An interesting “aptonym” considering her mother’s maiden name, Jeanne Boulangier6. This beloved brother of Elisabeth, who literally gave his all to get her out of her violent marriage, was married to Victorine Belliard with whom he had at least 2 children that I found: a girl and a boy. I am only going to transcribe one of the two birth certificates found for the children of Claude and Victorine because it speaks for itself about the relationship Claude had with his sister Elisabeth. It was the brother of this little girl, Eugène-Paul Huttin, born March 4, 1857 and who in 1873, at the age of 16, had already become a house painter, asked for the reinstatement of his sister’s birth certificate after the fire at the Paris City Hall during La Commune/the Franco-Prussian war where many documents were lost.
[Approximate Translation: Birth certificate. In the year 1851, on December 5, Elisa Barbe Huttin was born in Paris in the 5th arrondissement, female. Daughter of Claude Huttin and Victorine Belliard, his wife, residing in Paris. The reinstatement of this birth certificate was requested by Mr. Huttin, profession; house painter, rue du Caire N°42, [relationship to the child], brother. Paris, January 30, 1873.]
At the time of the death of the Clauss sisters’ brave Uncle Claude Huttin, his children were respectively 10 and not yet 4 years old; and his death created one more widow. I did not find any indication of a second marriage for Victorine Belliard in Paris.
And our dear Sebastian Lee, where does he fit in all this? He, who will lend his talent to the benefit concert for what remains of the Clauss family, what was his link to the affair? Well, I think he was, if not intimate, very familiar with the Clauss family and the girls in particular. First of all, he is friends with Charles Dancla, their violin teacher. Lee and Dancla played together many times. In addition, Sebastian Lee necessarily has a special attachment to the Clauss sisters, especially Cécile, even if she is not his student, because he had a younger brother in Hamburg, 30 years earlier, Louis Lee, who was himself considered a child prodigy and acclaimed by the press in 1834 (Louis was 12 years old at the time).

[Approximate Translation: Child prodigy, Louis Lee from Hamburg, a young cellist, aged twelve, is all the rage in his hometown. The little Vieux-Temps7 has just been the delight of Vienna, and the Eichora brothers are arousing … enthusiasm everywhere. [19]
In addition, Cécile Clauss is only six years apart from Sebastian Lee’s son, Edouard, who is also a cellist. They obviously knew each other and perhaps even associated with each other, given the very small world of career cellists in 19th century Paris. In any case, what must have been a real blow for Sebastian Lee was that he had just lost his son five days before the day of the tragedy of 28 December 1861. The Revue et Gazette Musicale de Paris announced Edourad’s death in their December 1861 issue. [20] The two events are not linked by circumstance, but losing a 26-year-old son is already one of the most difficult ordeals for a parent to go through. We do not yet know the circumstances of Edouard’s death. It probably did not happen in Paris, as I have not found his death certificate. However, even if Edouard died of “natural causes” (for example from tuberculosis or pneumonia as often happened at that time), his father was inevitably doubly impacted: first by the premature death of his son, then by the violent death of Cécile Clauss, a young cellist with a bright future, killed by her father’s hand, her father who, incidentally, had the same first name as our own Sebastian. When I realized the timing of the two events, I thought to myself that the Clauss drama must have been additional suffering at one of the worst times in Sebastian Lee’s life.

Revue et Gazette Musicale de Paris, December 1861. Announcement of the death of Edouard Lee. [20]
[Approximate Translation: Mr. Edouard Lee, pianist and composer of acclaim, son of cellist S. Lee, died on the 23rd of this month, at 26 years of age.]
Sebastian Lee participated in this concert for the benefit of the surviving Clauss family, probably from the depths of his heart, and he was undoubtedly also thinking of his son Edouard when he performed that day.
This family drama reminds us, if we needed it, that violence within families is not a new thing and that, contrary to the famous adage, music does not always soothe the savage beast. Let us also remember that according to current government figures, in France, a child dies at the hands of their parents every week8. [21]
But this story also questions the societal fascination with child prodigies and its corollary, namely, these abusive parents who coerce their offspring into intensive training to satisfy, by proxy, their own need for recognition or desires for glory, social success, or a musical career which they pass on to their children willingly or by force. In this regard, I find that Sébastien Clauss is the antithesis of Sebastian Lee, as Sebastian Clauss imposed his choices through constraint and violence while our Sebastian Lee, a wise teacher, developed potential and cultivated friendships with his students, going so far as to dedicate opuses to them (Réminiscences de l’opéra du Val d’Andorre, op. 50, was dedicated to his student and friend Emile Colliau; Souvenir de Bellini, op. 87, was dedicated to his student Alfred Rousse, and his opuses 36 through 40 were dedicated to his students). Where Sébastien Clauss is described as having a “bizarre and jealous” character by the article in Le Siècle, Georges Kastner speaks of the “extreme modesty” of Sebastian Lee in his article in the Revue et Gazette Musicale de Paris of 1842.[22] And what about these female musical stars that history has already forgotten? Let us promise here to continue the work of remembrance and saving musical legacies in danger of being lost to time — in memory of the Clauss family, the Huttin family, and of course, Edouard and Sebastian Lee.
Notes
[1] Le Ménestrel, 19 January 1862, Gallica/BnF as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56141877 accessed March 2024.
[2] Le Ménestrel, 31 January 1858; Gallica/BnF as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56167000 accessed March 2024.
[3] Die Neue Zeitschrift für Musik, 1857, Vol. 2, p. 2. as found here: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000153 accessed March 2024.
[4] Archives d’Alsace, as found here: https://archives.bas-rhin.fr/registres-paroissiaux-et-documents-d-etat-civil/ETAT-CIVIL-C335#ETAT-CIVIL-C335-P2-R204030 accessed March 2024.
[5] Jean-Paul Barrière, “Les veuves dans la ville en France au XIXème siècle: image, rôle et types sociaux”, Open Edition Journal, 2007, as found here: https://journals.openedition.org/abpo/438#:~:text=16O%C3%B9%20se%20trouve%20la,ni%20assister%20au%20service%20fun%C3%A9raire. Accessed March 2024.
[6] Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Cabaretier Accessed March 2024.
[7] Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Haguenau Accessed March 2024.
[8] La Presse Littéraire 5 February 1860, Gallica BnF, as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5830733j. Accessed March 2024.
[9] Dictionnaire des lauréats du conservatoire de musique de Paris, p722, Gallica/BnF as found here: https://gallica.bnf.fr accessed March 2024.
[10] Clauss Sisters by Silke Wenzel, MUGI, as found here: https://mugi.hfmt-hamburg.de/servlets/solr/select?q=%2Bname_all%3AClauss+%2BobjectType%3Aperson+%2Bcategory%3Amugi_class_00000008%5C%3Astate000+%2Bmugi.article_is_published%3A%221%22&fl=*&sort=name_main_sort+asc&rows=10&version=4.5&mask=content%2Fsearch%2Fnamenssuche.xed. Accessed March 2024.
[11] Photo taken from the book by Pierre Prins (the son) “Pierre Prins and the Impressionist era: his life, his work (1838-1913)”. Paris: Floury, 1949, p.25.
[12] Fanny Clauss by Silke Wenzel, MUGI, as found here: https://mugi.hfmt-hamburg.de/receive/mugi_person_00000154 Accessed March 2024.
[13] Revue et Gazette Musicale, 28 July 1860, as found here: https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&lr&pg=PA267#v=snippet&q=Clauss&f=false Accessed March 2024.
[14] Mémoires de Hector Berlioz Comprenant ses boyagies en italie, en allemangne, en Russie et en angleterre, Hector Berlioz, edited and published by Calmann-Levy, 1878, as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36210w Accessed on 6 May 2024.
[15] Le conservatoire de musique et déclamation, collection of administrative documents, BnF Gallica as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9752046h?lang=FR Accessed March 2024.
[16] Revue et Gazette Musicale, No. 32, 5 August 1860, as found here: https://books.google.fr/books?id=w_OCRD2mCnMC&vq=Clauss&pg=PA275#v=snippet&q=Clauss&f=false Accessed March 2024.
[17] News from the Revue et Gazette Musicale, 5 May1861, as found here: https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=cYOAye8H_SQC&q=Clauss#v=snippet&q=Clauss&f=false Accessed March 2024.
[18] Le Siècle 1 January 1862, p.3, as found here: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k727517c/f3.item.zoom Accessed March 2024.
[19] Revue et Gazette Musicale, 1834, p.456, as found here: https://books.google.fr/books? id=sr5CAAAAcAAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false Accessed March 2024.
[20] Revue et Gazette Musicale, December 1861, as found here: https://archive.org/details/revueetgazettemu1861pari/page/413/mode/1up?view=theater Accessed March 2024.
[21] Plan de lutte contre les violences faires aux enfants 2024-2027, French Ministry of Labor, Health and Solidarity, as found here: https://enfance.gouv.fr/plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-enfants Accessed March 2024.
[22] Revue et Gazette Musicale No. 31, 18 December 1842, as found here: https://books.google.fr/books?redir_esc=y&id=A79CAAAAcAAJ&q=L%C3%A9e#v=snippet&q=Lee&f=false Accessed March 2024.
Translator’s Notes:
1. “Salons” referred to both a group of like-minded people, such as people who appreciated music or philosophy, and also the rooms in which these people gathered. In this case, it is referring to the gathering of people, based on context, although the adjective “brilliant” can refer to both the rooms and the people.
2. In this sense, “curiosity” is meant as “a novel or rare thing”, similar to exhibits in museums being referred to as “curiosities”.
3. Haguenau is a region and a community in France near the modern German border. It was part of the German Empire until 1871.
4. During the French Revolution, the entire calendar was changed. It would later be changed back to the Gregorian calendar in use by Western countries today. For more information, see here: https://en.wikipedia.org/wiki/Thermidor Accessed 19 April 2024.
5. An accessit is a distinction awarded in British and other European schools to one who has come nearest to a prize or award, similar to an honorable mention.
6. Both “Boulanger” and “Boulangier” mean “baker” in French.
7. “Vieux Temps” translates to “old times”. Henri Francois Joseph Vieuxtemps (1820 – 1881) was a Belgian violinist and composer of some renown. This may be a pun on having the skills of an older cellist and also being as good a musician as Mr. Vieuxtemps.
8. In 2021, in the United States, nearly 34 children per week died from abuse or neglect. https://www.statista.com/statistics/255206/number-of-child-deaths-per-day-due-to-child-abuse-and-neglect-in-the-us/ Accessed 5 May 2024.











































































