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Image: Ecole Suisse du XIXème siècle, paysage alpin avec personnages et chalet ». Huile sur toile de R. Leuthold, 1872
Autrice: Pascale Girard
Mes ami.e.s, après ce long silence, je viens à vous avec une merveilleuse nouvelle. Nous avons enfin mis la main sur l’opus 4 de Sebastian Lee “Scène Suisse”. Pourquoi est-ce important? Et bien parce-que c’est une œuvre orchestrale, ce qui, je l’espère, fera taire toutes les personnes ne jurant que par la symphonie, les créations de thèmes “originaux”, bref toutes ces oreilles que les fantaisies rebutent. Outre leur conseiller de lire l’article consacré à ces dernières, aujourd’hui, mon intention est de casser un mythe et de rendre ses lettres de noblesse à Sebastian Lee. Un artiste qui composait pour orchestre, comme pour quatuor, comme pour duo, comme pour instrument solo, pour le violoncelle, mais aussi le violon, le piano, le hautbois, les timbales, etc; et il le faisat seul ou avec son frère Maurice [1], le pianiste, ou encore avec ses amis Charles-Auguste Bériot [2], Henrich Panofka [3], Heinrich Ernst Kayser et Guillaume Popp [4], George Alexander Osborne [5], mais aussi le pianiste Henri Hertz [6], et encore Sigismund Thalberg [7], Edouard Wolff [8], et beaucoup d’autres. Ce n’était pas un professeur de violoncelle dont la première préoccupation était la production d’études, il n’a jamais travaillé au conservatoire de Paris et n’a eu d’élèves que parce-qu’il le souhaitait. Son revenu de Premier violoncelle du Grand Opéra de Paris aurait amplement suffit à offrir une vie confortable pour toute sa famille (pour s’en convaincre, voir notre article Du rififi à l’opéra de Paris). Il a enseigné en vacation au Collège Stanislas [9] et en cours particuliers, comme on le devine grâce aux dédicaces de ces œuvres à ses élèves. Enfin, nous pouvons balayer les préjugés concernant notre cher Sebastian. Il était bien un musicien accompli, respecté, polyvalent et polymorphe. Il jouait, enseignait, composait et était le bijou de son époque. Dévaloriser son talent ou sa mémoire en prétendant qu’il était surtout bon à écrire des études mélodieuses est une contre vérité. Voilà, c’est dit. A présent, nous allons découvrir de plus près cette œuvre très intéressante qu’est la “Scène Suisse”. Je vais vous dire tout ce que j’en sais, et j’espère que parmi vous, des personnes pourront ajouter des éléments de réflexions musicologiques car il existe encore des aspects qui me questionnent dans cette œuvre qui nécessiterait une réflexion collégiale.
La “Scène Suisse” de Sebastian Lee, c’est d’abord une œuvre cardinale. C’est l’œuvre qu’il compose et qu’il présente lors de son premier passage à Paris au Théâtre Italien en décembre 1836. Il est alors Premier violoncelle de l’opéra de Hambourg [10], et, à 32 ans, il a bien l’intention d’éblouir la ville lumière de son talent. Pour une raison qui m’échappe encore, Sebastian Lee est décidé à quitter Hambourg et son poste, pourtant si solide, de Premier violoncelle à l’opéra de Hambourg, qui est une situation enviable pour n’importe quel musicien. A cette étape de sa vie, plusieurs choses se passent qui nous donnent des indications sur les raisons qui auraient pu motiver sa décision de quitter son pays natal.
Tout d’abord, son frère Louis (1819-1896), également violoncelliste, vient d’avoir 18 ans. Peut-être souhaite t-il lui céder la place de Premier violoncelle à l’opéra de Hambourg, sachant qu’à présent, Sebastian jouit d’une expérience et d’une renommée suffisantes pour trouver une place équivalente, voire meilleure, ailleurs. En outre, c’est à cette époque qu’il épouse Caroline Luther. C’est un challenge à au moins 2 titres. Tout d’abord elle n’est pas juive, elle est protestante [11]. Est-ce que les familles respectives étaient consentantes à ce mariage? Rien n’est moins sûr. Par ailleurs, pour alourdir encore les obstacles à cette union, Caroline est veuve. Elle a été mariée à un certain monsieur Ruhl [11]. Y a t-il eu des enfants de cette première union? On ne le sait pas. En tout cas, en 1835, elle a accouché d’Edouard, leur premier fils. Sebastian et Caroline sont en train de fonder leur famille mais ce ne sera pas à Hambourg, leur pays d’origine, qu’ils comptent s’installer. Même si on n’en connait pas la raison avec certitude, le départ a été acté. Quand Sebastian Lee démarre sa tournée Européenne — car il se rendra également en Angleterre en 1834 [12], peut-être même avec sa femme enceinte — il y a quand-même un peu urgence, me semble t-il à se poser quelque part. Ce n’est pas un bon timing pour décider de tout remettre en question, sauf si on y est obligé, ce que, personnellement, je crois. Je ne pense pas que l’ont décide d’arpenter l’Europe avec sa femme et un poupon en route pour le plaisir.

On a représenté, il y a quelques semaines, à l’Opéra Anglais de Londres, un ouvrage original; c’est un événement qui mérite d’être mentionné à cause de sa rareté. Le compositeur s’appelle Lee. il a obtenu un plein succès. la pièce a pour titre: l’Hôte mort. On a remarqué que la salle était pleine d’éditeurs de musique. On parle aussi avec beaucoup d’éloges d’un opéra de John Barnett, intitulé: Le Sylphe de la montagne.
C’est donc avec une détermination de fer que Sebastian Lee se présente à Paris. Pour cette occasion, il compose sa première œuvre orchestrale, l’opus 4 “Scène Suisse”.
Penchons nous tout d’abord sur l’aspect polymorphe de cette œuvre qui est intéressante car elle est particulièrement personnalisable et à dessein. Elle est écrite pour violoncelle solo, pour duo de violoncelle et piano — le piano n’étant là que pour accompagner le violoncelle comme le dit très justement Georges Kastner [10] — mais encore, pour quatuor ou pour orchestre. Qu’est-ce que cela si ce n’est une démonstration de force? Le message est bien de faire comprendre que Sebastian Lee est un musicien accompli: auteur, compositeur et interprète. Il y a bien entendu des aspects très virtuoses de la partition de violoncelle, là pour démontrer, s’il en était besoin, ses qualités techniques et la maitrise exceptionnelle de son instrument. Le XIXème siècle adore les virtuoses, les enfants prodiges et autres forces de la nature. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet et on peut écouter la très intéressante conférence de l’école des Chartes sur la fascination qu’exerçaient en particulier les enfants prodiges dans la société occidentale des temps modernes. Pour ma part, et contrairement à ce qu’Yves-Marie Bercé propose, je pense que nous ne sommes pas du tout sortis de cette époque, mais revenons à nos moutons. Sebastian Lee a conçu son opus 4 comme une œuvre qui devra être la vitrine de son talent et de sa maestria, parce-qu’il joue son va-tout sur cette performance. Et pour se faire, il a choisi le Ranz des Vaches.
Le Ranz des Vaches, c’est d’abord un chant traditionnel de la Suisse, et notons, au passage, que le « z » est muet. Le plus célèbre étant celui du comté de Fribourg, mais connu de tout Helvète qui se respecte. Ce sont les armaillis, ces bergers qui menaient les vaches dans les alpages, qui entonnaient ce chant, aussi appelé Lyoba; un mot qui vient d’une racine trouvée dans le mot patois gruérien ou l’on parle de loobeli pour nommer la vache, et on dit alyôbâ pour appeler le bétail [13] Dans la tradition du kulning nordique ou du Yodel autrichien, le Ranz des Vaches à ceci de différent qu’il n’est pas constitué d’onomatopées. Il s’agit d’un chant avec des paroles et une mélodie très identifiable. Pour préparer cet article, j’ai écouté plusieurs versions de ce Ranz des Vaches et je vous propose celui interprété par l’iconique Bernard Romanens en 1977 à l’occasion de la très célèbre Fête des Vignerons de Vevey. Organisée par la Confrérie des Vignerons de Vevey depuis 1797. L’événement a lieu cinq fois par siècles [14] et donne chaque fois l’occasion d’une nouvelle interprétation du Ranz des Vaches. C’est dire son importance et l’aspect sacré de la tradition. Il est intéressant de noter la devise de cette confrérie: Ora et Labora c’est-à-dire “prie et travaille”. Les paroles de ce Ranz des Vaches sont d’ailleurs complètement imprégnées de prières et de travail puisqu’il s’agit d’un drame pastoral qui se déroule dans l’alpage de Colombette, situé dans la commune de Vuadens, en Suisse. Les bergers, ou armaillis, mènent leurs troupeaux vers le pâturage quand ils se trouvent coincées en chemin par des fondrières. Ils mandatent l’un d’eux, Pierre pour les intimes, pour aller trouver le curé afin que ce dernier prie pour eux et que Dieu leur concède de lever l’obstacle. Le curé ne dit pas non, mais gratte un morceau de fromage pour sa peine. Tout ceci prend pas moins de 19 strophes entrecoupées de Lyoba pour être raconté, mais à la fin, les prières sont exaucées, les bergers et le bétail peuvent circuler, le curé a son fromage, et ses bénédictions sont tellement puissantes qu’arrivés au chalet, les bergers constatent que la chaudière est déjà à moitié pleine de lait avant même d’avoir commencé la traite. Il y a bien à un moment une suspicion de harcèlement sexuel sur la personne de la bonne du curé, mais les soupçons sont vite écartés au profit de la promesse d’une confession et surtout de la promesse d’un morceau de fromage qui, apparemment, vaudrait largement plus que le cul de la crémière dans cette histoire. Bref, blagounettes à part, le très sérieux Ranz des Vaches est plus qu’un chant traditionnel, pour les Suisses, c’est un anthem, au sens religieux du terme. D’ailleurs la mélodie répétitive des couplets, ponctués de ce long Lyoba en guise de refrain procède à mes oreilles d’une forme de prière dans sa structure. Traditionnellement, le Ranz des Vaches est composé de 3 sections: un récit, un cri d’appel et une énumération du bétail, ce qui rappelle encore la litanie dans ses invocations variables faites par un soliste et la réponse brève, constante et unanime de l’assemblée [15]


On ne peut néanmoins pas mentionner le Ranz des Vaches sans dire qu’il en existe plusieurs comme l’explique Pierre Perroud: en Appenzell, dans le Simmenthal, dans l’Oberhasli, et en Ormonds [16]. Cependant, celui de La Gruyère (oui, on dit la Gruyère, est-ce que c’est parce-que c’est la région de Gruyère? Je ne sais pas, en tout cas, c’est féminin pour les Suisses et cela fait référence à la géographie, pas au fromage dont le nom dérive de son terroir), donc, le Ranz des Vaches de la Gruyère est très ancien et remonterait au XVIème siècle [17]. Rousseau en fait mention dans son Dictionnaire de la Musique de 1767 [18]. Il explique:
« Les soldats suisses exilés au service du Roi de France avait interdiction de le chanter car il faisait fondre en larmes, déserter ou mourir ceux qui l’entendaient, tant il excitait en eux l’ardent désir de revoir leur pays. »
Rien que ça. Voilà pour l’effet patriotique du Ranz des Vaches sur nos ami.e.s Helvètes. Mythe ou réalité, j’ai envie de dire, peu importe. En revanche, ce qui atteste de l’importance de cet air pour les Suisses, outre la sacro-sainte performance séculaire à la Fête des Vignerons de Vevey, c’est qu’en 2019, deux députés UDC, Nicolas Kolly et Michel Chevalley, ont proposé le Ranz des Vaches comme hymne cantonal Fribourgeois. La proposition n’a finalement pas été adoptée pour diverses raisons, comme le fait que le canton possède déjà un hymne (moins fédérateur), «Les bords de la libre Sarine», que le Ranz des Vaches renverrait à une image passéiste de la Suisse et aussi parce-que sa portée va bien au delà des frontières du canton rendant donc son appropriation déplacée [19]. La Suisse n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai en matière de problèmes avec ses hymnes, cantonaux ou national, j’en veux pour preuve la vidéo explicative de David Castello-Lopes qui fait très bien le point sur la question et dont l’analyse musicale vaut celle de Pierre-Do Bourgknecht qui se concentre, pour sa part, sur le Ranz des Vaches qui nous intéresse. On y découvre par la même occasion le fameux bredzon Fribourgeois, monument des armallis et autres fashionistas du coin.
L’excellente analyse musicologique de Pierre-Do Bourgknecht en bredzon armailli super tendance, dans une chronique radio diffusée le jeudi 20 juin 2019 dans « Vertigo » sur RTS-La Première
Le Ranz des Vaches est donc publié pour la première fois en 1813 par Philippe Sirice Bridell et par Georges Tarenne. C’est cette information là qui, me semble t-il, est pertinente pour notre histoire de Sebastian Lee, parce-que finalement, outre les Suisses et le folklore militaire évoqué par Rousseau: qui était vraiment familier de ce style musical avant sa publication de 1813? Surement pas grand monde. Pourtant, quelques Ranz des Vaches fameux ont été composés au cours du XIXème siècle (et principalement à ce moment là, d’ailleurs, parce-que depuis… moins). On peut citer celui de la troisième partie super-connue de l’ouverture du Guillaume Tell de Gioachino Rossini ainsi que celui de la « Scène aux champs », le troisième mouvement de la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz. Louis Adam, propose aussi son Ranz des Vaches, publié pour la 1ère fois en 1804. On peut écouter l’interprétation de Luca Montebugnoli sur un beau piano Erard de 1806. Et plus on creuse, plus on s’aperçoit qu’il y a un filon.
Franz Liszt, lui, a été chercher son inspiration directement à la source des alpages suisses avec à ses côtés, son amante Marie d’Algoult. Il compose également sa version du Ranz des Vaches de Ferdinand Hubert en 1835 pour le piano (soit 2 ans avant la performance de notre cher Sebastian). Je vous encourage à aller découvrir l’histoire de cette composition grâce à l’excellent article de Joseph Zemp [20]. On peut en écouter l’interprétation de Leslie Howard ici.
On trouve aussi le Le Ranz des vaches d’Appenzell, arrangé par Giacomo Meyerbeer sur un livret d’Eugène Scribe (dispo sur Spotify) mais aussi celui de Frédéric Chopin qui ce serait essayé à l’exercice, à la demande du marquis de Custine : « Je lui avais donné pour thème le Ranz des vaches et la Marseillaise. Vous dire le parti qu’il a tiré de cette épopée musicale, est impossible. On voyait le peuple de pasteurs fuir devant le peuple conquérant. C’était sublime » [22]
Qu’est-ce que cela nous dit? Et bien qu’en réalité le Ranz des Vaches en ce début de XIXème siècle est grave branchouille parmi les musiciens Romantiques! Joseph Zemp, dans son article sur les pérégrinations de Liszt nous l’explique:
“Depuis que les esprits des Lumières comme [Horace Bénédict] de Saussure, [Albrecht von] Haller ou [Jean-Jacques] Rousseau ont relevé la beauté majestueuse des montagnes et la pureté de la nature à l’altitude, les poètes et musiciens romantiques désireux de cultiver leur génie risquent l’aventure périlleuse dans l’univers des falaises, torrents et gouffres : qu’y a-t-il de plus palpitant que la marche exténuante sous la pluie vers les sommets ([Félix] Mendelssohn), une nuitée sur la paille dans un cabane primitive ([Richard] Wagner) ou un pique-nique avec les bergers ([Franz] Liszt)? Les têtes moins échevelées privilégient les sites lacustres, au décor montagneux, comme retraite et lieu d’inspiration ([Piotr Ilitch] Tchaïkovski, [Johannes] Brahms, [Richard] Strauss)” [20]
On dénombre au moins 11 musiciens du XIXème siècle partis chercher l’inspiration en territoire Helvète [12], comme on a connu la ruée des rockstars vers l’Inde ou le Népal dans les années 1960. Et si notre cher Sebastian avait lui aussi été trainer la savate dans les alpages suisses? Peut-être en voyage de noces, ou comme une expérience mystique au rythme des clarines et des gros bourdons. Allez savoir! En tout cas, si le choix du Ranz des Vaches m’a surpris quand j’ai découvert la partition originale, en réalité il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’un courant artistique bobo de son temps. Se dire que Bâle, Bern ou Fribourg aient pu représenter le Katmandou ou le Goa de l’époque, c’est certes assez contre-intuitif, mais le fait est que les cloches de vaches suisses sont la hype, que dis-je, le symbole Flower Power du XIXème siècle au même titre que l’introduction du sitar dans la musique des Beatles dans les années 1965-66. Tout cela est une gymnastique intellectuelle nécessaire pour bien comprendre l’opus 4 et le replacer dans son contexte. Le Ranz des Vaches, a une certaine coolitude créative dans le monde musical du XIXème siècle parce que « la Suisse s’est désenclavée et que ses paysages à la beauté encore sauvage lui confèrent une réputation de muse auprès des compositeurs », selon Joseph Zemp [20], attirant tous les hipsters romantiques en goguette. Evidemment, la migration vers les verts pâturages Suisses pour l’inspiration est à Goa ce que la gentiane est à la Jägerbomb, ou à l’Enzianschnaps, si on veut rester en Suisse. On est sur un « trip » 100% produits laitiers, loin d’un autre courant qui fait également fureur à l’époque, c’est l’orientalisme, un tantinet plus subversif qu’Heidi et ses montagnes, avec l’érotisme de ses naïades de harem et bien sûr, la consommation du haschisch (c’est Napoléon 1er qui en interdit pour la première fois la consommation en France en 1800). On consomme déjà aussi de l’opium depuis l’ouverture des routes de la soie, encore sous prescription médicale mais beaucoup en abusent déjà et la pratique deviendra carrément mainstream en France dans les fumeries d’opium dédiées à la fin du XIXème siècle, en conséquence des guerres de l’opium provoquées par les puissances coloniales Franco-Britanniques en Chine. Dans un article très instructif, Léopold Tobisch fait l’état des lieux des habitudes de consommation de narcotiques chez les compositeurs romantiques et il balance des noms:
« Afin de soulager ses douleurs chroniques, on prescrit par exemple à [Frédéric] Chopin des doses régulières d’opium, drogue courante en Europe depuis le XVIIIe siècle et respectée par le corps médical de l’époque en tant qu’antalgique. Mais la consommation régulière d’opium, substance de prédilection parmi les artistes romantiques pour ses effets euphoriques et psychologiques, mène progressivement à une consommation récréative généralisée plutôt que thérapeutique. À la fin des années 1820, Hector Berlioz est un consommateur régulier d’opium, ou plus précisément de laudanum, puissante teinture alcoolique à base d’opium. »
Ainsi donc, Sebastian Lee ne se fracasse (peut-être) pas la tronche aux stupéfiants, même bio, il préfèrerait le voyage initiatique Suisse, d’inspiration bovine — bien qu’en réalité, l’un n’empêche pas l’autre, voir les frasques de Brahms, Liszt, Schubert, Stravinski, Moussorgski, Tchaïkovski, Satie et d’autres, rapportées de manière croustillante par Léopold Tobisch [23]
Concernant notre cher Sebastian, je sais qu’il n’est pas orientaliste parce que rien dans son catalogue ne suggère un engouement particulier pour l’orient mystérieux. Les alpages, en revanche, sont un thème récurrent chez lui entre 1835 et 1847. Outre l’opus 4 qui nous intéresse aujourd’hui, il adaptera pour le violoncelle l’Air Tyrolien de son ami Heinrich Panofka, dont c’est l’opus 14, sorti chez Schlesinger en 1837; mais encore il signe une œuvre originale « Souvenir du lac des 4 Cantons« , son opus 43 publié en 1847 chez Breitkopf & Hartel. Il est allé en Suisse, c’est sûr! Peut-être même plusieurs fois. Les œuvres qu’il appelle « souvenir » de quelque part sont littéralement des souvenirs musicaux d’endroits ou il est allé, comme le « Souvenir de Paris », son opus 5 composé juste après sa tournée parisienne de 1836.
Côté orientalisme, il y a clairement moins d’enthousiasme dans son catalogue. Je laisse à part l’opus 43, sa « Fantaisie sur l’ode symphonie ‘Le Désert’ de Félicien David car c’est Félicien David, que j’adore aussi, qui a été trainer ses guêtres à Constantinople et au Caire et de toute façon, Sebastian Lee transcrivait pour violoncelle tous les opéras qui marchaient bien. A part ça, on trouve 2 « Airs Arabes », l’opus 61, et je compte l’opus 123 « 6 Airs Nationaux » dont un russe, un arabe et un turc qui ressemblent plus à un exercice de style qu’à une inspiration mystique venue d’orient. Voilà pour l’orientalisme chez Sebastian Lee. Non, vraiment, il semble que son truc à lui, ce soit plus le fromage et l’air frais des montagnes que le Club des Haschischins (qui ne verra le jour que quelques années plus tard mais dont il ne fera pas partie).
Un dernier indice, qui me dit qu’on est sur une mode qui a le vent en poupe, c’est cette revue du concert de Joseph Gusikov et Sebastian Lee ou il est encore question de chanteurs Tyroliens venus cette fois se produire à Paris.

[Nous] conseillons de choisir mieux son quatuor. Le programme de ce concert était assez varié. Outre Monsieur Lée dont le talent délicat, pur et grâcieux a été généralement reconnu, nous avons entendu un violon et un pianiste de Berlin, MM. [Chrétien] Urhan, Huner, et des chanteurs alsaciens, dont le chant doux et expressif nous a rappelé les chanteurs tyroliens que nous avons entendus à Paris il y a 2 ans.
Je vous le dis: le chant des montagne, c’est la tendance trop stylé du gotha musical parisien de l’époque. C’est pour ça que c’est un choix à la fois audacieux et intelligent de la part de Sebastian Lee de s’en saisir et de l’exploiter pour conquérir le tout-Paris. Car soyons bien clairs sur sa démarche, elle n’a rien d’improvisée ou d’opportuniste. Elle est au contraire bien préparée et je dirais même millimétrée. Sur le seul mois de décembre 1836, Sebastian Lee donne en moyenne un concert par semaine à Paris, et pas sur un coin de trottoir comme un punk à chiens, parce qu’on est bohème, mais faut pas pousser. Non, il entre par la grande porte. Il joue avec Liszt, Berlioz, Gusikov et il est écouté au salon Pleyel, à la salle Chantereine, et au conservatoire de musique de Paris. Cela lui vaut également de bénéficier d’une couverture médiatique assez dense, grâce à sa carte de visite de Premier violoncelle de l’opéra de Hambourg et grâce à ses collaborations judicieuses. Faisons une pause pour regarder son agenda entre décembre 1836 et janvier 1837. Je trouve son planning impressionnant et les réactions de la presse tout à fait extraordinaires. En effet, le 18 décembre 1836, lors d’une matinée musicale dans la salle du Conservatoire aux côtés d’Hector Berlioz et Franz Liszt, Sebastian Lee est jugé “un talent correct et élégant sur le violoncelle” [24] mais le 22 janvier 1837, soit un mois plus tard, dans la même revue, un article relatant le dernier concert aux côtés de Joseph Gusikov, dont il partage la vedette à présent, le décrit comme suit: « M.Lee dont le talent pur, délicat et gracieux a été généralement reconnu » [25] Il a triomphé! Sa tournée parisienne est un succès total.


A présent, quid de la performance de Sebastian Lee à Paris au Théâtre Italien? Elle a été est très remarquée, bien sur, et la Revue et Gazette musicale du Dimanche 30 Avril 1837 en fait l’éloge dans l’article de Georges Kastner, qui sera un fidèle de Sebastian Lee pendant toutes ses années parisiennes.



Voici donc une arrivée triomphale qui lui vaudra le siège de Louis Pierre Norblin au Théâtre Italien, puis celui de Premier violoncelle quelques années plus tard (siège qui était encore celui du même Norblin jusqu’en 1840, son ami à qui il dédiera son opus 30).
Il y a pourtant encore un petit détail qui me chiffonne sur la chronologie de la genèse de cet opus 4. Cela tient à la dédicace de cet ouvrage. Il est « composé et dédié à Monsieur le Chevalier Waagepetersen, Agent de la Cour de Sa majesté le Roi du Danemark ». Alors, a qui a t-on affaire et qu’est-ce que le Danemark vient faire là-dedans?
Tout d’abord, laissez moi vous présenter le chevalier Christan Waagepeterssen (1787-1840) à travers une série de portraits de lui. J’aime particulièrement ces œuvres parce qu’elles sont datées de la même époque que la publication de l’opus 4.

Christian Waagepetersen est un marchand de vin, Conseillé d’Etat et Agent de la Cour du roi du Danemark. Il était, semble t-il, très mélomane et passionné de musique, ce qui serait corroboré par le fait qu’il aurait nommé ses fils après Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven [26]. Le SMD donne les informations suivantes concernant cette toile:
« Le tableau montre Christian Waagepetersen à son bureau, son fils Fritz [qui ne corrobore pas l’assertion de Wikipedia ci-dessus] à ses genoux et sa femme Albertine [Emmerentse Schmidt, fille d’un riche marchand Albrecht Ludvig Schmidt (ca.1754–1821) et de Frederikke Christiane Restorff (ca. 1759–1822)] debout avec sa fille Louise dans ses bras. Selon les informations de la famille, le fils [Franz Xaver Wolfgang] Mozart (1813-1885) a servi de modèle à la mère, qui était enceinte et ne pouvait pas porter l’enfant aussi longtemps. […] l’appartement, ses peintures sur les murs (de Jens Juel, entre autres) et du mobilier […]. Le grand verre d’eau sur la table avec une grenouille vivante servait de baromètre – lorsque la grenouille grimpait, le temps serait beau ! (Cf. lettre de Bent Waagepetersen du 16 juin 1998, dossier n° 3-344/97). Le bâtiment situé au 18 Store Strandstræde appartient désormais au Conseil Nordique des Ministres. Bendz a apporté le tableau à l’exposition de Charlottenborg en 1830, le 7 avril, une semaine après l’ouverture de l’exposition ! (Cf. Journaux d’Eckersberg, 2009, vol. 1, p. 394). L’homme d’affaires occupé lève les yeux de son travail pendant un bref instant lorsque sa femme et deux des enfants du couple entrent dans son bureau, qui se trouve dans sa maison sur Store Strandstræde à Copenhague. L’image met clairement l’accent sur l’activité du chef de famille, signalant ce qui était la base de la bourgeoisie danoise vers 1830 : la famille et le travail. La maison est meublée avec parcimonie, sans décoration inutile, reflétant le style de vie frugal au Danemark pendant les années de crise après les guerres napoléoniennes. Christian Waagepetersen, le personnage principal du tableau, est un grossiste en vin qui a contribué à établir que c’était désormais la bourgeoisie qui était devenue la classe dominante au Danemark – après la domination séculaire de la noblesse. Waagepetersen s’intéressait beaucoup à l’art et à la musique. Il organisait régulièrement des événements musicaux dans sa maison, auxquels participaient les principaux compositeurs et musiciens danois de l’époque, ainsi que certains artistes visuels. Bendz et Marstrand comme peintres préférés Waagepetersen a également commandé plusieurs tableaux qui, comme ce tableau, étaient basés sur sa propre vie et son travail. Au début, les commandes étaient confiées à Bendz, mais après sa mort prématurée, Wilhelm Marstrand reprit le rôle de peintre préféré du grossiste en vin. » Source : KMO, OTHERTEXT
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On imagine assez facilement que Sebastian Lee, Premier violoncelle de l’opéra de Hambourg, ait fréquenté le salon du chevalier Waagepetersen et ait fait partie de l’entourage artistique du mécène qui affectionnait tant les arts. Hambourg est assez proche géographiquement de Copenhague. Tout ça pourrait laisser penser que l’opus 4 n’a pas été composé pour la conquête de Paris, ou comme une œuvre démontrant les talents de l’artiste à la base. Elle a probablement été conçue par Sebastian Lee sur la commande de Christian Waagepetersen; mais ce qui constitut un double étonnement pour moi, c’est que l’opus 4 a fait l’objet de 2 éditions: une première chez Cranz en 1834 et une 2ème chez Schlesinger en 1837 et les 2 comportent les adaptations pour quatuor, orchestre, piano et solo de violoncelle. Je tiens cette information des très sérieuses Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg & Goethe Universität de Frankfort, qui possèdent les exemplaires des 2 éditions. Alors soit Sebastian Lee sait déjà qu’il doit quitter Hambourg, avec une femme enceinte en 1834, et il profite de la commande de Christian Waagepeterson pour composer une œuvre destinée également à servir ses projets d’expatriation, soit le mécène connait les intentions de l’artiste et le soutient en lui commandant une œuvre dont il connait la finalité. Dans tous les cas, il n’y a pas de hasard et si l’opus 4 a été composé avec une partie d’orchestre, ce n’est pas pour le salon de Christian Waagepetersen.

La Lithographie Royale (imprimeur) 1820 – 1843 Statens Museum for Kunst
Mes ami.e.es, si vous avez lu cet article jusqu’au bout, c’est que vous faites partie des fidèles, du hardcore de notre petite communauté. Je tiens à vous remercier pour votre attention et votre soutien. Votre « toute dévouée » traverse une période de grosses turbulences, ce qui met en danger la poursuite de l’aventure Sebastian Lee. Croyez bien que je fais mon possible pour poursuivre le travail, surtout à présent que nous avons cet opus 4 qu’il serait urgent de republier. Néanmoins, si je ne pouvais plus poursuivre mes activités, je tiens à envoyer des remerciements particuliers à Alain Buron, Jean-Baptiste Susse, Odile Bourin et son enthousiasme communicatif, ainsi qu’à Rudd Meester qui m’ont partagé leurs temps, leurs sources et leurs compétences afin de compléter le catalogue de Sebastian Lee au mieux des informations que chacun possédait. Merci également à Petra Tamboer et son soutien dans l’organisation du concert de l’association à Castelsarrasin en 2022. Merci aussi à Valérie Aimard qui a répondu présente quand nous n’étions qu’à l’état embryonnaire et qui nous a donné de la visibilité dans la revue de l’Association Française du Violoncelle. Merci à Derek de la Bernardie qui a lui-aussi joué le jeu aux côtés de Valérie et qui m’a encore partagé ses lumières récemment au sujet de cet opus 4 qui m’occupe. Merci à toutes celles et tout ceux qui ont participé à notre crowdfunding comme notamment Francis Girard ou Marjolaine Favreau, et à ceux qui nous font régulièrement des dons comme Joaquim Fernandes. Merci à Marc Sounthavong pour son soutien indéfectible dans cette aventure, ainsi qu’à tous.tes les bénévoles: Sergio, Annabelle, et les autres. Merci à JJ et son talent de ouf, qui nous a trouvé une identité visuelle superbe grâce à ses maquettes magnifiques et son exigence pour nos republications. Merci à mon Bon Maître Mathieu Moriconi, qui a initié cette passion et qui m’a donné la flamme en plus de m’avoir patiemment accompagné et conseillé sur les premières partitions à republier, et à Jean-Pierre Berrié qui m’a soutenu dans la création de cette petite structure comme dans la pratique de mon instrument. Un grand merci également à Sheri Heldstab, ma complice, qui est à mes côtés sans relâche, et qui supporte mes aspects bordéliques, erratiques et incohérents avec beaucoup de patience et en toute bienveillance. C’est aussi grâce à elle que la boutique en ligne est encore active cette année. Merci à nos partenaires: le Croquenotes à Toulouse et Planète Partitions à Château-Thierry; quelle belle confiance vous nous avez témoigné! A vous aussi, abonné.e.s, visiteur.euse.s, je veux dire merci et j’espère que j’aurais à nouveau l’occasion d’écrire pour vous, à la gloire de la musique et en mémoire d’artistes merveilleux et pourtant déjà presque oubliés.
Notes
- Lee, Sebastian. et Maurice, « Fantaisie sur un Thème de H. Monpou », pour violoncelle & piano, conc. Wien, Mechetti 25 Ngr. Janvier 1853. Source Hofmeister [lien accédé en mai 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- « Duo sur des airs hongrois et styriens », pour violoncelle et piano, 1852, éditions Joubert, op.81 de Bériot; mais aussi son opus 48 « Fantaisie sur la Norma de Vincenzo Bellini » avec Julius Benedict et Sebastian Lee. Source: Hofmeister. [Lien accédé en mai 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Opus 10 de Henrich Panofka avec Sebastian Lee “Les inséparables, 3 grands duos” chez Schlesinger, 1837 [Source: A cellist’s Companion, Henk Lambooij & Michael Feves]
- Heinrich Ernst Kayser. Sebastian Lee et le flûtiste Guillaume Popp, « Trios des Amateurs d’après des Chants célèbres de Mendelssohn. Offenbach, André ».
- George Alexander Osborne et Sebastian Lee, « Duo concertant sur le Domino noir, Opéra de D.F.E. Auber », pour piano &Violoncelle. Ebend. 2 Fl. Source Hofmeister [lien accédé en mai 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Henri Herz et Sebastan Lee, « Grand Duo concertant sur la Niobe » pour violoncelle et piano. ed. Mainz, Schott. 2 Fl. 24 Xr. Source: Hofmeister [Lien accédé en mai 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Sigismund Thalberg et Sebastian Lee, « Grand Duo concertant sur les Huguenots de G. Meyerbeer », pour piano et Violoncelle. Op. 43 . Mainz, Schott 2 Fl. 42 Xr. Source: Hofmeister [Lien accédé en mai 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/]
- Edouard Wolff et Sebastian Lee, « Grand Duo brillant sur Robert le Diable de Meyerbeer », pour piano et violoncelle. Ed. Mainz, Schott 2 Fl. 42 Xr. Source: Hofmeister [Lien accédé en mai 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Gazette musicale N°30 du 26 juillet 1846, article « Des concerts philanthropiques et de ceux des maisons d’éducation », p236. Source Google Books [lien accédé en mai 2025: https://books.google.fr/books?id=tb1CAAAAcAAJ&vq=L%C3%A9e&lr&hl=fr&pg=PA236#v=snippet&q=L%C3%A9e&f=false ]
- Revue et gazette musicale du Dimanche 30 Avril 1837, revue critique de George Kastner, p454 [Source: Google Books accédé en mai 2025: https://books.google.fr/books?id=ar5CAAAAcAAJ&vq=lee&hl=fr&pg=PA154#v=snippet&q=l%C3%A9e&f=false ]
- Voir son acte décès traduit sur notre page Participer
- Gazette Musicale de Paris N°37 du dimanche 14 septembre 1834, section « Nouvelles », p300. Source Google Books [lien accédé en mai 2025: https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=9L5CAAAAcAAJ&q=mort#v=snippet&q=Lee&f=false ]
- Article Ranz des Vaches de Wikipédia [lien accédé en ma 2025: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ranz_des_vaches ]
- Confrérie des Vignerons de Vevey, site internet accédé en mai 2025: https://www.confreriedesvignerons.ch/
- Ressources Liturgiques, site internet accédé en mai 2025: https://www.ressources-liturgiques.fr/musique/les-formes-du-chant-rituel/la-litanie#:~:text=La%20litanie%20est%20une%20forme,unanime%2C%20de%20l’assembl%C3%A9e.
- Article de Pierre Perroud « Le Ranz des vaches Lyôbade » Source: Athena.unige.ch [Lien accédé en mai 2025: https://athena.unige.ch/athena/helvetia/le-ranz-des-vaches.pdf ]
- Article provenant du podcast Classique MAXXI « Un symbole de la Suisse et du Romantisme », Radio France, 1er février 2022. Lien accédé en 2025: https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/maxxi-classique/maxxi-classique-du-mardi-01-fevrier-2022-6735068
- Chronique « Le mot du jour » par Corinne Schneider, Radio France, mardi 11 avril 2017. Source: lien accédé en mai 2025: https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-mot-du-jour/mot-du-jour-n0162-ranz-des-vaches-8120591
- RTS, article « L’idée de faire du Ranz des vaches l’hymne fribourgeois crée le débat », le 6 mars 2019. Source: lien accédé en ma 2025: https://www.rts.ch/info/regions/fribourg/10266758-lidee-de-faire-du-ranz-des-vaches-lhymne-fribourgeois-cree-le-debat.html
- Joseph Zemp « Franz Liszt et ses pérégrinations à travers la Suisse en 1835 », Res-Musica, le 27 février 2023. Lien accédé en mai 2025: https://www.resmusica.com/2023/02/27/franz-liszt-et-ses-peregrinations-a-travers-la-suisse-en-1835/
- Dossier « Voyages Suisses », Res-Musica. Source accédée en mai 2025: https://www.resmusica.com/mot-clef/dossier-voyages-suisse/
- Extrait d’une lettre du marquis à Sophie Gay de juin 1837 : Jean-Jacques Eigeldinger, Frédéric Chopin
, Fayard, 2003, 165 p. (ISBN 978-2-213-61731-2), p. 38.Source Wikipedia, lien accédé en mai 2025: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ranz_des_vaches#cite_note-24 - Alcool, drogues & musique, un trio inséparable », Léopold Tobisch sur France Musique, jeudi 16 février 2023. Source: Radio France [Lien accédé en mai 2025: https://www.radiofrance.fr/francemusique/alcool-drogues-et-musique-un-trio-inseparable-3733222 ]
- Extrait de l’article “concert de Berlioz et Liszt dans la Revue et Gazette musicale N°52 du dimanche 25 décembre 1836
- Revue et Gazette Musicale N°4 du dimanche 22 janvier 1837, « Concert de MM Gusikov et Lee salle Chantereine », p.3, probablement rédigé par le comte Pepoli qui a pudiquement signé « P ». Source: Google Books accédé en mai 2025: https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Pepoli ]
- Article « Christian Waagepetersen de Wikipedia, accédé en mai 2025: https://en.wikipedia.org/wiki/Christian_Waagepetersen#cite_note-3
Swiss Flower Power and the Ranz des Vaches in 1836: All about the “Scène Suisse,” Opus 4 by Sebastian Lee
Image: 19th Century Swiss School, Alpine landscape with figures and chalet. Oil on canvas by R. Leuthold, 1872
Written by Pascale Girard and translated by Sheri Heldstab
My friends, after this long silence, I come to you with wonderful news. We have finally gotten our hands on Sebastian Lee’s opus 4 « Scène Suisse » [“Swiss Scene”]. Why is this important? Because it is an orchestral work, which I hope will silence all those people who swear only by symphonies, the creation of « original » themes, in short, all those ears that are repelled by derivative works. Besides advising you to read the blog post devoted to the latter, today, my intention is to break a myth and restore Sebastian Lee to his former glory. A musician who composed for orchestra, as well as for quartet, for duet, and for solo instrument – the cello – but also for violin, piano, oboe, timpani, etc.; and he did it alone or with his brother Maurice [1], the pianist, or even with his friends Charles-Auguste Bériot [2], Henrich Panofka [3], Heinrich Ernst Kayser et Wilhem Popp [4], George Alexander Osborne [5], and also the pianist Henri Hertz [6], and also Sigismund Thalberg [7], Edouard Wolff [8], and many others. He was not a cello teacher whose primary concern was producing etudes; he never worked at the Paris Conservatory and only had students because he wanted to. His income as First Cello of the Grand Opéra de Paris would have been more than enough to provide a comfortable life for his entire family (to be convinced of this, see our article Du rififi à l’opéra de Paris). He taught at the Collège Stanislas [9] and also taught private lessons, as we can tell from the dedications of his works to his students. Finally, we can sweep away the prejudices concerning our dear Sebastian. He was indeed an accomplished, respected, versatile and multi-talented musician. He played, taught, composed and was the jewel of his time. To devalue his talent or his memory by claiming that he was only good at writing melodious etudes is unfair. There, I said it. Now, we are going to discover more closely this very interesting work called the “Swiss Scene”. I will tell you everything I know about it, and I hope that among you, people will be able to add elements of musicological reflection because there are still aspects that question me in this work that would require academic reflection.
Sebastian Lee’s “Scène Suisse” is first and foremost a cardinal work. It is the work he composed and presented during his first visit to Paris at the Théâtre Italien in December 1836. He was then Principal Cello at the Hamburg Opera [10], and at 32, he fully intended to dazzle the City of Lights with his talent. For a reason that still escapes me, Sebastian Lee decided to leave Hamburg and his position, however secure, as Principal Cellist at the Hamburg Opera, which was an enviable position for any musician. At this stage of his life, several things happened that give us indications of the reasons that could have motivated his decision to leave his native country.
First, his brother Louis (1819-1896), also a cellist, has just turned 18. Perhaps he wanted to give him the position of First Cellist at the Hamburg Opera, knowing that Sebastian now has sufficient experience and renown to find an equivalent, or even better, position elsewhere. In addition, it was at this time that he married Caroline Luther. This is a challenge on at least two counts. First of all, she is not Jewish, she is Protestant [11]. Did the respective families consent to this marriage? Nothing is less certain. Furthermore, to further increase the obstacles to this union, Caroline is a widow. She was married to a Mr. Ruhl [11], prior to his death. Were there any children from this first union? We do not know. In any case, in 1835, she gave birth to Edouard, the newlywed’s first son. Sebastian and Caroline are starting their family, but they don’t plan to settle in Hamburg. Even if we don’t know the reason for this with certainty, the decision was made. When Sebastian Lee begins his European tour – because he will also go to England in 1834 [12], perhaps even with his pregnant wife – there is still a bit of urgency, it seems to me, to settle down somewhere. It’s not a good time to be indecisive, unless you have to – which, personally, I believe was the case. I don’t believe a man at that time would decide to travel around Europe with his pregnant wife for the pleasure of it.

On a représenté, il y a quelques semaines, à l’Opéra Anglais de Londres, un ouvrage original; c’est un événement qui mérite d’être mentionné à cause de sa rareté. Le compositeur s’appelle Lee. il a obtenu un plein succès. la pièce a pour titre: l’Hôte mort. On a remarqué que la salle était pleine d’éditeurs de musique. On parle aussi avec beaucoup d’éloges d’un opéra de John Barnett, intitulé: Le Sylphe de la montagne.
[Approximate Translation: A few weeks ago, an original work was performed at the English Opera in London; it is an event that deserves to be mentioned because of its rarity. The composer’s name is Lee. It was a great success. The piece is entitled: l’Hôte mort [The Dead Guest]. It was noticed that the hall was full of music publishers. There is also much praise for an opera by John Barnett, entitled: Le Sylphe de la montagne [The Mountain Sylph]. ]
Sebastian Lee therefore arrived in Paris with iron determination. For this occasion, he composed his first orchestral work, Opus 4, “Scène Suisse”.
Let us first consider the multi-dimensional aspect of this work, which is interesting because it is particularly customizable for a variety of ensemble sizes, and this was by design. It is written for solo cello, for cello and piano duo — the piano being there only to accompany the cello, as Georges Kastner [10] rightly says — but also for quartet or orchestra. What is this if not a demonstration of aptitude? The message is to make it clear that Sebastian Lee is an accomplished musician: author, composer and performer. There are of course extremely virtuosic aspects of the cello score to demonstrate, if necessary, his technical abilities and the exceptional mastery of his instrument. The 19th century adores virtuosos, child prodigies and other forces of nature. There is much to say on the subject and we can listen to the very interesting conference of the school Charters on the fascination with child prodigies that existed in particular in modern Western society. For my part, and contrary to what Yves-Marie Bercé proposes, I think we are not at all out of this era, but let’s get back to our subject. Sebastian Lee has conceived his opus 4 as a work that will have to be the showcase of his talent and his mastery, because he is putting his all into this performance. And to do this, he has chosen the Ranz des Vaches.
The Ranz des Vaches, is a traditional folk song from Switzerland, and note, in passing, that the “z” is silent. The most famous of these songs being that of the county of Fribourg, but known to any self-respecting Swiss person. It was the armaillis who led the cows to the mountain pastures, who sang this song. The cowherds were also called Lyoba, a word which comes from a root found in the patois of the district of Gruyère, while the cows are referred to as loobeli, and the cattle are called alyôbâ [13]. In the tradition of the Nordic kulning or Austrian Yodel, the Ranz des Vaches is different in that it is not made up of onomatopoeia. It is a song with words and a very identifiable melody. To prepare this article, I listened to several versions of this Ranz des Vaches and I offer you the one performed by the iconic Bernard Romanens en 1977 on the occasion of the very famous Vevey Winegrowers Festival. Originally organized by the Brotherhood of Vevey Winegrowers in 1797. The event takes place five times a century [14] and each time provides the opportunity for a new interpretation of the Ranz des Vaches. This shows its importance and the sacred aspect of the tradition. It is interesting to note the motto of this brotherhood: Ora et Labora which translates as “pray and work”. The lyrics of this Ranz des Vaches are also completely imbued with prayer and work, since it is a pastoral drama that takes place in the Colombette mountain pasture, located in the commune of Vuadens, in Switzerland. The shepherds, or armaillis, lead their flocks to pasture. When they find themselves blocked by obstacles along the way, they have one of their fellow herders, Pierre to his friends, to go find a priest so that the latter can pray for them and they hope that God grants them the right to remove the obstacle. The priest does not say no, but scrapes off a piece of cheese for his trouble. All this takes no less than 19 stanzas interspersed with Lyoba to be told, but in the end, the prayers are answered, the shepherds and the cattle can move around, the priest has his cheese, and his blessings are so powerful that when they arrive at the chalet, the shepherds notice that the milk tank is already half full of milk before they have even started milking. At one point in the song, there is a suspicion of sexual harassment against the priest’s maid, but the suspicions are quickly dismissed in favor of the promise of a confession and especially the promise of a piece of cheese which, apparently, would be worth much more than the milkmaid’s virtue in this story. In short, jokes aside, the very serious Ranz des Vaches is more than a traditional song, for the Swiss, it is an anthem, in the religious sense of the term. Moreover, the repetitive melody of the verses, punctuated by this long Lyoba as a refrain, sounds to me like a form of prayer in its structure. Traditionally, the Ranz des Vaches is composed of 3 sections: a story, a call cry and an enumeration of the cattle, which is again reminiscent of the litany in its variable invocations made by a soloist and the brief, constant and unanimous response of the assembly [15]


Lyrics of the Ranz des Vaches Fribourgeois in Gruérien dialect and in French, transcription of Albert Bovigny. Source: https://www.fr.ch/sites/default/files/2019-08/le_ranz_des_vaches_paroles.pdf
However, we cannot mention the Ranz des Vaches without saying that there are several of them, as Pierre Perroud explains: Appenzell, in Simmenthal, in Oberhasli, and in Ormonds [16]. However, that of La Gruyère (yes, we say la Gruyère, is it because it is the region of Gruyère? I don’t know, in any case, it is feminine for the Swiss and it refers to the geography, not to the cheese whose name derives from its character), therefore, the Ranz des Vaches de la Gruyère is very old and dates back to the 16th century [17]. Rousseau mentions it in his Dictionary of Music of 1767 [18]. He explains:
“The Swiss soldiers exiled in the service of the King of France were forbidden to sing it because it made those who heard it burst into tears, desert or die, so much did it excite in them the ardent desire to see their country again.”
So much for the patriotic effect of the Ranz des Vaches on our Swiss friends. Myth or reality, I want to say, it doesn’t matter. On the other hand, what attests to the importance of this tune for the Swiss, beyond the sacrosanct secular performance at the Vevey Winegrowers’ Festival, is that in 2019, two members of parliament UDC, Nicolas Kolly and Michel Chevalley proposed the Ranz des Vaches as the Fribourg cantonal anthem. The proposal was ultimately not adopted for various reasons, such as the fact that the canton already has a (less unifying) anthem. «Les bords de la libre Sarine», that the Ranz des Vaches would refer to an outdated image of Switzerland and also because its scope goes well beyond the borders of the canton, making its appropriation unacceptable [19]. This is not the first time that Switzerland had difficulties with its anthems, cantonal or national, as described in this explanatory video by David Castello-Lopes which takes a very good look at the issue and whose musical analysis is worth that of Pierre-Do Bourgknecht which focuses, for its part, on the Ranz des Vaches, our point of interest. We also discover the famous Fribourgeois bredzon, a monument to the herdsmen and other local fashionistas.
The Ranz des Vaches (folk song) was therefore published for the first time in 1813 by Philippe Sirice Bridell and by Georges Tarenne. This information, it seems to me, is relevant to our story of Sebastian Lee, because ultimately, besides the Swiss and the military folklore evoked by Rousseau: who was really familiar with this musical style before its publication in 1813? Surely not many. However, some famous Ranz des Vaches were composed during the 19th century (and mainly at that time, moreover, because since then we have very few published). We can cite that of the super-famous third part of the William Tell Overture by Gioachino Rossini as well as the “Scène aux champs”, the third movement of the Symphonie Fantastique by Hector Berlioz. Louis Adam, also offers us Ranz des Vaches, published for the first time en 1804. We can listen to the interpretation by Luca Montebugnoli on a beautiful Erard piano from 1806. And the more you dig, the more you realize there is a gold mine.
Franz Liszt, he sought his inspiration directly from the source of the Swiss mountain pastures with his lover, Marie d’Algoult, at his side. He likewise composed his version of Ranz des Vaches de Ferdinand Hubert in 1835 for the piano (2 years before the performance of our dear Sebastian). I encourage you to discover the history of this composition thanks to the excellent article by Joseph Zemp [20]. You can listen to Leslie Howard’s interpretation here.
We also find the Le Ranz des vaches d’Appenzell, arranged by Giacomo Meyerbeer in a booklet by Eugène Scribe (available on Spotify) and then we also have Frédéric Chopin who would have tried the exercise, at the request of the Marquis de Custine: “I had given him as a theme the Ranz des vaches and la Marseillaise. It is impossible to tell you what he got out of this musical epic. We saw the people of shepherds fleeing before the conquering people. It was sublime.”[22]
What does this tell us? The Ranz des Vaches at the beginning of the 19th century was seriously trendy among Romantic musicians! Joseph Zemp, in his article on Liszt’s wanderings, explains:
“Since the spirits of the Enlightenment like [Horace Bénédict] de Saussure, [Albrecht von] Haller or [Jean-Jacques] Rousseau have noted the majestic beauty of the mountains and the purity of nature at altitude, romantic poets and musicians eager to cultivate their genius risk the perilous adventure in the universe of cliffs, torrents and chasms: what is more thrilling than the exhausting march in the rain towards the summits ([Félix] Mendelssohn), a night on straw in a primitive hut ([Richard] Wagner) or a picnic with the shepherds ([Franz] Liszt)? Those with less disheveled heads favor lakeside sites, with mountainous backdrops, as a retreat and place of inspiration. ([Piotr Ilitch] Tchaïkovski, [Johannes] Brahms, [Richard] Strauss)” [20]
There are at least 11 musicians from the 19th century who went to seek inspiration in Switzerland [12], just as we saw the rush of rock stars go to India or Nepal in the 1960s. What if our dear Sebastian had also been dragging his shoes through the Swiss mountain pastures? Perhaps on his honeymoon, or as a mystical experience to the rhythm of clarines and big drones. Who knows? In any case, if the choice of Ranz des Vaches surprised me when I discovered the original score, in reality it is important to understand that this is a trendy artistic movement of its time. To think that Basel, Bern or Fribourg could have represented the Kathmandu or Goa of the time is certainly quite counter-intuitive, but the fact is that Swiss cowbells are the hype, the Flower Power symbol of the 19th century, just like the introduction of the sitar in the music of the Beatles in the years 1965-66. All these intellectual gymnastics are necessary to fully understand Opus 4 and place it in its context. The Ranz des Vaches has a certain creative coolness in the musical world of the 19th century because “Switzerland has opened up and its landscapes, still wild in beauty, give it a reputation as a muse among composers”, according to Joseph Zemp [20], attracting all the romantic-era hipsters. Obviously, the migration to the green Swiss pastures for inspiration is to Goa what the Gentian is to Jägerbomb, or to the Enzianschnaps, if we want to stay in Switzerland. We are on a 100% dairy products “trip”, far from another trend which is also all the rage at the time, it is l’orientalisme, a tad more subversive than Heidi and her mountains, with the eroticism of the harems and of course, consumerism of hashish (c’est Napoléon 1er qui en interdit pour la première fois la consumption in France in 1800). Opium had been consumed since the opening of the Silk Roads, under medical prescription but many already abused it and the practice became downright mainstream in France in the opium dens by the end of the 19th century, as a result of the Opium Wars provoked by the Franco-British colonial powers in China. In a very informative article, Leopold Tobisch takes stock of the narcotic consumption habits of Romantic composers and he drops names:
“In order to relieve chronic pain, for example, we prescribe [Frédéric] Chopin regular doses of opium, a drug common in Europe since the 18th century and respected by the medical profession of the time as a painkiller. But the regular consumption of opium, a substance favored by Romantic artists for its euphoric and psychological effects, gradually led to widespread recreational rather than therapeutic consumption. By the end of the 1820s, Hector Berlioz is a regular user of opium, or more precisely of laudanum, a powerful alcoholic tincture made from opium.”
So, Sebastian Lee might not have baked his brain on opiods, even organic ones, he might have preferred the Swiss journey, of bovine inspiration – although in reality, one does not prevent the other, see the escapades of Brahms, Liszt, Schubert, Stravinsky, Mussorgsky, Tchaikovsky, Satie and others, crisply reported by Léopold Tobisch [23]
Concerning our dear Sebastian, I know that nothing in his catalogue suggests a particular infatuation with the mysterious Orient. The mountain pastures, on the other hand, are a recurring theme for him between 1835 and 1847. In addition to the opus 4 that interests us today, he adapted for the cello the Tyrolean Air of his friend Heinrich Panofka, of which this is opus 14, published by Schlesinger in 1837; but he also signs an original work “Souvenir du lac des 4 Cantons“, his opus 43 published in 1847 by Breitkopf & Hartel. He definitely went to Switzerland! Perhaps even several times. The works he calls “souvenir” of somewhere are literally musical memories of places he went, like “Souvenir de Paris,” his opus 5, composed just after his Parisian tour of 1836.
As for the orient, there is clearly less enthusiasm in his catalog. I leave aside opus 43, his “Fantaisie sur l’ode symphonie ‘Le Désert’ de Félicien David” because it is Félicien David, whom I also adore, who was wearing holes in his shoe leather in Constantinople and Cairo and anyway, Sebastian Lee transcribed for cello all the operas that were doing well. Apart from that, there are 2 “Airs Arabes”, opus 61, and I count opus 123 “6 Airs Nationaux” including a Russian, an Arabic and a Turkish which seem more like a stylistic exercise than a mystical inspiration from the East. So much for Sebastian Lee’s (dis)interest in the orient. No, really, it seems that his thing is more along the lines of cheese and fresh mountain air than the Club Hashish (which would only see the light of day a few years later but of which he would not be a member).
One last clue, which tells me that we are on a train that is gaining momentum, is this review of the concert by Joseph Gusikov and Sebastian Lee, which again mentions Tyrolean singers who have come this time to perform in Paris.

[Nous] conseillons de choisir mieux son quatuor. Le programme de ce concert était assez varié. Outre Monsieur Lée dont le talent délicat, pur et grâcieux a été généralement reconnu, nous avons entendu un violon et un pianiste de Berlin, MM. [Chrétien] Urhan, Huner, et des chanteurs alsaciens, dont le chant doux et expressif nous a rappelé les chanteurs tyroliens que nous avons entendus à Paris il y a 2 ans.
[Approximate translation: [We] recommend choosing your quartet more carefully. The program for this concert was quite varied. In addition to Mr. Lée, whose delicate, pure, and graceful talent was generally recognized, we heard a violinist and a pianist from Berlin, Messrs. [Chrétien] Urhan and Huner, and Alsatian singers, whose sweet and expressive singing reminded us of the Tyrolean singers we heard in Paris two years ago. ]
I’m telling you: mountain singing is the overly stylish trend of the Parisian musical elite of the time. That’s why it was both a bold and intelligent choice for Sebastian Lee to seize it and exploit it to conquer all of Paris. Let’s be clear about his approach, there’s nothing improvised or opportunistic about it. On the contrary, it’s well prepared and I’d even say precisely measured. In the month of December 1836 alone, Sebastian Lee gave an average of one concert per week in Paris, and not on a sidewalk corner like a busker with dogs – we’re bohemian, but don’t push it. No, he came in through the front door. He played with Liszt, Berlioz, Gusikov and was heard at the Salon Pleyel, the Salle Chantereine, and the Paris Conservatory of Music. This also earned him quite a lot of media coverage, thanks to his calling card as First Cello of the Hamburg Opera and his judicious collaborations. Let us pause to look at his diary between December 1836 and January 1837. I find his schedule impressive and the press reactions quite extraordinary. Indeed, on December 18, 1836, during a musical matinee in the Conservatoire hall alongside Hector Berlioz and Franz Liszt, Sebastian Lee was judged “a correct and elegant talent on the cello” [24] but on January 22, 1837, a month later, in the same magazine, an article reporting on the last concert alongside Joseph Gusikov, with whom he now shared the spotlight, described him as follows: “Mr. Lee whose pure, delicate and graceful talent has been generally recognized” [25] He triumphed! His Paris tour was a total success.


Now, what about Sebastian Lee’s performance in Paris at the Théâtre Italien? It was very well received, of course, and the Revue et Gazette musicale of Sunday, April 30, 1837, praised it in an article by Georges Kastner, who would be a loyal follower of Sebastian Lee throughout his Parisian years.



Here is his triumphant arrival which will earn him the seat of Louis Pierre Norblin at the Théâtre Italien, then that of First Cello a few years later (a seat which was still that of the same Norblin until 1840, his friend to whom he dedicated his opus 30).
There is, however, still one small detail that bothers me about the chronology of the genesis of this opus 4. This concerns the dedication of this work. It is “composed and dedicated to Sir Knight Waagepetersen, Agent of the Court of His Majesty the King of Denmark.” So, who are we dealing with and what does Denmark have to do with it?
First of all, let me introduce you to Sir (Knight) Christian Waagepeterssen (1787-1840) through a series of portraits of him. I particularly like these works because they are dated around the same time as the publication of Opus 4.

Christian Waagepetersen was a wine merchant, State Councillor and Court Agent of the King of Denmark. He was, it seems, very fond of music and passionate about it, which would be corroborated by the fact that he named his sons after Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart and Ludwig van Beethoven [26]. The SMD provides the following information regarding this painting:
“The painting shows Christian Waagepetersen at his desk, his son Fritz [who does not corroborate Wikipedia’s assertion above] at his knees and his wife Albertine [Emmerentse Schmidt, daughter of a wealthy merchant Albrecht Ludvig Schmidt (ca.1754–1821) and Frederikke Christiane Restorff (ca. 1759–1822)] standing with her daughter Louise in her arms. According to family information, the son [Franz Xaver Wolfgang] Mozart (1813-1885) served as a model for the mother, who was pregnant and could not hold the child for so long. […] the apartment, the paintings on the walls (of Jens Juel, 1,903 / 5,000 among other things) and furniture […]. The large glass of water on the table with a live frog served as a barometer – when the frog climbed up, the weather would be fine! (Cf. Bent Waagepetersen’s letter of June 16, 1998, file no. 3-344/97). The building at Store Strandstræde 18 now belongs to the Nordic Council of Ministers. Bendz brought the painting to the Charlottenborg Exhibition in 1830 on April 7, a week after the exhibition opened! (Cf. Eckersberg Diaries, 2009, vol. 1, p. 394). The busy businessman looks up from his work for a brief moment when his wife and two of the couple’s children enter his office, which is in his house on Store Strandstræde in Copenhagen. The image clearly emphasizes the activity of the head of the family, signaling what was the basis of the Danish bourgeoisie around 1830: family and work. The house is sparsely furnished, without unnecessary decoration, reflecting the frugal lifestyle in Denmark during the crisis years following the Napoleonic Wars. Christian Waagepetersen, the main character in the painting, is a wine wholesaler who helped establish that the bourgeoisie had now become the dominant class in Denmark – after the centuries-old dominance of the nobility. Waagepetersen was very interested in art and music. He regularly held musical events in his house, which were attended by the leading Danish composers and musicians of the time, as well as some visual artists. Bendz and Marstrand were his favorite painters. Waagepetersen also commissioned several paintings that, like this one, were based on his own life and work. At first, the commissions were given to Bendz, but after his untimely death, Wilhelm Marstrand took over the role of the wine wholesaler’s favorite painter.” Source : KMO, OTHERTEXT


It is easy to imagine that Sebastian Lee, First Cello of the Hamburg Opera, frequented the salon of the Chevalier Waagepetersen and was part of the artistic entourage of the patron who was so fond of the arts. Hamburg is quite close geographically to Copenhagen. All this could lead one to think that Opus 4 was not composed for the conquest of Paris, or as a work demonstrating the talents of the artist at the base. It was probably conceived by Sebastian Lee on the commission of Christian Waagepetersen; but what constitutes a double astonishment for me is that Opus 4 was the subject of 2 editions: a first by Cranz in 1834 and a 2nd by Schlesinger in 1837 and both include adaptations for quartet, orchestra, piano and cello solo. I have this information from the very serious Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg & Goethe Universität Frankfurt, who have copies of both editions. So either Sebastian Lee already knows that he has to leave Hamburg, with a pregnant wife in 1834, and he takes advantage of Christian Waagepeterson’s commission to compose a work also intended to serve his plans to leave, or the patron knows the musician’s intentions and supports him by commissioning a work whose purpose he knows. In any case, it is no coincidence and if opus 4 was composed with an orchestral part, it is not for Christian Waagepeterson’s salon.

My friends, if you have read this article to the end, it is because you are part of the faithful, the hardcore members of our small community. I would like to thank you for your attention and your support. Your « devoted » self is going through a period of great turbulence, which jeopardizes the continuation of the Sebastian Lee adventure. Believe me, I am doing my best to continue the work, especially now that we have this opus 4 which urgently needs to be republished. However, if I could no longer continue my activities, I would like to send special thanks to Alain Buron, Jean-Baptiste Susse, Odile Bourin and her infectious enthusiasm, as well as Rudd Meester who shared their time, sources and skills with me in order to complete Sebastian Lee’s catalog to the best of their ability with the information each possessed. Thanks also to Petra Tamboer and her support in organizing the association’s concert in Castelsarrasin in 2022. Thanks also to Valérie Aimard who responded when we were only in an embryonic state and who gave us visibility in the journal of theAssociation Française du Violoncelle. Thanks to Derek de la Bernardie who also played the game alongside Valérie and who recently shared his insights with me again about this opus 4 which keeps me busy. Thanks to all those who participated in our crowdfunding, including Francis Girard and Marjolaine Favreau, and to those who regularly donate to us like Joaquim Fernandes. Thanks to Marc Sounthavong for his unwavering support in this adventure, as well as to all the volunteers: Sergio, Annabelle, and the others. Thanks to JJ and his incredible talent, who found us a superb visual identity thanks to his magnificent models and his high standards for our republications. Thanks to my Good Master Mathieu Moriconi, who initiated this passion and who gave me the flame in addition to having patiently accompanied and advised me on the first scores to be republished, and to Jean-Pierre Berrié who supported me in the creation of this small structure as well as in the practice of my instrument. A big thank you also to Sheri Heldstab, my accomplice, who is by my side tirelessly, and who supports my messy, erratic and incoherent aspects with great patience and kindness. It is also thanks to her that the online store is still active this year. Thanks to our partners: le Croquenotes in Toulouse and Planète Partitions in Château-Thierry; what great trust you have shown us! To you too, subscribers, visitors, I want to say thank you and I hope that I will have the opportunity to write for you again, in praise of music and in memory of wonderful and yet already almost forgotten musicians and composers.
Notes
- Lee, Sebastian and Maurice, “Fantaisie sur un Thème de H. Monpou”, for cello & piano, conc. Vienna, Mechetti 25 Ngr. January 1853. Source Hofmeister [Accessed May, 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- “Duo sur des airs hongrois et styriens”, for cello and piano, 1852, Joubert editions, op.81 by Bériot; also his opus 48 “Fantaisie sur la Norma de Vincenzo Bellini” with Julius Benedict and Sebastian Lee. Source: Hofmeister. [Accessed May, 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Opus 10 by Henrich Panofka with Sebastian Lee “Les inséparables, 3 grands duos”, Schlesinger, 1837 [Source: A cellist’s Companion, Henk Lambooij & Michael Feves]
- Heinrich Ernst Kayser. Sebastian Lee and flautist Guillaume Popp, “Trios des Amateurs d’après des Chants célèbres de Mendelssohn. Offenbach, André”.
- George Alexander Osborne and Sebastian Lee, “Duo concertant sur le Domino noir, Opéra de D.F.E. Auber”, for piano & cello. Ebend. 2 Fl. Source Hofmeister [Accessed May, 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Henri Herz and Sebastan Lee, “Grand Duo concertant sur la Niobe” for cello and piano. ed. Mainz, published by Schott. 2 Fl. 24 Xr. Source: Hofmeister [Accessed May, 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Sigismund Thalberg and Sebastian Lee, “Grand Duo concertant sur les Huguenots de G. Meyerbeer”, for piano and cello. Op. 43. Mainz, Schott 2 Fl. 42 Xr. Source: Hofmeister [Accessed May, 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/]
- Edouard Wolff and Sebastian Lee, “Grand Duo brillant sur Robert le Diable de Meyerbeer”, for piano and cello. Ed. Mainz, Schott 2 Fl. 42 Xr. Source: Hofmeister [Accessed May, 2025: https://hofmeister.rhul.ac.uk/ ]
- Gazette musicale No. 30, 26 July 1846, article “Des concerts philanthropiques et de ceux des maisons d’éducation”, p236. Source Google Books [Accessed May, 2025: https://books.google.fr/books?id=tb1CAAAAcAAJ&vq=L%C3%A9e&lr&hl=fr&pg=PA236#v=snippet&q=L%C3%A9e&f=false ]
- Revue et gazette musicale from Sunday, April 30, 1837, critical review by George Kastner, page 454 [Source: Google Books. Accessed May, 2025: https://books.google.fr/books?id=ar5CAAAAcAAJ&vq=lee&hl=fr&pg=PA154#v=snippet&q=l%C3%A9e&f=false ]
- See his death certificate translated on our page Participer
- Gazette Musicale de Paris No. 37 Sunday, September 14, 1834, “News” section, page 300. Source Google Books [Accessed May, 2025: https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=9L5CAAAAcAAJ&q=mort#v=snippet&q=Lee&f=false ]
- Ranz des Vaches[Accessed May, 2025: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ranz_des_vaches ]
- Confrérie des Vignerons de Vevey, Website. Accessed May, 2025: https://www.confreriedesvignerons.ch/
- Ressources Liturgiques, Website. Accessed May, 2025: https://www.ressources-liturgiques.fr/musique/les-formes-du-chant-rituel/la-litanie#:~:text=La%20litanie%20est%20une%20forme,unanime%2C%20de%20l’assembl%C3%A9e.
- “Le Ranz des vaches Lyôbade” Source: Athena.unige.ch [Accessed May, 2025: https://athena.unige.ch/athena/helvetia/le-ranz-des-vaches.pdf ]
- Podcast, “Un symbole de la Suisse et du Romantisme”, Radio France, 1 February 2022. [Accessed 2025: https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/maxxi-classique/maxxi-classique-du-mardi-01-fevrier-2022-6735068]
- “Le mot du jour” with Corinne Schneider, Radio France, Tuesday, April 11, 2017. [Accessed May, 2025: https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-mot-du-jour/mot-du-jour-n0162-ranz-des-vaches-8120591 ]
- RTS, article “L’idée de faire du Ranz des vaches l’hymne fribourgeois crée le débat”, 6 March 2019.[Accessed May, 2025: https://www.rts.ch/info/regions/fribourg/10266758-lidee-de-faire-du-ranz-des-vaches-lhymne-fribourgeois-cree-le-debat.html]
- Joseph Zemp “Franz Liszt et ses pérégrinations à travers la Suisse en 1835”, Res-Musica, 27 Febuary 2023. [Accessed May, 2025: https://www.resmusica.com/2023/02/27/franz-liszt-et-ses-peregrinations-a-travers-la-suisse-en-1835/ ]
- Dossier “Voyages Suisses”, Res-Musica. [ Accessed May, 2025: https://www.resmusica.com/mot-clef/dossier-voyages-suisse/
- Excerpt from a letter from the Marquis to Sophie Gay from June 1837: Jean-Jacques Eigeldinger, Frédéric Chopin, Fayard, 2003, 165 p. (ISBN 978-2-213-61731-2), p. 38. [Accessed May, 2025: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ranz_des_vaches#cite_note-24 ]
- “Alcool, drogues & musique, un trio inséparable”, Léopold Tobisch on France Musique, Thursday, February 16, 2023. Source: Radio France [Accessed May, 2025: https://www.radiofrance.fr/francemusique/alcool-drogues-et-musique-un-trio-inseparable-3733222 ]
- Excerpt of the article “Concert de Berlioz et Liszt” Revue et Gazette musicale No. 52 Sunday, December 25, 1836.
- Revue et Gazette Musicale No. 4 of Sunday, January 22, 1837, “Concert de MM Gusikov et Lee salle Chantereine”, p.3, probably written by the comte Pepoli who modestly signed it “P”. [Accessed May, 2025: https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Pepoli ]
- Article “Christian Waagepetersen” [Accessed May, 2025: https://en.wikipedia.org/wiki/Christian_Waagepetersen#cite_note-3]











































































































































































































































































